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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Rêve W La main dans les cheveux

Publié le 29 Juin 2007 par Luc dans Murs gris - ciel blanc (du 23-9 au 23-12-96)

C'était une petite soirée, pendant laquelle comme à mon habitude je jouais au chien de faïence, profondément engoncé dans un fauteuil. La maîtresse de maison était grande, brune et moyennement jolie, mêlant la distance à la courtoisie. Ma compagne se trouvait assise en face de moi, à deux ou trois mètres, et d'autres convives s'étendaient en corolle autour du buffet garni que tenait l'hôtesse. Puis celle-ci but quelque chose et rapprocha son attitude de ma personne de manière pour le moins directe. Elle me donnait des baisers dans le cou et sur les commissures en passant sa main dans mes cheveux.  

 

- Ne savait-elle pas que je déteste cela ? 

 

Je lui disais : Non, arrête... Elle continuait de plus belle, frottant cette fois sa croupe cambrée sur mes genoux. Je réitérai mon non, et cherchai suppliant le regard de ma compagne qui pourrait seule me tirer de ce pétrin, que je ne trouvai pas autrement que devisant joyeusement avec ses voisins. 

 

La morne soirée et l'appétit saugrenu de l'hôtesse hispanique oubliés, je me retrouvais dans un appartement spacieux, aux innombrables modules habitables. Un homme était là, qui m'indiquait la direction à prendre pour la nourriture. Je demeurai inerte, tellement cet endroit ressemblait à une galerie marchande vide. Il me fit signe de lui emboîter le pas, et nous arrivâmes devant un distributeur énorme. Il sortit un pied de biche, força l'ouverture d'un compartiment et se saisit de pâtisseries peu ragoûtantes. Je déclinai la part qu'il m'offrait, et me rendis compte du brouillaminis confus qui régnait en moi.  

 

- Mais rien ne sert à rien ! L'hiver et la nuit sont arrivés 

en trois petits jours, comme une malédiction.  

 

Puis mes pensées s'obscurcirent trop pour que la suite pût être narrée. 

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Delo in disciplina (2)

Publié le 28 Juin 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

3 septembre 1996

 

Au plus profond, non de la forêt ténébreuse de laquelle pourraient surgir druides, korrigans et autres esprits du chêne, mais de cette semaine propice aux interrogations, je reviens sur ce qu'il doit advenir de mon écriture.  

 

Plutôt que le style épuré (pour ne pas dire : coquet, nu, dépouillé... vide) d'Alexandre Jardin, pourquoi n'opterais-je pas pour la grandiloquence des batailles ? Dans l'image, ce serait très pompier, David ou Delacroix, avec une touche adoucissante d'Ingres. Quant au portrait, il va de soi que la rigueur et l'expressivité austères de Rembrandt, voire Van Dick, s'imposeraient.

 

Quant au style lui-même, en revanche, il devra savoir sublimer l'essence guerrière, transcender le sang et la chair, jusqu'à se situer dans le monde meilleur, plus haut, débarrassé comme Bacon des contingences de la blessure.  

 

Quelques exemples : Pierre Sergent, Pierre Schoendorffer, Marcel Bigeard... Surtout Bigeard, écrasant encore une larme au coin de l'oeil en décrivant le calvaire de ses courageux p'tit gars. Le premier et le deuxième cités touchent plus que le dernier à la fibre éthérée, à l'impériosité abstraite, ainsi qu'en atteste l'utilisation systématique d'adjectifs comme impavide, blanc (visage, colère, rire : le blanc sert pour tout substantif, détache, catharsise). La froideur de la description de paysages pourtant infernaux contraste singulièrement avec la chaleur de la portraiture (Maigre, c'était un loup, en parlant du Chef X., P. Sergent, "Je ne regrette rien", passage 1er B.E.P. en Indochine). Enfin, le détachement dans la conclusion, qui ne peut être que la défaite, fair-play quoi ! (Je ne regrette rien, C'était Dien-Bien).  

