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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

NECRO 2019

Publié le 9 Janvier 2020 par Luc

2019 s’est éteinte et je m’en réjouis absolument, comme j’exulte de mes rêves, qui donnent à mes membres inférieurs endoloris au premier froid humide une vitesse surprenante lorsqu’il s’agit de se précipiter afin d’accélérer le moment où je me retrouverai à mon tour dans la nécrologie de l’année en cours.

 

Cette année encore, le nombre des décès réjouissants fut très inférieur à celui des chagrins, ce doit être mon pas du tout porté à la haine (même si on m’a dit que cela tuait le désir, mais c’est un autre problème, ou alors je rajoute le désir dans ma nécro de 2020, à voir…).

 

-        je commence toujours les nécrologies annuelles par les plus modestes disparitions, celles touchant mon amie de toujours, la télévision des années 70-80, dont l’ensemble des rares représentants survivants pourra singulièrement être confondu avec un meeting de Benoît Hamon. En 2019, pour la France, nous a quittés André Gaillard, le dernier survivant des Frères Ennemis après la toujours étrange et irrésolue disparition de Teddy Vrignault en 1984 qui avait sonné le glas du duo déjà obsolète mais toujours très drôle. L’hécatombe vient d’outre-Atlantique, horrible : Denise DuBarry (rappelez-vous bon sang, l’infirmière Samantha Greene dans le feuilleton « Les têtes brûlées » !!!) et Ken Kercheval, l’ignoble Cliff Barnes à la tête de Gargouille, le Flairsou de la série Dallas, ont cassé leur pipe, et la synthèse de cette fin d’époque est marquée par le décès de Leonard Goldberg qui avec son compère Aaron Spelling produisait Drôles de dames ainsi que Starsky et Hutch. Une boucle paraît tellement bien bouclée qu’elle en serre le coup de la rubrique nécrologique « TV des 70ties et 80ties », dont il n’est pas sûr qu’elle passe 2020…

 

-        des disparitions moins modestes et trop nombreuses cette année dans le monde cinématographique, mon ami de toujours. Un réalisateur majeur, Jean-Pierre Mocky, qui fait du cinéma exactement comme moi des bouquins : dans l’urgence, le bordel, l’insouciance du qu’en dira-t-on, bref tout pareil anar de droite, à une différence près sûrement, le talent. Trop d’acteurs tant aimés sont partis en 2019, dont je n’ai pas le droit de taire les noms désormais sacrés : Bruno Ganz (dans Nosferatu de Herzog, Les Ailes du Désir de Wenders, ou encore (mieux ?) dans Der Untergang de Hirschbiegel, quel magnifique acteur !) ; et que dire de Jean-Pierre Marielle, de l’invraisemblable cabot phallocrate et érotomane du cul des « Galettes de Pont-Aven » à la majesté janséniste de « Tous les matins du Monde », en passant par l’emportement, la mauvaise foi au service de la bonne cause dans « La controverse de Valladolid », pour ne citer que ces trois films là tellement l’homme avait du génie. Evidemment, ces noms pourraient faire oublier celui de Charles Gérard, le non-acteur de Lelouch, gros pif, œil inexpressif dont il savait jouer en virtuose des seconds rôles à la française, un autre genre en voie de disparition. Rutger Hauer, il était vachement bien aussi, dans le genre jeu « minéral » de cette gueule blonde taillée à la serpe (Blade Runner, Sin City). Une actrice rejoint mon panthéon en 2019, et une fois encore pas des plus moches (OK les féminazies, j’attends les verges…), Bibi Andersson (la beauté ultime et railleuse dans « Le 7ème sceau » de Bergman) ;

 

-        dans mon univers musical, les années paires sont généralement lourdes. 2019 étant impaire, on aurait pu s’attendre à un peu de clémence de la part de l’Être Suprême, cela aura presque été le cas, sauf pour la Bretagne… Quelques grands noms nous quittent : Roky Erikson (le chanteur fou sous LSD des 13th Floor Elevators et leur instrument phare, la fameuse cruche à glouglou) ; Marcel Azzola (rappelez-vous ce solo d’accordéon de fou où Brel lâchait « Chauffe Marcel, chauffe ! » sur Vesoul)… mais aussi Yann-Fañch Kemener (autrement connu sous Jean-François Quemeneur), le maître incontesté de la gwerz et Claude Besson (« Kenavo prizon Paris » et « Kerouze » !). Plus anecdotique mais ça fera plaisir aux fans d’easy listening, la disparition de Marie Fredriksson ou autrement dit, Roxette ! Ceux qui sont nés après 1978 ne peuvent pas comprendre ;

 

-        enfin, les hommages spéciaux : à Georges Courtois, dont l’histoire est excellemment bien rappelée par Tri Yann dans sa « Gwerz Jorj Courtois », anar et bandit qui philosophait gouailleur auprès de Libé « Mieux vaut braquer au stylo Montblanc, comme Nanard [Bernard Tapie], qu’au calibre », et qui à la prison d’Angers caressait Perpète - son chat -, dessinait, lisait Baudelaire, Sartre et Nerval et passait une licence de droit en se foutant de la tronche des matons sous-diplômés, toute une époque… Nikki Lauda, Scarface de l’incendie, toujours de retour, ses duels avec Prost, et finalement champion du monde de F1 : « Lauda aide-toi, Mansell t’aidera ! », titrait l’Auto-Journal, j’étais vert mais je l’aimais bien ! Neil Innes, le 7ème Monty Python (le chef des ménestrels dans Holy Graal : Brave Sir Robin ran away. Bravely ran away away. When danger reared it's ugly head, he bravely turned his tail and fled. Yes, brave Sir Robin turned about and gallantly he chickened out. Swiftly taking to his feet, he beat a very brave retreat. Bravest of the brave, Sir Robin!

