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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Symptomatologie et autopsie

Publié le 18 Novembre 2015 par Luc dans Ecrivain raté (du 4-1 au 27-8-13)

 

Une inquiétante sensation de lourdeur s’était saisie de ma jambe gauche depuis quelques semaines, comme si elle était ankylosée, comme si le sang avait du mal à se frayer son chemin salutaire à travers les méandres de tuyaux abimés. Mes pieds s’en trouvaient tellement gelés que j’étais contraint de les couvrir même la nuit. J’avais l’impression qu’aucune goutte hématique ne sortirait de mon moignon après une amputation inopinée d’un orteil. Dans un autre temps, des points de côté sans importance en eux-mêmes parcouraient ma poitrine. Des tremblements incontrôlés bien que modestes et presque imperceptibles agitaient aussi, parfois, mon bras gauche, tandis qu’à d’autres moments, malgré une absence totale d’effort à ce niveau, débutaient des épicondylalgies latérales des deux coudes. Enfin, souvent ma poitrine se serrait, se comprimait du fait de la tension simultanée et involontaire des dentelés et des abdominaux, provoquant difficultés respiratoires, malaises digestifs et velléités de tachycardie. Je sursautais à chaque bruit, même usuel, une porte, une voiture, un éclat de voix. Seule l’absence de douleur me faisait ratiociner contre un éventuel infarctus.

 

Hier, pour la première fois depuis trois ans, l’ensemble des symptômes constitua un orchestre de chambre mortuaire, dont la morbidité de la musique me laissa épuisé sur un siège, à tenter de contrôler la pression odieuse qui s’acharnait sur mon corps pas même meurtri. L’angoisse m’avait étreint, sans objet autre que le malaise, irreprésentable et que je m’acharnais à mon tour à vouloir dominer plutôt que l’accepter, la comprendre pour enfin relâcher dans un havre plus paisible. Ce port pouvait néanmoins être le calme retrouvé, ou bien la mort, ce que je refusais de toute force.

 

Il va bien falloir que je me résolve à accepter l’hypothèse de ma disparition, renoncer à mon caractère soi-disant indispensable à la vie de ma famille, et abandonner surtout le caractère certainement indispensable de ma famille à ma vie, pour pouvoir poser serein, le jour venu : « Je vous aime plus que tout. Je pars en paix ».

 

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Réflexions post-13 novembre

Publié le 17 Novembre 2015 par Luc dans Le mur du temps

 

 

Comment dire ?

 

Des tas de fleurs jaunies à la lumière de piètres chauffe-plats, symboles de la pusillanimité plutôt que de l’émotion.

 

Des journalistes, certains à la voix étranglée par l’émotion et aux yeux scintillants dignes de Candy dans ses meilleures scènes, ou d’autres encore, présentateurs de télévisions d’information faisant habituellement du vide à partir du rien, prompts à répéter le prompteur de suivi des statistiques dans une forme de jouissance suspecte.

 

Des jeunes, plein de jeunes gens qui répètent que rien ne va changer, qu’ils continueront à boire des bières en terrasse et aller aux concerts, leurs sarcasmes émus étant ressentis par eux comme un pied de nez aux islamistes, presque révolutionnaire, alors qu’ils ne sont que témoignages d’un affligeant conservatisme : depuis quand la jeunesse se contente-t-elle d’un « Rien ne doit changer » ?

 

Et puis il y a « ces gens-là », les mêmes qui affichaient voici quelques mois « Je suis Charlie » sur les vitres de leurs open-spaces mais qui n’achètent toujours pas Siné Mensuel aujourd’hui, cédant à l’émotion rapide, à l’effet moutonnier (©Olivier Roques, 16-11) des hommages collectifs, dans la pseudo-protection de la foule agglutinée chantant le « Hallelujah » de Leonard Cohen mais toujours dans la version Jeff Buckley, encore plus empreinte de pathos que celle de John Cale, et donc la moins intéressante (cela étant, si on veut mettre les agités du turban en rogne, il n’y a rien de mieux que de chanter en hébreu en signe d’une appartenance à un monde judéo-chrétien que personnellement je vomis).
On se tient peut-être chaud mais rien ne saurait émerger du phénomène.

 

Alors quoi ? Les esprits tristes ont beau jeu de moquer les réactions d’hystérie d’émotion collective, mais en s’excluant de la célébration collective, ils se désolidarisent de la sainte union nationale contre l’ennemi extérieur et intérieur (dixit Valls ce 17 novembre 2015 sur France Inter vers 8 h 25), expression n’allant pas sans rappeler les douceurs du Maccarthysme.

