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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Action

Publié le 30 Août 2010 par Luc dans Sourires jaunes (du 25-3 au 21-6-96)

Foin de l'inquiétude, des mensonges que je m'assène pour me forcer à vivre, aujourd'hui verra un acte.

Dans la fraîcheur tonique du matin enrobé de parcelles luminescentes, à la honte coutumière s'est mêlée la sensation d'un mannequinat ridicule, au sein de ces visages et corps gras, lourds et muets. L'enjeu n'importe pas autant, mais lorsque tout à l'heure, dans la chaleur, j'essaierai de retenir la goutte de sueur malséante après une marche forcée, je sais que j'aurai peur. Cela dit, j'agirai, pour avoir toujours reçu la peur mais n'y avoir jamais succombé ni reculé devant elle.

 

L'action ne m'était pas en elle-même prédestinée. Rien ne siérait plus à l'immobiliste personnage qu'une discussion infinie et confinée autour d'une table copieusement avinée. Rien n'aurait eu autant d'heur à mon goût qu'une étonnante téléportation ou qu'une virtualité absolue, par laquelle les voyages, les labeurs, les expériences et phénomènes (les actions en un mot) se feraient ou produiraient dans un parfait état statique.

Je rêve peut-être... car malgré la peur et cette honte qui collent à mes basques comme une mère envahissante, l'acte demeure indispensable à cause qu'il sous-tend, soutient ultimement le semblant (parfois vraiment peu vraisemblable) de vie qui fait se mouvoir les oreillettes et les ventricules. Dont acte... donc acte.

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Dégoût et néant

Publié le 25 Août 2010 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

Un après-midi de tendresse... passé à boire, dans le but calculé de parvenir à dormir. Je n'ai rien fait que d'avaler liquide. J'aurais pu aller dehors, où tout resplendissait sous la lumière décharnée du soleil hiémal, mais non, il n'était plus possible d'agir ou de bouger. La tétraplégie s'emparait de moi, les deux seuls membres antérieurs s'acquittant de leur tâche, par gestes secs et précis...

 

Prendre la bouteille ; verser ; reposer ; prendre la carafe ; verser ; reposer. Prendre le paquet de cigarettes ; extraire le cylindre ; reposer ; porter le cylindre à la bouche ; prendre le briquet ; allumer ; aspirer ; expirer ; reposer... briquet ! Prendre verre ; retirer le cylindre ; boire... fumer... boire.

 

Je mens. Au récit de ces actions, vit-on après-midi plus rempli et intense ? Mais alors... d'où provient cette curieuse sensation de dégoût et de néant qui me frappe quand je pense à moi ?

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L(aetitia)

Publié le 24 Août 2010 par Luc dans Frais et dispos (du 5-7 au 28-10-02)

Parler encore, posément, sérieusement en distillant de l’émotion pure, de cette grandeur outragée, paroxysme des sensations… Tout cela n’est qu’une feinte, en tous domaines. Au fond, je ne suis que posé et sérieux, seul le besoin d’une communication séductrice me donnant à l’outil si efficace de l’émotion savamment provoquée. Je sais la susciter et l’interlocuteur(trice) compatit avec moi pour cela. La compassion est le premier média vers l’admiration de la blessure, et celle-ci invoque tôt ou tard l’amour, trompeur miroir. Ou n’est-ce qu’une manœuvre d’entretien de cet amour, peu important d’ailleurs.

 

Lucide, je me laisse paraître extrémiste.

Calculateur froid, je me montre romantique.

Objectif, j’exhibe des faiblesses épiques.

Ereinté des passions, suiveur, je suis un prisme.

 

Je module mes comportements en fonction des attentes de l’autre plutôt que sur mes désirs propres.

 

Je te suis voué donc. Qu’attends-tu donc ? Viens !

