Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Guilleret

Publié le 13 Octobre 2006 par Luc dans Gwellañ war 1992-1993

15 mai 1993

 

J’aurais pu être vraiment joyeux, 

Lorsque les aliments et le vin 

Se confondaient dans une ronde 

Déroulée sous mes yeux ; 

Oui, là, à ce moment, j’avoue y avoir cru. 

 

Mais les hideurs sont revenues, 

Avec leurs danses de sarcasme 

D’autant plus bas qu’ils ne touchent 

Pas même moi, mais il demeure 

Toujours une parcelle de l’ordure.  

 

Un chancre béat et hilare 

Déblatère l’ignominie, comme un rat 

Découvre son hégémonie sur le monde, 

Ce monde de merde, temps de merde…. 

Qui me laisse sur les papilles un petit goût sûre. 

 

J’aurais pu être vraiment joyeux, 

Lorsque les paroles et le soin 

Apporté à la destruction 

Ont cessé, départis dans la nuit soyeuse… 

Mais alors, à ce moment, je ne pouvais plus y croire. 

commentaires

Magma

Publié le 12 Octobre 2006 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

12 octobre 2006

 

Alors qu’une multitude de desserts s’offrait à moi sur une table dont je ne percevais même plus l’éventuelle décoration, j’eus soudain le cœur au bord des lèvres.  

 

Le bourdonnement acouphénique d’un moustique inavenu emplissait mon crâne d’une colère sans borne, celle de l’absence éternelle de renonciation à la tranquillité.  

 

Et encore des points rouges et verts flottaient dans l’air pâteux de la nuit, laissaient de longues traces luminescentes alors que je tournais de plus en plus vite sur moi-même, pour faire du bruit, pour créer une apparence de calme.  

 

Je baignais donc dans ma piscine écornée, écopais de mon corps de grandes brassées de sueur inodore, repoussais loin les étoles trempées que j’avais pensées gages de mon sommeil tranquille.  

 

Il n’y avait plus rien à faire, les larmes au bord des lèvres, que de regarder la table du banquet, en renonçant, en acceptant les piqûres inévitées et le bruit des scolopendres trottinant sur le carrelage tiède, en se fixant sur le magma phosphorescent des lumières mélangées à la hâte. 

 

Il n’était donc plus temps de dormir.

commentaires

Ciel bouché

Publié le 11 Octobre 2006 par Luc dans Gwellañ war 1992-1993

7 décembre 1992

 

Nous sommes au ciel, 

Sur les trottoirs poisseux 

Aux filles de fiel, 

A l’air crasseux.  

 

Nous sommes au ciel 

Sur les trottoirs collants 

Qui affranchissent le miel 

De tes bas tombants.  

 

Oui nous sommes au ciel 

Quand tes bas filent, 

Tirebouchonnent, et moi allumé 

Sur un trottoir luisant et vanné.  

 

Oui nous sommes au ciel 

Quand ton sourire contraste 

Avec les loupiotes pâles 

Dans tes cheveux épars.  

 

Il y a du spectacle dans la rue Lantier, 

Celle où l’on dort gratis. 

Les accordéons crachent du pastis 

Et on se marche sur les pieds.  

 

Sous le ciel bouché, 

Ta présence disparaît, 

Ton trottoir s’efface ; 

Je t’aime et tout se casse… 

commentaires

Gerbe

Publié le 10 Octobre 2006 par Luc dans Gwellañ war 1990-1991

30 juillet 1991

 

Une soirée de plus, où la ronde des verres 

Remplaça les paroles futiles, 

Qui me vit plutôt silencieux, 

A l’écoute et à l’intelligence 

Des autres verres, piètrement stylisés. 

Nous fûmes bons, ressentîmes clair 

Ce peu de douleur qui nous fait exister, 

Ainsi que le peu d’amour 

Se dégorgeant de nos hypocrisies continues. 

Nous vomissons. 

Nous devenons pierre friable. 

Nous nous gerbons. 

Nous devenons presque… aimables… 

Haïssables. 

Malades à crever. 

commentaires

Sommeil

Publié le 9 Octobre 2006 par Luc dans Gwellañ war 1990-1991

10 août 1990

 

Avancer un peu plus, encore un peu vers un vrai sommeil. 

L’horizon se retire, humble dans la nuit 

Que je ne fais qu’apercevoir. 

C’est un flou qui domine, sans réelle densité.  

 

Et je m’évapore moi-même en son sein mielleux 

Qui m’en fait souvenir d’autres, plus joyeux… 

Martèlement, glissement vers l’horizon 

Où crabes et ivrognes iront s’enliser dans quelques heures.  