 

Mon cul ! Les réactions pour le coup très judéo-chrétiennes de deuil sidéré, larmoyantes, agitant les mains vers des Cieux vides en implorant la pitié de l’espace interstellaire ne sont peut-être pas adaptées, à mon sens du moins. Coup de boule dans ta face et coup de genou dans tes couilles couronnés d'un bon bras d'honneur, voilà ce qui serait une réaction bien française.

 

Car qu’est-ce que le français ? Un Latino-Grec sous emprise judéo-chrétienne, comme on se plaît à le souligner un peu partout dans les médias ? Non, démographiquement, si l’on excepte le sud d’une ligne grossière Bordeaux – Montélimar, où l’on trouve des Basques, des Ibères et des Ligures (pas judéo-chrétien pour un sou, soit dit en passant), nous ne sommes qu’issus d’un vieux fond néolithique païen mâtiné de Celtes et de Germains, pas plus juifs, chrétiens ou orientaux que leurs prédécesseurs.

 

En revanche, tous ces ancêtres rassemblés ont forgé l’identité française : amateurs de vin et d’amour, de poésie et de musique, mais aussi, ce qui va naturellement avec le reste, grands spécialistes de la baston !

 

La bagarre, la critique grande gueule en étant toujours prêt à en venir aux mains pour soutenir son opinion, c’est le fond de notre culture celto-germanique, ce que les Romains et les Grecs inquiets soulignaient déjà avec Strabon, Hérodote, Tite-Live et Jules César, qualifiant de fous ces Celtes peinturlurés en bleu et combattant à poil en gueulant et complètement bourrés. Chez les Francs, le courage et la vigueur corporelle étaient les qualités premières d’un homme, reprises par les chevaliers francs et normands (création du Royaume de Sicile par les quelques gaillards de Robert Guiscard en 1061, croisades en infériorité numérique accablante avec saccage au passage de Byzance, jugée un poil trop raffinée…) jusqu’à l’invention des armes à poudre.
Et même après, la « furia francese » était notée par les Italiens lors de la bataille de Fornoue, ou encore avec le fantasque Bayard au pont de Garigliano en 1504 ; et Rocroi, 1643 : les qualités de courage et d’allant suppléeraient toujours l’infériorité supposée, en nombre ou en technique. « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée » haranguait Danton juste avant Valmy, en 1792. Dans la victoire ou la défaite, ce caractère reste affirmé : Arcole, 1796. Austerlitz, 1805. Camerone, 1863. La Commune, 1871. La Marne, 1914. Et ce n'est pas le roman national que j'expose là.

 

Le problème déjà plus qu’entrevu avec Sedan en 1870 mais quelque peu oublié avec la revanche de 14-18, fut la débâcle de 1940. Nous en sommes-nous remis ? Cette lourde défaite et le paiement psychologique de la collaboration a transformé le corps collectif de la nation en pleureuse catholique éperdue, ressentant le signe terrible de la culpabilité (la pire arme de destruction massive d’esprits inventée par l’homme, base de la domination judéo-chrétienne dans nos mondes dits civilisés), en un mot une lopette bourgeoise et antirévolutionnaire qui se complait dans la culpabilité éternelle de la Shoah et a peur de petites terreurs rassemblées sous le nom d’une marque de lessive Procter & Gamble, parfaitement compatible fi sabil Allah (dans le chemin d’Allah) avec le libéralisme économique destructeur, la dictature des nouvelles technologies, c’est-à-dire l’avidité.

 

Mais ne désespérons pas : soixante-dix ans d’embourgeoisement ne peuvent pas changer la nature profonde d’un peuple. D’ailleurs, ma femme me dit toujours : « Tant mieux, il faut que ça pète, on verra après ».
Et elle a raison : tant que nous aurons l’impression d’avoir plus à perdre qu’à gagner dans le combat quotidien, nous ne serons que de viles merdes. A la fois Filippo Tommaso Marinetti dans le manifeste du futurisme en 1909 et Walter Ulbricht en 1947 l’avaient remarqué : le bien-être ne se trouve que dans le combat.
Redevenons les fous intrépides que nous sommes au fond ! Revenons au vin et à la bravoure, au coup de boule ! Aux armes, citoyens ! Abattons le système qui a permis à la lessive de s’en prendre aux citoyens en ne leur donnant d’autre espoir post-crise et chômage que l’accumulation et le renouvellement de biens matériels, et non l’aspiration à la liberté !


Fraternité et égalité ne sauraient exister sans la liberté, et la liberté n’est jamais donnée à un peuple d’esclaves résignés et larmoyants.


