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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

les reves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

Pingouineau

Publié le 17 Décembre 2015 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

 

J’ai senti mon regard sombrer dans la chaleur lourde et un bruit de pompe.

 

Apprêté comme pour un départ, le pingouin se délaisse de tout son dos sur son lit de cuisson. Ramenant ses palmes en gisant sur la poitrine, il ferme ses yeux sans paupières et se recueille doucement sur le sort du monde.

 

Il n’est pas bien vaillant, le pingouineau au bonnet rouge. La chaleur lui pèse à mon regard. Ses aisselles moites le gênent quand je compatis avec son désentrain. Comme moi, il regrette sa luxure, son renoncement devant l’odieuse nécessité du voyage qui l’a amené jusqu’ici.

 

Il ne se repent pas moins de l’orgueil qui lui dentelle les palmes tremblantes, quand il ne peut refuser un défi, aussi absurde soit-il...

 

Il se mord la nageoire quand il songe à la somme d'inepties qu’il a pu sortir pour avoir le dessus dans ses conversations de comparses hyperboréens...

 

Mais maintenant, seul dans un pays chaud, la réflexion le rend sans déprendre. Alors il s’allonge sans paix et ses yeux ronds sans paupières cillent sur l’éternité de l’erreur et du mensonge.

 

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On dit

Publié le 7 Août 2013 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

 

Maintenant, je recueille mes pensées là d’où les pensées étrangères surgissent, incapable d’un mouvement personnel.

 

On me dit que je suis amoureux et un instant je le deviens.
On m’affirme que j’ai des idées noires et immédiatement je sombre dans une aphasie neurasthénique.
On me dit aimable et j’orne illico de faux sourires complaisants toutes mes interventions.
On me dit ailleurs et je disparais.

 

On me dit vivant et je suis loin d’en être persuadé.

 

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Dors

Publié le 19 Avril 2013 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

Mû d’une irrépressible envie de dormir, je lutte pour le repos.

 

Alors qu’elle parlait, qu’il parlait, j’ai plusieurs fois perdu le fil de la conversation. J’étais dans le soin de l’imaginant, lorsque j’entendais des sons étrangers que je croyais avoir conçus il y a bien longtemps de cela. Les mots s’écoulaient sur moi comme l’eau sur l’huile ; ils se morcelaient, se mettaient en grappes puis en gouttes pour finalement n’être que dispersés, sans cohérence ni syntaxe.

 

Et je continuais à parsemer mon départ d’approbations en onomatopées et de petits rires sonores, dans un rythme régulier.

 

Les arbres se rassemblaient en haie unie d’un vert sombre, un mur apaisant d’où rien n’émerge. Les lignes discontinues allaient se joignant en unité parfaite, une unité de cube. Dans le tunnel de feuillus, d’épineux, de métal et de lignes droites, les mots n’avaient plus rien à voir... Ils me dirigeaient vers le sommeil.

 

Dors - oublie la parole - dors - oublie l’homme - dors.

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Liaisons

Publié le 20 Avril 2012 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

Assis, abasourdi par l’absence de violence d’un effort long et continu, je regarde les heures former leurs signes réguliers.

 

Je pars souvent dans un rire sans cause, pour tenter la joie, la séduire quand rien ne saurait l’attirer. J’ouvre la bouche plus grand pour mieux m’esclaffer de ce qui n’a pas de cause, un exutoire nécessaire en somme...

 

Je souris plus désormais, sans cause, pour tenter l’amour que les autres pourraient me porter, les amadouer... Je montre mes dents plus qu’avant pour mieux consentir au bonheur de ceux qui n’ont pas de cause ; un purgatoire faussaire m’assomme.

 

Je blanchis plus qu’à mon tour, avec raison, pour avoir tenté de feindre, de masquer ou déformer une réalité étirée. Je pâlis tourmenté pour m’assoiffer d’une quête de cause, l’offertoire de misère qui me somme...

 

D’en finir.

