2015 va s’éteindre dans quelques bouffées de chaleur, sous le soleil renaissant.
Je m’en réjouis absolument. 2015 fut une année pourrie, comme toutes les autres d’ailleurs.
Mes carnets une fois de plus soigneusement tenus m’ont permis de dresser la liste des hommages mais aussi des soulagements liés à certains décès des douze derniers mois, parmi lesquels je ne me compterai donc pas cette année encore. Évidemment, mais c’est la vie, le nombre des réjouissances va s’avérer inférieur à celui des chagrins…
- je commence toujours les nécrologies annuelles par les plus modestes disparitions, celles touchant mon amie de toujours, la télévision française des années 70-80 et un peu 90 : comment ne pas mentionner dans en tête de liste l’hirsute Alain de Greef, l’infatigable défenseur des Guignols et de Groland devant le CSA (aaah grosse influence Dan Rather, décalage, et Mickael Kael ‘cule un mouton !) ? Viennent immédiatement après l’acteur Patrick McNee au flegme so british dans « Chapeaux melon et bottes de cuir », alors même qu’en tant qu’iconoclaste j’ai toujours préféré Purdey-Joanna Lumley à Emma Peel-Diana Rigg). Je n’oublierai pas non plus le compagnon de mes samedis matins juste avant le tennis, durant tant d’années : Michel Lis aka Michel le jardinier, le seul qui ait pu me faire aimer penser que j’aurais pu faire quelque chose en jardinage alors qu’il s’agit probablement du sujet dont je me contrefous le plus… dans mon sport télévisuel cette fois, je citerai Guy Ligier (pour les courses de Jacques Lafitte à la fin des 70ties et début 80ties) et Jean-Luc Sassus, chevelu rapide du PSG de la grande époque.
- des disparitions moins modestes et trop nombreuses cette année dans le monde cinématographique, mon ami de toujours. Un réalisateur : Wes Craven (Les Griffes de la Nuit, Scream) à l’efficacité incroyable au vu du second degré savoureux marquant toutes ses œuvres. Actrices ? Anita Ekberg ou la plus belle scène de fontaine de l’histoire du cinéma N&B ou en couleur ; Corinne Le Poulain, la belle minaudeuse de l’Arsène Lupin de Descrières parti il n’y a pas si longtemps. Encore plus belles, sont parties cette année la sculpturale Laura Antonelli à l’érotisme ultime, au sexe fou, et encore Maureen O’Hara (oaraaah le regard d’amour qu’elle porte sur Quasimodo dans Le Bossu de Notre-Dame…). Les acteurs ont été un poil plus épargnés, mais trois décès méritent d’être évoqués dans notre inventaire mortuaire : Christopher Lee dont le seul patronyme suffit à le définir ainsi qu’à confirmer les conclusions des doctes thèses universitaires considérant que Shakespeare peut se retrouver en tout lieu et de tout temps, et puis Omar Sharif (le plus dostoïevskien des acteurs égyptiens, peut-être en raison de ce goût partagé et immodéré pour le jeu ?). Je terminerai par Leonard Nimoy, classé en tant qu’acteur pour mes souvenirs d’enfance et surtout d’adolescence (M. Spock dans Star trek première époque sur la 5 de Jean-Claude Bourret, nuitamment en fumant des pétards et en buvant de la vodka, c’est incomparable !), mais ce monsieur savait faire mille autres choses (chanteur, réalisateur…).
- 2015 a plutôt épargné les habitants les plus essentiels de mon univers musical ; je citerai à l’hommage de mes rain and tears Demis Roussos, époque Aphrodite’s Child 1968 ! Lemmy Kilmister, le rauque chanteur de Motörhead (je n’ai jamais aimé le hard rock pourtant, mais j’aimais bien Lemmy avec sa grosse voix : « I’m so bad, Baby I don’t care ! », peut-être sa proximité plus punk que heavy metal…). Et surtout John Bradbury, le batteur sautillant des Specials.
- il faut également rendre des hommages particuliers à ceux qui m’ont fait rire, ce qui est de plus en plus rare : à Charb et Cabu donc, Cavanna ayant eu la bonne idée de casser sa pipe juste avant le massacre, à Pascal Brunner aussi (« Rien à cirer » ayant peuplé toute la fin de mes études) ainsi qu’à Laurent Violet (pour une fois qu’un Savoyard au nom de coquillage méridional peut figurer dans ma liste d’aimés !).
- enfin, mes hommages spéciaux à Bernard Maris (écoconomico-rigolo), Tarek Aziz, (le ministre christianococo-rigolo de Saddam), sans jamais oublier (honneur et fidélité) Mile Mrkšić, patriote de l’armée populaire yougoslave qui rejoint dans la tombe nos amis éternels Slobodan Milošević et Željko Ražnatović.
Allez, cessons-là les pleurs sur ceux qui sont partis, car il m’est impossible de résister à la vile tentation de dresser une brève liste des morts de 2015 qu’on ne regrettera pas, voire dont on se réjouit absolument que l’Être Suprême nous en ait débarrassé définitivement.
- commençons par du politiquement incorrect, l’année 2015 fut bien réussie pour les politicards et divers magouilleurs de la même engeance : François Michelin (le paternaliste exploiteur des pneumatiques éponymes), Francesco Smalto (c’est quand même lui qui a pondu les costards de Claude François !), Bernard Marionnaud (le parfumeur du Front Bleu Marine), Claude Dauphin (PDG de Trafigura, atroce 3ème mondial du courtage pétrolier : une telle franchise dès la raison sociale, ça ne s’invente pas !), Pierre Berger (pas le fan de Saint Laurent, le PDG d’Eiffage, le vice-roi du BTP, mort d’une crise cardiaque assez jeune, comme bien des sportifs cette année : le capitalisme, le sport et le travail en général sont néfastes pour la santé), Licio Gelli (facho, vénérable franc-maçon de la loge P2, proche de Berlusconi : besoin d’autres commentaires sur l’individu, hmm ?). Et le meilleur pour la fin : André Glücksmann est mort, ouuuaaiiiis ! Cors et trompettes, chapeau l’artiste, mais à la réflexion il s’était fait un peu discret ces dernières années, ayant pris conscience de la somme de conneries qu’il avait pu écrire et dire. Si seulement il avait pu emmener B.H.L. pour son dernier voyage vers la Cave des Patriarches…
- musique : réjouissons-nous, camarades citoyens, de la disparition de Guy Béart (« Ah ben j’vais vous chanter une chanson ! Non merci, Guy, ça ira… »).
- dans la rubrique cinéma/télévision, nous nommerons Roger Hanin, qui me pourrit par sa mort une partie de mon prochain roman où il était censé justement se prendre une balle dans la poitrine (j’ai donc dû le remplacer par l’animateur Arthur…) et Dick Van Patten, si, si, rappelez-vous le père affligeant et rondouillard de « Huit, ça suffit », une bonté touchant au débonnaire, une autorité pusillanime et un courage dégoulinants, beuuaarkk…
- à noter cette année le maintien spécial de la catégorie créée l’année dernière, judicieusement intitulée « Autres connards » : en premier lieu, les frères Chérif et Saïd Kouachi ainsi qu’Adama Coulibaly (no comment), puis dans un autre style Florence Arthaud, Alexis Vastine et Camille Muffat, sportifs morts pour la gloire… de la téléréalité ! Je préfère encore le cancer, tiens !
Enfin et malheureusement, l’information est une nouvelle fois confirmée : en 2015, le cocaïnomane Johnny Halliday n’a toujours pas cassé sa pipe en toxine botulique.
Ni rires ni crachats.