Aux armes !


(ndla : pas dans le sens de Donald la Trompette et de ses potes de la NRA, hein ? On s'est compris...)

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Yeux

Publié le 16 Novembre 2015 par Luc dans Gwellañ war 1992-1993

 

Des yeux défilent dans mes yeux,

Certains rieurs, d’autres enflammés,

Puis honteux, pour enfin disparaître

Dans une fournaise d’apocalypse…

 

O Dieux ! Je ne sais plus où en être avec toi. Tes baisers portés par inadvertance sur mes joues inhabituées ne laissent de me laisser présager le pire, lorsque je tendais les lèvres.

 

Concessions, hontes, hypocrisies.

Je demeure dubitatif devant mon attitude.

Jalousie ? Tentative de romantisme plutôt !

Quelqu’un m’a dit que ce jeu devait être joué.

 

Après tant de déceptions, jouons la partie sans peur ni limites ; de regrets, bien évidemment, il n’y aura jamais. Sans vouloir retomber dans les affres passées, je ne suis décidément qu’un sale con en qui on ne peut faire confiance…

 

Mais tes yeux me rappellent cette flamme,

Jamais oubliée par ailleurs,

Qui me mouvait avant… mon âme !…

 

 

Et la pluie retombe sur mes déceptions…

 

 

Le crachin éreinte le muret de pierre qui s’offre à moi comme dernier plongeon vers ma vérité : n’aimer ni les gens ni la vie revient à vivre gratuitement, dans des simili-buts ; des horreurs, des difformités, je ne ressens rien…

 

 

A Christelle-Olivia Beuve-Méry

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Restless

Publié le 9 Novembre 2015 par Luc dans Marseille (du 2-4-97 à février 1998)

 

Une mauvaise nuit supplémentaire se prépare. La fatigue est sans doute présente, ce qui suffirait à mon bonheur : dormir sans retenue… si n’étaient ces sordides douleurs, très supportables sur l’instant, mais dont je sais qu’elles vont rompre le cycle doux et habitué du sommeil. Transbahuté d’ordres contraires en positions inégales, le confort s’est déjà absenté du corps. Les orgues du petit matin dépité, à éviter les miroirs, résonnent dès à présent à mes oreilles, qui parallèlement perçoivent les percussions multipliées à loisir, jouant à un tempo trop rapide, puis égrenant leurs sextolets à la manière d’un chapelet lors de la veillée ardente. J’en finis par oublier la douleur.

 

Alors on va essayer de dormir. Quel est le risque de toute façon ?

 

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Factieuse faconde

Publié le 6 Novembre 2015 par Luc dans Gwellañ war 1990-1991

 

 

Factieuse faconde,

Voilà tout ce que tu fus

En ce soir où le verre

Me parut plus important que toi. [1]

Je suis d’une tristesse mortelle

Car je tente de croire,

De me convaincre que tout n’est pas vain.

Mais cette lutte est inutile.

Nous allons tous en mourir.

Il est un temps où oublier est un devoir vital,

Et je veux oublier, il en est temps…

 

Il me faut retourner vers la Bretagne,

Ou j’en mourrai…

Je ne sais qui j’aime,

Mais il me la faut…

Le doute est subrepticement caché

Derrière chaque excroissance ;

Il me nargue, se targue de sa puissance…

Je le hais mais y suis soumis.

Je meurs, lentement,

Lorsque tout saute,

Je meurs.

 

[1] A Valérie N.

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R143 Vieillesse

Publié le 5 Novembre 2015 par Luc dans Gisant

 

Encore un séminaire dont l’absurdité habituelle ne me choquait même plus. Dans l’ambiance voulue décontractée et sportive, des porcs en sportswear devaient faire dégouliner un peu de sueur par leurs pores obstrués, de façon à ce que par l’effort commun l’on puisse constituer un groupe de spores, dans la multiplication végétative et l’autoreproduction de bonnes pratiques.

 

Bref. Après une scène étrange où un cadre important me commentait l’imposant présentoir de chaussures de running, ayant constaté ma surprise devant une paire de Stan Smith très modernes d’une taille de bâtard, puis devant une seule basket de petite fille taille 32 usée jusqu’à sa corde violette. Il me confiait que les Stan Smith rutilantes de bandes plastifiées et de patchs vert pomme étaient pour lui et sa fille, tandis que les autres, usagées, seraient réservées à son épouse et à son fils.

Je me désintéressai bientôt de ce monologue insensé, malgré toute la sympathie que je pouvais éprouver à l’égard de ce grand bonhomme totalement drogué aux endorphines de la course à pied.

