Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Pluie fantastique

Publié le 9 Octobre 2007 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

On m'a trop parlé et mon cerveau a implosé. Dans ce calme post-apocalyptique, je marche sur le bitume de la rue. Il me semble devoir visiter quelqu'une, avec laquelle je communique à haute voix.

Soudain, il se met à pleuvoir ; je cours et arrivé à proximité de ce que je ne peux connaître, hurle : Laure ! Laurence ! A travers les trombes d'eau, j'entends un Ici! vu et tombé d'une fenêtre éclairée. Je monte.

Ce n'est pas Laure qui ouvre, mais Valérie, curieusement coiffée, qu'une autre personne sermonne depuis une autre pièce, à ce sujet.

Une sorte de coiffure en pétard, avec des dreadlocks blonds, terminés, en guise de mèches, par des anglaises rouges. Les noeuds et le maillage des dreads sont trop espacés ; chacun d'eux ressemble à un chapelet... Je passe mes doigts sur chacun de ces grains en me priant de faire cesser le cauchemar.

commentaires

Sourire fendu

Publié le 8 Octobre 2007 par Luc dans Arbeit (du 16-10 au 29-12-95)

Enfin la couleur a disparu du ciel. Je me plaignais récemment de ce subterfuge. L’on m’a entendu. Ma vue tremble et l’étouffement se resserre. Si n’étaient quelques bruits stridents pour me rappeler à l’âpre réalité, celle de la brume qui va se dissiper et laisser exciper d’un bleu douteux, je crois que je commencerais de me lamenter…

Mon sourire se fend de plus en plus, comme une crevasse. Bientôt les joues s’ouvriront en deux ; la coupure passe là, par les tempes, jusqu’à ce que ses deux extrémités se rejoignent au dessus du crâne, dont le quart avant supérieur chute alors sur le sol, ne laissant guère que la mâchoire inférieure et les deux quarts arrières de la tête.

Le sourire s’est figé dans son explosion palpite, piteux, ébahi et dépourvu [1], ce mol échalas.



[1] Comme Louis le dauphin, futur onzième du nom, réfugié chez Philippe le Hardi, duc de Bourgogne !

commentaires

Aberration

Publié le 5 Octobre 2007 par Luc dans Jours décisifs (du 6-1 au 5-3-97)

Nous étions deux, ma mère et moi, dans une rue, non loin d'une école puisque des bateaux remplis de gamins passaient à côté de nous, debout sur le trottoir et conversant, eux poussant leurs cris habituels.

Soudain, je décèle dans les paroles évasives de ma mère le ou un problème, et lui en fais part franchement. Elle ne cherche pas éluder : il s'agit de l'assurance-voiture, qui selon elle nous coûtera de six à sept millions de francs cette année. Héberlué par le montant astronomique quand elle possède une AX et moi une Métro, je demeure muet, et nous rentrons à la maison. Nous dormons pour nous retrouver au petit déjeuner, et j'interroge de nouveau ma mère, car même en ayant fait la conversion en nouveaux francs, soixante ou soixante-dix mille francs me paraissent encore hors de proportion pour de tels véhicules.

A ce moment, elle répond :

 

Tu as tout dans les courriers que j'ai envoyés à ta soeur et à toi en juillet.

 

Sans relever, je repose la question initiale, ce à quoi elle m'oppose la même réponse. Alors moi, la bouche pleine de quatre quarts, je hurle :

 

Merde ! C'est quoi ces courriers à la fin ?!

 

Ma mère :

 

Ah bon ? Tu n'étais pas au courant ? Ah bon...

 

Et quoi ! C'est tout ?! Je ne saurai donc jamais, et en attendant pèse sur mon estomac une note de six ou sept briques d'assurance-voiture, laquelle dont le montant, pour être plus qu'improbable, n'en existe pas moins, quelque part, ou ailleurs.

 

Et le bateau huant des enfants glisse doucement sur le bitume.

commentaires

Compteur à gaz

Publié le 4 Octobre 2007 par Luc dans Murs gris - ciel blanc (du 23-9 au 23-12-96)

Un sifflement de plus en plus puissant s'installe dans ma tête, en l'accablant. Seul le bruit pas même réconfortant du choc de mes dents contre le verre de café froid et glauque me le fait oublier un instant. Ces dents, d'ailleurs, paraissent vouloir s'extraire de leurs alvéoles, tout comme les yeux de leur orbite respective.

La sueur plaque les vêtements contre ma peau tour à tour brûlante et glacée. Je ne sais si le délire m'a déjà atteint, mais certaines réactions ne laissent de m'étonner, telles qu'une nervosité excessive et sans cause, ou une disproportion flagrante dans l'effet que m'occasionne la chose.