 

 

Allez, cessons-là les pleurs sur ceux qui sont partis, car il m’est impossible de résister à la vile tentation de dresser une brève liste des morts de 2019 qu’on ne regrettera pas, voire dont on se réjouit absolument que l’Être Suprême nous en ait débarrassé définitivement.

 

  • Musique Maestro, 2019 fut un grand cru ! Michel Legrand a cassé sa pipe, je ne pouvais pas le saquer, celui-là avec ses mélodies trop complexes (la grande maladie du jazz) mais surtout en raison du raffut qui fut fait, fff fff fff, aufour de sa morf, merde je confonds encore les « t » avec les « f », c’est chianf ! Mais sur France Inter, ce qui nous a sauvé du mémorial Michel Legrand non stop, ce fut la sortie du nouvel album de… Clara Luciani… Merde… Oh putain, la play-list de la grève, il n’y a qu’elle… MICHEL ! Reviennnns, tout est pardonné, je regrette, mais tu comprends, j’ai arrêté de cloper, et… et et j’ai toujours adoré Françoise Dorléac ! Qui avait une vois grave comme… Clara Luciani… Bref avant d’exploser, et c’est une dédicace à Tristan Robert et son goût musical absolument infect, réjouissons-nous, mes frères, du départ de Zdar (en vrai Philippe Cerboneschi) du groupe Cassius dont m’a toujours emmerdé la house techno funk à la con : ce mec est parti de la même façon que ses auditeurs habituels : les touristes anglais avinés des gros hôtels tunisiens dont les balcons donnent sur la piscine de la cour centrale, alors un saut mal calculé, et au revoir l’électro ! Johnny Clegg, un grand jour de deuil que celui de sa mort pour tous les fabricants de pantalons africains imprimés et super moches à part sur Tiken Jah Fakoli ! Jessye Norman pour l’horrible massacre de la Marseillaise en 1989 lors des festivités du Bicentenaire de la Révolution.

 

  • Fabien et Jean-Michel Clain (moi qui croyait les Réunionnais pacifiques et finalement assez œcuméniques…), Abou Bakr al-Baghdadi et tous ces dégénérés de salafistes, qui marmonnent leurs allégeances au gré d’humeurs changeantes (A Fleury-Mérogis, où soit dit en passant ils ont réussi à virer les Corses qui tenaient la boutique depuis des décennies, maintenant les discussions de cour de promenade sont les suivantes : « Salam aleikum, moi j’ai fait allégeance à Al Qaïda », « Aleikum salam, ah non, fils de chien ! Moi je suis Al Nosra ! », « Taisez-vous, mécréants, nous c’est Daech, et on est les proprios ici ! ») : la question du rapatriement et de vraies procédures judiciaires demeure posée ; quant à moi, je les laisserais (renverrais ?) là-bas, dans leur califat nomade.

 

 

Enfin, la catégorie des morts dont on hésite sur le fait de savoir si on les regrettera ou non. Cette année, trois nominés seulement :

 

  • Karl Lagerfeld et Jacques Chirac : tous les deux étaient des types odieux, supers menteurs, arrivistes, supérieurs, arrogants, mais devenus sympas sur le tard, enfin surtout par la grâce de leurs marionnettes aux Guignols, lesquelles ont contraint les vrais personnages à s’inspirer d’elles, dans un bouleversement complet de modèle témoignant de l’absurdité complète de notre monde ;
  • Tiens, en parlant de Nulle part ailleurs, il faut parler de la mort de Dick (Rivers), ex-chanteur des Chats sauvages, sommité d’érudition musicale mais surtout infinie source d’inspiration de Didier l’Embrouille !
  • Marie Laforêt : j’adorais son apparente folie, mais cette voix de crécelle, quand même, mais j’eusse aimé qu’elle me susurrât au creux de l’oreille que nous les referions ensembel, les vendanges de l’amour ;
  • Anémone : j’eus toujours du mal avec elle, trop grande gueule, suintant la vulgarité, mais elle était comme certains ingrédients en matière culinaire : seuls, ils sont immangeables mais ils constituent la pointe indispensable à la structure de la recette, et c’est ce qu’elle était au Splendid ;
  • Luke Perry : le beau gosse de Beverly Hills, trop beau gosse, à mon goût !

 

 

Enfin et malheureusement, l’information est confirmée : Arthur, Cyril Hanouna, Marlène Schiappa et Sibeth Ndiaye (dans un bel effort de parité et de diversité de ma part, ce que certaines mauvaises langues m’accusent de ne pas faire souvent !) ne sont pas morts en 2019.