 

Remontant un talus herbu avec le reste du groupe, j’entendis le grand chef décréter l’organisation d’une partie de football, ce dont je me réjouis immédiatement… avant de m’emporter quand je compris par la matérialité des faits que seuls les cadres supérieurs auraient le droit d’y participer. Je les voyais gloussant, se disputant le ballon jaune avant même d’avoir pénétré sur le terrain situé après le talus. J’entendis les premières frappes de balle et engageant un demi cercle dépité de mon bras gauche, courant de la hanche jusqu’à derrière la tête, je m’éloignai et réintégrai ma chambre assez luxueuse.

 

Je m’interrogeais sur ce que j’allais bien pouvoir faire tandis que les cadres supérieurs s’amusaient comme des fous malgré un niveau footballistique accablant. Télé ? Bof. Bouquin ? Oublié à la maison. La solution me fut, comme souvent, exogène. On m’invita à ma totale stupéfaction à une partie de foot sur un terrain de handball situé dans le gymnase du complexe accueillant notre séminaire. Christophe, mon collègue et ami, avait été à l’origine de l’initiative, irrité qu’il avait probablement été, tout comme moi, de l’ahurissant égoïsme anti-managérial des cadres supérieurs.

 

Mon entrain, mon enthousiasme laissèrent bientôt place, alors que la partie venait de commencer dans l’atmosphère suffoquée du gymnase, à une certaine crispation. Manifestement mon corps ne répondait pas aux sollicitations de la façon que j’aurais voulue. Je me traînais lamentablement sur le béton. J’avais la sensation de courber l’échine, de ne pas pouvoir mettre un pied devant l’autre plus rapidement qu’un centenaire en déambulateur. Christophe remarqua mon désarroi et me demanda d’un air mi-digue, mi-raison : « Qu’est-ce qui t’arrive ? Tu plantais but sur but avant… ». Je ne pouvais l’ignorer : je n’étais plus au niveau. Pourtant, je n’avais rien perdu de ma science du jeu, de mon regard d’aigle lorsqu’il s’agissait d’anticiper les déplacements.

 

D’ailleurs, je vis Christophe faire un bon crochet au milieu du terrain et ouvrir l’intérieur de son pied droit tandis que deux défenseurs montaient sur lui en laissant entre eux une voie royale pour une passe probablement décisive. Il fit la passe qu’il convenait et j’avais de l’avance sur mon chaperon. Je voulus me précipiter sur le ballon, mais mon vieux corps ne se fendit pas du coup de rein nécessaire, ne fournit pas l’accélération sur trois mètres qu’il aurait fallu. Je touchai à peine le ballon de la pointe du pied droit en faiblarde extension lorsque j’aurais dû le caresser de l’intérieur du pied gauche en obliquant ma course sur la droite afin de me mettre en position de tir.

 

Je ne renonçai pas cependant : le fait d’avoir détourné le ballon, même légèrement, avait eu pour conséquence inattendue d’avoir mis dans le vent un troisième défenseur dans une sorte de grand pont involontaire. Le ballon poursuivait désormais mollement sa course vers les cages adverses, et je n’étais qu’à deux mètres de lui quand le libéro adverse devait bien en avoir quatre à parcourir. Le but était ouvert. Je voulus courir vers la sphère de plastique trop gonflée, smiley absurde de ma déshérence, mais mes vieilles jambes me lâchèrent encore.

 

Deux pas de plus d’intense faiblesse et je vis le libéro prendre possession du ballon sans même en avoir eu l’air. Tout se déroba sous moi et je tombai sur mes fesses maigres à présent, dans les bruits sourds des ischions sur le béton, deux clous enfoncés sur mon cercueil noir. Ainsi assis, les jambes décharnées et tremblantes à demi repliées, les bras desséchés les entourant alors que mon visage irait s’enfouir dans ce creuset de ma déliquescence, je ne pus tenir cette position plus de trois secondes, trop dure, trop honteuse et ridicule. J’irradiai de chagrin.

 

Alors je renonçai, lâchai prise, et m’étendis sur le dos, de tout le long de mon corps osseux, débile et sénile, pour pleurer à toutes larmes.

 

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Dernier synoptisme

Publié le 2 Novembre 2015 par Luc dans Gwellañ war 1988-1989

 

Il est une chose qui demeure fumée,

Qui stagne et croupit,

L’amitié…

Non deux, la vie…

 

Un ongle qui se casse sous les dents,

Il tombe entre deux minces coulées de sang ;

Une main desséchée par le froid

Regarde le feu de sa peau écailleuse.