 

Il n’est plus qu’à patienter ; ce ne sera plus long. 

Tout ralentit ; le vent lui-même cesse d’affoler les moustiques 

Qui redoublent pourtant d’efficacité meurtrière.  

 

Le marais asséché est proche, et les sables des cafés 

Le comblent aisément. Boire un peu plus, 

Encore un peu pour accéder au vrai sommeil. 

commentaires

Unions

Publié le 6 Octobre 2006 par Luc dans Gwellañ war 1994 ha trifarzh 1995

28 juillet 1995

 

C’est dans la crainte que je tourne autour de l’ombre et de la fraîcheur ; vers la première, je lance des appels que nulle réponse ne vient faire cesser. Les bouffées de fraîcheur lacèrent ma gorge qui cherche le liquide. Une fois de plus, je me trouve à la croisée des chemins, frappé à toute botte par l’indécision. Vais-je reprendre ma course dans les alizés ensoleillés et phosphorescents ? Vais-je à nouveau m’asseoir dans l’ombre, dans une quiétude apitoyée, beuglant mes prières à quiconque pour une simple réponse ?  

 

Il aurait fallu choisir le bac à légumes, mais les yeux fuient sans se retourner. Je suis affolé cette fois. En cet unique instant, je m’étais préparé au départ, en éprouvais même, par images stroboscopiques et syncopées, une certaine joie. Le voyage m’attendait. Mais soudainement, la destination se fait floue, s’irise en chaloupant dans le bleu du plafond. Je rame encore amarré, un corps découvert par la marée, un corps mort mouillé au large de la cale où se croisent les chemins [1]. Je tourne, scrute… Le découragement me gagne car l’ombre demeure sourde, mais accueillante, contrairement à l’autre soleil qui ne cesse de me martyriser les tympans, faire chuter les larmes de mes tempes. Je n’ai pas peur mais une angoisse suffocante me tenaille invariablement, et m’astreint finalement à l’immobilité. Où trouver une solution ? Je suis seul, mélangé aux cigales, aux cors et violons qui entonnent régulièrement une apologie de la chute. J’appartiens dès lors au bruit ambiant, car comme lui je suis régulier. Je suis un silence quand je ne me suis qu’un hurlement intérieur, de nervosité certainement.  

 

Choisissons l’ombre… J’en ai retiré le premier pied sitôt que mon appel n’a rencontré aucun écho… Cela est coutumier.  

 

Allons vers le soleil donc ! Avec ce petit astre roi, j’ai fait l’effort de me faire autre (ou foutre, ce qui revient au même…), mais on profite de ma faiblesse. On me tance pour ce que je n’ai pas fait, ce que je n’étais pas sensé faire, pour ne pas avoir fait ce qu’on ne m’a pas demandé de faire. Un adepte de la facilité tel que moi ne pouvait s’y tromper : on m’héberge, me nourrit, l’arme était trop belle pour que l’on ne s’en servît point. Ils ne s’en sont pas privés. Mais qu’importe, l’esclavage, même simplement intellectuel, possède une fin, une voie sans issue à son chemin.  

 

Chemin… chemins… Tiens, tiens… après mes folles envolées sélénites, je m’y retrouve, sur ces chemins… toujours aussi désemparé. J’ai suivi les unions des autres comme je précéderai, dans l’apparence seulement, le cortège de mon enterrement ; là encore, je ne ferai que suivre. Mais alors, je me ferai engueuler pour quelque chose que j’ai fait…  

 

Illusoire remugle d’adolescence que de prendre cette noire image du chantage à la mort ! Adepte de la facilité vous disais-je ! Ne pouvant choisir (un choisisseur sachant choisir ne choisit jamais sans… qu’on lui donne le choix, justement), je vais rester là, en rade, attendant la prochaine tempête, qui surviendra lorsque des unions rompront ma solitude à demi-voulue, tout à l’heure… Alors j’affronterai les éléments, comme d’habitude, ferai volte-face et le ménage, mettrai la table et ma fierté de côté, ravalerai la façade et ma bile, tondrai la moitié de mon crâne et la pelouse. Je crame dans des senteurs de pétard mouillé, comme les yeux de ces unions.  