 

Je crois que ce style me conviendrait à merveille (le public aime le sang et les héros, même malheureux). Petit problème : je n'ai jamais fait la guerre. L'authenticité du récit serait tout autant redoutable que désarmante.  

 

Demain, à voir, pour une autre idée... 

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She's lost control again

Publié le 27 Juin 2007 par Luc dans Contrôle (du 4-6 au 26-9-07)

27 juin 2006

Une fois encore elle a perdu tout contrôle, 

Pour le vol vrombissant d’une mouche affamée, 

Pour la misère du monde, une part entamée 

De vie, le matin d’un bébé pleurant sans dol. 

 

Une fois encore elle a perdu tout contrôle, 

Déjà pour avoir la veille au soir décimé 

Sans pitié les représentations mal famées 

De la compassion, que j’ai serrées par le col,  

 

Alors qu’elle perdait encore tout contrôle, 

Jusqu’à l’étranglement, à rendre inanimées 

Leurs passions du monde maintenant désarmées.  

 

Ce matin encore elle a perdu tout contrôle, 

Tandis que je vaquais comme à l’accoutumée, 

Puis sa violence torpide m’a rétamé. 

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Raskolnikov

Publié le 26 Juin 2007 par Luc dans Sourires jaunes (du 25-3 au 21-6-96)

4 juin 1996

 

Curieusement, et alors que la chaleur devient insupportable dans la pièce confinée, je me sens Raskolnikov tombant amoureux de Maria Lebiadkine. La phtisie est notre point commun à tous. J'ai peut-être eu peur des glaires sanglantes dont le goût âcre s'épandait dans la gorge et le nez. J'ai craint de courir et de fumer... J'ai fait les deux, et ne m'en retrouvait pas plus mal, sauf cette torpeur et ce poids sur la poitrine. Alors je marche le long des façades vieillies, le visage rouge comme un phare, dans la chaleur accablante. Le ciel, je le devine blanc, mais je ne saurais révulser mes yeux dans le seul but de le voir. Regarder le pavé gris anthracite, comme les poumons et la vie. 

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Réveil nocturne

Publié le 25 Juin 2007 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

16 & 17 janvier 1996

 

Puis me voilà debout, dans l’urgence, à tenter de trouver les mots pour décrire mon état de victime (pour une fois !).  

 

Cela me rappelle cette suée qui m’a pris dans le froid, en fin de nuit hypothétique. J’ai dû repousser toute couverture ou drap, et n’offrir que ce pâle torse à l’aube glaciale qui s’avançait, bien qu’encore lointaine.  

 

C’est donc maintenant, debout et dans l’urgence, que je vais devoir repousser tout le reste, ou écraser pour le compte le peu de dignité qu’il est sensé me rester.  

 

 

Quelle curieuse impression de ressentir le sursis. Rarement notion aura été si puissamment vécue. Pendant cette période, j’hésite toujours sur la sensation que j’éprouve du temps. Me paraît-il insupportable de longueur que la journée s’achève sans souffler mot… Que je me prenne un soir à divaguer, et complaindre sur les souffles qui me quittent chaque instant, et au matin je demeure terrifié devant l’infini de la tâche restant à accomplir.

 

Cela dit… lorsqu’à l’instant j’ai vu le toit de cet immeuble disparaître dans un ciel lourd et gras, il ne s’agissait plus de temps, mais de désespoir. La vanité de la vie et de mes efforts a soudain resplendi de cette lueur à la fois étouffée et aveuglante, qui présage mauvaisement de l’avenir. A la manière d’un rêve inachevé, je vis un réveil nocturne, complaisamment bouffi du souvenir d’un périhélie.

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Ecoute

Publié le 22 Juin 2007 par Luc dans Contrôle (du 4-6 au 26-9-07)

22 juin 2007

 

Je ne t’écoute pas.  

 

J’oublie ce que tu dis, 

Tes affaires sans répit, 

Tes rendez-vous pris.  

