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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Voeux festifs 2013

Publié le 31 Décembre 2012 par Luc dans Année de fuite (du 18-5 au 31-12-12)

La journée est étrangement douce, après une apocalypse nocturne de ballons bleus en avalanche aussi stupide que meurtrière. Le calme règne, et j’y soupçonne plus le luxe que la volupté. D’ailleurs je soupçonne tout le monde lorsque s’approche la torture des cent vingt décibels cristallins des coupes ou flûtes qui s’entrechoqueront bientôt, des craillements d’orfraies ivres et des rires désirés spontanés, trop près de mon visage impavide, trop près de mes oreilles pendantes reliées par la nécessité sociale d’un sourire idiot.

 

Je déglutirai en grimaçant ce champagne que je ne déteste finalement pas plus que les effusions ponctuelles. « Tout ça c’est des agencements… » disait un Deleuze au diagramme parnetien fou & Co... Mais ces arrangements tiennent-ils face au réel ? Je m’esclaffe, comme Maximien Hercule devant les velléités festives d’Amandus et Elien (qui se terminèrent en intense barbecue d’ailleurs). Et je rectifie en conséquence : « Tout ça, ce sont des dérangements ».

 

La confusion conceptuelle sera-t-elle le maître mot de 2013 ? Peut-être pas finalement, ne serait-ce que par esprit de lutte contre cette pratique très appréciée de notre gouvernement ces derniers temps.

 

Abandonnons-donc les paillettes, les dépenses à tempérament, le somptuaire tumulte, les caissons de basse saturés, et retournons vers nos amis, nos familles, vers tout endroit où il serait inutile d’agencer.

 

Bonne année à toutes à tous.

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Nuit de lie

Publié le 21 Décembre 2012 par Luc dans Ernez (du 31-12-10 au 21-4-11)

L’outre épouvantée ne cessait de soupirer,

Honteusement bruyante, dans la nuit étirée

Jusqu’à la rupture, aux épaules disloquées

Entre songes et demi éveils répliqués.

 

Ver tortillant, l’outre se fit épouvantable.

Elle vint empêcher le sommeil par d’invivables

Lamentations, pleurs de vesse aux vents irritables,

Sacra le renoncement dans mon âme instable.

 

La confusion nouvelle entre rêve éthéré

Et pitoyable réalité atterrée

Me laissa dépourvu, soumis et incapable.

 

Durant de longues heures, patient et appliqué,

J’ai dû boire, sans dégoût, mes pensées étriquées

Pour échapper à la mort, ce sort imbuvable.

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R121 Retour à Coëtquidan

Publié le 20 Décembre 2012 par Luc dans Année de fuite (du 18-5 au 31-12-12)

Je suis dans un grand vestiaire embué de la vapeur des douches attenantes. Vêtu d’un tee-shirt kaki, de pantalons de treillis unis, en démontrant l’obsolescence, et de brodequins TTA tout aussi désuets lorsque je n’ignore pas les équipements modernes, plus souples et camouflés, actuellement en vigueur, j’observe l’activité profuse qui règne dans la grande salle bruyante.

 

A ma grande surprise, je vois passer devant moi Hervé, juste ceint d’une serviette blanche autour de la taille. La peau rose et glabre de son ventre gros et gras pendouille au dessus de cette ceinture de fortune. Son œil noir est luisant dans le visage bistre et mal rasé, tendu vers l’avant, juxtaposé à son cou de taureau en rut. Il ne se départ pas de ce sourire n’appelant qu’à l’éclat de rire, tout clown qu’il a toujours été. Les bras croisés sous la poitrine pour faire saillir le maigre pectoral de l’officier que je suis, je lui demande des nouvelles de ma plus grosse voix, percevant dans une conscience présente la nécessité pour moi, démuni de barrettes en raison de ma tenue, de bien me faire reconnaître en tant qu’officier par la troupe nombreuse. Il me répond qu’il est en pleine forme tandis que je ne lui souligne pas le caractère absurde de sa présence en ce milieu militaire.