 

 

Ni rires ni crachats.

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Voeux 2020 Fin de cycle et éternel recommencement

Publié le 8 Janvier 2020 par Luc

Un cycle se termine manifestement, où le mieux-être vient à se trouver contrebalancé par des décisions aberrantes, comme celle d’arrêter de fumer. Pourquoi cesser et ainsi se pourrir la vie quand cette dernière aurait pu s’écouler et s’achever bien plus rapidement avant que d’enfin cingler vers les rivages blancs des terres immortelles de Valinor ?

C’est sûrement qu’à l’orée d’un second demi-siècle, il nous faut un effort, une plaie, pour pouvoir continuer cette absurdité parfois douloureuse, souvent drôle à son parfait insu, mais à coup sûr transparente et sans grand intérêt.

Face à cette réalité dont nous ne pouvons nous cacher (sauf bien sûr à céder au mysticisme, à la pharmacopée habituelle des hystériques, la lithothérapie ou pis, à la bouddhisation dont est friand l’Homme moderne), nous exerçons le pouvoir de notre volonté. Mais c’est précisément et a fortiori en ces moments où plus guère d’éléments d’extranéité ne viennent parasiter nos vies ou brouiller notre humeur qu’il faut aller au devant de l’inconfort et du danger.

Aucun besoin pour ce faire de l’impitoyable jungle de Sumatra, de venimeux dragons de Komodo à l’hygiène bucco-dentaire perfectible, de terrifiants Gabonis visant comme des tanches et ratant systématiquement tout ce qui ressemble de près ou de loin à un type moustachu habillé en blanc, casqué sous un soleil de plomb et parlant anglais, ni moins encore de trekking des sables au Pérou, d’aberrants iron mans ou simplement de vacances arborées en Australie : tout cela n’est que simulacre d’inconfort, ersatz d’aventure à haute empreinte carbone, performances inutiles et au ton héroïco-vantard vraiment détestable.

Mama, was sind das, moderne Menschen ?[1]

Le vrai danger auquel exposer son corps, l’aventure ultime, la nouvelle grandeur, c’est s’offrir au réel quand la vie n’a plus d’autre sens qu’elle-même, que plus aucun espoir ne vient endeuiller, dans ce réel affolant à accepter quand même en cette année 2020.

[1] « Maman, qu’est-ce que c’est, des hommes modernes ? », la dernière réplique de l’opéra de Schönberg : Von Heute auf Morgen, Du jour au lendemain, livret de Max Blonda, publié in Ombres/Cinéma, 1997, p. 96.

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Nécro 2018

Publié le 28 Janvier 2019 par Luc

2018 s’est éteinte et pour une fois, à titre personnel, je ne m’en réjouis pas absolument. Oh oui, des voleurs, des escrocs, des sans-talents reconnus ont cessé d’infecter cette terre de leur présence, et quelques-un(e)s ont aussi disparu dans mon panthéon, moins nombreux que les années précédentes, ce qui eût pu être une excellente chose pour mon moral, si un seul décès n’avait pas bouleversé l’équilibre cosmogonique de mes nécrologies : celui d’un être bicéphale auquel je tenais finalement beaucoup, mon mariage.

 

Cette année encore, le nombre des réjouissances fut très inférieur à celui des chagrins…

 

  • je commence toujours les nécrologies annuelles par les plus modestes disparitions, celles touchant mon amie de toujours, la télévision des années 70-80, et c’est à croire soit que tous se sprotagonistes sonrt déjà morts, soit que la médecine fait de vrais progrès, puisque nous ne déplorons que les départs de  Pierre Bellemare (le regard bleu de l’Histoire) et Maria Pacôme (j’aurais tellement aimé avoir son apparente puissance de vie) ;

 

  • des disparitions moins modestes et trop nombreuses cette année dans le monde cinématographique, mon ami de toujours. Peu de réalisateurs sinon Bernardo Bertolucci (Le dernier empereur, Dernier tango à Paris, 1900… il y avait toujours quelque chose de décadent, de pasolinien chez ce cinéaste lent et long, mais je suis toujours entré dans son univers comme un suppositoire dans l’arrière-train de Caligula). Si aucun acteur aimé n’est parti en 2018, deux actrices, et une fois encore pas des plus moches, ont envoyé leur dernier baiser à nos joues enflammées : Stéphane Audran, la classe et la froideur chabroliennes, et Sondra Locke, la petite blonde de Josey Wales, un idéal de femme : artiste, intellectuelle et belle comme un épi de blé ;

 

  • Si 2017 fut une année épargnée dans mon univers musical (il faut dire que 2016 avait été terrible…), 2018 fut lourde et commence de marquer la fin du punk. En effet, si l’on excepte les exceptionnels mélodistes Dolores O’Riordan (The Cranberries, ignares !) et Gérard Jouannest (l’inoubliable accompagnateur de Brel), sont morts en 2018 Mark E. Smith de The Fall et Pete Shelley des Buzzcocks : John Lydon, essaie de tenir encore un peu, please…

 

  • enfin, les hommages spéciaux : à Patrick Font qui nonobstant ses incartades avec des mineurs était l’un des types qui suscitaient chez moi le plus de fous rires ; à Stan Lee (Strange ! qui meubla tant d’aprèsmidis des années 80), William Vance, qui meubla tant d’après-midis des années 80 (Bob Morane et Bruno Brazil, rien que pour ça, l’hommage était plus que mérité !) et surtout Arto Paasilinna, mon romancier finlandais préférés, dont chaque roman était un véritable bonbon littéraire, un romancier drôle et écologique, parvenant à fusionner deux concepts qu’à la lecture de notre vie politique française on eût pourtant pensés définitivement irréconciliables.

