Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

La fièvre me prend

Publié le 30 Juin 2011 par Luc dans Arbeit (du 16-10 au 29-12-95)

La fièvre me prend assez doucement, d’abord en me réveillant sans réellement le faire, puis en m’empêchant de me lever. Suite à quoi, la sape commence… Le ventre grogne, l’estomac se rengorge de bile acide, serré qu’il est par les intenses frissons qui parcourent le dos et les flancs. Dans le nez, l’odeur a changé… J’exhale des odeurs médicamenteuses.

 

Ma vue se brouille et la tête tourne, tressaille de tremblements magnétiques. Les lettres ondulent devant moi comme le beau visage de l’être éventuellement aimé derrière la flamme d’une bougie, mais il demeure cette fumée noire qui cercle mes yeux de sombre suie, les repoussant loin vers le fond du crâne. Par-delà le verre vacillant, les passants vitupèrent et les toits sont mobiles acharnés et endeuillés de jour vrai.

 

Il va falloir rejoindre la cohue sans savoir à quoi je ressemble. Je suis chaud.

 

Tout me hante dans une infinie dérision. Elle me mange, lentement, tout doucettement, brûlant mon nez.

commentaires

Ami ?

Publié le 28 Juin 2011 par Luc dans Autopsie du désir en fuite (1-1 au 29-6-02)

 Le temps de la fin d’une passion est arrivé. Roulant sur les pierres luisantes et la boue jaune, j’ai humé les parfums de la nuit en ayant peur du retour. Tellement bu, au-delà du possible malaise, pour accéder à l’état supérieur, celui de la désincarnation, de l’oubli du corps et de la honte. La pluie froide m’a rappelé à la réalité en rebondissant dans les flaques lumineuses. Mon pas lourd accompagnait le sien, plus léger, mais également plus prenant, oppressant. Comment se l’avouer ? La passion s’est tarie.

 

Nous avons continué notre chemin, en badinant gaiement, ainsi que l’eussent fait de vieux amis éméchés. Oui mais voilà, nous étions amants et l’aveu d’une passion éreintée est un suicide.

Parvenus au terme de notre course, au sec, nous nous sommes rapidement dévêtus, trop vite sûrement ; j’ai cédé à ce que je lui ai toujours reproché : la précipitation, et la lourdeur blâmable m’a repris, a serré le garrot de cette passion en cours d’euthanasie.

 

Evidemment le rapprochement, évidemment les mouvements nerveux sous les draps, préliminaires traditionnels… Evidemment qu’il n’aurait jamais su se produire autre chose confrontés à un tel carnage.

Le sourire a pu prédominer quelques instants, ainsi qu’auraient réagi de vieux amis attablés devant l’océan, pour laisser place à la terreur primaire : ce nouvel échec est un aveu, et sauf à cultiver comme une vestale un feu dont les braises s’éteignent peu à peu, j’atteins à la désincarnation… La passion est morte et je ne dois plus être qu’un ami.

 

commentaires

Lande herbue

Publié le 27 Juin 2011 par Luc dans Chair (du 15-10 au 31-12-01)

La triste mélodie du gwerz se fond dans le fracas des chutes d’eau. L’herbe si verte distille dans les rayons du soleil montant ses perles de rosée, se confondant elles-mêmes avec les particules de brouillard.

 

C’est une aube de halo qui s’éveille ; j’y assiste grave, assis sur un rocher moussu, l’attention à peine retenue par les clapotis du ruisseau. En bas, à mes pieds, je commence à deviner les formes et couleurs des galets qui jouent avec les reflets de l’eau vive. Un peu au dessus de l’écume, les bords herbus, les arbustes, puis la lande jaunie. J’attends depuis des lustres que quelqu’un sorte de la brume. Toujours sur mon rocher, au même endroit exactement sans qu’il y ait faute, je ressurgis les lendemains de pluie en automne.

 

L’année dernière, après la fameuse rincée de l’été, j’ai sorti du rocher ma tête fière et appétissante… J’avais cru deviner une présence derrière le brouillard et la lande. La simple sensation, prescience de l’arrivée, avait suffi à me réjouir, à donner l’espoir de partir panier dessus panier dessous vers l’horizon si proche des genêts, des joncs, par delà les ronces, les épineux et les buis.

 

Rien n’est venu fors mon idée.

