C'était une petite soirée, pendant laquelle comme à mon habitude je jouais au chien de faïence, profondément engoncé dans un fauteuil. La maîtresse de maison était grande, brune et moyennement jolie, mêlant la distance à la courtoisie. Ma compagne se trouvait assise en face de moi, à deux ou trois mètres, et d'autres convives s'étendaient en corolle autour du buffet garni que tenait l'hôtesse. Puis celle-ci but quelque chose et rapprocha son attitude de ma personne de manière pour le moins directe. Elle me donnait des baisers dans le cou et sur les commissures en passant sa main dans mes cheveux.
- Ne savait-elle pas que je déteste cela ? -
Je lui disais : Non, arrête... Elle continuait de plus belle, frottant cette fois sa croupe cambrée sur mes genoux. Je réitérai mon non, et cherchai suppliant le regard de ma compagne qui pourrait seule me tirer de ce pétrin, que je ne trouvai pas autrement que devisant joyeusement avec ses voisins.
La morne soirée et l'appétit saugrenu de l'hôtesse hispanique oubliés, je me retrouvais dans un appartement spacieux, aux innombrables modules habitables. Un homme était là, qui m'indiquait la direction à prendre pour la nourriture. Je demeurai inerte, tellement cet endroit ressemblait à une galerie marchande vide. Il me fit signe de lui emboîter le pas, et nous arrivâmes devant un distributeur énorme. Il sortit un pied de biche, força l'ouverture d'un compartiment et se saisit de pâtisseries peu ragoûtantes. Je déclinai la part qu'il m'offrait, et me rendis compte du brouillaminis confus qui régnait en moi.
- Mais rien ne sert à rien ! L'hiver et la nuit sont arrivés
en trois petits jours, comme une malédiction.
Puis mes pensées s'obscurcirent trop pour que la suite pût être narrée.