 

 

Allez, cessons-là les pleurs sur ceux qui sont partis, car il m’est impossible de résister à la vile tentation de dresser une brève liste des morts de 2018 qu’on ne regrettera pas, voire dont on se réjouit absolument que l’Être Suprême nous en ait débarrassé définitivement.

 

  • Musique Maestro ! France Gall (le désolant avatar du sirupeux et non regretté Michel Berger) ainsi que Maurane (embonpoint, jazz, dépression, bonté, empathie spongiforme bovine, elle avait décidément tout pour me plaire…)
  • Serge Dassaut et Charles Aznavour : non que Serge chantât particulièrement bien, mais ces deux individus sont simplement classés dans la même catégorie que Johnny Halliday ; mais non voyons ! pas parmi les chanteurs, parmi les fraudeurs fiscaux, classification que n’attend que de rejoindre l’ineffable Florent Pagny !
  • Alain Devaquet : vous allez me dire que j’ai la rancune tenace, mais bon, les manifs de novembre 86, je les ai faites tellement sérieusement que je ne pouvais laisser passer sous silence la mort de l’auteur d’une réforme qui aujourd’hui serait regardée comme normale, limite marxiste…
  • Philip Roth : romancier artificiellement célèbre (je ne sais pas si ce sont les médias ou l’inculture crasse en matière de littérature des lecteurs, mais son (absence de) style est insupportable. Si c’est ça la littérature, autant ne lire que des romans de gare ;
  • Rick Genest alias Zombie Boy, mannequin et comédien tatoué à 90 % : le tatouage est le résultat d’une dépression, c’est maintenant prouvé avec sa mort la plus stupide qui soit, en fumant une clope sur son balcon, il aurait bêtement basculé.

 

 

Enfin, la catégorie des morts dont on hésite sur le fait de savoir si on les regrettera ou non. Cette année, trois nominés seulement :

 

  • Paul Otchakovsky-Laurens, dit POL, aux éditions éponymes : j’aimais beaucoup l’homme, moins l’éditeur parce qu’il n’a pas voulu publier mes recueils de poésie, grrr.
  • François Corbier : je cède à la nostalgie facile des années 80-90, mais Corbier quand même, la grande asperge rousse et barbue, écologiste très certainement, préfigurant avec 30 ans d’avance la mode des abru hipsters, le club Dorothée, les Musclés, et non, pas les Musclés, la mémoire doit être revêtue d’un appareil critique tout de même…
  • Georges H.W. Bush : personne ne l’aimait, lui, le born again alcoolo, mais j’estime que l’on peut regretter l’un des plus grands humoristes de la période moderne, qui n’a nul besoin de recourir à l’artifice de la comparaison facile pour pondre des aphorismes d’une drôlerie et d’une poésie inégalables : « I know the human being and fish can coexist peacefully ».

 

Enfin et malheureusement, l’information est confirmée : à part dans mon roman Tantad, Arthur et Hanouna ne sont pas morts en 2018, mais on ne perd pas espoir puisqu’en ce mois de janvier 2019, Cyril va devoir supporter Marlène Schiappa dans son émission, ça sent le burn out et le suicide, les gars !

 

Ni rires ni crachats.

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TANTAD

Publié le 9 Août 2018 par Luc

Si ça peut donner l'envie à quelqu'un de lire Tantad (https://livre.fnac.com/a11212186/Luc-Tironneau-Tantad), je vous livre ce très joli texte de Laurent Olivier, archéologue, conservateur en chef des collections d'archéologie celtique et gauloise du musée d'Archéologie national de St Germain en Laye (merci à lui).

"L'art celtique est une façon de penser le monde et les formes. Pour Henri Hubert, l'art celtique est essentiellement un art de la "déformation" des figures du réel. Mais c'est aussi un art de la transposition et de l'interprétation. (...) Plus exactement, le style celtique se caractérise comme une démarche de décomposition-recomposition (...) qui consiste fondamentalement en un travail sur les formes. (...) Les créations de l'art celtique procèdent d'une véritable écriture stylistique, répondant à des codes de représentation visuelle particuliers et à des règles de composition précises. Alors que par exemple les chevaux grecs étaient sagement traités comme un modèle académique conventionnel, leurs transcriptions celtiques apparaissaient de façon explicitement irréalistes, dans une explosion "démente" de formes désarticulées et décomposées. Ces représentations antiacadémiques que donnaient à voir les créations de l'art gaulois ne pouvaient laisser indifférents les surréalistes. (...) Ainsi pour Bataille, cette culture s'affirme explicitement comme l'antithèse du clacissisme méditerranéen ; elle ouvre largement le champ de l'expression des pulsions, faisant sortir de "la nuit humaine, burlesque et affreuse" tout un bestiaire de monstres et de chimères, à la fois merveilleux et inquiétant. Pour Breton, cet art "occulté" rend "caduque la querelle dérisoire des Anciens et des Modernes", et Tantad s'inscrit directement dans cette lignée.

