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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Un rêve absurde

Publié le 31 Juillet 2007 par Luc dans Arbeit (du 16-10 au 29-12-95)

1er novembre 1995

 

Encore un rêve dont l’absurdité le dispute à l’inquiétude…  

 

Nous sommes sur un haut pont, coupé en son milieu, au bout duquel une grille est fermée ; la porte est bloquée, et je conseille la vigilance pour éviter la chute des raquettes de tennis, lorsque non atteint par le vertige, j’éprouve cependant la crainte du vide. Soudain, par un effet situé entre le grand huit et le culbuto, nous partons tous à la renverse et nous retrouvons à fleur d’eau, dans la nasse suspendue au pont par un maigre filin. Je le tranche à coups de raquette, et nous tombons dans l’eau, qui ne bout plus. 

 

L’instant suivant est paradoxal. Je suis avec une jolie fille dans la salle d’un glacier semble-t-il… Elle est jolie, ça oui ! Mais son rouge à lèvres violet m’inquiète. Elle m’embrasse et la couleur se répand sur mon visage. Je ris, sincèrement peut-être, et vais au lavabo me nettoyer. 

 

Là, je tombe sur Béatrice et Sandrine qui discutent à une table placée en terrasse. Je saisi une bribe de conversation, prononcée par Sandrine :  

 

-          Question finesse…  

 

Je pouffe, repensant à Béatrice. Elles m’insultent et je ne peux plus me laver ; elles n’ont même pas vu le rouge à lèvres sur mes dents. Alors je ne peux rien faire, demeure paralysé lorsque je rejoins l’eau dont le nœud coulant m’enserre un peu plus ce matin. 

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Couple philosophique

Publié le 5 Juillet 2007 par Luc dans Contrôle (du 4-6 au 26-9-07)

5 juillet 2007

 

N’avoir d’intérêt pour rien, 

Ne se soucier ni de soi 

Ni des autres, comptant pour rien, 

Se parer avec effroi 

Des coups que sont les demandes 

D’évolution personnelle, 

De changements à l’amende, 

Concessions conflictuelles… 

 

Et ne viser qu’à l’absence 

De douleur quand la recherche 

Irréfrénée de l’essence 

Du plaisir est une perche 

Entraînant sans rémission 

Vers l’abîme, sans jugement, 

Des mortelles sensations, 

Vie de colère, de dément.  

 

Nil admirare, dit-il, 

Que j’aurais voulu rejoindre, 

Si tant n’était que cette île, 

Où voir l’ataraxie poindre, 

M’est définitivement 

Interdite, à moi, valet 

De la douleur, qui me ment 

Sur l’amour et qui suis laid.  

 

Alors il ne reste plus, 

Si tout est indifférent, 

Qu’à se préparer, repu 

De souffrance et révérant 

Le vrai néant de l’erreur 

Qu’est de croire à tout amour, 

Toute attache étant un leurre, 

Dans un lieu clos, à la mort. 

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Rêve 45 La prise de risque irraisonnée au service de la résolution de la question du désir

Publié le 4 Juillet 2007 par Luc dans Contrôle (du 4-6 au 26-9-07)

Ma tête est lourde et importable, et je ne parviens plus à concilier l’évidente fatigue de mon corps avec l’activité concentrée de mes yeux à la recherche de la moindre parcelle de lumière dans la pièce noire.  

 

Mes visions, tout aussi désagréables les unes que les autres, se modifient néanmoins lorsque je tourne la tête dans l’oreiller. Sitôt que le poids de mon cerveau électrique se porte sur le côté droit de mon crâne, le côté gauche irrigué comme il l’entend vient me refaire vivre une journée de travail de cocaïnomane. Je tourne donc la tête pour enfin sortir de la vitesse si peu enivrante, et voici que le poids étouffant le côté gauche vient faire exploser d’une oxygénation subite le côté droit d’un cerveau sans mesure ni limite. C’est alors que je perds le contrôle de ma respiration. 

 

Je nous vois tous les deux, elle qui est déjà intervenue à maintes reprises dans mes rêves et toujours de la même manière, dans des lieux et époques différents, mais éternellement à l’identique. Elle me complexe. Elle se plaint de l’attitude de son compagnon, si tendre et enlaçant au début de leur courte histoire, griffant et précipité aujourd’hui. Je ne parviens pas à me représenter la couleur des griffures sur sa peau brune, et je continue de l’écouter se lamenter sur le côté bougon, peu causant de son ami, tandis que le ciel s’assombrit encore, et que je l’invite à nous réfugier de l’absence de pluie dans ma voiture. Nos épaules se frôlent lors de l’entrée dans le véhicule, dont j’occupe à présent la banquette arrière et elle le siège passager. Je sais bien que la conversation se poursuit sans discontinuer, mais la chaleur me frappe d’une amnésie immédiate à chaque phrase prononcée. 

 

Seules désormais m’importent la connaissance et la nécessité de la vérifier par l’expérience. Le questionnement de son désir pour moi fut introduit par sa proximité corporelle et le pétillement de ses yeux ; le questionnement sur son acomoclitisme se révèle quant à lui ontologique et persistant, un arbre éternel. Ces deux interrogations peuvent se résoudre l’une et l’autre, à ce moment précis, par la prise de risque insensée tandis que la courte jupe noire est remontée le long de ses cuisses bronzées en raison de l’ergonomie du siège sportif et de la taille de l’habitacle. La prise de risque irraisonnée au service de la résolution de la question du désir… je manque d’en pouffer, mais ce n’est pas le moment. Il s’agit de profiter de la liberté passagère de mon cerveau droit sans en rater un atome, comme il ne saurait plus être question de ne pas diriger sa main vers le petit triangle noir de lycra, dernier obstacle avant les réponses.  