 

Au moment où fanfaronnant il rejoint son coin de vestiaire pour se rhabiller, je vois passer une Xette que je connus à l’époque où je servis moi-même au 4ème Bataillon de l’ESM. Si j’ai dû prendre de la bouteille, elle demeure toujours telle qu’elle était, plus souriante peut-être, derrière ses lunettes épaisses. Elle m’apprend qu’elle sert avec Hervé et m’entraîne rapidement au dehors pour me montrer l’installation : il s’agit d’un gigantesque entrepôt logistique ouvert sur le côté, s’étendant à perte de vue et rempli jusqu’en lisière de camions porte-camions noirs d’un modèle que je ne connais pas, probablement nouveau donc. Elle explique sous mon sourcil interrogateur que leur travail ici est celui de caristes, simple et sans profondeur, détendant, peu fatigant, peu militaire en somme. Nous digressons sur ce dernier point, et je suis catastrophé d’apprendre que tout ce qui faisait le charme suranné de l’armée a disparu : plus de cours de FEXA, plus de tension sur la nécessité FOMECBLOT… Ils n’y connaissent rien et cela m’atterre.

 

Continuant notre marche sur un haut pont de béton, nous tombons sur un exercice de manœuvre du train : un adjudant-chef instructeur exécute des petits pas légers en avant et en arrière pour expliquer à la troupe en rangs dispersés, AD aurions-nous dit antérieurement, comment un officier chargé de la circulation doit éviter un camion venant à passer sur le pont ! Malgré l’élégance des mouvements, je ne saisi pas la raison d’une instruction sur ce qui doit procéder du réflexe naturel, puis finis par me désintéresser de la leçon.

 

Je descends donc du pont par une voie inclinée descendant vers la mer, parvenant ainsi à l’endroit précis où la barge accoste à Béluré. Je décide d’attendre là le passeur qui me ramènera vers le continent. Des camions viennent à débouler dans un nuage de poussière blanche et me contraignent à me rapprocher du bord de la cale où une jeune fille est assise, regardant distraitement le Golfe. Ma position en bord de quai s’avère précaire du fait du poids de la charge dont je suis encombré. Afin de soulager mes lombaires meurtries, je fléchis mes jambes en mettant mon corps en arrière et tenant la charge à bout de bras, trouvant un équilibre stable de véliplanchiste agrippé à son tire-veille mais intenable sur le long terme. Je finis par poser le tout à même la grosse roche compactée composant la cale, réchauffée au soleil de midi. Le ciel est bleu et pas un souffle de vent ne vient caresser mes oreilles.

 

L’attente aurait pu se dérouler comme ça, agréablement, durant des siècles, mais mes pieds se trouvent trop près du bord à mon goût. Je peux voir l’eau si peu limpide, les rochers blancs au fond vaseux, sous la marée descendante. Le vertige et le malaise me prennent. Il me faut remonter d’un cran, m’éloigner du bord de l’eau. En procédant ainsi, alourdi par mon paquo, je me heurte sans violence à la jeune fille aperçue auparavant. Bien en mal de me dégager de ma remontée sans prendre le risque de tomber à la baille, nous nous touchons derechef sans qu’elle bouge un doigt ; aucun mouvement de recul chez elle, une petite brune fluette, les cheveux coupés au carré avec une frange venant toutefois recouvrir la moitié de son visage, qu’elle a gracieux et délicat par ailleurs. Le port du short me permet d’apercevoir ses jambes d’albâtre soigneusement entretenues : pas de traces de coups, de prémices variqueuses, pas de couronne au genou, le mollet et la cheville fins.

 

Je me cale enfin, le dos au soleil, assis tout près de la jeune fille, sans qu’un mot soit échangé, à part peut-être mes deux cents « Pardon » commis lors de la remontée. Elle lit maintenant Ouest-France. A l’occasion d’un changement de page, elle ouvre largement les feuilles et son avant-bras vient se poser sur mon visage. Il demeure là, bien à sa place, sa peau chaude sur ma joue brûlante, pendant que ma jambe gauche vient s’accoupler à sa jambe droite dont je ressens l’effusion. Nous ne bougeons plus sous le soleil de Bretagne et c’est bien ainsi.

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Gravitation du pire

Publié le 19 Décembre 2012 par Luc dans Insomnies (du 1-8 au 24-12-09)

La forme rousse étendue sur le côté, sur l’autre rive du bitume, me renvoie à mon propre dépit. Tu ne vis que dans l’instant présent, comme la forme est probablement morte dans un instant identique. Comme elle, tu ne te soucies pas du passé, de trouver un juste équilibre entre l’événement actuel et tout ce qui le précède. Telle la mort, présente et annihilant l’Histoire. Tes traits se figent à son instar, à la mesure que les miens s’effondrent, englués et aspirés dans la gravitation du pire.