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TANTAD

Publié le 12 Décembre 2017 par Luc

Bonjour à toutes et tous,

Mon dernier et cinquième (et non pas cinquième et dernier, je me rassure !) roman vient de sortir, une vraie idée cadeau pour les fêtes, aux personnes que vous aimez ! (non, je déconne...).
Vous pouvez l'avoir selon vos usages, chez votre libraire préféré, sur la FNAC, sur Amazon, Chapitre, etc. ou directement chez l'éditeur. Les liens sont attachés.

https://livre.fnac.com/a11212186/Luc-Tironneau-Tantad
https://www.amazon.fr/Tantad-Luc-Tironneau/dp/231205650X/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1512637413&sr=1-1&keywords=tironneau
http://www.leseditionsdunet.com/roman/5341-tantad-luc-tironneau-9782312056500.html

Voilà ce qu'en dit l'éditeur en 4ème de couv.

Résumé
Coup de tonnerre lors des élections législatives de 2022 en France : après cinq ans d’un pouvoir oligarchique ayant bouleversé l’ordre anciennement établi, c’est le Parti pour la Justice et le Développement, islamiste modéré et social, qui remporte les élections et gouverne avec une coalition de centre-gauche. Ailleurs en Europe du Sud, le même schéma se produit comme une traînée de poudre. Dès 2024, la plupart des institutions républicaines sont modifiées dans l’indifférence quasi-générale de la population dépolitisée. Le premier ministre Al Fanak a un objectif caché : le grand remplacement pour asseoir définitivement la République islamique de France, et tous les moyens sont bons pour affaiblir la population autochtone, le plus symbolique d’entre eux étant une nouvelle drogue bon marché et très puissante, l’Ennar el Abadiya. Mais en Bretagne, où cette drogue va rapidement prendre le nom de Tantad, la résistance commence à faire parler d’elle…
Ce cinquième roman de l’auteur marque la réalisation de toutes les peurs du Front National : des armées et polices remplacées par des milices subsahariennes ou asiatiques à bas coût mais imprévisibles, un pouvoir islamiste au fond néo-platonicien, des expériences génétiques de grande portée, des Bretons, un érotisme triste quand il n’est pas le fruit de l’amour, une guerre hallucinée, la réjouissante mais froide exécution des animateurs Arthur et Hanouna, et puis beaucoup trop de… Tantad.
Auteur
Luc Tironneau est né en 1970. Inspiré par Vladimir Sorokine ou Andrus Kivirähk, mais aussi proche d’Ernst Jünger par certains aspects, Luc Tironneau mêle, comme l’auteur des « Falaises de Marbre » mais avec un humour détaché frôlant parfois l’absurde, des éléments issus du roman de guerre et de la SF à des spéculations psychologiques, dans la narration dynamitée des tribulations d’un clan de partisans bretons, quadragénaires drogués et amoureux, luttant tout autant contre leurs pulsions que contre un envahisseur parfois évanescent et une nature devenue étrange.

Bien à vous.

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NECRO 2016

Publié le 31 Décembre 2016 par Luc

2016 va s’éteindre comme ces damnées bûches de chêne « pleine bille » qui brûlent aussi bien dans ma cheminée qu’un poteau en acier…

Je m’en réjouis absolument, même si 2016 fut à la fois une année particulièrement pourrie en termes de décès, comme on le constatera plus loin, mais bien meilleure personnellement.

Mes carnets une fois de plus soigneusement tenus m’ont permis de dresser la liste des hommages mais aussi des soulagements liés à certains décès des douze derniers mois, parmi lesquels je ne me compterai donc pas cette année encore. Évidemment, mais c’est la vie, le nombre des réjouissances va s’avérer très inférieur à celui des chagrins…

