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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Intubation idéelle

Publié le 28 Septembre 2007 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

C'est revenu. Allongé et somnolant, je tournais violemment sur moi-même, par quarts de tour. Je me tordais la tête, fendais mes cervicales d'un quart de plus pour oublier la douleur de la brûlure. Puis, tout en dormant, je me suis vu à genoux, pressant mon gastre, vomissant le sang.

L'intérieur appelle l'air, qui ne peut le refroidir, rejette l'air, qui n'étouffe pas le feu. Je reste en chien de fusil, dont les balles ne sont que glaires sanglants.

On m'a enfoncé une épée à cet endroit précis, au centre de gravité du triangle formé par la glotte et les extrémités intérieures des deux clavicules.

La marche s'alanguit un peu plus tard ; les jambes ploient sous le fardeau des braises. Tout est quasiment réduit en cendres, mais il demeure la contradiction entre l'amertume dépitée du bas visage, et la gravité cernée de ce qui le surplombe, fendue par l'arête nasale.

Alors le sang... il vient tacher et faire grimacer le dépit...

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Mon Villon de froidure

Publié le 27 Septembre 2007 par Luc dans Arbeit (du 16-10 au 29-12-95)

Touteffes eftoient d’yceluy qui congnoiffait incontinent faiteriement vainquir leur malve hargne, oncques qu’empour nous, tout eftoit perdu fors l’honneur… Et il n’y eust point faute, nulze ardeur…

Sombre et rétrograde allégorie due à un silence pesant, à l’absence de ces odeurs familières. J’ai remarqué que je cicatrisais moins et moins vite qu’avant. Ma bouche s’entrouvre à peine maintenant, pour murmurer qu’elle n’est plus qu’une plaie ouverte [1]. Les mots lui manquent pour signifier son absence de colère et de sérénité, sa volonté de générosité immédiatement contrée par l’autoconservation.

Dedanz la paour, je ne baer meshui que de corir poruec toi…



[1] Vision poétique… fondée sur des faits réels : en attendant le TER à St Quentin Fallavier, dans un petit matin de franc soleil mais en pleines terres froides, mon visage a gelé sans que je m’en aperçusse, et alors je bâillai : l’erreur à ne pas commettre, deux centimètres d’ouverture de la commissure gauche vers la joue…

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Nausée

Publié le 26 Septembre 2007 par Luc dans Contrôle (du 4-6 au 26-9-07)

Je baisse la tête, renifle bruyamment en attendant que le malaise s’évanouisse, dans un espoir indéterminé que je pressens déçu. Je suis une pelote neuve, compacte et gonflée, rosissant et rebondissant de nausée en spasmes, mais dans laquelle des aiguilles inattendues viennent se planter en s’agitant gaiment. Les tremblements de mes mains et l’extension extrême de mes cervicales m’empêchent de réagir et sans nul stoïcisme, je subis, le menton posé sur la poitrine et un bout de langue bleue sortant de la bouche molle.

Les poussières de lumière vibrionnantes exécutent derrière mes yeux de petits bonds joyeux, à l’instar de l’ensemble des éléments alentour, que la vie réveille et anime, merveille minime chaque jour renouvelée que ma veille déprimée me vole avant qu’elle ne me touche.

Je ne participerai pas ce matin à l’éveil des sens et de la nature. Je garderai la tête baissée sur le détachement progressif de la partie inférieure de mon corps, pour enfin m’alléger, m’octroyer une section de légèreté silencieuse, et enfin heurter le plan fixe d’un crâne vide.

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Mouvement

Publié le 24 Septembre 2007 par Luc dans Jours décisifs (du 6-1 au 5-3-97)

La douleur pointe son nez de fouine et excite mes sens nocturnes alertés. Le froid et la chaleur alternés se jouent de mon besoin de repos, en mêlant le grelottement à la sueur, l'obligation d'agiter les draps pour se sécher et de s'y recroqueviller juste après pour la douceur.

Chaque mouvement est un martyre, et il y a bien un couteau planté à l'articulation de mon gros orteil gauche. Les crampes menacent mais ne viennent pas, se contentant de faire frémir les muscles épuisés dans l'angoisse de la crispation. L'estomac grogne son insatisfaction et refuse toute activité, même pour la salive que la douleur me contraint à avaler en serrant les dents. Alors il ne reste que toi, dont la chaleur me réconforte, dont les paroles me font oublier un instant ce pour quoi je vis.

Peut-être ne suis-je pas assez flagrant, et que je perdrai encore le sens ainsi que la possession du bien, pour tout, moi inclus. Mon pessimisme est probablement incorrigible ou pathologique, quelle que soit la tentative d'y contrarier, et il dilate les gouffres au bord desquels la marche se déroule lentement, sur des chemins dès lors affinés à un cheveu, entourés de vide, comme le calvaire d'une vie à genoux.

Pour grappiller, il faut les écorcher, comme les paumes des mains d'ailleurs... Bossu à force de baisser la tête, et rien ne change. Mais il reste toi.