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Flacon

Publié le 10 Février 2012 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

Le petit flacon d’ambre gît sans vie dans une rigole sur le côté du lit nuptial. La poussière a commencé de le recouvrir. D’ailleurs, ce n’est même plus elle, mais une forme de pellicule plus épaisse et sans vie, ainsi que l’araignée tisserait son cocon de mort.

 

Pourtant ce flacon recelait les senteurs et baumes du plaisir, froids puis brûlants sous les mains actives. Le corps lourd, maintenant tout à fait détendu, entend encore la souple trajectoire des doigts amis sur sa peau humide.

 

Mais non, à mesure que le temps tarde, il recule de la tête vers le pied de la couche, jusqu’à peut-être se retrouver loin, au fond de la chambre volage où résonneraient toujours les étreintes passées.

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Distension

Publié le 6 Octobre 2011 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

Tu étais là, allongée, et j’ai interrompu l’image, n’ayant rien à en dire de plus, sauf tes yeux qui me brûlaient sans contenance.

 

Ce soir, de nouveau calme et cédant encore au tournis de l’envie, l’effort ne suffit plus à l’envie de vivre... Mais le courage manque à l’envie de mourir. Ainsi je vogue entre deux eaux, comme à la fois volatiles pour ce qu'elles me confieraient de liberté, et saumâtres pour la cage qu’elles me dresseraient chacune, dans la bêtise d’un sourire inaverti pour la première, le cagibi que me réserve la seconde.

 

De toute façon, je nage fort mal... mais nage quand même... Donc entre deux eaux, cela ressemble fort à ma place... Aussi bien... le contentement, la résignation...

 

Oui mais non - Eeeeh non ! Je refuse.

 

Je refuse notamment que sans le vouloir, tu laisses se distendre les liens que nous tissâmes (im?)patiemment.

 

Je refuse de te perdre.

 

Je refuse ma faiblesse.

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Scène

Publié le 4 Août 2011 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

J’ai ressenti clairement le temps infuser en moi, imprimer sa cadence démentielle à ma vie. Alors je n’ai pas voulu connaître cette fameuse scène, dont le point d’orgue serait ce moment précis de la nouvelle rencontre.

 

Tu acceptes mon invitation, pour des motifs ignorés. L’angoisse me prend. Tiens, le soleil chauffe et sèche l’herbe qui jaunit, comme mon teint à mesure que ta venue s’approche.

 

Je tourne et vire, tournevire, morne sans rire... Puis le signal : tu es là et je te vois avancer, la démarche décidée comme souvent. Le temps des retrouvailles. Affolé, je plonge mon regard sur la gauche : un vieil appentis aux pierres apparentes, je n’y distingue rien ; à droite, la petite mare aux pommes de pin complètement asséchée, puis plus loin la haie opaque de ces arbustes qui ne boivent pas. Tout manque d’eau sauf mes yeux lourds et ma bouche avide.

 

Quelques mètres encore et nos lèvres se rejoindront. Un pas encore et nous nous enlacerons profondément, avec la vigueur de toute notre jeunesse.

 

Mais alors, ne détourne pas ta bouche vers ma joue, ne reste pas plantée à un mètre de moi en souriant d’un air gêné... Viens.

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Entretien annuel

Publié le 6 Juin 2011 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

 

Il s’agit d’un entretien d’évaluation que j’ai déjà passé, dont je n’ai plus aucun souvenir. La personne qui devait l’animer s’est effacée de ma mémoire. Son contenu, ses arguments et probablement ma défense, m’échappent, et m’indiffèrent d’ailleurs. Non, l’essentiel n’est pas là : c’est l’heure du rendu, de la condamnation de mes compétences, de ma mise à l’écart définitive...

 

Le document paraît venir de nulle part ; il est agrémenté de jolies couleurs et de signes cabalistiques parfaitement inconnus de moi ; puis se dessinent des graphiques complexes, en légende desquels des mots se découpent, s’éclaircissent maintenant...