 

La porte de l’armoire est entrouverte

Sur les secrets mystérieux des souvenirs

Cachés sous une pile de vieux papiers

Qui relatent une jeunesse sans âge…

 

Les draps du lit sont habités par un corps

Solitaire qui pense sans idées…

Il traverse les plaines de la nuit

En sachant qu’il ne peut rien y voir.

 

L’accélération du temps, la planète

Tourne plus vite, les réveils s’arrachent

Aux sommeils langoureux des camaraderies

Naissantes et surannées avant d’être…

 

Trop rapide, et nous perdons pied

Sur cette terre, desmodus rotondus,

Qui roule sur elle-même sans se soucier

De nos avenirs irréels…

 

Les objets restent clairsemés sur le sol,

Un désordre propre règne dans la pièce

Où le crime aura lieu,

Dans la pièce où je me tuerai.

 

Les yeux désespérément ouverts

Sur la lâcheté de nos rapports,

Le cœur infiniment ouvert

Aux lumières d’une chambre sans air.

 

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Humilité sociale

Publié le 30 Octobre 2015 par Luc dans Marseille (du 2-4-97 à février 1998)

 

J’ai parlé haut, pour me faire entendre dans la conversation. Cela m’a paru déplacé… à moi seul très probablement, mais je fus vulgaire.

 

Ce dégoût de soi naissant fait s’assombrir la voix, l’adoucit et modère ses envolées. Alors il convient de baisser un peu plus la tête à l’unisson de la voix et des yeux, pour ne se contenter que de répliquer.

 

Telle est la peine endurée pour avoir cru un instant que ce que l’on avait à dire revêtait quelque intérêt, que cela méritait qu’on l’imposât…

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Corps gazeux

Publié le 29 Octobre 2015 par Luc dans Gisant

 

Le combat a bien commencé.

Je vois deux hommes face à face,

Scintillants éclairs de menace

Dans les yeux rageurs, décidés

A en découdre avec violence.

 

 

Et ils s’approchent maintenant,

La tête lancée en avant,

Furieux taureaux allant gravant

Le marbre du combat venant,

Rut affligeant dans la démence.

 

 

L’un d’eux porte un glaive à sa main

Lourdement gantée de cuir brun,

Qu’il voudrait planter dans le rein

Ou les tripes du gros gamin

Qui gigote là, comme en transe.

 

 

Au moment précis où la lame

Fend l’air sombre, l’étendue ventrue

Se transforme, sorte de verrue

De gaz jaune et mouvant qui brame

Si fort sa moqueuse défense.

 

 

Le glaive bat l’air devant lui,

Traversant et retraversant

Le nuage amaril qui luit

Sous le groin terrible et porcin,

Dans une immatérielle absence.

 

 

Cessent les gesticulations.

La matière se régénère

Autour du gaz jaune en tension

Qui tombe en poudre délétère

Sur le sol brun… son dû, son cens.

 

 

La chair reprend autour du sang

Qui se dégage des blessures

Entrecroisées du glaive dur,

Sous l’œil surpris et impuissant

De celui qui se crut essence.

 

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Un sourire hiémal

Publié le 27 Octobre 2015 par Luc dans Gwellañ war 1985-1987

 

Ses douces lèvres se sont plissées comme un drap

Dont les blanches soieries eussent pu être éteintes ;

Son visage s’ouvrit dans une longue plainte,

Illuminé comme une rampe d’opéra.

 

 

Mais le froid qui s’en dégageait me pétrifiait,

Ouvert certes mais comme une tombe violée

Et il noie le feu de Saint Elme du piolet ;

Un souffle tombal glaça, fœtal, mes trois plaies.

 

 

Cheveux jais comme le jour sûr qui s’avance

Et je fume solitaire dans mon lit,

Que la nuit s’éclaire, amère comme la lie,

Ad vitam æternam dans le létal silence.

 

 

Ses lèvres rosées comme un cadavre embaumé

M’illuminaient de leur blanche splendeur spectrale,

Profondeur sculpturale d’un sourire hiémal

Aux senteurs humectées froidement parfumées.

 

 

Ses yeux brillaient de l’impureté pure,

Ils m’avaient consumé dans un éclair de rage

Et ses cils, droits et forts, restent là, tels des pages,

Un ciel soudain cuivré, sur sa peau, des dorures…

 

 

Ses oreilles couvertes par le voile sombre

De sa chevelure sont demeurées fermées

A mes lèvres sanglantes, par elle dévastées…

Le néant et moi, marasme de la pénombre.

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