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Rêve 47 Honte publique

Publié le 21 Septembre 2007 par Luc dans Contrôle (du 4-6 au 26-9-07)

Il doit s’agir d’un week-end, puisque la journée est radieuse et que je suis étrangement vêtu : un bas de survêtement noir et un tee-shirt sombre. Un matin probablement, indifférent et impalpable, et je songe à acheter des cigarettes. Je demande à Anne si elle souhaite que je lui en ramène également, ce à quoi elle opine invisible et silencieuse.

 

Je décide d’y aller en courant, ce ne sont pas les débats sur le kilométrage exact nous séparant du village qui amoindriront ma volonté d’en découdre avec la terre, les cailloux puis le bitume usé.

 

Ma course, pour n’en être guère rapide, n’en demeure pas moins difficile, le manque d’habitude certainement, mais je parviens dans les faubourgs d’une ville sans trop être marqué par l’effort. Au croisement de deux boulevards, je constate la présence d’un bar-tabac et me plante devant la porte en apposant le plat de ma main sur la poche gauche de mon survêtement, désespérément vide. J’ai oublié de prendre de l’argent, et me voilà bon pour retourner à la bastide, distante donc de dix kilomètres et non huit comme certaines mauvaises âmes voulaient le laisser accroire. Quarante-cinq minutes pour rien… et le mal de ventre qui me saisit insidieusement. Il me faut rentrer plus vite qu’à l’aller, c’est une nécessité absolue.

 

Je marche rapidement le long du boulevard jusqu’à la première station de RER, dont la présence dans un Gardanne à l’amplitude démesurée ne m’étonne cependant pas. J’ouvre la petite porte de métal et m’engage dans l’étroit escalier de ciment gris, dans la cage duquel une dizaine de gamins désœuvrés assiste à la descente d’un œil mauvais. Leur regard me pèse mais si n’étaient ces colites de plus en plus prononcés, ils ne m’effraieraient guère du fait de l’absolue vacuité de mes poches. Vacuité de mes poches… je n’ai pas même de quoi acquitter le prix du billet de RER, et je fais donc demi-tour au milieu des marches tandis que le groupe d’enfants me serre de plus en plus.

 

Je sens que l’un d’eux vient tenter de passer la main dans l’une des poches de mon imperméable beige clair, dont j’ignore d’où ils sortent tous les deux. Avant même que je l’écarte en me retournant, il retire sa main en grimaçant et se met à pleurer. En s’essuyant les yeux, il se macule le visage d’une boue marron, et ses pleurs redoublent à mesure qu’une odeur fétide vient à mes narines. Jetant un coup d’œil dans mon dos, je constate que mon imperméable est couvert d’excréments dans toute sa partie inférieure, la piètre tentative de vol de l’enfant s’étant donc heurtée à mon apparente incontinence.

 

La honte me submerge alors et je presse le pas. Il me faut rentrer. L’idée d’entrer dans un bâtiment public désormais disparu ne me hante pas. Il me faut fuir et rentrer, cacher ma honte et ma souillure.

 

Arrivé derrière un platane au large tronc, je m’accroupis pour constater l’ampleur des dégâts et vois affolé une botte compacte de fumier attachée au postérieur de l’imperméable, dont je me débarrasse aussitôt en songeant dans la détresse à l’état de mon bas de survêtement que rien ne peut plus cacher, et rien ne me sauve.

 

Peut-être surmontant mon dégoût de moi ai-je fait du stop, mais toujours est-il que je me retrouve le nez face au haillon d’une Omega break bleu marine, puis l’instant suivant enroulé en position fœtale dans son coffre. Sur la banquette arrière, Christine F. donne un biberon à un bébé, ce qui relève de l’invraisemblance absolue, en devisant avec Mélanie S. Je tente d’articuler quelques mots, mais la première me reprend sèchement d’un « Chut ! » ne laissant pas le moindre doute sur ma condition désormais.

 

La honte de mes tripes malades fait taire mon orgueil malade, et je m’enroule plus encore dans le fond du coffre. Je prends la place de la roue de secours maculée. Je me tais. Je ne bouge plus. Honte.

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Haka automnal

Publié le 20 Septembre 2007 par Luc dans Murs gris - ciel blanc (du 23-9 au 23-12-96)

Brûlant de fièvre et la main tremblante, je ne rêve plus que d'un feu de cheminée, de vêtements chauds et secs. Des frissons désagréables parcourent mes flancs comme des ondes électriques au simple regard d'une pluie désespérément continue et oblique, dont une goutte glacée vient perler le long de ma colonne vertébrale.

C'est une lame de rasoir qui glisse silencieusement sur ma peau ; l'incision est nette. Le sang ou la lave au rythme séculaire du cœur d'un volcan. Je prends de la distance avec la réalité, éternuant, soufflant, crachant et reniflant.

Mes yeux éclairent la route du retour, s'agrandissant pour emplir la rue. Je ne respire plus. Je brille. La faim me vrille les entrailles. Je brûle.

