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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Le Couple (3.12)

Publié le 29 Août 2008 par Luc dans Le Couple (essai satirique)

 

- allégorie autobiographique -

 

   Toute ma raison me dit que rien n’est possible, et par-là, que tout est fini, perdu, achevé et résolu. Elle ajoute avec un sourire narquois, se réjouissant par avance de ton échec à venir, tel qu’elle avait déjà prévu le précédent :

 

-          Va le rejoindre, ce mari que tu aimes tant ! Manifestement, vous ne vous êtes pas tout dit et avoué. Vos corps n’ont pas encore la parfaite connaissance d’eux-mêmes. Vos activités sont heureusement communes ; la réussite est… inévitable.

 

   « Traître raison », hurle mon cœur, lequel sait fort bien que le message rationnel portant mot d’ordre de jonction doit être transcrit de la manière suivante :

 

-          Vous pouvez vous écœurer l’un l’autre plus encore tellement vos différences d’âme sont fondamentales et évidentes. Vous pouvez vous dégoûter de votre incompréhension sensuelle de manière plus établie, plus définitive qu’aujourd’hui. Seules les sorties du week-end, bien ordonnées et voguant sur un dépassement superflu, une imitation de vie, vous rassemblent, sans âme vraie, tandis que la semaine se passe douillettement, confortablement, bourgeoisement et sans passion, en commettant l’aveuglement de l’extase commune aux rires d’enfant, ciment illusoire. Dès lors, la réussite de ma tactique de destruction définitive de votre couple est inévitable, peu important que je tire ou non les marrons du feu.

 

   Traître raison… et traître cœur, qui défaillissez à ce moment précis… Qu’il ne reste que mon âme.

   Disparues, enveloppe charnelle trop inconstante, et raison par trop mélancolique, extasiée et maniaque… Mais la contradiction demeure : mon âme souhaiterait te débarrasser de moi, mais elle t’appartient, et choit sans volonté sur le sol, patiente et sans fierté. Humilité.

 

  Ma vie s’étiole dans un vide paradigmatique… Je pars de considérations génériques pour m’élancer dans de violentes diatribes contre tout et rien, dont le seul mérite est d’à la fois faire rire et grincer. Pour autant, j’ai toujours échoué dans ma volonté sous-tendue de faire partager mes questionnements à défaut de mes vues. Ils couinent comme des porcs à mes saillies mais ne se remettent pas en cause… à un point tel que je finis par me demander si je suis dans le vrai.

 

  Non, une femme, une maison, un chien, un monospace et des enfants… Ce serait trop terrible. Je ne peux pas avoir tort.

  Le confort matériel et intellectuel, le gras du corps et l’amollissement des chairs… Les boyaux de la tête languides… Je ne peux me méprendre.

  La fin de la passion, un amour du confort et d’un rapport mensuel plutôt que de l’autre, jadis être aimé… Je ne peux me tromper.

  Sa propre dilution et celle de l’autre dans l’avenir peu engageant de ses rejetons absurdes parce que sans but ni idée… J’ai raison.

  Cette vie est absurde et je balaye sans hésiter ses partisans peu portés à l’effort du sens. Le sens ! Je n’en veux pas s’il ne s’agit que d’accumuler biens matériels et procréer. Je le refuse si ma passion doit mourir avant un corps voué à la putréfaction lente du confort. Le sens n’est pas l’assentiment général. Tu as été en sens interdit donc, et ma passion s’étiole.

Ma vie meurt.

 

- fin de l’allégorie autobiographique -

 

  Sombre amour décidément, docile et dénué d’acide quand la nudité commence de se masquer de robes de chambre ou de pyjamas.

  Sombre bonheur qui jette ses adeptes mandaromiens dans un ersatz de vie culturelle (un ciné ou un théâtre, un bouquin et un restau par mois), une culture enzymatique de l’autosatisfaction béate et une ouverture d’esprit fondée sur les lieux communs d’une presse papier et télévisuelle par trop indigente… mais il est heureux quand même, et cela se lit dans les sourires vains des visages qui le décomposent.

  De temps à autre, le couple heureux prend le temps d’un voyage, organisé ou en croisière, ce qui n’est pas répréhensible par nature, mais il s’agit ici de la manière de le vivre. Je ne m’étendrai pas sur Montaigne dans sa critique curieusement moderne du comportement de nos compatriotes à l’étranger, mais mon courage s’amenuise pensant au soleil adipeux qui fouille sous les épidermes de cire lorsqu’il cherche à assouvir ses instincts brûlants. Le voyage, c’est aussi le début de la fin, le raccommodage tardif, mais qu’importe, le moment n’est pas encore venu.

