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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Liaisons

Publié le 20 Avril 2012 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

Assis, abasourdi par l’absence de violence d’un effort long et continu, je regarde les heures former leurs signes réguliers.

 

Je pars souvent dans un rire sans cause, pour tenter la joie, la séduire quand rien ne saurait l’attirer. J’ouvre la bouche plus grand pour mieux m’esclaffer de ce qui n’a pas de cause, un exutoire nécessaire en somme...

 

Je souris plus désormais, sans cause, pour tenter l’amour que les autres pourraient me porter, les amadouer... Je montre mes dents plus qu’avant pour mieux consentir au bonheur de ceux qui n’ont pas de cause ; un purgatoire faussaire m’assomme.

 

Je blanchis plus qu’à mon tour, avec raison, pour avoir tenté de feindre, de masquer ou déformer une réalité étirée. Je pâlis tourmenté pour m’assoiffer d’une quête de cause, l’offertoire de misère qui me somme...

 

D’en finir.

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R19 Accostage

Publié le 19 Avril 2012 par Luc dans Anne (du 19-11-03 au 5-4-04)

De retour en Bretagne, nous naviguons tranquillement dans le Golfe du Morbihan. A mon grand étonnement, la famille est de nouveau réunie, sous un franc soleil et le ciel encombré de cris de mouettes. Après un temps indéfini, la mer commence de s’assombrir en même temps que toute la luminosité décline. Le silence nous recouvre maintenant de toute sa lourdeur et je pressens que la tempête est proche. J’imagine déjà le ciel jaune dans la chaleur étouffante, qui doit virer au violet lorsque la queue de tornade viendra creuser son sillon sur la mer et la terre. Alors nous serons avalés par la mer…

Mais rien de tout cela, puisque nous nous retrouvons, mon père, ma mère et moi, sur une défense d’accostage, ressemblant à un énorme ballon blanc, que mon père tente désespérément de manœuvrer. Oublié le bateau… Nous devons avoir fait naufrage, mais je ne me suis aperçu de rien. Je n’entends même pas les clapotis de l’embarcation de fortune, mais constate que nous sommes très proches d’un embarcadère. A mon grand étonnement, ni mon père ni ma mère n’esquissent le moindre mouvement en sa direction. Alors je me lève sur le ballon mou, tout en me surprenant de cet inhabituel équilibre, et prononce haut :

 

- Puisqu’il faut que quelqu’un prenne une initiative… -

 

… Je bondis alors sur la terre ferme et regarde plus dépité qu’amusé ma mère inerte derrière mon père s’escrimant à faire faire demi-tour à la défense pour se diriger vers l’autre bout de la cale. Il y parvient enfin et soulevant ma mère par les aisselles, à bout de bras, la débarque sans ménagements. Elle reste immobile à l’endroit même où elle a été posée. Puis mon père laisse dériver le gros ballon vers moi, et semble solliciter mon aide pour monter à son tour sur l’embarcadère. C’est du moins ce que peuvent laisser penser ses bras tendus vers moi, ses mains ouvertes.

 

Je ne réponds pas à la demande, ayant réussi sans la moindre difficulté à sauter de la défense sur la cale. Alors je ne fais rien, demeure les bras croisés en constatant ces bras tendus sans visage ni regard.

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Transmission de données

Publié le 18 Avril 2012 par Luc dans Rupture (du 1-11-99 au 26-4-00)

NDLA : comme souventes fois par le passé, je demeurais silencieusement amoureux, attendais patiemment que le silence et les non-dits rongeassent la relation jusqu'à la pourrir jusqu'à la moëlle, puis une fois la rupture consommée dans la souffrance, je me décidais à parler à ma compagne, en lui confiant mes écrits la concernant, nous concernant. Voici donc un exemple parfait de lettre qu'il ne faut absolument pas se mettre en position d'envoyer !

 

E.,

 

Voici donc ces quelques trois années... Variables et diverses dirons-nous...

 

J’imagine que tu te reconnaîtras dans bien des opuscules, pour lesquels tu me verras plus à nu que jamais. Cela dit, je n’aurais pas pu faire le tri.

 

Ne m’en veux pas de certains fantasmes continus (que tu remarqueras par toi-même) ou de délires érotico-éthylo-mystico-inavoués : je te rappelle que j’écris sur l’instant et ne retouche jamais mes textes. Dès lors, certaines paroles qui confinent à l’acte peuvent être mal interprétées, particulièrement te concernant, ou plus exactement bien interprétées, mais sur un instant seulement, désormais et irrémédiablement passé.

 

De la même manière, en adepte de l’autosuggestion, mon écriture est sensée me convaincre du bien-fondé des positions qui s’y trouvent, auxquelles j’ai pu aboutir de façon spécieuse ou détournante, quand bien même je n’y croirais pas une seconde !

 

Tu ne découvriras peut-être pas grand-chose sur l’être un temps côtoyé, mais sûrement soupçonneras-tu ses pensées d’alors et maintenant... Après tout, n’es-tu pas celle qui me fait réfléchir, cette petite muse volage qui harcèle mon esprit lourd et dépassé ? ...