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Inefficacité

Publié le 18 Septembre 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

27 août 1996

La grisaille règne de nouveau, et j'aspire maintenant à plus de clarté, de fraternité joyeuse. Le dépérissement demeure en effet à craindre dans cet endroit où se tient une réunion de famille.

L'ambiance touche à l'étrange, des pièces halotées de jaune, des paroles insensées et déplacées, sans éclat ni vulgarité pourtant. Qu'entends-je alors ? J'entends un homme commander quatorze places d'avion. Simultanément, je suis dans mon bain en train de batifoler avec je ne sais qui, alors qu'inévitablement, et l'étrange devient vaudeville, quelqu'un entre...

Tout cela m'ennuyait. L'érotisme était plus... systématique que d'habitude, voire contraint du fait de la situation. Dès lors, s'agissait-il vraiment d'une réunion de famille ? Seul l'ennui abondait en mon sens, mais tout le détrompait. Inintéressé et reclus dans mon bain où ma peau mollissait et se fripait, j'attendais de voir la tournure des événements, qui ne se produisirent pas.

Une bouffée, une volute, une gorgée, et tout finit par se replacer. Les objets ne se meuvent plus en directions opposées ; la machine à laver en a terminé de se prendre pour un guéridon tripode voltigeant au travers de la pièce.

Il ne reste bien plus que l'inefficacité, à jamais non sanctionnée, pour égayer d'écœurement la frêle sensation de douleur.

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Anéantissement

Publié le 17 Septembre 2007 par Luc dans Sourires jaunes (du 25-3 au 21-6-96)

29 mai 1996

Un gant d'épingles chatouille langoureusement mon dos. Les frissons qui en résultent ne sont pourtant pas de plaisir, car je demeure conscient que la fièvre trouble la réception de mes sens, que le gant peut à tout moment s'enfoncer crânement entre mes omoplates. Un vain sursaut, suite au bruit anodin, me secoue. J'en tremble encore. La peur, la culpabilité et l'affection provoquent décidément de bien curieux effets, de toute nature à l'exception de la détonation.

Mon envie d'accéder au bien s'affaiblit, maigrit à chaque journée perdue, ou vécue, ce qui revient au même.

Tellement amaigrie cette envie, que même l'ennui ne se propulse plus dans l'air alentour, tel qu'il s'en exhalait auparavant.

Si petite l'envie de continuer, que chaque pas est un vertige, ou une hallucination lorsqu'un effort désespéré de réflexion vient à trancher le voile opaque de la mécanique quotidienne.

En ayant perdu le but, je ne peux plus chercher encore l'envie d'y parvenir. L'eussé-je retrouvée qu'elle ne me servirait de rien...

Ma tête se renverse vers le ciel immaculé, s'y dessinant les regrets et les ratés, la sombre souvenance de ses propres grognements odieux, de sa propre bêtise. Mon corps s'allonge vers le ciel en ne souhaitant plus rien que l'anéantissement du lendemain.

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Regard

Publié le 14 Septembre 2007 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

23 janvier 1996

En regardant le carrousel des gens, réglé comme un métronome, des rêves sont revenus... des scènes plus exactement.

J'ai revu celle-ci, dans laquelle nous étions pressés de partir. Je rangeai rapidement mes affaires, prenais mon sac à dos lorsque deux jeunes gens virent mon arme, posée sur une margelle de béton, et de s'en approcher. D'un geste sec, je posai ma main sur l'objet convoité et les décapitai de ce regard froid, tout le contraire d'un éclair fulminant, mais plutôt la rage neigeuse d'un sabre droit et glacé, à la lame noire.

L'instant suivant, je courais, sac au dos, parcourant une distance connue de tout temps, mais pendant laquelle j'avais pris un certain retard. Ce qui ne manqua pas de me faire sourire : pressentir le retard dans l'intemporel...

Puis nous avons bu, nous sommes drogués alors qu'imperturbable je ne pensais qu'à mes urines. Le lendemain, mes yeux bourdonnent, mes paupières se plissent, mais surtout... à ma grande frayeur, j'ai gardé ce regard de miroir brisé aux arêtes acérées, létal, identique à celui que j'avais vu de face quand il me restait encore l'espoir.

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De fortunae

Publié le 13 Septembre 2007 par Luc dans Arbeit (du 16-10 au 29-12-95)

7 novembre 1995

Une petite promenade dans l’air froid et sec, débarrassé de toute contrainte d’habitude. J’exècre souvent le changement, mais celui-ci m’a fait le plus grand bien, songeant cependant avec tristesse à la distance temporelle, géographique, qui me sépare d’elle. J’ai pu oublier, fasciné que j’étais par le bruit de mes pas sur la glace, un instant que l’ennui allait me frapper sans rémission si j’en demeurais éloigné. Alors, sans force, je ploie sous le choix qu’on me dicte, les doigts brûlant de froid et la tête de contradictions, de dilemmes éreintants. Existe-t-il la chance ?

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