 

 

- allégorie autobiographique (suite) -

 

   Mais non, j’y reviens… Je n’ai jamais aimé ta conception du voyage : d’une très remarquable bourgeoisie dans le mode de vie quotidien, tu voudrais te transformer en une rebelle anarchiste, indisciplinée et sans mesure sitôt loin de tes bases confortables et formalistes. Finalement, tu n’es qu’une “bo-bo”, qui piétines les convenances, fais preuve d’irrespect dans une frénésie incontrôlée.

 

   Tu n’aimes pas ma lourdeur empreinte de gravité, mon absence de soutien. Je n’aime pas la lourdeur de tes besoins irréfléchis de partir « n’importe où pourvu que ça n’ait rien à voir », la gravité sans fondement de tes actes... et ton absence de soutien.

 

   J’ai envie de rire lorsque je songe que j’ai peut-être commencé à t’aimer lorsque nos relations ont engagé leur processus de dégradation ! Mais non... Je n’ai pas construit de pont sur l’avenir avec toi, préférant l’éternité de l’instant vécu de tout temps.

 

   Mais alors... Quelle terrible chose provoque cette douleur ? Quelle est cette masse qui vient frapper ma poitrine avec tant de régularité ? Qui est le boucher qui m’équarrit vif, qui passe des barres de métal entre mes côtes et imprime un mouvement de levier ?

 

   Ma cage thoracique s’élève plus difficilement. J’ai besoin de mourir.

 

- fin de la suite de l’allégorie autobiographique -

 

 

  Un voyage, une cabine isolée concrétisant l’appel du sexe, long et douloureux. J’ai pu vivre de ces bals engoncés dans les convenances, autant de meurtrissures pour un esprit qui eût pu aspirer à la liberté de pensée [1]. J’ai vu ces ambiances feutrées ou gueulardes, ineptes quoiqu’il advînt, dans lesquelles l’observateur non averti n’eût pas décelé la présence des manches à balais astucieusement disposés à la verticale en plein centre des sièges. J’ai su avant de connaître les snobinardes poufiasses, sexuellement vestimentaires, dont les apprêts valaient bien le dialogue, et ressenti la tristesse de me voir seul tandis que ces vulgaires paradaient, pétris d’une fierté injustifiée… Ceux-là ne perçoivent du sexe que les lointains remugles d’un devoir conjugal obsolète.

 

  D’autres couples sont heureux dans la débauche, la déviance devrais-je écrire, sans quelque connotation morale que ce soit. Et pourtant, le substantif « bernicles » leur convient mieux que « libertins ». On trouve toujours une certaine norme, même dans ce qu’on considère benoîtement comme de l’anomie (ou anémie intellectuelle)… Ce couple, échangiste ou bardé de cuir clouté voire de latex le plus souvent, prend le sexe en lui-même, et s’en amuse volontiers. De ces gens à rire pendant l’acte (théoriquement) d’amour, lequel n’a pourtant, je l’évoquai par avant, rien de drôle. La sexualité débridée est un ciment du couple, puisque ménageant un espace uniquement jouisseur (donc facile et confortable et portant peu à la réflexion), sans rancœur, jalousie ni mélancolie…

  En un mot, un espace désinhibant… Apparemment du moins : c’est là vouloir, par une analyse simpliste et de toute façon erronée, masquer les conséquences d’une conduite visiblement anormale eu égard aux sentiments naturels de possession exclusive et de mesquinerie de l’être humain en couple. On supportera gaillard d’avant les frasques, se permettra toutes les excentricités, aura l’impression de liberté… mais dans une prison à visage phallique ou vulvaire pour celui des deux qui veut moins que l’autre se livrer à l’orgie des swingers dans un certain lifestyle. Le supplice de l’estrapade représente ce mode de vie en ce que le mouvement s’accélère à la descente, ralentit à la remontée, dans un va-et-vient mortel, sensiblement proche du coït… La chute vers le liquide, quel soit-il, est un autre point commun, la seule certitude demeurant celle de la mort finale et inévitable.