 

A ma grande surprise, elle n’écarte pas ma main gauche qui s’approche, pas plus qu’elle ne la repousse lorsque ses doigts passent sous le fin élastique, pas plus qu’elle ne se saisit de mon bras quand ce dernier écarte le tout, dévoilant la peau grise d’un sexe fin et glabre, que mes doigts nerveux et jaunes comptent, recensent les débuts de repousse avec méthode, et se réjouissent de l’éternité de ce moment.  

 

Nos regards se croisent alors et je ne lis dans le sien qu’une vaste interrogation. Aucune approbation, aucune réprobation, aucun geste de défiance ou en ma direction, rien… aucun désir donc. Je m’allonge alors sur ma roideur démesurée, au creux de la banquette arrière, et l’observe silencieusement réajuster sa jupe puis sortir de la voiture. A travers le pare-brise recouvert de pollens ocres, jaunes et verts, je la regarde s’éloigner entre les ajoncs immobiles, les chardons consumés. Le risque m’a donné mes réponses et je ne m’en trouve pas plus habile.  

 

Je bondis à mon tour hors du véhicule, la rejoins prestement et la saisis entre mes bras trop longs et trop nerveux pour en pas faire mal, la soulevant de terre. Je la serre de toutes mes forces en nous berçant d’arrière en avant, psalmodiant la même litanie :  

 

- il n’aurait pas dû te faire ça, je te console – tu me fais mal – rassure-toi – tu me fais mal –je te console – tu me fais mal – tout ira bien, tu verras – tu me fais mal…  

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Nécro Luc Châtel

Publié le 2 Juillet 2007 par Luc dans Embannoù-kañv (Nécrologies)

2 juillet 2007

 

Luc Châtel est mort.  

 

Je m’en réjouis absolument.  

 

Pour ceux qui l’eussent ignoré, Luc Châtel était secrétaire d’Etat auprès de la ministre de l’Economie, des Finances et de l’Emploi, chargé de la Consommation et du Tourisme du gouvernement Fillon II, et il vient ce matin de rejoindre le Premier Ministre dans un monde meilleur. 

 

L’ancien porte-parole de l’UMP n’avait eu de fonctions électives que dans les rurales et très droitières bourgades de la région Champagne-Ardenne, en Haute Marne précisément, mais le poids de sa naissance, bien éloigné des traditions françaises, ne le quitta jamais.  

 

En effet, Luc Châtel était né aux Etats-Unis à Bethesda, un pays dont on connaît l’attachement à la philosophie, la laïcité, la paix et l’Histoire.  

 

Son visage rondouillard d’ancien quaterback désormais quadra d’attaque au service de son aîné hyperactif trahissait plus un recours aux stéroïdes anabolisants ou au super big Mac qu’à la cocaïne, et l’aidait à enrober d’une bonne couche de lipides un discours éminemment toxique pour la santé physique et intellectuelle de nos concitoyens.  

 

Sa dernière intervention fut celle qui cause sa mort, ce matin, en direct sur l’antenne de France Inter, vers 8H30. Son ultime dérive sur les eaux terribles du Styx concerna la libéralisation du marché des énergies. A la question de l’offensif Pierre Weil concernant les risques établis d’une augmentation extrêmement importante du tarif de l’électricité, Luc Châtel répondit par l’introduction d’un cours d’économie politique animé par le Cercle des nouveaux économistes, think tank gauchiste s’il en est.  

 

L’auditeur non averti, tel que moi, se troubla d’une question interne à peine trois minutes de monologue passées :  

 

-          Mais c’est qui, ce sale con ?!  

 

Luc Châtel vanta jusqu’à son dernier souffle les avantages de l’économie de marché, la qualité des nouveaux opérateurs disposant de tellement de nouveaux services ; il nia jusqu’à ce que la buée ne troublât plus le miroir placé devant sa bouche que tous les pays qui libéralisèrent leur marché énergétique connurent une augmentation sans mesure des tarifs de l’électricité ; il repoussa comme une fadaise alors même que le croque-mort lui dévorait le gros orteil le fait que les entreprises françaises ayant opté trois auparavant pour le marché dit libre s’en mordaient désormais les doigts en termes de coûts de fonctionnement, avançant même le chiffre gnostique de 98 % d’entreprises ayant réduit leurs frais en la matière ; il ponctua de hourras et de vivats l’avènement du marché et conspua les tarifs régulés d’un « opérateur historique », pour lequel il n’employa pas malgré son envie déchirante le terme « archaïque ». 

 

Tous se recueillirent devant la dépouille mortelle de Luc Châtel, curieusement électrocuté par son microphone, alors que les postillons de son discours engagé formèrent un arc entre l’appareil électrifié et sa bouche, corne d’abondance verbale du libéralisme roi.  

 

Il se trouva tout de même quelques esprits forts pour s’étonner qu’un membre du gouvernement de la France pût jouer ainsi jusqu’à l’écœurement les V.R.P. du secteur privé au détriment de l’opérateur public EDF, bien national. Eût-il voulu accélérer d’éventuelles difficultés de cette entreprise publique pour mieux pouvoir la vendre par lots dans les années suivantes qu’il ne s’y fut pas pris autrement. Eût-il voulu brader les biens d’Etat et humilier ses fonctionnaires qu’il n’eût pas agi autrement. L’Américain aurait-il voulu se rendre coupable de haute trahison que tout se fût déroulé à l’identique.  

 

Ni rires ni crachats. 

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