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Sens

Publié le 23 Août 2010 par Luc dans Autopsie du désir en fuite (1-1 au 29-6-02)

Ma vie s’étiole dans un vide paradigmatique… Je pars de considérations génériques pour m’élancer dans de violentes diatribes contre tout et rien, dont le seul mérite est d’à la fois faire rire et grincer. Pour autant, j’ai toujours échoué dans ma volonté sous-tendue de faire partager mes questionnements à défaut de mes vues. Ils couinent comme des porcs à mes saillies mais ne se remettent pas en cause… à un point tel que je finis par me demander si je suis dans le vrai.

 

Non, une femme, une maison, un chien, un monospace et des enfants… Ce serait trop terrible. Je ne peux pas avoir tort.

Le confort matériel et intellectuel, le gras du corps et l’amollissement des chairs… Les boyaux de la tête languides… Je ne peux me méprendre.

La fin de la passion, un amour du confort et d’un rapport mensuel plutôt que de l’autre, jadis être aimé… Je ne peux me tromper.

Sa propre dilution et celle de l’autre dans l’avenir peu engageant de ses rejetons absurdes parce que sans but ni idée… J’ai raison.

 

Cette vie est absurde et je balaye sans hésiter ses partisans peu portés à l’effort du sens.

 

Le sens ! Je n’en veux pas s’il ne s’agit que d’accumuler biens matériels et procréer. Je le refuse si ma passion doit mourir avant un corps voué à la putréfaction lente du confort.

 

Le sens n’est pas l’assentiment général. Tu as été en sens interdit donc, et ma passion s’étiole.

 

Ma vie meurt.

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Rêve de Frédérique Bel

Publié le 17 Août 2010 par Luc dans Un an (du 25-8-05 au 13-6-06)

Un rêve blanc et étrange m’avait saisi quelques jours auparavant, duquel avait résulté une forme de malaise érotique, une atmosphère de changement… Aujourd’hui, tout s’éclaircit : avec Anne, nous participons au tournage d’un court métrage, dont la tête d’affiche est assurée par Frédérique Bel, alias « La blonde » de Canal +.

 

La scène où nous intervenons se déroule autour d’une table, à l’occasion d’un dîner. La voix et l’élocution de Frédérique, nasillarde pour la première et traînante pour la seconde, m’étonnent, l’ensemble molasse contrastant singulièrement avec ce que je connaissais de son œuvre télévisuelle. Malgré le gnangnan, la scène se tourne néanmoins sans anicroche, du moins aux yeux du réalisateur, et c’est là l’essentiel.

 

Le plan suivant voit la blonde seule dans un cadre de type Saint Maclou ou Foucray. Elle est assise sur un haut tas de larges pans d’étoffe et de laine, et adossée aux fameux rouleaux de moquette transversaux que j’aurais tant rêvé de dérouler lorsque j’étais gamin. Elle est toute de blanc vêtue, une robe courte dévoilant une gorge relativement généreuse et de petits escarpins, une coiffe située entre la vannetaise et le bouquet anarchique de muguet. Elle déclame son texte sur le même ton que la scène du dîner, alors que tous les figurants, dont moi-même, assistent au monologue de derrière la caméra.

 

Cette fois, le phrasé ne paraît pas convenir au réalisateur à casquette, qui se lève en riant, s’approche de Frédérique et lui recouvre la tête du pan de laine sur lequel elle était assise en premier lieu. Les techniciens du son et de l’image, hilares, se précipitent et en font de même avec les couches suivantes du siège de fortune, le mille-feuilles de tissu se refermant sur l’actrice pleurant de rire mais commençant de mal respirer. Je m’approche à mon tour des jambes de la blonde qui battent l’air convulsivement. Plutôt que de la débarrasser de sa cangue d’étoffe, je me saisis de son pied gauche et lui retire promptement son escarpin. Je masse la face supérieure de ce pied si blanc, en demi-cercles légers, avec mes pouces tandis qu’index et majeurs successivement descendent sur la voûte plantaire. Les mouvements saccadés des jambes de Frédérique cessent aussitôt au profit d’une certaine langueur. Elle apprécie sans doute mon massage, que je continue durant de longues minutes, toujours de la même manière et sur le même pied. La blonde n’a rien dit.