 

  J’ai de même vécu de ces expériences, en couple : cela ne se supporte jamais longtemps. Il s’agit en quelque sorte d’un long exercice physique, d’un départ à la découverte des limites du safesex, un voyage périlleux le long des muqueuses qui sont autant de parois glissantes où la faiblesse de doigt fait choir l’homme, tout d’abord dans les abîmes du doutes, mais aussi et surtout de haut. Jamais le mot « escalade » ne s’est aussi bien adapté à l’amour ; l’homme devient l’alpiniste de la montagne bouquetée au front troublement nuageux qu’est la femme. Ce couple additionne les haines secrètes dans un bonheur un peu moins profond que leurs sensations, le puits abyssal de l’ignorance dans lequel ils se jettent avec délectation et sans résipiscence.

  Je revois tous ces orgasmes honteux en ecmnésies, et l’hallucination de l’érotomanie me saisit une fois de plus à l’audition de cette voix, même grippée en l’occurrence, qui me grise dans l’accumulation de souvenirs d’érections menues et fugaces lors de nos discussions de fin de soirées, plus avinées qu’enfiévrées cependant. Combien d’occasions n’ai-je pas saisies de me livrer à la grande bouffe du sexe avec elle, si bien sûr elle n’attendait que cela, mais mon corps d’athlète me hurlait gigantesque plus que ne me soufflait de faire le mort, de dormir, simplement, à son côté.

 

  Dans l’ébauche frénétique des sexes entremêlés, verge violacée ou grandes lèvres flasques de fatigue, le sommeil est réparateur, mais surtout un augure de l’échec à mesure qu’il devient plus important…



[1] Ne voyez ici, mais alors pas du tout, aucun hommage au gaucho (s’agissant de lui, polysémie absurde qui me réjouit tout particulièrement !) de la pampa anti-citoyenne, j’ai nommé l’illustre et météorique gagnant du concours des idiots du village, el señor Florent Pagny.

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La cloche fêlée

Publié le 27 Août 2008 par Luc dans Deux ans de reconstruction (1-98-31-10-99)

Une fois n'est pas coutume, il ne s'agit pas ici d'une création mais d'un exercice de style sur le fameux poème de Baudelaire (dont la version originale est ici surlignée).



L’INSTRUMENT CONIQUE DE BRONZE MUNI D’UN BATTANT

DESTINE A OBTENIR UN SON HARMONIEUX DE PAR LES VIBRATIONS DUDIT METAL,

VICTIME D’UNE OU PLUSIEURS EBRECHURES, DONC…

LA CLOCHE FELEE

 

  

Il est une sensation piquante sur la langue et les papilles gustatives, ainsi qu’une sensation langoureuse et sans violence sur ces mêmes éléments, durant les moments de la quatrième saison de l’année, où la terre pivote régulièrement sur son axe pour nous cacher le soleil,

Le mélange des deux sensations précitées est la résultante de ce que les sons ont fait vibrer les tympans, lesquels ont transmis un message compréhensible de la conscience, près d’éléments se consumant en flammes, généralement du bois, en donnant l’impression du mouvement régulier d’un cœur et suscitant une forme apparemment immatérielle dans l’air alentour, à la vertu suffocante et d’un panel de teintes allant du blanc au noir en passant par tous les tons de gris ou parfois de bleu,

L’audition de ces reconstitutions d’événements passés issues d’une activité cérébrale plus ou moins contrôlée, lorsque lesdits événements s’avèrent dater de longtemps et que sans précipitation ils montent

Dans le son des pendules munies de cloches marquant les quarts, les demi et les heures, lesdites pendules articulant leurs mélopées dans les vapeurs du sol dues à la tombée de la froide humidité sur un sol plus chaud, et bien cette audition provoque les sensations piquantes et toutefois langoureuses envisagées plus haut. Donc…

 

II est amer et doux, pendant les nuits d'hiver,

D'écouter, près du feu qui palpite et qui fume,

Les souvenirs lointains lentement s'élever

Au bruit des carillons qui chantent dans la brume.

