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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Teint de cire

Publié le 16 Janvier 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

9 septembre 1996

 

Avec le teint de cire revenant, ce sont les lèvres sèches et les yeux lourds de sommeil qui renouvellent leur offrande quotidienne d’hébétude. Dans une position apparemment laborieuse, le corps s’est pourtant statufié. Sauf peut-être la main, qui frémit encore suffisamment pour articuler quelques phrases sur le papier.  

 

Les pensées bouillonnent et se révoltent contre le néant qui les saisit chaque matin. Elles se révulsent de cette incapacité à la rébellion ouverte ou même clandestine. Elles savent qu’il va falloir sourire, se remettre dans l’ordre conventionnel de marche et s’affairer au labeur.  

 

Dans tout cela pourrait-on dire, guère d’attrayant… Et pourtant, lorsque je marche vers ce rien, chaque jour au lever, les yeux piqués d’aiguilles, je ne pense pas, je m’incapacite. Ce n’est qu’au moment où, une fois arrivé, je me pose exténué sur un siège douillet que la présence du rien commence par m’interpeller, pour finir par devenir franchement pesante. Ce poids s’applique sur ma nuque, plus précisément enfonce un point particulier entre les vertèbres cervicales qui fait s’accélérer mon cœur et ma respiration, baisser la tête et rentrer les épaules, pendant que tout le corps s’affaisse lentement vers le plan de travail. Ce rien ferait décidément un magnifique magnétiseur ou kinésithérapeute ! 

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Bile amarile

Publié le 15 Janvier 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

20 septembre 1996

 

Je souris... C'est la panne sèche... de bile, que je n'arrive plus à répandre alentours. Je dégorgeais bien pourtant, ces derniers jours, mais il faut bien se dire que tout a une fin.

Les visions empreintes de poésie ou d'imagination se raréfient, alors même que l'ironie perd de son charme. A ce compte là, que restera-t-il ? J'entends des rires monter d'une pièce voisine, que je ne comprends pas. Que peut-il y avoir de drôle dans cet endroit clair et spacieux, dans lequel le loisir fait figure d'incongruité ? Persuadons-nous que ces étranglements passagers sonnaient faux, quoiqu'il en fût. Eussent-ils été vrais que l'injustice en aurait été trop flagrante.  

 

Qu'ils rient donc, couvrant les sons de cloche et les piaillements infernaux des sorties de classe ! Pour ce qui me concerne, à cette heure, je lancerais volontiers ma tête vers l'arrière pour me pénétrer du plafond gris, de mon ciel granuleux de proximité, et m'aveugler du néon blanc. Ce dernier agrémenterait la vision des choses de jolies petites taches de couleur... Des petits pois lumineux ou sombres pour modifier la relation à l'objet une fois la lumière fixement scrutée.  

 

L'esprit se révèle bien faible en ce jour amarile, trompé par les éclats de voix qui continuent à fuser de la pièce voisine. Aussi vaut-il mieux cesser là, et se cacher, de peur d'y être attrait... 

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Jean-Paul II

Publié le 11 Janvier 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

19 septembre 1996

 

Tirant nerveusement sur un mégot difficile à consumer, j'attends le pape. On m'a dit, en provenance d'une foule de grenouilles dévotes, qu'il devait passer par ici.  

 

- Et il repassera par là, marmonne-je, désormais persuadé que le guide apostolique n'était autre que le furet du bois-joli.  

 

Je l'attends, crispé sur ma construction ébranlée. L'impact des mites sanglantes sur sa soutane m'obsède plus que de raison. Je vois la mitre tomber au ralenti dans les odeurs âcres de sueur et de myrte sauvage. La présence de cette dernière à Tours aurait pu m'interpeller il y a quelques secondes, mais maintenant, ses effluves se marient à la perfection avec le décor, la bousculade hurlante. Le sceptre spirituel vacille jusqu'à entamer un mode rotatif, entre danse de Saint Guy et machine à laver. Le mil se broie avec cet attribut de pouvoir. La poudre blanche dans le pot se soulève et se dépose au fur et à mesure des cahots de la papamobile.  