  • je commence toujours les nécrologies annuelles par les plus modestes disparitions, celles touchant mon amie de toujours, la télévision des années 70-80 et un peu 90 : comment ne pas mentionner dans en tête de liste Pierre Tchernia (puits de science cinématographique mais qui commit sur ses vieux jours l’erreur de se faire embobiner par l’ignoble Arthur), Maurice Favières (le bonhomme et souriant présentateur des jeux de 20 heures qui rejoint donc Maître Capello et J.P. Descombes pour animer les cieux… ah non, on m’apprend que finalement Descombes est toujours en vie, je ne m’y attendais vraiment pas, désolé…), Jean-Pierre Coffe (ses énervements dans l’émission de Delarue resteront légendaires dans ma génération), Alain Decaux (j’étais fana de « Alain Decaux raconte » à la télé, avec son bon vieux fond bleu roi et les mouvements de mains autour des doubles foyers… magistral !) ;
  • des disparitions moins modestes et trop nombreuses cette année dans le monde cinématographique, mon ami de toujours. Deux réalisateurs marquants pour la Pologne et accessoirement pour moi : Andrzej Żuławski (Diabel, Szamanka mais aussi assistant réalisateur dans le topissime « La nuit des généraux » de Litvak), et son compère Andrzej Wajda (L’homme de fer, Les Possédés, Katyn…). Les acteurs aimés sont tombés comme des mouches cette année : Robert Vaughn (le magnifique dépressif ganté dans « Les sept mercenaires »), Peter Vaughan (dans « Chapeau melon, bottes de cuir » et « Bandits bandits » des Monty Python), Alan Rickman (le méchant de Piège de Cristal et naturellement le Pr Severus Rogue : la voix parfaite !) ; George Kennedy (si, si, rappelez-vous, le major dans le culte « Les douze salopards » mais aussi le capitaine dans la série des « Y a-t-il un flic…. ») ; Bud Spencer (avec mon camarade Bruno Chaigneau, nous allions voir au ciné de Melun tous les films qu’il sortait avec Terence Hill au début des années 80 !) ; on n’oubliera pas non plus Götz George (qui jouait notamment le commissaire Schimanski, digne héritier punchy de Derrick, il accompagna quelques après-midi tristounets de chômage).
  • 2016 fut une véritable catastrophe dans mon univers musical ; imaginez donc ! Perdre la même année Leonard Cohen, David Bowie, Pierre Boulez, Alan Vega (Suicide) et Pete Burns (Dead or Alive), il y a de quoi to spin round round
  • il faut également rendre des hommages particuliers à ceux qui m’ont fait rire, ce qui est de plus en plus rare : mes amitiés laïques à Bob Siné, Chimulus (Michel Faizant, le fils de…) et Mix & Remix (Philippe Becquelin, comme quoi un dessinateur suisse qui n’est pas Président de la République helvète peut aussi me faire rigoler !) : c’est terrible, avec Berroyer malade et quelques dessinateurs âgés, je me demande si Siné Mensuel va durer longtemps à ce rythme là…
  • enfin, mes hommages spéciaux à (honneur et fidélité) Zdravko Tolimir, général patriote de l’armée populaire yougoslave et Goran Hadžić (Président de la République serbe de Krajina) qui rejoignent dans la tombe nos amis éternels Slobodan Milošević, Željko Ražnatović et Mile Mrkšić ;
  • n’oublions pas le point foot : sont morts cette année Johann Cruyff (qui prouva que l’on peut fort bien jouer à ce jeu en étant fumeur !), Daniel Prodan (de la grande équipe roumaine 1994, époque George Hagi !), Tryfon Ivanov (le défensif chevelu bulgare de la grande époque Stoichkov et Kostadinov qui ressemblait à Kirilov dans « Les Démons » de Dostoïevski) et Vladimir Kuzmichev, ailier gauche russe qui a fait mon bonheur dans Football Manager 2003 !



Allez, cessons-là les pleurs sur ceux qui sont partis, car il m’est impossible de résister à la vile tentation de dresser une brève liste des morts de 2016 qu’on ne regrettera pas, voire dont on se réjouit absolument que l’Être Suprême nous en ait débarrassé définitivement, en lui demandant tout de même de sensiblement améliorer ses performances l’an prochain, Mahomet ayant été de loin plus efficace cette année grâce à une stratégie commerciale plus agressive et une gnaque irréprochable.

Une seule catégorie représentée : les politicards et divers magouilleurs de la même engeance !

  • · JC Decaux (Jésus Christ des affichages parasitaires dans nos villes) ;
    · Christophe Lambert (pas l’acteur, voyons ! Cet horrible publicitaire sous-Séguéla qui était en dernier lieu conseiller de Jean Sarkozy !) ;
    · Michel Rocard (virus libéral originel de la gauche),
    · Elie Wiesel (menteur ou mythomane, la question pouvait se poser mais finalement, la différence entre les deux ne m’intéresse guère),
    · et Lionel Stoleru (qui a retourné aussi professionnellement sa veste autant de fois ? Bayrou pourra peut-être le rejoindre sur le fil avant de casser sa pipe…)



Pour cette année 2016, j’annonce au buccin, tambour et trompette la création d’une nouvelle catégorie pour éviter le manichéisme que l’on m‘a souvent reproché, celle des morts dont on hésite sur le fait de savoir si on les regrettera ou non. Cette année, trois nominés :

  • · David Hamilton (elles étaient jolies, ses photos par rapport au tout venant trouvable sur le Net en deux clicks, mais les modèles semblaient bien, bien jeunes cependant…) ;
    · Prince (beaucoup de merde funky et fusion mais quelques moments de pur génie musical) et Georges Michael (je détestais sa musique, mais pour une raison inconnue, je trouvais le mec sympa, ça ne se commande pas…).



Enfin et malheureusement, l’information est une nouvelle fois confirmée : Johnny n’est pas mort en 2016.


Ni rires ni crachats.