 

Offert aux Béatitudes, l’instrument titulaire aux cordes vocales saines et fortes

Qui en dépit des conséquences désastreuses de la décrépitude physique et mentale, même quand elle se cèle derrière les dehors vifs de l’éternelle jeunesse,

Lance comme on le ferait d’une pierre, avec cette qualité que bien des couples aimeraient connaître, un son rauque dû au contact des deux cordes vocales tandis que l’air des poumons y passe avec force, ce soir revêtant le caractère d’une évolution de la magie à mesure que les sociétés se sont structurées et que le besoin d’un pouvoir organisé de la magie s’est fait sentir,

Hurlement éructé à la manière d’un homme âgé, enrôlé parfois sans son assentiment dans une armée quelconque, lorsqu’il ne parvient pas à trouver le sommeil, abrité sous deux pans de tissu imperméable cousus entre eux, soutenus par une armature d’aluminium et des filins stabilisateurs de la structure fixés au sol par des tiges métalliques nommées « sardines » ou « piquets » ! Donc…

 

Bienheureuse la cloche au gosier vigoureux

Qui, malgré sa vieillesse, alerte et bien portante,

Jette fidèlement son cri religieux,

Ainsi qu'un vieux soldat qui veille sous la tente!

  

Pour ce qui me concerne, mon évanescence religieuse (ou mon être) est ébréchée, et quand en ces instants d’inactivité morbide

Elle veut de ces paroles scandées mélodieusement et rythmiquement coloniser l’ensemble gazeux constituant l’atmosphère de celles qui viennent après le jour,

Se produit plus que parfois que le son unique qu’elle produit, lorsque son niveau baisse (donc…)

 

Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu'en ses ennuis

Elle veut de ses chants peupler l'air froid des nuits,

II arrive souvent que sa voix affaiblie

 

Paraisse un autre son, épais, plus proche de la mort et de la douleur, émanant d’un être atteint dans sa chair, qui disparaît de la mémoire

Sur la rive d’un ensemble aquatique sis à l’intérieur des terres, à l’eau douce et froide, mais ici composé de plasma, de lymphe, de plaquettes, de globules blancs et rouges, cet être touché dans son corps se situant sous un monceau de cadavres

Et dont la respiration cesse à l’instar de son activité cérébrale et cardiaque, immobile, dans une mobilisation de ses forces pour résister ou vaincre une résistance sans bornes ni mesure. Donc…

 

Semble le râle épais d'un blessé qu'on oublie

Au bord d'un lac de sang, sous un grand tas de morts

Et qui meurt, sans bouger, dans d'immenses efforts.

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Mise en valeur

Publié le 26 Août 2008 par Luc dans Marseille (du 2-4-97 à février 1998)

Ma gorge se serre et mes aisselles fuient comme à une époque que je croyais révolue. A se croire revenu à Lyon, dans l’irascibilité du petit matin que de lourdes et sombres cernes amoindrissent sans conteste.

 

Je m’interroge sur le désir, sur le besoin et la nécessité, puis finalement sur l’utilité de continuer, dans une langueur causée par le temps. Celui-ci chemine si vite, ou si lentement, selon le gré de l’occasion, selon qu’elle est agréable ou laborieuse. J’ignore comment me dresser encore quand les coups pleuvent et les maux d’estomac reprennent.

 

Je cours entre deux rangées de branchages qui me frappent de taille et d’estoc. Je cherche à marcher plus vite alors, pour que le vent caresse mon visage gourd et chaud, fasse onduler mes cheveux si raides.

 

Devant un avenir dubitatif, je crois bien que je désempare. En effet, une frayeur incontrôlée s’est saisie de moi, rendant la respiration malaisée et douloureuse. Je redoute désormais chaque étape comme l’ultime épreuve avant la déchéance, quand l’idée même de la mort ne cesse de fuir, insoucieuse de mes danses d’amour autour d’elle…

 

La désire-je autant que cela après tout ? Cette garce ne me fait pas moins peur que l’échéance à venir, d’un simple repas convivial ou d’une sérieuse mise en garde reflétant le danger dans ma terreur. Mon courage ne réside donc que dans l’instinct de survie… Il fallait se le dire, pour éviter les redondances dont l’on aime s’affubler, la mise en valeur personnelle malvenue, et bien d’autres tares encore. Se résoudre à la faiblesse et à son corollaire naturel : la mauvaise humeur.

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Une vie merveilleuse

Publié le 25 Août 2008 par Luc dans Murs gris - ciel blanc (du 23-9 au 23-12-96)

Nous menons une vie merveilleuse, rapide et instable. Nous sommes des rebelles de road movies. L'action trépide ; les coups et les insultes pleuvent comme mouches. Des courses folles... à Carrefour, auxquelles succèdent les étreintes suintant d'alcool et de lubricité.