 

Je ne t’écoute pas.  

 

Je t’interromps, tout à mon rôle, 

Lorsque tu prends la parole, 

Pour te soutenir, en maître d’école.  

 

Je ne t’écoute pas – 

                        - donc.  

 

Puis échauffé je me lance 

Dans un monologue dense 

Suscitant un ennui intense.  

 

Je ne t’écoute pas – 

                        - c’est une certitude. 

 

Alors je reviens vers toi, 

Incompréhensif et matois, 

Te reprochant mon émoi  

 

De ton courroux – 

                        - je ne t’écoute toujours pas.  

 

Plus rien d’autre à faire 

Que de m’oublier, me taire 

Pour enfin t’écouter d’un air  

 

Enfin humble, la roue de mon trépas – 

                        - je t’écoute maintenant. 

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Harassement

Publié le 21 Juin 2007 par Luc dans Contrôle (du 4-6 au 26-9-07)

21 juin 2007

 

Dans la mesure où une chaleur étrange enveloppe un monde qui s’étire et se contracte sans rythme particulier, je n’ignore pas qu’il va nécessairement se produire quelque chose.  

 

L’air tremble en s’élevant vers un ciel jaune poussin délavé, tandis que la fenêtre oscille et se déforme entre gargouille et cul de poule. Sur son rebord, je constate la première présence inopinée : un scarabée d’une vingtaine de centimètres aux larges ailes déployées, à la tête brune et effilée comme recouverte d’un casque protecteur. Pour savoir le caractère inoffensif de l’animal, l’écœurement n’en titille pas moins ma glotte sèche. Je tente de me saisir de lui avec dégoût pour le mettre dehors à un moment où la fenêtre aura daigné reprendre des dimensions suffisantes, cessé de respirer stupidement dans son illusion de vie. Ci-fait.  

 

Je le savais bien : le monde évolue n’importe comment, et toutes les races alentour, minérales, végétales et animales, poursuivent un but qui leur est propre, marquant la désintégration de l’équilibre. Quelque chose couine dans une pièce adjacente, déclenchant la panique chez ses occupants. Le bruit provient d’un meuble massif vers lequel je me dirige en avançant la main. La poignée de porte se transforme sous mes yeux en un gros homme imberbe, de teint jaunâtre, assis par terre avec un air tout aussi sévère que témoignant de son absence totale de compréhension de l’essence du monde qui l’entoure. La terreur gagne les esprits tandis que les insectes grandissent sans mesure, nous mettant au sein d’une vaste et inquiétante volière.  

 

Je décide donc de partir en sautant à travers une baie vitrée de rez-de-jardin, puis cours dans l’herbe avant d’apposer mon dos au tronc d’un chêne.

 C’est à ce moment, le calme revenant, que je pleure par la représentation concomitante de ma mort et du visage de ma fille étonné sur le monde. 

 

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Les toits enneigés

Publié le 20 Juin 2007 par Luc dans Murs gris - ciel blanc (du 23-9 au 23-12-96)

7 octobre 1996

 

Les toits enneigés... n'étaient donc bien qu'une hallucination. Il fallait s'attendre à un froid saisissant, et une température douce fait disparaître la buée condensée sur les vitres. Etais-je trop chaud en fulminant ma bulle contre l'imaginaire pellicule blanche, que j'exhalais en marchant une vapeur profuse et troublante ? J'ai rêvé la neige en la haïssant.  

 

Tant de bruits parviennent à mes sens alertés. Baissant les yeux, je crois discerner des gouttes de pluie courant tumultueusement dans les gouttières et tombant sur le bitume luisant. Je regarde dehors, et je ne peux observer qu'un ciel certes menaçant, mais sans précipitations. Vaste tromperie. M'écoutant, cette fois, il m'a semblé déceler l'appel inexorable de la faim, cette illusion coûteuse. Je la combats tout aussi vainement que la neige, laquelle reste tout de même hors de propos.  

