Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Selle

Publié le 28 Février 2007 par Luc dans Jours décisifs (du 6-1 au 5-3-97)

10 janvier 1997

 

J'ignore ce qui s'est produit, mais toujours est-il que je me réveillai très correctement, d'humeur stable ; rien n'était à déplorer, exceptée la journée supplémentaire qu'il allait falloir vivre. Le petit déjeuner se déroule sans encombre, et soudain, miracle ! Une envie de dépenser quelque temps à la selle... L'événement est suffisamment rare pour être noté...  

 

L'ennui résida dans sa répétition à intervalles rapprochés et douloureux, qui me laissa vidé et enfiévré, incapable de penser ou de me mouvoir sans tituber. Entre sensation de faim et faux-semblants de vomissements, je ne parviens pas à tracer la frontière, tout comme entre envie de boire frais et refus stomacal d'ingurgiter quoi que ce soit.  

 

Sans appesantir la description, il existe simplement de ces matins douillets, peuplés de rêves érotiques et d'alanguissements sous les draps, d'étirements félins en plein de flemme, qui se terminent... merdiquement. D'autant plus perfide que l'engourdissement cérébral devient tel que je n'arrive pas à ouvrir le tiroir de la matière grise pour retrouver ce rêve de la nuit dernière, qui me semblait fort intéressant et m'avait retiré une sacrée épine du pied en me donnant un sujet de rédaction ; tandis que là, je me vois obligé de raconter n'importe quelle connerie pour finir cette putain de page ! 

commentaires

Immobile

Publié le 27 Février 2007 par Luc dans Jours décisifs (du 6-1 au 5-3-97)

8 janvier 1997

 

Une explosion sourde en plein centre de la partie supérieure de mon crâne : une monstrueuse goutte d'eau froide vient de s'y écraser en faisant éclater les tympans. Elle n'était que précurseur, car maintenant des trombes d'eau me noient le visage, ruisselant. Je rabats un revers du col pour me protéger la gorge et suis alors le marin solitaire sur les contrées infinies du bitume, agité par des vagues d'immeubles de quatre-vingts pieds, ballotté au fond de creux souterrains dont on ne voit pas le bout, et des ponts juchés sur rien barrant le vide. Des messages de regards furibonds jetés en travers ne parviennent à personne, qui se contente d'écarter son parapluie pour ne pas m'éborgner, quand j'en suis démuni.  

 

La plainte murmurée qui franchit mes lèvres ressemble plutôt à un roulis d'insultes, à la ville et au climat de gogues ; il s'agit tout de même de se lamenter, pour ne pas oublier que seul soi existe ici-bas.  

 

Les pieds et la tête trempés, il le fallait peut-être : je suis réveillé et actif, enjoué comme d'habitude, flairant l'illusion et la supercherie dissimulées sous le masque de l'autorité. Un jour passera encore de son inutilité évidente, que je ne contrarierai pas d'actions d'éclat, d'éclats tous courts d'ailleurs, de paroles non plus. Je resterai là, silencieux dans les blagues souriantes que je sortirai, et hurlant sur le toujours même oiseau qui traverse mon champ de vision. 

commentaires

Michelle

Publié le 26 Février 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

7 janvier 1997

 

Une erreur un peu bête et la cabane tombe sur le chien. Le coup ne fut pas porté durement, mais il fit mal. L'orgueil et l'absurde croyance selon laquelle j'aurais eu le bon entre mes mains, auréolant mon crâne de dolichocéphale, s'en ressentent les premiers. Ne sachant que faire ou dire devant l'évidence de ma faiblesse torturée, mieux valait ne pas s'entêter dans l'image trop belle que j'avais de mes force et capacité, réapprendre très vite l'humilité. Prendre sur soi, encore ; perdre l'égalité et la vision de soi qu'avait le monde.  

 

Ce matin, les yeux en couilles de rat musqué, j'oscille entre le vert et le rouge de la honte. Le ciel, quant à lui, hésite entre le gris-bleu. Je vais tout mélanger, tiens ! Fidèle à mon esprit artistique consommé... Je n'ose imaginer quel cacadois va en ressortir, mais qu'importe : maladie, honte et indifférence sont des mots qui vont très bien ensemble, très bien ensemble... Laaa Laaa Laa Laaa...  

commentaires

Reprise

Publié le 21 Février 2007 par Luc dans Jours décisifs (du 6-1 au 5-3-97)

6 janvier 1997

 

Une reprise, dans le froid et le rêve, quand le retour avait paru impossible, pour cause de trop grand détachement d'un quotidien altéré. Nous fûmes presque vrais lorsque buvant à perdre la faim, nous laissions vagabonder nos esprits dans la liberté d'une discussion hachée de jurons, sans intérêt autre que celui de l'avoir vécue. Nous ressentîmes la vitesse du temps écoulé sans cependant nous soucier du lendemain. Couchés à dix-huit heures, debout à vingt-trois, ou encore respectivement à quatre et treize.  