 

Plus tard, lors d’une interruption du tournage, nous nous retrouvons dans le couloir du vieil hôtel hébergeant l’équipe et les acteurs. La blonde me fait signe de venir. Je m’exécute, non sans m’être auparavant retourné et avoir muettement demandé une confirmation en pointant mon pouce vers ma poitrine d’un air interrogatif, le tout pour m’assurer que le signe m’était bien adressé. Elle fait une bonne demi-tête de plus que moi, m’aperçois-je alors que sa main se pose sur mon épaule droite. Elle m’indique une direction vers laquelle je la précède. Nous entrons maintenant dans un grand salon éclairé par la seule lumière du couloir. Le temps que mes yeux s’habituent à la pénombre, et je distingue la décoration, quelques meubles anciens contre les murs blancs, une table centrale rectangulaire et immense, un parquet de bois non vernis. Nous éloignant du sas et de la source de lumière, nous évitons la table et nous dirigeons vers le côté opposé de la pièce. Nous nous arrêtons puis nous faisons enfin face. Le visage de la blonde a changé. Son maquillage yeux de biche a coulé, comme si elle avait pleuré, impression que confirme son air contrit et sa lèvre supérieure frémissante. Elle bredouille quelques mots incompréhensibles et m’attendrit, en suscitant étrangement une pulsion physique en moi.

 

Homme marié, je ne saurais agir pour répondre favorablement à cette sensation. J’aime Anne de tous mes abats (tripes, cœur et cervelle) et la tromper me serait insupportable. Frédérique serre alors mes trapèzes de ses deux mains, l’émotion sur son visage se révélant de plus en plus sensible. Je devine, la voyant plus bas que mon regard, que son inspiration la dirige vers le sol. Si fait, voici qu’elle s’assoit, puis s’allonge sur le parquet. Je m’agenouille à côté de ses pieds chaussés de sandales multicolores, à dominante turquoise ; je remarque également malgré l’obscurité des liserés rouges entremêlés.

 

Malgré ma répulsion éthique, je cède à la pulsion et me saisis de la lanière d’une sandale, et tire doucement dessus pour la dégager de son cran métallique. La blonde se redresse sans rien dire, d’un air réprobateur : j’ai dû tirer trop fort et pincer la peau de son pied d’albâtre. Je lui retire ses deux sandales avec d’infinies précautions, d’une façon qu’elle doit apprécier puisqu’elle s’est rallongée, les bras croisés sur la poitrine, la tête légèrement tournée de côté et les yeux clos. Sa respiration reste calme alors que je compte la chair de ses mollets sans aspérités. Elle retient un soupir lorsque mes mains glissent lentement le long de ses cuisses, remontant du même coup sa fine robe blanche, peu à peu, jusqu’aux hanches.

 

J’ai encore honte de ce que je suis et fais lorsque vient à se dénébuler le lieu de ma convoitise… qui me surprend. Pas de culotte posée sur les crêtes iliaques… Juste un… bout de carton, semble-t-il, plié à la manière d’un bateau en papier, mais retourné coque en l’air, l’objet de mon avidité insensée étant celé par l’étrange élément. Comment celui-ci tenait-il jusqu’à présent ? Je l’ignore, mais la question ne me retient pas plus de quelques instants. Je m’en saisis et le retire délicatement, m’en débarrasse vite pour mieux retourner à la vue que je veux merveilleuse…

 

Ce n’est pas le bout de mes surprises ; le sexe de Frédérique Bel est recouvert d’une dense toison brune, laquelle pour en être peu étendue et bien taillée en triangle, n’en masque pas moins jusqu’à la forme et la couleur de ce que j’étais impatient de découvrir. Elle ne bouge toujours pas, me laissant à ma déception. Je ne bouge plus, la laissant à son désir inconnu. Nous ne bougeons plus ; jamais je ne tromperai Anne.

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