Imaginer un retour en arrière relève de la fantasmagorie : nous avons repoussé trop loin les limites du réel pour tomber de nouveau dans la facilité d'une vie jeune, agréable et mouvante. Je suis l'apôtre de l'immobilité et ne cherche qu'à satisfaire mes besoins, mes désirs de sombrer, de mourir sans âge, en continuant cependant mon heuristique d'espoir.

Je ne pars pas seul, car l'ennui qui me contraint à bouger s'empare trop souvent de ma destinée magnifique. Aujourd'hui, la perfection semble encore hors d'atteinte, puisque les périodes se succèdent, alternant nervosité sans maîtrise et douceur incongrue. Que ne ferait-on pas pour l'amour ?

Il faut toutefois savoir ne pas sacrifier ce pour quoi l'on est né, ce but qu'en conscience on ne saurait trahir. La morbidité est mon parfait inverse : je ne cherche que la mort, pas ses corollaires éventuels.

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Désamour

Publié le 22 Août 2008 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

            Regarde donc les étoiles qui trouent la nuit,

            Elles me rappellent sans cesse à ma froideur.

            La belle soirée que voilà ! Passent les heures

            En lotus, tête baissée vers le fond du puits.

 

            Dans cette ataraxie de néant, brusquement,

            Une frontière bruissante sabre l'aube

            De cette langueur assoupie peuplée de galbes,

            Dans le son arraché d'un strident sifflement.

 

            Le réveil d'une vieille douleur au côté,

            A senestre battant, sonne un glas dépité

            De la joie qui aurait pu être ressentie.

 

            La voix se fait alors sombre tant qu'éreintée,

            Imitant un bonheur auquel il n'a goûté,

            Qu'à l'autre voix il n'a même pas pressenti.

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Ennui inélastique

Publié le 21 Août 2008 par Luc dans Sourires jaunes (du 25-3 au 21-6-96)

Comme les journées sont longues... et que le temps passe vite ! Et quoi ! Un jour s'égrènerait-il désormais plus rapidement qu'une heure ? Il faut bien le dénoter pourtant... Un ennui accablant peut saisir dans l'heure, et la vie de s'écouler, les vues de s'affadir et les tissus s'affaisser sous le regard effaré des jours vifs déjà effacés. Persévérant dans la lutte contre l'ennui, je me surprends parfois à souhaiter la solitude, grâce à laquelle je parviens à dormir... encore un peu de temps perdu. Une solitude également meublée de pensées, de livres, de télévision et de verres... mais seul le sommeil donne un attrait particulier à ce gâchis. Un peu de voyage aussi... et le temps va.

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Da garout a ran

Publié le 20 Août 2008 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

Sombre et trempé dans une sourde aridité, je m’en retourne vers les visions de la pluie, droite, drue et déferlant sur les toits noirs de suie ; je demeure interdit ha da garout a ran.

 

L’orgie de l’eau sale qui suinte sur les murs, à laquelle je fus par malheur invité, se déroule, court les gouttières avec langueur, araog da ziskleria va gwad, da garout a ran.

 

Je m’élève dans l’air et songe à un retour, une aubaine que personne n’a souhaitée, celle qui ne sait eget hi garout a ran.

 

Mais je retombe à terre et couche enfin ma tour, devine que je ne suis rien par-dessus tout, pas même pour celle eget he lazhañ ma halon.

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Clown dépressif

Publié le 19 Août 2008 par Luc dans Arbeit (du 16-10 au 29-12-95)

C’est toujours au moment où l’on se croit guéri que la maladie, écrasant sa sourdine, s’étend. A-t-on abusé des remèdes ? L’air putride serait-il responsable ? Qui posera sa main sur ces écrouelles ?

Bien des questions à peine murmurées par des lèvres craquelées, autour desquelles les rougeurs hostiles forment un masque de clown contagieux à défaut d’être amusant… Celui qui vous parle pathétiquement se nomme Auguste, qui farde du mieux qu’il peut l’inanité de sa vie.

Comment croire un instant qu’il aime ce qu’il représente ? Les rires des enfants lui sont autant de flèches, à lui, l’image du ridicule consommé.

Sous les pommades, les poils poussent mal, s’incarnent, tuméfient, dessèchent. Les lampes éteintes, il s’en retourne, affligé et serrant ses mâchoires, les yeux collés sur le sol pour croire qu’on ne le voit pas (puisqu’il n’est même besoin de le regarder…), mais alors, ainsi caché après que d’avoir été masqué, il pense que tous s’esclaffent devant son double menton.