 

Tout se décalait et les corps s'alourdissaient d'abus marqués sur les peaux. La fête, pour continue qu'elle fut, n'en induit pas moins sa fin en elle-même. Alors le retour, alors le repos en retombant... alors le rêve que nous dormions sur les lieux d'une fête passée.  

 

Sur une terrasse avec un ami, j'ôte mon tee-shirt pour offrir mon dos au brunissement du soleil. Puis elle arrive, pressée, ou plutôt me pressant de terminer. Je remarque une cafetière pleine, en félicitant intérieurement la maîtresse de maison de cette attention. Mais le café est froid, me vrille l'estomac, et il faut se presser. Elle est habillée en cheminée. Je me prépare à clamer que l'on est pas aux pièces, de manière à prendre tranquillement le petit déjeuner quand brusquement le réveil sonne, et marque à la fois la fin de mon rêve de petit déjeuner et le temps venu de celui-ci, bien réel cette fois. L'interférence est flagrante. On me prive de l'un pour me confier à un autre...  

 

Ce doit être le cours normal de la vie qui reprend, après l'oubli, les songes d'un temps si agréablement perdu. 

commentaires

Vendredi

Publié le 20 Février 2007 par Luc dans Sourires jaunes (du 25-3 au 21-6-96)

14 juin 1996

 

De fines particules se propulsent dans l'air, dans le plus grand désordre, en chaos indescriptible... semblait-il. Car il m'apparaît soudain que l'effroyable pagaille pourrait tout aussi bien n'être qu'organisée, mais insaisissable par le pauvre marcheur que je suis. Depuis que ces particules, ou animalcules microscopiques, occupent du sol au ciel, ne suis-je pas tuberculeux, bouffi et éreinté, malgré le sommeil ? N'est-ce pas là un but, lorsque les yeux se gonflent comme ceux d'un noyé ? Je rejette cette nature hostile à toutes forces...  

 

Mon monde, lui, a l'apparence de l'organisation, mais il se brésille. Le socle se fend, et je sens venir sa fin, sans savoir si une braise restera curieusement allumée après l'incendie éteint dans la boue ; sans savoir si pourront le faire renaître ces damnées... que je ne manque pas de... scrotome. 

 

 

commentaires

Le couple sans le vouloir

Publié le 19 Février 2007 par Luc dans Sourires jaunes (du 25-3 au 21-6-96)

13 juin 1996

 

Des fracas lointains, de verre et de bois brisés parviennent jusqu'à mes oreilles, auxquels se mêle le ronronnement démesuré d'un moteur percé de gouttes d'eau. A l'ensemble de l'orchestre nocturne s'ajoute encore le crissement hallucinant d'une hélice torpide qui s'obstine à tourner à toute vitesse lorsqu'aucun souffle de vent ne vient caresser les visages moites. Un calme inquiet y succède après quelque temps, pendant lequel rien ne se produit. La peur pourrait étendre ses bras amoureux et me serrer affectueusement, mais rien ne change, dans cet espoir craintif de la communauté de vie, immédiatement contredit par l'envie paroxystique de ne pas être dérangé.

commentaires

Grand messe

Publié le 16 Février 2007 par Luc dans Sourires jaunes (du 25-3 au 21-6-96)

12 juin 1996

 

Je refuse la grande fête, la grand-messe où tous se retrouvent avec joie... et obligation. L'amusement, le sourire sont convenus par avance. La parole sera, selon sa place, scandée, respectueusement obséquieuse ou pleine de flagornerie, ou encore absente. Il me semble avoir toujours vécu cette compromission, mais maintenant, je préfère m'isoler, couper d'une lame sèche et tranchante l'éventualité des liens qui auraient pu m'unir à ceux-là, qui se retrouvent, dont l'unique souci consiste à ne pas commettre la moindre malséance de table devant leurs congénères.  