 



[1] Pour la première fois depuis 1988, je n’étais pas retourné en Bretagne cet été là… Finances exsangues à la fin de l’armée obliges…

commentaires

Besoin

Publié le 5 Octobre 2006 par Luc dans Gwellañ war 1994 ha trifarzh 1995

27 août 1994

 

Comment l’avouer ? … C’est si dur… Comment s’abaisser au commun ? … Ce serait trop drôle… Comment accepter cette injustice ? … C’est malheureux…  

 

Comment trouver la parade ? … C’est si dur… Comment y accoutumer la vie ? … Ce serait trop drôle… Comment un seul m’a-t-il fait choir dans ce gouffre ? … C’est malheureux…  

 

Comment croire un instant que cela arrangerait les choses ? … C’est si dur ! … Comment croire une seconde que « ça » en serait capable ? … Ce serait trop drôle ! … Comment l’avouer… j’ai besoin d’une femme… C’est malheureux… 

commentaires

Rêve IV Kakšni boji !

Publié le 4 Octobre 2006 par Luc dans Gwellañ war 1992-1993

Il me suffit d’appuyer sur l’air pour m’envoler. Je concentre mes mains sur l’air et pousse. C’est donc le moment de parler de sexe… 

 

Un grand mur de feu dû à un simple effort de pensée, réduit en cendres. De petits singes parcourent le brasier pour se jeter sur les grilles à l’autre bout de la pièce. 

 

En haut d’escaliers romans, je domine la scène et compte les points.  

 

Un fantasme s’évanouit. Un singe est plus petit que les autres. Dans un rire sarcastique de tous, je m’esclaffe : « C’est quoi, ce nain ?! »… qui finit par vaincre. Le mur de feu n’a jamais été aussi puissant.  

 

Je vais détruire tout ce qui se trouve derrière. Mais des formes blanches et translucides déciment mes troupes. Je ne comprends pas : quel combat ! [1]  

 

Un combat inutile… Plus j’y mets de force, plus je perds.  

 

Alors j’appuie sur l’air et m’envole, en roulé-boulé ; le monde se renverse et le feu me submerge, crépite dans mon impuissance à me libérer du vol.  

 



[1] En référence masquée au « Kakšni boji ! » de Laibach dans « Sredi bojev ». 

commentaires

Ratage

Publié le 3 Octobre 2006 par Luc dans Gwellañ war 1992-1993

15 octobre 1992

 

Il s’agit donc ici de prémices d’échec, qui me forcent à l’inaction.  

 

Un rythme haché et inachevé m’entraîne dans des directions insensées, des percussions métalliques de tôles froissées, dans une atmosphère de crachats et de verre brisé.  

 

Je vois ton visage ; je vois ta sœur et la mienne, ce navire où ma seule utilité était de te servir de faire-valoir ou de matelas [1]. Tu m’enflammes et j’y perds quelques forces, mais je peux fuir, toujours… 

 

Quoique l’envie de venir te retrouver me pèserait de temps à autre…  

 

En as-tu réellement envie ? Je me et mens à tous sur ce point, dans une sorte de désespoir hautain et mondain, lorsque les stridentes sonneries d’alarmes m’arrachent les tympans.  

 

Le fracas cesse. L’épouvante demeure, telle moi, crispé sur les mâchoires, époumoné, bancaire… Certains yeux s’enfoncent dans les orbites plus bas que la racine des pissenlits : les nôtres. [2]  

 



[1] Christelle aimait à se lover ostensiblement sur moi lorsque nous prenions le bateau entre l’île d’Arz et Conleau, sur lequel travaillait Sandrine, sa sœur et mon ex-amie… 

[2] Nous avons mangé notre amour par la racine avec Christelle… 

commentaires

Troisième victoire

Publié le 2 Octobre 2006 par Luc dans Gwellañ war 1990-1991

6 juillet 1991

 

Une fois encore, j’ai vaincu… 

Le sort et le doute. 

Je suis faible et froid, 

Mais les ressources me sont venues 

D’on ne sait où. 

J’ai fini par vaincre, 

Alors que je suis lent lorsque tu es là, 

Me forçant à la défaite. 

Le sang de ta bouche m’a souvent fait disparaître, 

M’a souvent défait, pour toujours pensais-je.  

 

Nous ne bougerons plus. 

Ton corps est ouvert. Nous dormons, 

Et le sol s’ouvre, nous tomberons. 

Je suis de pierre, tes yeux autour de ma défaite. 

Je disparais. Je me laisse couler en deçà de ta peau. 

Qu’étais-tu ?  

 

Regarde, contre le mur, il y a une mémoire. 

Celle de ma victoire [1].  

 



[1] Oraux de licence réussis, en route pour la maîtrise. 

commentaires