J’en viens à considérer que seul le deuil pourrait rapprocher nos positions disthymiques, un bon océan de larmes autour du corps de la décédée, une chaude présence de cadavre dans l’ivresse d’une transmutation réussie de la colère en or d’amour. Nicolas Flamel et un cercueil, la pierre philosophale projetée dans ma face meurtrie. Je couine sous l’incompréhension de l’offense, tel un porc qui viendrait subitement à culpabiliser de n’être pas assez gras, une fois arrivé devant les portes de l’abattoir.

 

Il n’est rien d’autre à agir que supporter, les frelons tourbillonnant et la colère, la haine et le fracas au dehors, les pas même crissements qui ont emporté la forme rousse dans un bien mauvais augure. Je suis exténué.

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Hypocondrie hivernale

Publié le 17 Décembre 2012 par Luc dans Non Amor Fati (du 26-10-11 au 4-5-12)

L’hypocondrie menace désormais. J’ai pu parler il y a peu des messages mortifères délivrés par mon corps hors la conscience, mais celle-ci, tout en les entendant douloureusement, les refuse. Rationalisation morbide ou réaction salutaire de la volonté de puissance ? Nihilisme ou bien la vie veut-elle à nouveau couler à flots vigoureux dans le corps ressuscité ?

 

Force est de constater que l’hiver revenant, le déséquilibre de mes forces s’accentue, m’arrache en deux lambeaux, ravage mon unité. Mon intelligence du réel s’y perd, en pouvant prendre un simple accès d’aérophagie pour un cancer digestif généralisé, de simples picotements au bras ou des fourmis dans les jambes comme les signes précurseurs d’un énorme caillot côté gauche qui entraînera à coup sûr un accident vasculaire cérébral dont je ne sortirai pas vivant. Une pré-conscience qui tout à fait sérieusement analysera une petite gastrite, dont je souffre depuis mes jeunes années pourtant, comme un évident ulcère à l’estomac, lequel permettra à coup sûr de découvrir le fameux cancer digestif généralisé. Après tout, Jean-Luc Delarue n’a-t-il pas récemment fait son outing cancéreux ? Moins connus mais de la même génération que l’animateur télé, un DRH et un directeur général appartenant au même Groupe que moi sont respectivement mort et agonisant de cancers fulgurants. Il doit donc me rester, grand maximum, six à huit ans.

 

Mouais. Ca c’est du constat matinal. Mais zut à la fin (je ne jure plus depuis que je me fais engueuler par mes enfants), quand je vois que Gérard Depardieu, Mickey Rourke, Tom Waits et Iggy Pop, pour ne citer qu’eux, sont encore vivants, que Jacques Debary vient à peine de casser sa pipe à 97 ans, que les cendres de Pascal Sevran font encore de la télévision, je me dis : « Alors quoi !? Moi ! Moi qui ne me drogue pas, qui fume en moyenne douze cigarettes par jour, qui ne bois que deux ou trois verres de vin rouge par jour, et encore à 8 cc par ballon (ne riez pas, j’ai fait le décompte à la pipette !) soit moins que le petit ballon retenu par l’administration, sauf quelques excès le week-end parfois, je devrai passer avant ceux-là, dont les excès sont notoires ?! Ce n’est pas possible ! JE N’VEUX PA-AS CRE-VE-ER !!! ».

 

Oups pardon, je dois cesser là : je ressens à cet instant une brûlure entre l’aine et le pubis, probablement des coliques néphrétiques qui vont m’envoyer à l’hôpital dans une douleur insurmontable, où des examens complémentaires permettront d’enfin constater le célèbre cancer digestif généralisé !

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Salopards de sociaux-démocrates !

Publié le 13 Décembre 2012 par Luc dans Année de fuite (du 18-5 au 31-12-12)

« Salopards de sociaux-démocrates ! », maugréai-je plutôt que beuglai-je en tapotant nerveusement le volant de mon véhicule. J’entendais Peillon, ministre de la sous-éducation, « répondre » à la question de Cohen portant sur Montebourg et l’affaire Mittal, en synthèse de la manière suivante : « Je répondrai qu’on ne parle pas assez d’école dans notre pays ».