 

Un examen d’ensemble succinct aboutirait à la faiblesse de mes barres sur l’axe des ordonnées, sauf une d’entre elles, très élevée, atteignant la limité supérieure du repère orthonormé... Quelle est-elle ? Motivation ? Qualités professionnelles ? Esprit d’équipe ? Ecoute ? Autres ?

 

... Oui, « autres » : il s’agit de l’angoisse, perturbante et paralysante, l’anti-moteur par définition...

 

Mon regard dépité tombe vers le coin inférieur gauche du document de rendu, et y voit clignotant un arc de cercle cranté, dans lequel s’inscrit la condamnation finale : « A ne pas confier un poste de direction ».

 

Ma réaction hésite :

 

-         pourquoi une telle insulte ? Pour un entretien d’évaluation que je ne me rappelle même pas ? Et sur quels critères d’abord ?

-         et ensuite, je n’en ai rien à foutre de leur poste de direction (je ne sais même pas en quoi cela consiste de « diriger » - j’ai toujours été suiviste de toute façon).

 

Alors mon manque d’ambition, celui qui me rend insupportable aux autres gagneurs de mon génotype, qui croient que je ne peux que mentir, me retourne deux claques sonores au travers du visage, me laissant piteusement avec un document en main, et le feu clignotant du coin inférieur gauche commence de me consumer.

 

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Couronne chue

Publié le 8 Mars 2011 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

Je courais vivement, pour prendre un élan salvateur dans ma quête du disque solaire, que je voulais toucher. Je courais de toute ma puissance dans cet unique but d’auréoler mon crâne du soleil. Sa chaleur m’enveloppait et je défendais liquide, les joues creusées, l’œil profond.

 

- Un son sourd me signale le moment d'accélérer ma course, tout en suivant du regard l’ellipse décrite par l’objet de mon ambition. Le pied d’appel se fléchit, puis la jambe imprime sa formidable impulsion. Les yeux perdus dans le bleu, j’entame ma grandiose ascension. Je vole. Oubliées la poussière, la sueur, la douleur... Je continue de monter, irrésistiblement semble-t-il, et me rapproche de ma couronne, jusqu’à l’embrasser presque -

 

Et soudain, le choc qui me balaye en pleine poitrine. Le ciel défile trop vite et l’astre passe sans que je l’atteigne. Je le perds de vue et la collision avec l’inconnu me renverse trop vite. Le ciel laisse place dans la rotation à la terre battue, qui elle aussi s’approche trop vite. Les grains de sable grossissent sans mesure. Je tombe. Et puis la mort.

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Révolte

Publié le 28 Décembre 2010 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

Une fois l’objet retombé, le cri a heurté ma gorge. Par orgueil, je n’aurais jamais cru encore ressentir la douleur de cette manière. Puis les images se sont amoncelées en tellement de pages volantes, dans une atmosphère d’amertume et de genièvre, coulant à flots toutes deux...

 

Assis, l’œil rivé entre un cube et Ian Curtis, je me suis doucement avachi sur le fauteuil pour éreinter la souffrance déjà éprouvée.

 

L’addition du ciel, sans cesse, la somme des signes incompréhensibles, se meuvent en travers de ma vue. Je suis convaincu et espère à ce titre l’unicité de cette épithète au détriment d’une néfaste séparation sémantiquement inacceptable... Tenter l’humour en cette circonstance... Là encore, l’absurdité guette, lorsque des bruits de cordes cristallines remontent à moi.

 

Je ne trouve plus d’image à mon chagrin, de métaphore à ma douleur, et j’imagine bien que la qualité littéraire peut s’en ressentir.

 

Je ne veux pas que tu ailles bien.

 

Je ne veux pas de ta sporadicité ni d’une quelconque tolérance.

 

Mais comment dire... avouer... que ma connaissance de l’absolue vanité de mes vœux me vaut aujourd’hui une condamnation sans rémission.

 

Tu m’effaces trop vite.

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