Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Choix de vie

Publié le 26 Octobre 2010 par Luc dans Murs gris - ciel blanc (du 23-9 au 23-12-96)

Le froid me saisit de plus en plus, et j'ai renoncé à empêcher mes jambes de tressauter nerveusement, avec tout ce que peut avoir de désolant le fait que les pensées ne viennent pas.

 

J'auraisvouluuu... êtrunarrtiiiiiissteuu !

 

De cette sorte qui éclairait Montaigne et La Boëtie, charger le fardeau et le baluchon, le capuchon et le manteau, vers d'autres contrées pour... rencontrer. Mais je ne me suis pas laissé de temps pour le voyage. Sinon physiquement, du moins aurais-je pu faire l'effort de le faire en tout esprit, jonglant en troubadour avec force métaphores et courant baladin intelligent tout le long de la parabole étoilée de la poésie...

 

C'est beau, hein ? Pour une fois qu'c'est beau...

 

- disait François Hadji-Lazaro avec une invraisemblable justesse de raisonnement -

 

Mais mes relations au beau sont plutôt troubles et non exemptes de vices. La vertu m'est un mot parfaitement étranger et, quoiqu'il en soit, contingent.

 

A défaut de voyage et d'art poétique, que restait-il ? Le travail, exécuté avec conscience et sans passion, enrubanné d'allègre finance. Jésus, que ma joie n'empire pas !

 

Je cherche dès lors à déceler dans le ciel une ombre de lumière, mais la nuit venteuse et humide paraît éternelle, dans son absolue compatibilité avec la vie, qui est celle que j'ai choisie, après tout...

commentaires

Agacement

Publié le 25 Octobre 2010 par Luc dans Sourires jaunes (du 25-3 au 21-6-96)

De par l'oubli, je demeurais fixe et inactif, tentant de rassembler mes pensées, de trouver une hypothétique douleur à retranscrire et analyser, tel un petit vieux. En vain paraissait-il, et je me résignais à la stérilité quand la chose jaillit encore de son écrin.

 

Un message, qui me semblait adressé depuis une éternité, mais qui ne me concernait en rien. Le cerveau gourd, je me jetai sans vanité ni regret dans l'agacement torpide. Par là, je réussis à me saisir d'une idée de vif-argent qui m'avait frôlé peu de temps auparavant : déblayer, défricher le superflu, et brûler le chiendent que je rejoins désormais contre ma volonté. Puis partir, ou plus exactement revenir, pour avoir eu la sensation si nette de m'être fourvoyé sur un chemin erroné. Mais alors mes yeux s'alourdissent : aurai-je un jour le courage à la colère ?

commentaires

Les terres froides

Publié le 21 Octobre 2010 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

J'ai remarqué depuis peu que mes ongles se scindaient en leur épaisseur, phénomène ressenti comme un signe néfaste... Alors que je traversais une nappe de brouillard, brève mais intense, je débouchai soudain, de manière inattendue, sur une vaste plaine. Les arbres et le chemin sinueux s'étaient donc effacés pour laisser place à cette grande surface plane et dénudée. Rien d'étonnant à tout cela si ce n'était que la température baissa sans commune mesure. Pas de vent, le néant. Le mouvement se fit moins sensible, voire imperceptible. Et ce froid...

 

Une voix rocailleuse troua ma vanité en énonçant calmement, presque riante : « Ce sont les terres froides ». Ainsi, j'y étais parvenu, à cette représentation que j'imaginais être moi dans les discours.

 

Avec effort, je me reconnus : lisse, sans limites ni beauté, aride et semé d'aversion, froid et bas.

 

Mais je ne vois pas dans ce paysage le feu qui me dévore, outre celui dont je me persuade un peu plus chaque jour, et qui t'est confié, Emilie.

commentaires

Sale boulot...