 

Ce ministre s’est-il cru intelligent au moment où il sortait cette pitoyable pirouette qui fit s’esclaffer un Cohen manifestement dépité de tant de candeur ? S’est-il réjoui de son imaginée victoire, dans son for intérieur manipulé par les mêmes agences de communication que celles de tous les partis politiques allant de l’UMP au PS, prawy do lewego sans le rythme… ?

 

Croit-il véritablement que nous puissions être dupes de la résurgence absurde de sujets sociétaux clivants, tels que le mariage homosexuel, la PMA pour les lesbiennes (et les gays alors, ils sentent l’oignon au regard du principe de non-discrimination si cher à Big Brother E.U. ?), dans l’unique souci de masquer la réalité de la fusion délétère des idées politiques et sociales du PS dans le creuset centriste ?

 

Le seul vrai PS aujourd’hui est le Front de Gauche. Le parti qui porte encore l’acronyme PS n’est que « sociétal-démocrate », un nouveau concept. Ses objectifs : pratiquer une politique économique centre-droitière, dont le rationalisme invoqué ne repose sur rien d’autres que les convictions religieuses de Milton Friedman, psalmodiées en cœur par Baylet, Bayrou, Borloo, Morin, Fillon, Copé pour ne citer que les chefs. Rationalisme morbide donc.

 

A ce stade, Montebourg excepté, il ne s’agit plus de langue de bois mais bien de schizophrénie : leur parole est séparée de leurs corps débiles, eux-mêmes morcelés en d’infinis petits organismes lobbyistes et ivres de pouvoir, qui interagissent avec leurs congénères résidant dans d’autres enveloppes corporelles politiques. Ce maelstrom puant d’atomes déconfits vit en pleine autonomie par rapport à la réalité du monde. Là où le réel battra en brèche la faiblesse de leur conscience appauvrie, là nous serons, au cœur de la forge du monde.

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Hernie

Publié le 12 Décembre 2012 par Luc dans Colère (du 8-1 au 29-5-07)

Une vessie de porc dans le ciel bas

S’est fendue dans des contours rosés

Et hasardeux, puis une douce clarté

S’est extraite de la hernie.

Les bords rougeoyants de la plaie

M’ont renvoyé à ma propre agonie.

« J’ai l’impression de ne plus rien

avoir à attendre de toi », as-tu dit.

Cette sentence est un sabre

Qui m’ouvrit en deux tel un ballot,

De paille, une vessie de porc.

Dans la putréfaction de ma blessure,

J’essaie de rassembler mon corps

Et mon esprit, de ne pas renoncer

Lorsque tout vient amicalement tapoter

Ma nuque endolorie en m’adressant

Une consolation toute stoïcienne :

« Allez, va… C’est terminé maintenant. »

Alors je reviens au ciel, qui d’une subtile

Caresse du doigt vient d’effacer sa plaie,

Ne laissant à ma vue consternée

Qu’une pâle lueur derrière le cautère

Du brouillard, ne laissant à mon âme

Horrifiée que l’espoir d’en faire autant.

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De Irae (de la colère)

Publié le 11 Décembre 2012 par Luc dans Hacadences (du 16-2 au 9-7-2009)

La colère est pour moi une brève fureur, comme disaient les Latins. Une courte folie en somme, dont rien de bon ne semblerait pouvoir résulter pour celui ou celle qui en est l’objet.

Mais reprenons au début : la colère, en tant qu’elle est la conséquence de pulsions primales, une réaction instinctive (sauf dans l’hypothèse où elle sciemment jouée et orchestrée dans un but précis, et il s’agit alors d’une perversion), n’a d’autre nature que la violence. Or cette dernière est donnée comme irreprésentable par la raison.

 

Donc, la personne se mettant en colère ne doit pas compter sur un effet thérapeutique ou salvateur, ni même sur une quelconque efficience de quelque nature que ce soit à l’égard de son objet. Or précisément tel n’est pas le but recherché, puisque la colère permet au colérique, en son sens immédiat tout comme la représentation qu’il en tire une fois revenu à ses esprits, de parler sans filtres ni masques, dans l’expression d’une vérité dolente et crue, de nature sensationnelle, que l’objet ne peut à l’évidence qu’entendre au regard tant de la sincérité que de la conviction du message ainsi transmis. La colère peut aussi se regarder comme la volonté du colérique d’être rassuré sur la solidité des liens qui l’unissent à son objet, celui-ci ne pouvant évidemment pas supporter une telle violence en cas de distension desdits liens, sans mésestimer le caractère éventuellement pervers, ici encore, du mode de communication ainsi instauré.