 

Cette année, les premières pluies ont régénéré les mousses de mon rocher, qui se sont évidemment repues de putréfaction… ce qui m’a permis de pointer une corolle capitale, blanche et châtain, hors de la pierre. Je durerai encore quelques jours. Je ne suis qu’un champignon.

commentaires

Foutaise

Publié le 24 Juin 2011 par Luc dans L'amour de l'erreur (du 14-5 au 30-7-03)

La lumière de la flamme dans le vase reflétait l’intérieur de la bougie rongée par le feu tandis que celle-ci n’offrait à me vue directe qu’une inconséquente muraille de cire. Grâce au verre, j’ai vu l’intérieur de cette bougie. C’était tout d’abord Irmansul, le vieux chêne sculpté ne tenant plus que par sa massive mais précaire écorce dressée, recouverte de sang de bœuf et de cheval, devant laquelle dansait la flamme, dans les incantations des esprits de la forêt.

 

Me redressant de quelques degrés, le reflet change de forme tandis que sa partie supérieure semble sortir du vase. Et la Vénus de Brassempouy me fait maintenant face, le visage d’ivoire parfait, pétrifié dans la rondeur de la mort, qui me fait me souvenir de ce qui m’attend.

 

Touché, je baisse un peu la tête et le visage de la Vénus se transforme en vieux casque turc ottoman par l’effet sûrement déformant du rebord du vase enflammé. Les menées des janissaires me reviennent à l’œil dans le sang du chêne déjà oublié.

 

Alors j’abandonne mes visions pour m’attarder encore sur toi, dont le regard me scrute et me dit que je ne suis rien, une foutaise.

commentaires

Rêve 37 Souffle de mort

Publié le 22 Juin 2011 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

Un souffle de mort me parcourut l’échine. J’étais dans ce TGV à la hauteur démesurée, dans un espace ouvert entouré de couchettes superposées, lorsqu’on nous demanda d’évacuer le train. Je savais qu’on chercherait à me tuer au dehors. Je suivis la foule compacte jusqu’au seuil d’un quai immatériel drapé dans un épais manteau de brouillard. Prétextant avoir oublié mon portefeuille, je retournai dans le wagon en me frayant un chemin parmi le flot contraire, et pris encore une direction opposée jusqu’à la queue de l’ombilic bleu. Parvenu à la plate-forme arrière, je constatai qu’une eau sombre et moirée l’affleurait.

 

Un contrôleur regardait une femme brune qui avait déjà les pieds dans l’onde calme. Pas de ressac mais un simple mouvement du train vers l’avant, et la femme débuta une brasse lente dans l’océan noir dont s’exhalait un air glacial. Je voyais ses bras et jambes diaphanes se mouvoir sans panique vers l’infini d’huile sur lequel jouaient encore quelques fanaux, reflets troublés par la nage obituaire. La nuque blanche disparut de ma vue désormais brouillée et la sombre chevelure se confondit avec les cercles excentriques.

 

Cette mort là n’était pas pour moi et je reculai prestement pour m’en retourner vers ma couchette. Mon portefeuille en main, je demeurai assis, beige et dans un malaise abominable, le souffle de mort reprenant sa caresse sur mon dos offert.

commentaires

Nécro Valérie H.

Publié le 21 Juin 2011 par Luc dans Eternel retour de fin (du 1-5 au 14-10-11)

Ressens-tu le regret, Valérie, de quitter

Pour la vallée de l’Ubaye la Crau ventée ?

 

Tu trouveras certainement au col d’Allos

La vue de plus de montagnes qu’à l’Emperi,

Moins d’escaliers mais plus de marches - quel paradoxe ! -

L’orage, le soleil et la neige réunis.

 

Rends-toi lors à l’église Saint Pierre des Liens,

Dont le dôme byzantin tout construit d’acier

Devrait te rappeler les lignes émaciées

De l’entrepôt où se conçurent tant de liens.

 

N’omets surtout pas La Bonnette Restefond,

Une route suspendue entre roche et ciel,

Bien plus propice à la profonde réflexion

Qu’une urbanité dérisoire, gorgée de fiel.

 

Mais au col Saint Jean, l’eau Serre-Ponçon en vue,

Regretteras-tu une Fontaine moussue ?

commentaires

Menterie

Publié le 20 Juin 2011 par Luc dans Engagement (du 8-4 au 28-12-04)

Mes vieux démons me reprennent sitôt que je suis seul. Je recherche le mensonge et la luxure. J’aime me jouer de cette petite toulousaine, peu innocente néanmoins, et de son homme. J’en souris. Sa naïveté me navre et m’attire à la fois, dans une impossibilité flagrante liée à mon mensonge original. Elle avait des yeux et un visage mutins, et il est rare que les deux concordent à ce point. Rien n’y fera pourtant. La place du Capitole est gavée d’oies qui hurlèrent à l’approche du Celte, c’est bien connu. Rien ne rattrape la menterie. Ils étaient tous les deux sincères et je me suis moqué d’eux. Rien ne rattrape ce que je suis, dont je ne sais plus ce que c’est.