Publié le 19 Octobre 2010 par Luc dans Arbeit (du 16-10 au 29-12-95)

La torpeur a bloqué mes traits quand je marchais d’un pas flou ce matin. Je sentais que la douleur pouvait me prendre à la foulée suivante ; il n’en fut rien, mais la seule possibilité de sa survenance m’y rendait attentif.

L’hésitation demeurait le maître-mot, et le sol lui-même semblait se dérober sous mes pieds. Alors, cancanant et claudiquant, j’avançais, me brisant les poumons de cristal sur la fraîcheur excessive de l’endroit, à peine réchauffés par l’inspiration de fumées… incolores et de diverses origines. Je deviens malléable, corvéable à merci, peut-être à outrance… [1] Qui sait ? Il n’est pas interdit de rêver. Il va encore falloir être bel et bon, ressortir de l’aseptisé, afficher peau nette, œil vif et voix virile assurée, entrecoupée de ces rires de complaisance… Mais je suis encombré, glauque et craintif…



[1] C’est-à-dire un combat à mort dans les termes de la chevalerie… L’avocat Guy A. avait commencé envers ma personne son travail d’asservissement, moins de trois mois après mon entrée en fonction…

commentaires

Vêpres anti-Sarkozy

Publié le 18 Octobre 2010 par Luc dans Dégradation (du 1-7 au 30-12-10)

Une belle femme m’envoya une prière, me donnant les atours de Dieu :

 

Cher Dieu,

 

Je serai brève.

 

Cette année, tu m'as pris mon chanteur préféré, Jean Ferrat. Tu m'as pris mon acteur préféré, Bruno Crémer. Mon réalisateur préféré, Claude Chabrol. Et finalement mon sportif préféré, Laurent Fignon.

 

Puis-je simplement te rappeler pour l'occasion que mon politicien préféré est Nicolas Sarkozy ?

 

Merci mon Dieu d’entendre ma prière.

 

 

Je lui répondis comme je le fais toujours en matière religieuse, de manière détournée :

 

Et oui, ma jeune ouaille ! Si le commissaire Maigret était venu soutenir l'inspecteur Lavardin en dégustant un poulet au vinaigre avant de regarder la passionnante dernière étape du Tour de France 1989, il aurait dit :

 

Sarko a perdu la raison,

Sarko ne sait plus trop que dire.

A n'avoir que lui d'horizon

Qui nous traite avec dérision,

Nous nous révoltons pour le pire,

Sarko a perdu la raison.

commentaires

Re-fus(s)

Publié le 14 Octobre 2010 par Luc dans Autopsie du désir en fuite (1-1 au 29-6-02)

Ce soir, j’ai refusé le plaisir triste, qui n’aurait pu être que sordide.

 

Il s’agit là d’un signe venant après d’autres, concordants, sensés, malgré quelques rémissions de plus en plus rares. Mes fantasmes s’apaisent et me causent moins de douleur. Je me calme généralement et ressemble presque à la normalité établie… si n’était ce refus absolu et fondé du bonheur partagé.

 

Oui, je serais presque normal, si n’était ce refus mêlé de dégoût pour la procréation. Qu’offrirais-je à cet élément étrange, absorbeur de temps, d’idée et de prospective personnelle ? Que vais-je aller me perdre dans la dépersonnalisation de mes échecs, perversités et désirs que j’irais alors plaquer sur le jeune ver inentendant, à son parfait détriment pour les éviter, les cacher sans gloire ? Que vais-je aller pondre si c’est pour vieillir prématurément ?

 

Oui, je serais presque normal… si n’était ce total désintérêt pour le matériel, l’argent, certaines convenances au sujet de ce dernier.

 

Presque normal… si je ne refusais pas la sexualité sans passion.

 

Normal… si je ne broyais pas méthodiquement tout espoir, avenir, visées, tous plus ou moins élevés d’ailleurs.

 

Normal… si je ne noircissais pas avec ironie toutes les situations données au profit d’un passé plus douloureux.