Seul l'éternuement, qui demeure bien avec le rire le dernier étonnement, actionne mon monde sinusiteux. Je me prends à fermer les yeux pour que cesse la trouble vision de l'autour, le mirage d'une bonne et belle journée...

Des pressions continues sur les arêtes latérales du nez, dans une bouffée de chaleur incongrue par ce temps, provoquent un soulagement dans la douleur. Il reste plus facile de lutter contre cette dernière que contre les yeux qui se closent doucement, sans vigueur ni envie notable, un embourbement.

Une quinte de toux va les rouvrir sans pour autant les réveiller. De ces journées comme une prémisse de mort, alors qu'un couvercle perfide n'attend que de tout refermer...

J'ai la tête comme un compteur à gaz.

commentaires

Un rêve d'ambition

Publié le 3 Octobre 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

L'affaire est simple, et d'un goût douteux. Il s'agit d'un petit groupe de marcheurs du dimanche, dont l'un des membres s'extrait, visiblement en proie à l'urgence. L'homme est de petite taille et corpulent. De son survêtement intégralement gris foncé s'échappe une face rondouillarde et mal rasée aux tempes de laquelle trouvent leur origine quelques filets de sueur. Les cheveux épars s'avèrent quant à eux frisés, bruns et gras.

L'homme court au sommet d'une butte, se cache derrière un bosquet, s'accroupit et... fait ce qu'il a à y faire. Une main s'extirpe alors du buisson, s'emparant d'une large feuille de rhubarbe... dont il fait usage comme il n'est pas nécessaire de décrire.

Paraissant constater avec douleur le résultat de son action, il se rend bien compte qu'une feuille ne suffira pas. On voit d'abord cette main chercher d'autres végétaux aussi larges, épais et agréables que la rhubarbe. Puis l'on fixe le visage, à son tour décelé, pour se pénétrer de l'effarement du regard scrutant chaque pouce de terre alentours. A quatre pattes maintenant, il avance en arrachant nerveusement les petits brins d'herbe dont qui sait s'il n'espère pas s'en constituer un emplâtre !

Se dirigeant vers le soleil qui surplombe la butte, il nous offre la pitoyable image de son postérieur merdeux et sans recours.

 

N.D.L.A : il ne s'agit en aucun cas d'une publicité pour le papier hygiénique ou pour les mouchoirs en papier, ni plus que de promotionner quelque organisme de... prévoyance ou encore le magazine Fouloud Gloziol (notamment Edika...). J'ai simplement bien aimé la vision du type qui va vers les sommets, vers le soleil, tout là-haut et loin du groupe dont il est originaire...

Il n'empêche que cet homme si haut placé se trouve fort embarrassé de ne pouvoir laisser à ses ex-congénères moins ambitieux que l'image d'un cul sale.

commentaires

Putain d'argent...

Publié le 2 Octobre 2007 par Luc dans Sourires jaunes (du 25-3 au 21-6-96)

Quelle énormité ! Avoir passé l'hiver dans des efforts insensés pour se retrouver sous le soleil dans une agonie pitoyable, à un article subalterne de la mort. Comme habituellement, je suis sans rage mais faible de nerfs. Mon inertie m'agace plus encore ; je me condamne à tout perdre en n'agissant pas : amis, conquêtes et argent.

Putain d'argent, que je déteste tant, mais que je couve tendrement sous mon aile délicate de cygne débile. Je ne peux même pas pousser aujourd'hui ce long cri plaintif qui fit la gloire du volatile... En ferais-je autant, la voix éraillée et nasillarde, le crâne déplumé et blanc à l'instar de la bête congénère, que je parviendrais tout juste à faire rire quelques passants, ou à me prendre des volées de plomb par des chasseurs arrivés bien mal à propos, me prenant pour un colvert.

Je sais pertinemment que Nijinski ou Noureev (surtout le premier...) n'iront pas danser ma mort devant un parterre de robes, de fleurs et de mauvais parfums... Tout ça, plus de fric que je ne saurais en jamais avoir sous mon aile. Quoiqu'il en soit, je n'aspire pas aux feux de la rampe... Il me faudrait me vaincre, et j'ai trop de dépit pour me lancer dans un labeur aussi acharné.

commentaires

Intubation idéelle

Publié le 28 Septembre 2007 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

C'est revenu. Allongé et somnolant, je tournais violemment sur moi-même, par quarts de tour. Je me tordais la tête, fendais mes cervicales d'un quart de plus pour oublier la douleur de la brûlure. Puis, tout en dormant, je me suis vu à genoux, pressant mon gastre, vomissant le sang.