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Apologie Smartshot.fr

Publié le 18 Août 2008 par Luc dans Contrôle (du 4-6 au 26-9-07)

ndla : une fois n'est pas  coutume, je vous livre cet article, lequel ne parle pas de ma seule et pauvre personne, et se trouve consacré à un photographe de talent.

Smartshot (©) (http://www.smartshot.fr/) est un site né en 2001 du projet artistique du photographe Christian Coulombe, et bien évidemment consacré à la photographie.

 

A priori, l’intitulé même du site interroge l’amateur béotien : s’agit-il dans une traduction piètrement littérale (smart shot(s)) d’une compilation de « prises de vue astucieuses voire artificieuses » ? Ou encore peut-on l’entendre, par la grâce de la polysémie anglaise, au sens figuré d’une douleur « cuisante et brûlante » (smart's hot) ?

 

Les deux, votre Honneur ! en ce sens que les thèmes abordés y sont variés.

 

Dans la première analyse, l’artifice visuel se fait lumineux et ludique. On soulignera particulièrement les magnifiques et surréalistes prises de vues consacrées à la Camargue vue du ciel (fruits d’un travail que l’on assimilerait trop vite et faussement à celui de Yann-Artus Bertrand), ainsi que de bonnes photos de voile (reportage photo sur les éliminatoires de l’America Cup à Marseille, par exemple), voire quelques shootings de mode pour les amateurs.

 

Au sens second, les sens viennent à brûler lorsque nous trouvons dans ce site une vision rare et originale du nu artistique. Eloignée de toute pornographie dont le caractère explicite et fruste l’exclut le plus souvent du monde de l’art, la photographie érotique, osons le mot, de Christian Coulombe peut surprendre en ce qu’elle manifeste, concomitamment, deux émotions réputées incompatibles :

 

-          un désir évident, l’amour de la chair et la réhabilitation du corps que si longtemps les platoniciens et l’Eglise romaine ont combattu (nous renvoyons à cet égard à l’excellent dernier opus de Michel Onfray, T2 de sa contre-histoire de la philosophie, « Le christianisme hédoniste ») ;

-          et une approche que l’on pourrait souvent qualifier de sombre et contemplative : des noirs et blancs presque expressionnistes, soit brûlants comme ceux mettant en valeur la fantasque Darine, soit au contraire glaçants ; des rouges désespérés dans le début des années 2000 jusqu’à des contrastes allant parfois jusqu’à la distorsion, à l’image des liens de corde et d’or enserrant l’altière Sisera, ou des architectures métalliques disloquant la magnifique Sandra, voire les toutes récentes couleurs de la parfaite H3A invitant au songe fétichiste…).

Cette approche privilégie indiscutablement la mise en scène du corps et des lumières par rapport à toute volonté de faire découvrir au spectateur la personnalité du modèle dès lors désincarné, l’image inaccessible du désir.

 

Peut-on réhabiliter son corps en vue de l’aimer et partager par la voie d’une photographie dont il n’est pas réellement le centre principal ? Pour ce photographe là et les modèles qui ont collaboré à son travail, la réponse est sans aucun doute positive.

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Nécro Pia Cleach

Publié le 14 Août 2008 par Luc dans Embannoù-kañv (Nécrologies)

Derrière la meurtrière s’assombrit le ciel immobile. Aucune brise printanière ne vient plus agiter les cimes des arbres secs dont les frondaisons frémissent cependant d’une confusion si lourde qu’elle en vient altérer notre jugement sur les choses. Exactement comme si les feuillures avaient envisagé, représenté et conçu l’inévitable : Pia part, et par Pia départie, nous perdons la spontanéité d’une feuille éclosant soudainement sous l’eau et le soleil. Le rire, ce rire que nous regrettons déjà, se fait plus lointain aujourd’hui, lorsque la pie se couvre d’un humble silence et que le pi semble aspirer à l’oméga… pour immédiatement nous détromper dans ses intentions de cercle vertueux : il s’agit bien pour Pia de l’alpha d’une autre vie, à bien des égards, et pour la lui souhaiter longue et heureuse, une forme d’infini, je me ferai volontiers dessinateur en fermant l’alpha à dextre.

 

α =

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