 

Normal… Je suis une lubie.

commentaires

De Stockhausen à Schopenhauer, quelques réponses...

Publié le 7 Octobre 2010 par Luc dans Un an (du 25-8-05 au 13-6-06)

A Muriel, j’ai répondu comme d'habitude avec un retard certain, alors que j'avais subi les affres de l'inquiétude la plus terrible lorsque j'avais appris la sombre nouvelle : en plantant un clou dans ton piano, manœuvre destinée à appliquer à l'instrument une sonorité plus métallique, plus dans le style de Herr Dr K.H. Stockhausen que tu aimes tant (ah ah ah !) comparé aux falbalas bachiques (quel jeu de mots !) du triste Glenn Gould, le marteau a ripé et s'est violemment écrasé sur l'un de tes doigts. La grimace s'est raidie sur ton visage et la fulminance du regard intense a dissout le clou fautif.

 

Mais le doigt se présentait là, seul, érubescent, érigé de toute sa rougeur violacée d'une manière que Herr Dr Freud aurait interprétée curieusement, et demeurant droit face au torrent impétueux des insultes habituelles en de telles circonstances.

 

Le travail devait toutefois continuer, les répétitions, les gammes... Avec ce doigt vengeur pointé vers le ciel pour éviter que le sang s'écoule sur des blanches fatiguées mais toujours immaculées, tu as dû inventer une autre manière de jouer : le doigt blessé serait donc remplacé dans les montées et descentes par un crayon de papier attaché au bout du nez à l'aide d'un élastique, la tête se penchant selon la force désirée à chaque fois que ce doigt impudent aurait dû frapper la touche.

 

Titre des Cahiers de la musique sans référence aucune aux Contes d'Hoffmann : « Un automate joue les Variations Goldberg ». Extrait : « (...) le jeu de scène de Mlle Bérard, très mécanique du fait de mouvements brusques de la tête vers l'avant à intervalles plus ou moins réguliers, rappelle parfois les gesticulations de Glenn Gould (...). Si son jeu est fin et néanmoins puissant, le public a mal compris ce gag de l'artiste, consistant à monter sur scène et à jouer son récital avec un crayon planté au bout du nez (...) ».

Tout cela pour te dire que j'espère que ton panaris va mieux !

 

 

A Pierre, qui se pinçait de savoir si je continuais la poésie, j’ai répondu : « Disons de manière beaucoup plus sporadique qu'avant si l'on parle de versification (libre ou non). Cela fait bien des années que je pratique plutôt, parallèlement aux « gros-œuvres », la prose libre à caractère poétique, tout en me fendant de temps à autre d'un petit sonnet désarticulé. Cela dit, « Perdue » a de mémoire été écrit en 1987... bientôt 23 ans... en référence probable à « She’s lost control » de Joy Division. Le style a changé, les émotions également, un certain renoncement empreint d'une forme schopenhauerienne a remplacé la révolte nietzschéenne de mes 17 ans en une inconsistante cycloïde. Mais voilà que la poésie me gagne, alors retournons donc à notre passionnant labeur !

commentaires

Rasade

Publié le 6 Octobre 2010 par Luc dans Chair (du 15-10 au 31-12-01)

Un long filet de Żubròwka a coulé dans ma gorge. Une respiration profonde et alerte, un petit cri, et les souvenirs remontent en masse vers la conscience. Le goût inimitable, fruité, herbeux et alcoolique les forme devant moi, presque matériels, presque palpables.

 

Je revois Franck à Enez Arz boire le nectar sans compter, verre après verre, dans une déception amoureuse, sans profiter vraiment des deux. Sa manière de faire est brutale, à l’image de son être fruste. Il est mon ami. Il court vers la fin de la bouteille comme un espérant.