 

Le gouffre de la nuit va m’ériger sur mon bûcher dressé à la va-vite et me réduire en cendres. Je n’existe pas. Le bonheur m’est donc interdit.

commentaires

Comme un faon aux abois

Publié le 16 Juin 2011 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

Comme un faon aux abois... Tel était-il, au milieu de la rue, méfiant de tout son être et jetant nerveusement de tous côtés des regards effarouchés. Les pattes tremblantes, il observait envieux les pompons blancs des lapins courant partout avec cette inconscience du danger qui les caractérise.

 

Il guettait tout aussi fébrilement le passage de cette jolie biche qu'il avait vue quelques aubes auparavant. L'odeur poivrée de la chlorophylle électrisait sa truffe toujours humide. Il humait aussi l'herbe lourde des perles de rosée qui bientôt disparaîtraient.

 

Mais il ouvrit les yeux : ce n'était plus la clairière doucement ombrée par les frondaisons qui laissaient filtrer les rideaux ondulants du soleil, si agréables à traverser, qui se présentait à lui, mais la rue.

 

Les lapins avaient ralenti leur course et riaient désormais vulgairement, ou au contraire baissaient le regard d'une grise mine. La jolie biche rejoignait quant à elle son lieu de travail, sous une porte cochère au coin de la rue. Elle aurait sûrement préféré, à endroit identique, des balais aux vieux cerfs flétris qui lui rendaient régulièrement leurs hommages, mais enfin... c'est la vie...

 

Alors le faon aboya réellement, intensément dans le silence de fer, et le choc sur les jambes, dans le fracas cette fois, renversant.

 

Du milieu de la rue, il monte vers le soleil. La feuillure des frondaisons tourne comme une toupie. Il ne verra pas la chute de son corps meurtri sur le goudron fondu.

commentaires

Contre l'avidité libérale (réponse à M. Simon Cussonnet)

Publié le 14 Juin 2011 par Luc dans Murs gris - ciel blanc (du 23-9 au 23-12-96)

Une fraîche semaine qui se termine, une fois de plus, sous la sombre livrée de l'indécision. Je comptais sortir ; je ne sortirai pas.

 

L'indifférence qu'on me témoigne me pèse, alors que de tout temps j'avais tendu à rechercher cette paix solitaire exclusive de toute présence étrangère.

 

Je perçois un peu plus les délirants appels de l'extraversion et de son cortège de hurlements ou de couleurs vives, mais n'y adhère pas, dans tout ce que le luxe peut avoir d'indigne. Le rire s'efface au profit de l'esclaffement. Je me prends parfois à penser que j'aurais pu être janséniste.

 

L'élégance, l'or et tous ces bijoux futiles ne me sont qu'horreur superflue, tout comme le concept de commerce, étroitement à eux y attaché. Les mèches ont remplacé les perruques poudrées, mais le contenu est le même.

 

Bordel ! Il doit pouvoir exister un chemin spirituel, même dans le matérialisme ambiant, au long duquel l'amour de l'histoire et de l'érudition en général constituerait un but en soi, et ne se heurterait aux bornes sans finesse de la performance productive, ces basses bornes de pierre qui meurtrissent le pied du promeneur dans un choc masqué sous l'herbe grasse d'un matin songeur.

commentaires

Discussion

Publié le 9 Juin 2011 par Luc dans Frais et dispos (du 5-7 au 28-10-02)

Les contorsions me reprennent avec le regret de te savoir disparue. Je presse violemment mon talon contre la cuisse, dans une forme de réminiscence étirée de cette onde électrique qui me parcourait lorsque nous nous offrions l’un à l’autre.

 

Mais aujourd’hui, le ressort s’est rompu, dans ces jambes infinies surmontées d’un buste tronqué, un bonhomme O’Cedar en somme.

 

Comme usuellement, je n’ai pas aimé ma description, par ailleurs plus honorable que celle que j’aurais pu me prodiguer. Pour être sans concession envers moi-même, je n’en ai pas moins ressenti cette tendresse amoureuse à ton égard. C’est étonnant comme tu peux paraître sensuelle lorsque tu es loin, comme les autres, comme mon imagerie fantasmatique.

 

Je ne vous veux toutes qu’éloignées.

 

Pour ta part, la voix y ajoute et l’ermite de la caverne se résout enfin à la communication moderne… Je préfère en rire et sombre dans l’ivresse passagère d’un fix de souvenir pur et non coupé, liberté de geste et de parole, sexe bloqué et je t’aime encore.

commentaires
1 2 > >>