 

Sauf que la colère est l’archétype du néant violent et abrupt pour son objet, lequel ne peut, confronté à cette épreuve douloureuse, qu’adopter trois attitudes : tomber en catalepsie, saisi d’épouvante devant le spectacle de la violence, ou bien se mettre en colère lui-même dans une explosion potentiellement irréparable, ou bien encore prendre le risque d’en ricaner et ravaler ainsi le colérique intimement, sensationnellement convaincu de son bon droit, au rang de la chose.

Dans le premier cas, l’objet de la colère n’est que subissant, la paralysie de la peur l’empêchant d’entendre la cause de la colère. Dans les deux autres cas, il n’existe non seulement pas plus d’écoute ou de compréhension, mais en sus, l’objet encourt le risque de la rupture définitive lorsque le colérique vient à percevoir l’anéantissement de sa vérité propre dans les yeux de son objet.

 

Car il y a bien quelque chose de définitif dans la colère, qui paraîtrait venir en contradiction avec son caractère bref. Ceci n’est qu’un sophisme : la violence d’une fraction de seconde peut parfaitement comporter des conséquences irréversibles, telles qu’une balle pénétrant un organe vital, une saillie féroce, aiguë et précise, détruisant le précaire équilibre psychologique que nous nous acharnons à composer pour éviter la dépression, un spermatozoïde égaré croyant voir de la lumière au sein de l’ovule…

 

Alors il n’est pas injuste d’affirmer que la colère, de même nature que la violence, ne résout strictement rien, ne guérit pas, ne permet pas une salutaire remise à plat des difficultés. Elle n’est que le scalpel incisant le bubon fiévreux jusqu’à son explosion, manipulé par une main ignorant les conséquences exactes de son geste à visée thérapeutique : l’incision provoquera-t-elle la guérison de l’affection après cautérisation de la plaie ? Ou au contraire facilitera-t-elle l’expansion de l’infection en libérant le pus de la discorde ?

La colère, si elle est bien une brève fureur, s’avère également une violence bien risquée…

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Rejoindre le Vrai

Publié le 10 Décembre 2012 par Luc dans Cercle noir (du 26-2 au 17-7-08)

Dans la pièce confinée, un trait de lumière se dessinait par l’entrebâillement du volet incomplètement fermé. Il traçait une règle brisée sur les éléments qu’il parcourait. La douceur matinale s’insinuait dans chacun de mes pores, qui eût pu me bercer de l’illusion de la respiration. Le silence avenant, teinté de bruissements d’herbes folles et de la conversation sans importance des graviers derrière la fenêtre, aurait dû m’emplir d’inspiration, ma poitrine se soulevant alors avec la simplicité agréable du bien-être.

 

Tout cela n’avait que l’apparence du réel, qui m’a brisé violemment l’occiput ce matin. La contrition du visage qui accueillit mes premiers pas trop tendres avait immédiatement suscité ma méfiance quant au devenir des minutes suivantes. Mon agitation confuse, destinée à ne pas laisser la colère et le ressentiment s’emparer trop facilement de moi, provoqua l’effet inverse, et comme à l’accoutumée, le réel se montra sous son jour le plus orageux, terrifiant et irreprésentable par la simple raison, annihilant les vains efforts du sophiste calme ensoleillée au dehors.

 

Le réel de la pièce confinée contredisait celui de la nature.

 

Combien de temps cela pourra-t-il durer avant que la meurtrière de séparation se comble de haine et qu’une étrange autant que subite allégresse me la fasse franchir d’un bond alors léger ?

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Agacement

Publié le 7 Décembre 2012 par Luc dans Année de fuite (du 18-5 au 31-12-12)

Ahuri de fatigue,

Idiot affamé,

J’ai tout envoyé promener.

 

Les mains en gigue,

Le cerveau cramé,

Je devais tout malmener.

 

Puis l’isolement buté

Sur canapé coi,

Pour silencieusement se murer.

 

Alors les yeux empâtés

Sur l’écran de poix

Pour définitivement s’emmurer.

 

Enfin seul, molle figue

Enervée qui atermoie,

Puis pleure devant l’âtre inanimé.

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