 

Il y a aussi Guillaume d’Aix, qui observe longuement le liquide oscillant et glacé, tournant du jaune au vert en croisant la lumière. Ses yeux pétillent lorsque tentant de prendre l’accent… russe… il déclame, « Aaah, zoubrroofka ». Puis il boit, petit à petit, par touches légères des lèvres sur les bords givrés du verre.

 

Il y a Andrée, qui sirote sa vodka pour me faire plaisir, parce qu'elle sait que j’adore ça, parce qu’elle est ma mère.

 

Et voici Pascale, qui boit trop vite, vit trop vite... se lasse trop vite. Je n’ai pas eu le temps de m’imprégner de l’odeur, de poser le bout de ma langue dans le liquide que son verre est déjà vide, qu’elle me dévore des yeux. Je n’ai pas eu le temps de renvoyer le corps vers l’arrière, la nuque calée sur l’appui-tête, de sentir monter en moi les plaines de Pologne, où grondèrent bisons et katiouchas, où chargèrent les lanciers sur les Mark III... Je n’ai pas eu le temps de laisser brûler, remontant de mon estomac, le sang de Katin, jusqu’à ma bouche, réprimé dans une rasade supplémentaire mais revenant de plus belle par l’œsophage, dans un mouvement régulier d’horloge hydraulique. Tu as toujours bu trop vite, sans déguster, prisonnière de ton avidité de sensation. Tu m’as usé trop vite. Tu m’as effacé trop vite.

 

Pour ma part, entre un brin d’herbe devenu éternel dans l’alcool et un tourbillon lent, je meurs trop lentement.

commentaires

Croisement

Publié le 5 Octobre 2010 par Luc dans L'amour de l'erreur (du 14-5 au 30-7-03)

La journée agitée, pleine d’action et de mouvement, de frénésie communicante et parallèlement de masque si habituel, aurait pu me laisser croire à une soirée paisible, mais il n’en a rien été.

 

Me croisant à nouveau, mi-nu, devant le miroir tellement bien situé qu’il figure ma raison défaillante et objective, je cligne sur ma hideur. Maigrir avec appétence. Sécher sur pieds comme un vieux cep. Mes poses affectées n’y changent rien, ne touchent que légèrement au désastre et la solitude reprend son dû.

 

Maintenant mes yeux vont se fermer sur le mensonge qu’est de s’étonner d’avoir eu aussi peu mal en souffrant atrocement… Tout cela n’est rien, une autre mort, un autre couteau planté sous mon sternum.

commentaires

Et pourquoi ?

Publié le 4 Octobre 2010 par Luc dans Engagement (du 8-4 au 28-12-04)

Je le sens très bien.

Je n’ai pas envie de te voir.

Tu n’as plus envie de me voir.

Ton contact me laisse froid.

Le mien te répugne.

Je suis atterré par ton inculture.

Tu m’en veux à mort pour cela.

Je souhaite rester seul.

Tu détestes cela.

 

J’ignore pourquoi

Je ne t’ai pas encore quittée.

Peut-être le rêve d’un avenir commun,

De procréation imbécile,

Tenait-il encore le haut du panier…

 

Mais cela est bien fini,

Maintenant que mes mensonges

Ne te convainquent que si peu.

Parce que oui, j’ai menti,

Et me suis menti en tentant

De répondre à tes demandes désordonnées,

Variables girouettes entretenant

Ma terreur et mon malaise.

 

J’ai dans mes hontes voulu devenir

Celui que tu avais cru voir en moi.

Que je ne suis pas.

Je ne sais même pas si je suis capable

D’aimer quelque personne ici-bas.

 

Ton agacement continuel,

Ta nervosité palpable,

Ton agressivité non feinte

Me sont désormais insupportables.

 

J’ai jeté ma gourme,

Et aspire maintenant à plus de calme,

De solitude.

Je ne saisis pas le pourquoi

De faire perdurer une relation

Qui nous rend tous deux malades.

J’arrête donc là,

Puisque tu ne m’aimes plus.

   

commentaires