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Je suis Leonard, hallelujah !

Publié le 18 Novembre 2016 par Luc

Je suis Leonard, hallelujah !



Avec cet aveu, je vais me faire tuer par les amis du Bro-Gwened, mais j’assume... Ou plutôt j’explique : je ne suis pas du Bro-Leon, mais bien Leonard Cohen.

Et oui, le petit grand homme est mort. Alors après « Je suis Charlie », « Je suis Paris », et en attendant « Je suis Air France », « Je suis Volkswagen » ou « Ich bin ein Fessenheimer », oui, je crie haut et fort que « Je suis Leonard », et pas qu’un peu.

J’ai découvert Leonard Cohen par son album « Songs of love and hate » dès mon enfance, ce 33 tours faisant partie des albums fétiches de mes parents. « Avalanche » est une chanson que je choisirais volontiers comme autoportrait si on me le demandait. On ne me le demande pas, soit. Bref, après la berceuse du poète Leonard, j’ai commencé à l’écouter en conscience à partir de huit ou neuf ans, âge à partir duquel j’eus le droit de manipuler la précieuse chaîne hi-fi Pioneer dotée de deux enceintes Mercuriales de 180 watts. Mes écoutes à cette époque étaient peu diversifiées : Cohen, le concert de Brel à l’Olympia 1964, Santana (album Marathon), Van Halen (You really got me) et Bashung (Gaby).

Les années 80 commencèrent, la préadolescence aussi, toujours avec « Songs of love and hate », et puis 1988, le choc du permis de conduire, du bac et surtout de « I’m your man », dont je déduisis la conséquence logique : « First I’ll take that LP, then I’ll take Cohen all ». En deux mois, je m’appropriai « Death of a ladies’ man » et son fantastique « Iodine » (cet album fut une source d’inspiration littéraire extrêmement importante dans mon écriture de la fin des années 80), le premier best of de 1975, mais aussi et surtout « New skin for the old ceremony », probablement mon préféré derrière « Songs of love and hate ».

Mais qu’avais-je donc foutu musicalement entre 1978 et 1988 ? Entre les Kids in America de Kim Wilde, l’homme à la voix d’or des Time Bandits, Joy Division & New Order, The Cure, Killing Joke et Dead Kennedys, j’étais complètement passé à travers Recent songs et… Various Positions (1984).
Le sommet de cet album était sans conteste la chanson “Hallelujah”, et c’est là que mon problème commence.

Celui des reprises de merde de chansons géniales - qui souvent, d’ailleurs, se reprennent entre elles.

La source de l’horrible série fut la reprise de John Cale en 1991, qui fit de cette chanson un poil énervée, pleine de tension sexuelle et d’ironie, à chanter les poings serrés, un magma de pathos dégoulinant. Bon OK je n’ai jamais pu saquer le Velvet Underground, mais bon, j’avais bien aimé son solo de violon dans « We will fall » des Stooges, donc pas d’a priori vraiment négatif. L’état psychologique de John en 1991 (sortie de « Even cowgirls get the blues », quel titre !) pouvait justifier le caractère larmoyant de sa reprise (à son écoute, je n’avais qu’une envie, écouter « This is not a love song » de P.I.L. !), sa dépression a suscité une farandole de vocations et de pathos plein pot !

L’absolument pas-regretté Jeff Buckley s’est fendu d’une grande performance : faire encore plus pleurnichard que John Cale ! Il n’y a pas à dire, les Américains, lorsqu’ils s’y mettent, surpassent tout le monde, quel que soit le sujet abordé. Actor’s Studio’s method, pas d’autre explication.
Descendons un peu, voulez-vous. Tiens ! Voici Rufus Wainwright : hi hi hi ! Pitié, pas lui, le profiteur de sa proximité familiale avec la fille du petit grand homme. Hallelujah à la gay pride…

L’escalier de service, c’est par ici : Céline Dion a repris la chanson… à la Céline quoi, caribou plaintif bramant quelque chose qu’il subit plus que ne comprend dans l’air sauvage des pins enneigés.

Au second sous-sol, vous trouverez la buanderie, avec les reprises d’Alexandra Bruke (dans Fear Factor 5 en 2008) et de M. Pokora, d’un ridicule tellement consommé qu’on en viendrait à souhaiter une reprise par les Deschiens, en remplaçant « Hallelujah » par le célèbre « Bon ben alors » de François Morel avec une boîte à rythmes Bossa Nova en fond.
On attend en frémissant celle de Christophe Mae, dont le ton général de l’étron « Il est où, le bonheur ? » préfigure sans nul doute possible une adaptation désespérée de « Hallelujah ».

Et enfin, tout en bas, sous le parking des véhicules de service, nous trouvons les Nibelungen, les Hagen qui en 2015 ont contribué à tuer le maître en passant derrière son épaule par la trace de la feuille demeurée sur sa peau alors que Leonard se baignait dans le sang du dragon Fafner, ce qui devait lui assurer l’invincibilité (la feuille, on l’aura compris, c’était la reprise de J. Cale) : Emji de la Nouvelle Star 2015 et Lilian de The Voice 2015.
Heureusement que Leonard, qui travaillait avec son fils Adam à la réussite du magnifique « You want it darker ? » (No, thanks, after all…), n’a pas entendu ça, sans quoi il n’aurait pu nous offrir son ultime album.