 

Trop soumis au subterfuge et à la sophistication pour ne pas tomber dans le descriptif pur et simple, dans la sensation trop rapidement partagée par quiconque, et surtout n'importe quoi, je dois être en conséquence un pédant emphatique, un empaffé antique ou un pédé empâté... Un grec quoi !  

 

On a pu me reprocher l'inaccessibilité de mon écriture... Je me marre : elle ne relève pas de l'intellectualisme béat et volontairement obscur. Simplement, je me suis astreint à écrire chaque jour, et lorsque je n'ai rien à dire, 

 

- ce qu'amis et connaissances souhaiteraient qu'il se produisît plus souvent -  

 

j'écris n'importe quoi. Voilà, pas de quoi en faire un drame. 

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Delo in disciplina

Publié le 19 Juin 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

2 septembre 1996

 

Prise de conscience inquiète. Je ne dors bien que lorsque j'ai bu. Le sommeil incessamment perturbé contraste avec le calme de cette matinée. Les bruits réconfortants des travailleurs dans la rue, assourdis ou insouciants des moteurs pétaradant, des fracas de tôles froissées, ou encore des ordres hurlés de manière bonenfant, montent jusqu'à mes oreilles inattentives.  

 

En maîtrisant les mouvements nerveux de mes jambes impatientes, j'essaie de me persuader de ma fatigue. Rien n'y fait. L'envie de bouger me saisit, au plus fort du paradoxe de ma situation bien assise.  

 

J'exécute mon labeur avec discipline mais sans conscience. L'organisation systématique est consacrée par une méthode sans faille, qui se joue dans la vaste illusion d'une appréciation au bout du nez. Mon hypocrisie serait donc également sans défaut. Je ne m'en réjouis pas particulièrement, mais l'on s'en accommode ma foi très bien.  

 

J'ignore encore si je dois m'orienter vers la description sociale, tel un Zola des temps modernes, tour à tour satirique et mélodramatique, tournoyant et incisif dans le message. Il s'agirait en quelque sorte de conceptualiser mon écriture, lui donner un sens, un combat, tout en adoptant un style direct et ne côtant pas moins de cinquante au test de facilité Flesch (statistiques de lisibilité dans les correcteurs informatiques de grammaire). Un nouvel Alexandre Jardin en somme...  

 

Si je n'ai pas encore acquis, ne me suis pas encore pénétré du B-A-BA du commerce littéraire, je n'éprouve en revanche aucun dégoût pour l'argent. A choisir, avant ce dernier, je sacrifierais plutôt le style ! Cela dit, c'est un métier et je ne demeure qu'un amateur. Je vais donc devoir laisser là mes rêves de best-seller, de méthodes amaigrissantes ou de romans de gare, de gloire, et me contenter d'un feuillet quotidien sans quelque intérêt, mais si intime et à la diffusion tellement restreinte qu'il reste à espérer qu'il me fasse classifier dans un avenir incertain parmi la catégorie des poètes maudits ! 

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Boissise

Publié le 18 Juin 2007 par Luc dans Sourires jaunes (du 25-3 au 21-6-96)

3 juin 1996

 

Le temps s'écoule... C'est une rivière mousseuse et verte qui s'endort paisiblement dans un bras mort. Le liquide le devient moins ; il stagne et croupit. Pourtant, un doux rayon de soleil se fraie un passage à travers les feuillures pour caresser le nénuphar naissant, et parasite. La mousse blanche sur l'eau vert sombre forme des helléniques, des escargots stylisés s'enroulant et déroulant leurs larges lignes autour des tiges de plantes aquatiques.  

 

Le temps se heurte parfois à une libellule attirée par le calme et les innombrables insectes à dévorer, attirés quant à eux par la pourriture.  

 

Le temps et le bras meurent sans que l'on y pense, pris par le cours lent et apaisant de la limace. Qu'on ne me demande pas où et comment j'ai vu cette rivière de temps : je suis dedans jusqu'au cou...  

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