 

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Belle

Publié le 17 Avril 2012 par Luc dans A la recherche de L (du 6-11-02 au 30-1-03)

Je marchais dehors, sous un crachin que j’aimais, mais les traits sombres et bouffis sans le reflet d’une lumière venant du plafond, froide et agressive, la seule qui me rende regardable.

Je déambulais donc, sans but ni attrait, et la sensualité me rappela à elle, irrésistiblement. J’eus l’idée d’aller voir une fille, que je trouvai…

 

Je pénétrai la chambre aux fenêtres sans rideaux. La pâleur glacée des étoiles hiémales se projetait en large champ vers le lit où elle était allongée. Aucun sens ne m’alerta outre la vue. Sa chevelure brune et épaisse glissait jusqu’à ses épaules bleues. Dormait-elle ? Son visage n’était pourtant pas fermé, ses joues pleines encadrant ses lèvres de métal que surmontait un petit nez retroussé, scindé en parfait équilibre d’ombre et de lumière grise… Ses yeux étaient clos, et peut-être par l’interstice laissé par les paupières feutrées, pas tout à fait reposées, ainsi que les enfants le font lorsqu’ils feintent le sommeil ou jouent à colin-maillard, voyaient-ils les seins ronds aux auréoles blanches, réels et déportés vers l’extérieur… contrairement à d’autres plus hâlés et trop fermes pour être honnêtes, que je constatais tristement continuer de pointer vers le ciel même dans l’alanguissement. Les bras joints au corps faisaient oublier les mains trop proches des hanches, dans l’obscurité, pour que je ne remonte bien vite vers le ventre plat, ne semblant animé que du souffle de la lune glacée. Je délaissai alors la fine et courte toison noire ainsi que les moirages des jambes serrées sur le drap trop clair, tout me désignant la direction du fauteuil où je devais déposer mes propres oripeaux.

 

Je me dévêtis donc, rendant dès lors les clartés plus blafardes que pâles, et me livrai à l’oubli du crachin, des loupiotes sans fondements des périodes festives.

 

C’est tandis que je parvenais à un plaisir médiocre, dans le clair-obscur voyeur de millions d’étoiles, que tu me crachas au visage, sans ciller, sans qu’un trait de ton visage si calme trahisse quelque sentiment.

 

Devant ma colère, tu ne réagis pas. Tu me parles silencieusement de manque d’amour, ou plutôt, devant ma souillure, d’absence d’amour. Tu me parles silencieusement du principe d’Archimède, et le rapportes au fait que tu es morte et pleine de la semence de tous ceux qui m’ont précédé. Tu es morte et les niveaux ont été dépassés. Tu es une cuve que j’ai fait déborder. Tu es morte et m’as craché en pleine figure… cette satanée odeur de salive et de sperme mêlés qui change selon que l’on embrasse ou que l’on se voit jeter le mépris et la honte à la face.

 

Tous deux aussi pâles l’un que l’autre, je me demande si je suis plus vivant que toi.

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Toujours une veille

Publié le 16 Avril 2012 par Luc dans E trouz an amzer (du 1-8 au 15-11-03)

J’ai chuté devant la couleur joyeuse, mouvante,

Puis ai déploré ma laideur, gueuse navrante.

Alors je suis reparti sur des océans

Verts de Borovićka, en maître de céans.

 

Ma maison est bien sombre ; elle paraît sentir

Le moisi d’un coin d’ombre, ce qu’il faudrait quérir

De pourriture noble, le tanin éreinté

De cette vision double, toute ivre et dépitée.

 

La couleur orange heurte encore mes yeux

Gonflés que démange l’image d’un prie-Dieu

Evoquant mon âge et mon corps déformé.

 

La couleur noire de mon âme désaimée

Va lutter ainsi deux fois, entière, désarmée,

Pour me convaincre de me jeter sur ce pieu.

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Image

Publié le 13 Avril 2012 par Luc dans Gwellañ war 1992-1993

Cette image de moi pendu

Me reste en mémoire.

J’imagine une personne connue

Ou non, ouvrir, et découvrir

Le désolant spectacle de celui

Dont les sphincters se sont relâchés

De par l’effet de la mort.

 

S’interroger sur la cause

Rendrait l’acte ridicule…

Peur de l’échec,

Peur de la femme,

Crainte du silence

Lorsque la musique se termine,

Et qu’avidement le doute

S’empare de tout ce qui n’est éclairé.

 

J’ai abandonné bien des amis,

Comme aux-mêmes, admettons-le sans regret,

M’ont délaissé. J’ai souillé

Tant et trop peu de femmes

Pour mériter la mort qui s’offrait

Ce soir, les jambes écartées, telle une invitation.