 

Je m'éloigne de cet hypothétique esprit d'équipe. D'aucuns diraient que je m'exclue... Le terme libère me paraît plus adapté. Nos idées ne sauraient être que différentes et incompatibles, pareillement à nos lectures ou notre musique.  

 

Enfin, si je puis garder un visage de marbre pendant cette épreuve sublime de bêtise, de vacuité absolue de vérité, la fureur de mes yeux ne se cèle pas. Le réalisant, je me morfondrai, crisperai les lèvres... en ne soulevant l'attention de quiconque à ma gêne. Alors, dans ces conditions, il valait bien mieux que je restasse dans la fraîcheur, dans cette liberté confinée qui est mienne. Le faux sourire disparu, lorsqu'il n'y a aucune raison de se réjouir ou de s'emporter, donc de sourire, je ne regrette rien. 

commentaires

D'un pas sûre

Publié le 14 Février 2007 par Luc dans Sourires jaunes (du 25-3 au 21-6-96)

11 juin 1996

 

Je suis revenu à la profondeur du regard et à la parole difficile. L'abysse des orbites sombres et renflées s'oppose à l'apoplexie des yeux... exorbités, bien qu'enchâssés comme des graviers dans une plaie.  

 

[N.B. :il est certain qu'une émeraude incrustée dans une merveille de la statuaire, écrin touchant au beau et au divin, eut été de meilleur goût, mais...]  

 

Les zébrures d'ombre se penchent sur mon berceau, agitent ma grenouillère-suaire de pensées obscènes et violemment tournantes, quand je ne souhaiterais qu'un petit courant d'air pur. Telle une fée ordinaire, l'ombre fuit devant la course périhélique de la tête brûlante qui règne là-haut.  

 

Quant à moi, écrasé comme tous, l'ombre jaillissant de chaque pore dilaté, j'accélère mon pas sûre vers le néant.  

commentaires

Esthète dans la brûlure

Publié le 8 Février 2007 par Luc dans Sourires jaunes (du 25-3 au 21-6-96)

10 juin 1996

 

Demeurer esthète dans la brûlure, quand le corps s'inflige lui-même une augmentation de quelques degrés de sa température. Mon cerveau sensible s'attache à la faire baisser, craintif qu'il est de tout échauffement emporté, qui ne pourrait que causer la venue immédiatement subséquente de la honte. Le visage tuméfié et le corps cuit, j'achève de me consumer sur le brasier du jour.  

 

Ahuri de désolation, je vois la corruption gagner imperceptiblement les sommets. Caché et jamais poursuivi, il me faut observer le monde par une mince fente, perché sur une pile de papiers. Où que je me détourne de cet interstice lumineux, tout n'est que papier et suffocation.  

 

J'enlèverai alors ma peau et fermerai les yeux pour oublier la poussière qui me pique la gorge. Ma peau servira d'étincelle pour allumer le feu dans la pièce sombre, le bûcher trépané de la longueur du temps. 

 

 

commentaires

Finalement...

Publié le 5 Février 2007 par Luc dans L'amour de l'erreur (du 14-5 au 30-7-03)

28/30 juillet 2003

 

… ce n’était pas si mal de terminer ce chant hasardeux, cette cataracte d’un an, sur une déception totale. Là où je ne voulais déceler que mystère, attirante intrigue, il n’y avait que du vide. Là où je ressentais un mal-être à partager, il n’y avait qu’ambition ridicule, arrivisme sans mesure, et où l’énigme m’interrogeait, finalement une incurie puérile m’a répondu.  

 

Tu as cédé à la chair par utilité. Tu ne pouvais faire pire à mes yeux, et je comprends dès lors ton éloignement progressif, pour connaître mon jugement sans rémission sur de telles choses.  

 

Tu es donc sale et difforme, mais à la nouvelle, j’ai souri, plaisanté ou parlé avec une gravité dénuée de drame, comme tout à chacun… Je me suis étonné de ma force dans la désolation de mon erreur absolue d’observation et de jugement. Trop fort à cet instant pour que je t’aie encore aimée. 

 

Tu disparais déjà. Tu n’es qu’une ombre, une année perdue, un avatar sans grâce de mon insatiable besoin d’aimer. Tu n’es plus qu’un visage qui se fond dans l’éternité de l’oubli, une lubie.   

 

Ce chant compte une bien triste fin, sordide. 

commentaires
1 2 > >>