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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Nécro 2018

Publié le 28 Janvier 2019 par Luc

2018 s’est éteinte et pour une fois, à titre personnel, je ne m’en réjouis pas absolument. Oh oui, des voleurs, des escrocs, des sans-talents reconnus ont cessé d’infecter cette terre de leur présence, et quelques-un(e)s ont aussi disparu dans mon panthéon, moins nombreux que les années précédentes, ce qui eût pu être une excellente chose pour mon moral, si un seul décès n’avait pas bouleversé l’équilibre cosmogonique de mes nécrologies : celui d’un être bicéphale auquel je tenais finalement beaucoup, mon mariage.

 

Cette année encore, le nombre des réjouissances fut très inférieur à celui des chagrins…

 

  • je commence toujours les nécrologies annuelles par les plus modestes disparitions, celles touchant mon amie de toujours, la télévision des années 70-80, et c’est à croire soit que tous se sprotagonistes sonrt déjà morts, soit que la médecine fait de vrais progrès, puisque nous ne déplorons que les départs de  Pierre Bellemare (le regard bleu de l’Histoire) et Maria Pacôme (j’aurais tellement aimé avoir son apparente puissance de vie) ;

 

  • des disparitions moins modestes et trop nombreuses cette année dans le monde cinématographique, mon ami de toujours. Peu de réalisateurs sinon Bernardo Bertolucci (Le dernier empereur, Dernier tango à Paris, 1900… il y avait toujours quelque chose de décadent, de pasolinien chez ce cinéaste lent et long, mais je suis toujours entré dans son univers comme un suppositoire dans l’arrière-train de Caligula). Si aucun acteur aimé n’est parti en 2018, deux actrices, et une fois encore pas des plus moches, ont envoyé leur dernier baiser à nos joues enflammées : Stéphane Audran, la classe et la froideur chabroliennes, et Sondra Locke, la petite blonde de Josey Wales, un idéal de femme : artiste, intellectuelle et belle comme un épi de blé ;

 

  • Si 2017 fut une année épargnée dans mon univers musical (il faut dire que 2016 avait été terrible…), 2018 fut lourde et commence de marquer la fin du punk. En effet, si l’on excepte les exceptionnels mélodistes Dolores O’Riordan (The Cranberries, ignares !) et Gérard Jouannest (l’inoubliable accompagnateur de Brel), sont morts en 2018 Mark E. Smith de The Fall et Pete Shelley des Buzzcocks : John Lydon, essaie de tenir encore un peu, please…

 

  • enfin, les hommages spéciaux : à Patrick Font qui nonobstant ses incartades avec des mineurs était l’un des types qui suscitaient chez moi le plus de fous rires ; à Stan Lee (Strange ! qui meubla tant d’aprèsmidis des années 80), William Vance, qui meubla tant d’après-midis des années 80 (Bob Morane et Bruno Brazil, rien que pour ça, l’hommage était plus que mérité !) et surtout Arto Paasilinna, mon romancier finlandais préférés, dont chaque roman était un véritable bonbon littéraire, un romancier drôle et écologique, parvenant à fusionner deux concepts qu’à la lecture de notre vie politique française on eût pourtant pensés définitivement irréconciliables.

 

 

Allez, cessons-là les pleurs sur ceux qui sont partis, car il m’est impossible de résister à la vile tentation de dresser une brève liste des morts de 2018 qu’on ne regrettera pas, voire dont on se réjouit absolument que l’Être Suprême nous en ait débarrassé définitivement.

 

  • Musique Maestro ! France Gall (le désolant avatar du sirupeux et non regretté Michel Berger) ainsi que Maurane (embonpoint, jazz, dépression, bonté, empathie spongiforme bovine, elle avait décidément tout pour me plaire…)
  • Serge Dassaut et Charles Aznavour : non que Serge chantât particulièrement bien, mais ces deux individus sont simplement classés dans la même catégorie que Johnny Halliday ; mais non voyons ! pas parmi les chanteurs, parmi les fraudeurs fiscaux, classification que n’attend que de rejoindre l’ineffable Florent Pagny !
  • Alain Devaquet : vous allez me dire que j’ai la rancune tenace, mais bon, les manifs de novembre 86, je les ai faites tellement sérieusement que je ne pouvais laisser passer sous silence la mort de l’auteur d’une réforme qui aujourd’hui serait regardée comme normale, limite marxiste…
  • Philip Roth : romancier artificiellement célèbre (je ne sais pas si ce sont les médias ou l’inculture crasse en matière de littérature des lecteurs, mais son (absence de) style est insupportable. Si c’est ça la littérature, autant ne lire que des romans de gare ;
  • Rick Genest alias Zombie Boy, mannequin et comédien tatoué à 90 % : le tatouage est le résultat d’une dépression, c’est maintenant prouvé avec sa mort la plus stupide qui soit, en fumant une clope sur son balcon, il aurait bêtement basculé.

 

 

Enfin, la catégorie des morts dont on hésite sur le fait de savoir si on les regrettera ou non. Cette année, trois nominés seulement :

 

  • Paul Otchakovsky-Laurens, dit POL, aux éditions éponymes : j’aimais beaucoup l’homme, moins l’éditeur parce qu’il n’a pas voulu publier mes recueils de poésie, grrr.
  • François Corbier : je cède à la nostalgie facile des années 80-90, mais Corbier quand même, la grande asperge rousse et barbue, écologiste très certainement, préfigurant avec 30 ans d’avance la mode des abru hipsters, le club Dorothée, les Musclés, et non, pas les Musclés, la mémoire doit être revêtue d’un appareil critique tout de même…
  • Georges H.W. Bush : personne ne l’aimait, lui, le born again alcoolo, mais j’estime que l’on peut regretter l’un des plus grands humoristes de la période moderne, qui n’a nul besoin de recourir à l’artifice de la comparaison facile pour pondre des aphorismes d’une drôlerie et d’une poésie inégalables : « I know the human being and fish can coexist peacefully ».

 

Enfin et malheureusement, l’information est confirmée : à part dans mon roman Tantad, Arthur et Hanouna ne sont pas morts en 2018, mais on ne perd pas espoir puisqu’en ce mois de janvier 2019, Cyril va devoir supporter Marlène Schiappa dans son émission, ça sent le burn out et le suicide, les gars !

 

Ni rires ni crachats.

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