 

Il est là, intact et sans auréole. Son museau frémit sous ses yeux brillants et effarés ; ses moustaches balaient l'air à la recherche d'un obstacle. Ses griffes non rétractiles n'impressionnent pas la foule du bénitier où il vient de s'abreuver.  

 

Pas de mites. Le furet du bois-joli est bien passé par ici, s'éloigne en se dandinant. J'attendrai donc qu'il repasse par là. 

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Nihil

Publié le 10 Janvier 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

18 septembre 1996

 

            Je me demande souvent s'il faut tuer tous les vieux, pour réduire le trou de la sécurité sociale, prodiguer une euthanasie systématique et salutaire à compter de soixante ans pour combler les déficits ARCCO et AGIRC. Puis encore stériliser tous les hommes à coups de vasectomie, et femmes par ligaturage des trompes, en âge de procréer, et éradiquer tous les enfants prépubères dans le but louable de ne pas leur offrir un avenir de merde.  

 

            Et aussi, notre force nucléaire de dissuasion ne pourrait-elle, justement, pas servir à dissuader chacun... de la vie, l'en distraire ? Que le plateau d'Albion retrouve enfin une utilité : on fait tout péter, mais avant, nous aurons fait une fête générale à s'en faire... exploser la panse.  

 

            Dans une absence d'avenir aussi avérée, même les relents de nihilisme dont je suis aujourd'hui la proie finissent par m'écoeurer. C'est comme les bonnes choses ou les bonnes causes... ça remonte vite aux lèvres si l'on en abuse.  

 

            Toujours s'acharner à énoncer des imbécillités quand l'origine du mal demeure incomprise sinon inconnue. Il reste pourtant tellement de choses à apprendre, et de travail pour modifier l'angle et la couleur avec lesquels l'oeil voit le monde. 

 

            Aujourd'hui, je vois rouge, pas vraiment ratione irae, mais plus simplement parce qu'un toit de tuiles se situe face à moi, en seule fenêtre d'horizon. Demain, ce pourrait être ocre : les murs sous le toit sont de cette teinte... Je le sais, car je me suis déjà levé, une fois. Ou gris, si par hasard les muscles du cou faisaient soudain défaut et qu'ainsi le ciel de cette tonalité s'incrustait dans mes yeux, au moment précis où le craquement des vertèbres emplirait la pièce.  

 

            Silence subséquent. De celui-ci non plus, il ne faudra pas abuser.

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Mauvaise humeur

Publié le 8 Janvier 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

17 septembre 1996

 

          Si clair, ce point dans la poitrine, 

          Lorsque courant à perdre haleine, 

          Manquant de défaillir, sans haine, 

          Il se mit à crier : Aline ! 

          Cette fois pour qu'elle revienne... 

          Mais vous connaissez cette histoire sans épines.  

 

          Je voulais faire un beau poème, sombre et languissant, esquissant un soupçon de révolte contre la tristesse qui m'accable en ce jour de demi-saison... Je n'ai réussi qu'à réécrire une chanson de Christophe.  

 

          On me dira : C'était marrant ! Peut-être, mais là n'était pas vraiment le but recherché de faire partager mon désarroi !  

 

          Moi ! J'aurais parlé d'une crise cardiaque :  

 

                    - le type court et puis soudain, paf ! Raide mort le zigue ! -  

 

          ou de mucoviscidose :  

 

                    - le gamin court, et puis soudain... Pas de paf. Pour une raison indéterminable, il perd toutes ses couleurs, jusqu'au noir et blanc. J'ai beau manier l'antenne, son visage prend une contorsion douloureuse ; il porte la main à sa poitrine...  