L'intérieur appelle l'air, qui ne peut le refroidir, rejette l'air, qui n'étouffe pas le feu. Je reste en chien de fusil, dont les balles ne sont que glaires sanglants.

On m'a enfoncé une épée à cet endroit précis, au centre de gravité du triangle formé par la glotte et les extrémités intérieures des deux clavicules.

La marche s'alanguit un peu plus tard ; les jambes ploient sous le fardeau des braises. Tout est quasiment réduit en cendres, mais il demeure la contradiction entre l'amertume dépitée du bas visage, et la gravité cernée de ce qui le surplombe, fendue par l'arête nasale.

Alors le sang... il vient tacher et faire grimacer le dépit...

commentaires

Mon Villon de froidure

Publié le 27 Septembre 2007 par Luc dans Arbeit (du 16-10 au 29-12-95)

Touteffes eftoient d’yceluy qui congnoiffait incontinent faiteriement vainquir leur malve hargne, oncques qu’empour nous, tout eftoit perdu fors l’honneur… Et il n’y eust point faute, nulze ardeur…

Sombre et rétrograde allégorie due à un silence pesant, à l’absence de ces odeurs familières. J’ai remarqué que je cicatrisais moins et moins vite qu’avant. Ma bouche s’entrouvre à peine maintenant, pour murmurer qu’elle n’est plus qu’une plaie ouverte [1]. Les mots lui manquent pour signifier son absence de colère et de sérénité, sa volonté de générosité immédiatement contrée par l’autoconservation.

Dedanz la paour, je ne baer meshui que de corir poruec toi…



[1] Vision poétique… fondée sur des faits réels : en attendant le TER à St Quentin Fallavier, dans un petit matin de franc soleil mais en pleines terres froides, mon visage a gelé sans que je m’en aperçusse, et alors je bâillai : l’erreur à ne pas commettre, deux centimètres d’ouverture de la commissure gauche vers la joue…

commentaires

Nausée

Publié le 26 Septembre 2007 par Luc dans Contrôle (du 4-6 au 26-9-07)

Je baisse la tête, renifle bruyamment en attendant que le malaise s’évanouisse, dans un espoir indéterminé que je pressens déçu. Je suis une pelote neuve, compacte et gonflée, rosissant et rebondissant de nausée en spasmes, mais dans laquelle des aiguilles inattendues viennent se planter en s’agitant gaiment. Les tremblements de mes mains et l’extension extrême de mes cervicales m’empêchent de réagir et sans nul stoïcisme, je subis, le menton posé sur la poitrine et un bout de langue bleue sortant de la bouche molle.

Les poussières de lumière vibrionnantes exécutent derrière mes yeux de petits bonds joyeux, à l’instar de l’ensemble des éléments alentour, que la vie réveille et anime, merveille minime chaque jour renouvelée que ma veille déprimée me vole avant qu’elle ne me touche.

Je ne participerai pas ce matin à l’éveil des sens et de la nature. Je garderai la tête baissée sur le détachement progressif de la partie inférieure de mon corps, pour enfin m’alléger, m’octroyer une section de légèreté silencieuse, et enfin heurter le plan fixe d’un crâne vide.

commentaires

Mouvement

Publié le 24 Septembre 2007 par Luc dans Jours décisifs (du 6-1 au 5-3-97)

La douleur pointe son nez de fouine et excite mes sens nocturnes alertés. Le froid et la chaleur alternés se jouent de mon besoin de repos, en mêlant le grelottement à la sueur, l'obligation d'agiter les draps pour se sécher et de s'y recroqueviller juste après pour la douceur.

Chaque mouvement est un martyre, et il y a bien un couteau planté à l'articulation de mon gros orteil gauche. Les crampes menacent mais ne viennent pas, se contentant de faire frémir les muscles épuisés dans l'angoisse de la crispation. L'estomac grogne son insatisfaction et refuse toute activité, même pour la salive que la douleur me contraint à avaler en serrant les dents. Alors il ne reste que toi, dont la chaleur me réconforte, dont les paroles me font oublier un instant ce pour quoi je vis.

Peut-être ne suis-je pas assez flagrant, et que je perdrai encore le sens ainsi que la possession du bien, pour tout, moi inclus. Mon pessimisme est probablement incorrigible ou pathologique, quelle que soit la tentative d'y contrarier, et il dilate les gouffres au bord desquels la marche se déroule lentement, sur des chemins dès lors affinés à un cheveu, entourés de vide, comme le calvaire d'une vie à genoux.

Pour grappiller, il faut les écorcher, comme les paumes des mains d'ailleurs... Bossu à force de baisser la tête, et rien ne change. Mais il reste toi.

commentaires
<< < 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 120 130 140 > >>