Nous savons aussi que les héritiers de Hagen continueront de tuer le vieux maître : les vautours de Pentatonix ont généré hors sol une reprise a capella avec plein de bonnes envolées de larmes, formidable : comme les produits bio espagnols, surtout n’en mangez pas !

Contentons-nous de lire, avec chacun notre musique dans la tête, quatre couplets de cette chanson qui aurait pu en compter quatre-vingts, ainsi qu’une prière.

Now I've heard there was a secret chord
That David played, and it pleased the Lord
But you don't really care for music, do you?
It goes like this
The fourth, the fifth
The minor fall, the major lift
The baffled king composing Hallelujah

Your faith was strong but you needed proof
You saw her bathing on the roof
Her beauty and the moonlight overthrew her
She tied you
To a kitchen chair
She broke your throne, and she cut your hair
And from your lips she drew the Hallelujah

You say I took the name in vain
I don't even know the name
But if I did, well really, what's it to you?
There's a blaze of light
In every word
It doesn't matter which you heard
The holy or the broken Hallelujah

I did my best, it wasn't much
I couldn't feel, so I tried to touch
I've told the truth, I didn't come to fool you
And even though
It all went wrong
I'll stand before the Lord of Song
With nothing on my tongue but Hallelujah

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Evanoui

Publié le 12 Octobre 2016 par Luc dans Vertiges

Confronté à la supposée absence de désir pour ma personne, je me suis évanoui.

Confronté à la saleté de mon propre corps angoissé, je me suis ré-évanoui.

Déjà, confronté à l’absence de mon propre désir jadis, je m’étais évanoui.

Encore avant, confronté à la maladie et à l’effet supposé des médicaments y afférents, je me fus évanoui.

Quelques années auparavant, confronté à l’incompréhension des refus réitérés qui m’étaient opposés dans nos étreintes, ce fut lors de son acceptation finale supposée de mon désir que je m’évanouis.

Remontons, remontons ! Confronté à trop de désir de l’autre, confinant à la vulgarité donc, je m’étais aussi évanoui.

En un mot, qu’il y ait du désir ou non, qu’il soit trop violent ou trop tiède, que je sois en bonne santé ou non, face au réel du corps, je ne sais rien faire d’autre que supposer et m’évanouir.

 

Et j’en pleure.

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Sève noire

Publié le 29 Septembre 2016 par Luc dans Contrôle (du 4-6 au 26-9-07)

La tige de métal

S’est fichée juste là,

Entre nez et œil bas,

Et la douleur s’installe.

Je me tortille sans but

Dans la vaine détresse

De ce que je n’ai su

Mais maintenant me blesse.

La brûlure des sangs

Noirs descend dans la gorge

Pour fondre dans la forge

Du gastre incandescent.

La poitrine se lève

Plus difficilement,

Maintenant que la sève

Noire est mon vrai tourment.

L’acier orne mes yeux

De sculptures difformes

Violant toutes les normes

Des faux Dieux bienheureux,

Chantres du bonheur simple

De la propriété.

Le plomb coule en mon temple,

Mon cœur exhérédé.

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Hypocondrie automnale

Publié le 28 Septembre 2016 par Luc dans Gisant

Entendre à nouveau parler de maladie me renvoie à la mort, sans travers ni raison. La couleur de mon visage changeant s’était-elle rosie du fait d’un éclairage de cette teinte que pour plaisanter, quelqu’un m’avait demandé ce qu’il se passait, que j’étais « tout rouge ». Évidemment, avec l’état de mon épaule gauche, de mes viscères et probablement de mes cœur, foie et thyroïde, sans parler des deux sacs d’anthracite demi-gras qui me tiennent lieu de poumons, je ne pus que suspecter le début d’une attaque ou à tout le moins un coup de tension pouvant m’être fatal, tel que mes ascendants mâles les avaient connus maintes fois par le passé.

 

Comme d’habitude, je survécus à la panique qui s’était aussitôt emparée de moi.

 

Cela étant, je songe surtout à l’inconfort de n’être finalement que rarement malade, certes sujet aux rhinites à répétition, mais n’ayant jamais subi aucune affection pouvant légitimer un arrêt de travail. Je n’ai plus peur que lorsque je suis malade. L’angoisse se calme dès que je lui donne la confirmation somatique la plus bénigne, mais se met en abominable branle sitôt que je pourrais me sentir bien.

 

Alors je me résigne, pas même terrifié, à peine gêné dans mes maigres entournures, mes velléités d’immobilisme tout sauf serein. Il n’y a plus l’ersatz de drogue que pouvait constituer une pratique sportive régulière et totalement investie, qui pouvait me laisser croire à ma force. Il ne reste plus que la peur de perdre ce que je n’ai pas lutté pour avoir.

Alors je me résigne, patientant le temps que mes craintes se réalisent fatalement un jour, évidemment celui où je ne m’y attendrai pas.

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