 

          Là, j'attends le Paf ! Raide mort Gavroche ! ... Mais rien ne se passe...  

 

                    - il continue à courir en haletant pendant qu'une voix mielleuse nous assène un pitoyable recueil annonant avec sensiblerie : les virades de l'espoir contre celle qui prend le souffle de nos enfants...  

 

          Et gnan gnan gnan ! J't'emmerde, poufiasse, et les p'tits n'enfants avec ! Moi ! J'aurais largement préféré que le gamin (mignon, soit dit en passant, hé hé hé... comme aurait dit l'ami Dutrou) nous fasse :  

 

                    - Paf ! Raide mort ! -  

 

            Finalement, ce point dans la poitrine n'est pas si clair qu'il y paraissait. Preuve en est que je suis toujours vivant, ma mauvaise humeur soutenant le tout.

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Un lundi

Publié le 5 Janvier 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

16 septembre 1996

 

Je me traîne dans la boue, les mâchoires serrées à se rompre pour qu'aucun cri ne franchisse le seuil de mes lèvres bleuies. Je rampe dans la fange et les coups de rondins pleuvent sur mes reins. J'avance et recule à plat-ventre, à moitié noyé dans chaque flaque sombre ; le choc sourd et humide des manches de bois sur mon dos se perd dans mes oreilles bourdonnantes. Il faudrait hurler, mais le souffle manque dans le nez bouché.

 

Rien de mieux à faire pour l'heure que de joindre les genoux à la tête intacte pour détendre un peu ces reins endoloris. Alors les coups tombent lourdement sur les jambes, qui grésillent, veulent exploser comme des ressorts comprimés. Il faut encore les étendre pour les soulager, et les reins se voient de nouveau martelés.

 

Le rythme des positions devient indifférent : foetus, cadavre, foetus, cadavre... Plié, déplié. Une longue succession de coups dans la boue. Il fait froid, malgré la fureur. L'humidité traverse la moelle et me fait tressaillir... à moins que ce n'ait été la balle salvatrice.

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Fillon

Publié le 22 Décembre 2006 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

21 décembre 2006

 

La voix est grave et agréable ; elle berce doucement la tête ensommeillée d’un langage clair et posé, sans emphase ni diction sur-jouée. Cette voix est celle que l’on attend dans le matin froid qu’une lumière blanche vient iriser en se reflétant sur l’herbe gelée qui crisse sous les pas hâtifs.  

 

Le ronronnement accompagne les accentuations qui viennent parfois émailler le discours tranquille et plein d’assurance…  

 

Mais alors, d’où m’est venue cette violence qui m’a fait parler de balle dans la nuque ?  

 

Le sénateur des rillettes a bel et bien, ce matin calme et interactive sur France Inter, plus débité d’âneries que de cochon, et la Sarthe s’est projetée en Corse par la grâce d’une métaphore charcutière.  

 

Ainsi, pour les mêmes raisons que M. Jean-Philippe Smet s’est exilé à Gstaad en vue de protester contre l’I.S.F. et les droits de succession, les jeunes chercheurs français sans moyens émigreraient aux Etats-Unis. A l’audition de quoi je reviens au cochon en pensant à une andouille… Que M. Fillon dans toute sa simplicité hautaine en prenne conscience : si les jeunes chercheurs émigrent, c’est à raison du manque de postes disponibles en France et du manque de moyens attribués aux laboratoires par l’Etat français, et non pour échapper à des taux d’imposition fantasmagoriques, puisque de toute façon, ils sont quasiment tous non imposables…  

 

Alors plutôt que de plébisciter des comportements antithétiques de la citoyenneté, qui légitimeraient sinon l’exécution sommaire des coupables, du moins leur expropriation complète au bénéfice de l’Etat (lequel pourrait ainsi augmenter le budget de la recherche, notamment fondamentale) et la déchéance de tous leurs droits civiques, M. Fillon ferait mieux de retourner à la charcuterie…  