Tout retombe dans le maintenant,

Dans une solitude à combler par le rappel

D’un public huant et puant… à mon image…

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Petit nabot bleu

Publié le 12 Avril 2012 par Luc dans Gwellañ war 1990-1991

NDLA : ce sobriquet qu'utilisait l'infâme Gargamel à l'encontre des petits Schtroumpfs dont Michel Serre a démontré le totalitarisme rampant de la société (le gourou au bonnet rouge, l'arienne Schtroumpfette, le Schtroumpf à lunettes Trotsky, etc.), se trouvait également être celui dont m'affublait mon excellent ami Philippe Bouliol voici une vingtaine d'années !

 

Je perds le contact…

Tendre et mou, j’avance sordidement

Sur la ligne qu’on m’a tracée.

Je la suis, ne sachant agir autrement.

Vain, floué et quelque peu dépité,

Je finis tout de même par avancer.

Cela me fait un peu rire, car je ne suis

Rien. Rien de plus qu’une chose

Qui meurt en ta proximité.

Un hoquet sanglant se transformant

En un infâme glaviot rougeâtre…

Mais j’expulse mal-être et vilenies

Comme le trop-plein de mon estomac,

A travers les caniveaux.

Je vis, limité par la résistance

Parfois sommaire de mon estomac.

J’hérite ce qui m’est dû : une loque affable.

Adieu va, tout est inutile…

 

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Hésitations

Publié le 11 Avril 2012 par Luc dans Gwellañ war 1988-1989

J’air peur,

Ses réactions m’effraient…

J’ai peur,

Et elle m’étreint…

 

Tout reprendre,

En quelques mots,

En quelques gestes ;

Trop simple et trop beau…

Est-ce qu’il reste

Ne fût-ce qu’une chose à défendre ?

 

Recommencer,

Ne pas refaire

Les mêmes erreurs,

Les mêmes cassures,

Sans, cette fois, les couleurs

Ensanglantées.

 

Etre enfin sûr

De quoique ce soit,

Devant le mur

Où nous nous ébattîmes

D’un plaisir de roi…

Alors avec les crimes

De la naïveté.

 

Un nouveau départ,

A supposer que cela

Ait vraiment commencé,

A supposer, par hasard,

Qu’il eût une fin assénée

Ou un début coi…

 

Refaire les mêmes pas,

Nos mains blêmes serrées

Comme l’on étreindra

La corde qui nous

Empêchera de chuter

Quand nous deviendrons fous.

 

Ensemble jusqu’au fin fond

Des gouffres aventureux

Et des Enfers luxuriants,

Des jours ténébreux

Et des nuits de cercles sons

Jouant en souriant…

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Condamné

Publié le 10 Avril 2012 par Luc dans Gwellañ war 1985-1987

Cette indicible fatigue

L’astreint à la mortelle fugue ;

Son corps attiré vers le bas,

Il l’a porté à bout de bras…

Mais ce corps déjà inutile

Dont la putridité s’empare

Ne reste pour lui qu’une tare

Sans vie et sans plaisirs futiles.

 

La guillotine guillerette

De l’affligé tranche la tête

Quand le crépuscule décline

De mauves lueurs assassines…

Dès lors tressaille son échine

Sous une peau blanche comme farine.

De l’avoir un jour trop aimée

S’est perdu par ce bras armé.

 

Il reste seul, ce condamné,

Solitaire comme un damné,

Verse des larmes surannées

Et s’imagine trépané…

A son grand voyage affrété,

C’est lui que la foule a fêté

Lorsqu’est tombé le couperet,

Avec lui, son dernier reflet.

 

Et jusqu’à leurs derniers relents,

Les cieux vomirent leur allant

Quand la lame fut éclairée

D’un ultime rayon dardé,

Comme si passée la lueur

Aurait surgi l’enfer voleur…

La tête roula la poussière,

Elle l’embrassa, face à terre,

Baiser une dernière fois,

Sans regrets, sans mémoire, sans foi.

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Merci

Publié le 6 Avril 2012 par Luc dans Deuil emmuré (du 4-5 au 27-7-00)

Avant que de balbutier mon ressentiment sans cohérence, je voudrais te remercier, toi par qui la pression de me remettre à l’ouvrage est venue, toi par qui le désaccord s’est offert une nouvelle naissance dans la douleur.

 

Je voudrais te dire voir un tunnel étrange. Il n’est pas sombre, ni souterrain, non ... Lorsque je m’allonge sur le dos, hésitant entre le sommeil et la position du gisant, je peux le voir, là, comme extrait d’un nœud d’une poutre de bois. Droit devant mes yeux, son ouverture s’impose vers le ciel que l’on devine au travers de la toiture.

 

L’échappatoire existe donc, mais alors, dans cette posture, je ne saurais que demeurer immobile, incapable de me jeter dans l’interstice tant attendu. L’issue d’évasion s’ouvre, c’est le vagin inerte de ma sauvegarde, mais n’est-il pas de nature que l’on en sorte sans jamais y revenir ?

 

L’accordéon crevé achève sa lamentation aigrelette sur le sol brûlant, et mon dos termine de cuire sur la plaque qui ne reflète plus l’entrée du tunnel.

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