 

Quoique, en parlant de charcutage, l’intéressé a poursuivi son propos sur le contrat unique, lubie du patronat depuis la création du Code du travail ou presque. L’éminent conseiller politique de N. Sarkozy doit bien être au courant des conventions internationales de l’OIT, régulièrement signées et ratifiées par la France et ainsi intégrées au bloc de constitutionnalité, d’une valeur supérieure à la Loi française, pour affirmer qu’il serait possible de le mettre en place ! De la même manière, la pseudo-sécurisation juridique des fins de contrats entrerait en conflit avec l’obligation constitutionnelle de disposer d’un motif légitime de rupture dont doit être informé le salarié.  

 

Voilà qui est parfait, les premières pistes jurisprudentielles sur le C.N.E. n’ont servi de rien, et M. Fillon s’entretient, au fond de son laboratoire sarthois de charcutage du Code du travail, de la douce illusion d’un pouvoir dont il ne disposera jamais. 

 

La voix était donc calme, grave et posée, mais la représentation conjointe que l’on pouvait se faire de la forme et du fond de ses propos s’est avérée asémantique, alors que fondait la glace sur les brins d’herbe maintenant ondulés d’une douce brise. 

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Porkoakoman

Publié le 21 Décembre 2006 par Luc dans Gwellañ war 1994 ha trifarzh 1995

28 septembre 1995

 

J’avais cru un instant que le comment aurait pu remplacer le pourquoi… Grincement sarcastique… La seule réaction possible demeure le « Fait chier ! »….  

 

Faute de volets, j’ai dû me contenter de rideaux transparents pour me livrer à l’immondice de la copulation exagérée… Vain espoir de pudeur lorsque tout regard eût pu se mêler à nos ébats. [1]  

 

Créer est inutile, voire dangereux en ce sens que des responsabilités en découlent. Ne pas créer ne signifie en aucun cas le refus d’assumer la responsabilité, mais bien celui de… encore plus se faire chier dans cette putain de vie. Et pardon aux péripatéticiennes pour les avoir comparées à cette chienne de vie. Pardon aux chiennes pour (…) à cette merde de vie. Pardon à la merde.  

 



[1] Ca y était, nous étions ensemble avec Emilie, et comme d’habitude… post-coïtum, animal triste

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Fin de merde

Publié le 20 Décembre 2006 par Luc dans Gwellañ war 1994 ha trifarzh 1995

21 décembre 1994

 

Même l’idée du suicide ne me choque plus, ne provoque plus cette sensation de grandeur ou de pureté qui aurait pu faire naître une chance à mon existence. Je songe encore à la ligne, chargée d’un mur gris et si long, bordé de grillages et senestrée de fossés et d’une forêt inextricable [1], qui disparaît soudain en son brusque angle droit pour laisser place à une image groupée au centre de laquelle j’apparais, moi, tête nue et note tue. Les prémices de la mort peuvent se lire sur cette couleur verte mêlée d’ocre. Mon visage, sa déclivité du moins, se perd d’une vingtaine de degrés. Mais pour masquer les oreilles et faire renaître ces joues creusées qui manquent cruellement dans une fosse rutillarde.  

 

Je pourrais me tuer dans l’instant, sans rien ressentir sauf, peut-être, la douleur, qui demeurerait si je l’éprouvais mon seul attachement à l’humanité.  

 



[1] Le stand de tir dans la forêt de Saumur. 

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Oui

Publié le 19 Décembre 2006 par Luc dans Gwellañ war 1992-1993

22 novembre 1993

 

Mon pied vient de prendre feu, 

Et des nuées montent vers moi. 

Je vais étouffer, 

Aveugle bien que voyant 

Cette flamme, là, en bas, 

Qui ne me brûle pas, 

Elle, contrairement à cet estomac. 

Je vais donc crever 

Sans avoir tenté de dire, 

Jamais,… 

Oui.  

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