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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

17 octobre 2006, une naissance

Publié le 17 Octobre 2013 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

NDLA : ce poème fut écrit pendant le travail de mon épouse aimée, qui allait accoucher de notre fille adorée.

 

Comment dire et supporter
La souffrance d’un être aimé ?
L’impotence est veule de celui
Qui assiste à l’agonie triomphante,
Toute dirigée, pourtant, vers la vie
De son amour, de la parturiente.

 

Alors que trois stries rouges
Ou blanches traversent le regard,
Il se dit le non-lieu hagard
De sa présence ici. Il ne bouge
Presque plus, les yeux de larmes
Dans le combat du soutien sans armes.

 

Mais il va falloir y retourner,
Encore constater la douleur gémie
Et encore croire, malgré son visage dépéri,
A la fin heureuse, entonnée
Par le chœur médical à pleins poumons,
Lorsque je meurs de sa douleur, mon vieux démon.

 

Tu es belle et courageuse,
« Ma guerrière », comme disait Caroline ;
Je t’ai chuchoté cette phrase
Sans mon habituelle verve rageuse,
Je l’ai murmurée comme la paraphrase
Du langage de mon corps qui décline.

 

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Magma

Publié le 21 Juin 2013 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

Alors qu’une multitude de desserts s’offrait à moi sur une table dont je ne percevais même plus l’éventuelle décoration, j’eus soudain le cœur au bord des lèvres.

Le bourdonnement acouphénique d’un moustique inavenu emplissait mon crâne d’une colère sans borne, celle de l’absence éternelle de renonciation à la tranquillité.

Et encore des points rouges et verts flottaient dans l’air pâteux de la nuit, laissaient de longues traces luminescentes alors que je tournais de plus en plus vite sur moi-même, pour faire du bruit, pour créer une apparence de calme.

Je baignais donc dans ma piscine écornée, écopais de mon corps de grandes brassées de sueur inodore, repoussais loin les étoles trempées que j’avais pensées gages de mon sommeil tranquille.

Il n’y avait plus rien à faire, les larmes au bord des lèvres, que de regarder la table du banquet, en renonçant, en acceptant les piqûres inévitées et le bruit des scolopendres trottinant sur le carrelage tiède, en se fixant sur le magma phosphorescent des lumières mélangées à la hâte.

Il n’était donc plus temps de dormir.

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Frisson

Publié le 29 Mai 2012 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

Le frisson me tord en deux

Lorsque je ne dors plus.

L’arythmie du cœur oscille

Entre cognée et butée,

Dans une infernale lessiveuse.

 

Les goûts dans ma bouche

Deviennent étranges et fétides,

Tandis que l’angoisse maîtresse

Saute à pieds joints redoublés

Sur mon âme en détresse.

 

Le réveil calque calmement

Sa géométrie absurde

Sur le non-sens de mes nuits

Sans sommeil, ses signes

Incompréhensibles sur ma peur.

 

Un drap de sueur m’enveloppe

Lorsque je ressens proche

Le petit matin et que l’épuisement

Finit par vaincre la terreur,

Mais il est tant de se lever.

 

Alors d’où vient la surprise

Gorgone fantasque, étonnement

Primal d’un rire ou d’un éternuement,

De n’être pas fatigué, jamais ?

Quand aurai-je à en payer le prix ?

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R38 L'Etoile dans le 19ème

Publié le 22 Mars 2012 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

Je suis de retour à Paris, avec tant de choses à faire, de gens à voir, Emilie et Yves notamment. Me voici avenue de Flandre, où le ciel bleu dominant les vastes trottoirs déserts, parsemés de grands peupliers, de platanes, ne masquant que peu les clairs immeubles haussmanniens, a remplacé la pluie tombant sur les noires bâtisses de mes souvenirs.

 

En marchant, je téléphone à Emilie, comme prévu, alors même que je n’ignore pas qu’elle habite le 4ème. Si fait, en plein milieu de la journée, elle ne peut pas me voir pour l’instant.

 

Alors je marche le long de l’avenue que je ne reconnais pas, jusqu’à l’hypothétique campagne que je soupçonne proche néanmoins. Après un massif pont de béton, je n’hésite pas une seconde : je savais de manière archaïque qu’à gauche se trouvait une station de RER, l’instinct de la mémoire. Comble de chance, une rame arrive alors que j’observe que le ciel s’est obscurci d’une chape sombre. Pressé, je me précipite vers un guichet libre, et ponctue mon « Vite, vite ! » de coups répétés sur la surface boisée avec une pièce de deux euros. Le guichetier, manifestement agacé par mon attitude, prend un temps infini pour imprimer mon titre de transport, et je rate la rame, quitte à attendre la seconde. L’œil vide du préposé traduit toutefois un contentement sans mesure. Bien fait pour moi.

 

Le trajet pour une destination inconnue se révèle bref, et descendant du wagon, je me retrouve sur un terre-plein dominant un abîme calcaire alternant roche et herbe d’un vert profond. Je respire, et songeant au temps qu’il me reste à meubler avant que de voir les gens, j’ai l’idée de me livrer à nouveau à un jeu que je pratiquais étant enfant.

 

Je descends un peu dans l’abrupte ravine, jusqu’à un petit plateau, sur l’herbe duquel je m’assois. Montant les yeux vers le ciel noir et étoilé en plein jour, mon étoile m’a remarqué et recommence à m’envoyer des disques de nuage évidés en leur centre, aux son et trajectoire d’étoile filante. Ils arrivent tout d’abord lentement, et je les lui renvoie de la main avec un geste de coup droit. Le rythme s’accélère comme jadis et pour lui retourner les disques, je dois utiliser mes deux mains, à la manière d’un chat faisant ses griffes sur une chaise. La partie se termine dans l’éclat de rire commun à mon étoile et moi-même par l’envoi final d’une multitude de disques de nuage qui me submergent.

 

Alors le jour revient, je me relève et remonte sur le terre-plein. Je me saisis de mon portable, inquiet du temps pris par le jeu, pour constater que j’ai eu trois messages pendant mon absence indéterminée. Le premier s’affiche sur un écran étonnamment vaste ; un gif de lettres bleues mouvantes « Amour et amitié » s’agite dans les cristaux liquides. J’imagine qu’il vient d’Emilie, mais n’en percevant pas le but, je le supprime. Le second m’annonce la mort d’Yves. Supprimé également, la rencontre devant improbable.

 

Je n’ai pu ouvrir le troisième. Il provenait d’Emilie, mais celle-ci se dissout maintenant dans le fracas des reflets rouges de la pluie.

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Marco

Publié le 7 Novembre 2011 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

Une chaleur douce et humide

Baignait notre langueur torpide.

Nous étions tous là, attendant,

Soit sombres et indifférents,

Soit palpitants et espérants,

Investis d’un amour patent

De toutes les façons, sans bride

Sur le banc d’un dehors languide.

 

Le temps passait sensiblement

Lorsque le retentissement

De l’arrivée tant espérée

Marqua d’une joie mordorée

La fin de l’attente affligée,

Les retrouvailles obligées,

Dans les larmes que mêmement

Versions à la vue des amants.

 

Des visages bien fatigués

Répondirent à nos espoirs,

Tous entourant le nouveau-né,

Un avenir en lequel croire.

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Rêve 37 Souffle de mort

Publié le 22 Juin 2011 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

Un souffle de mort me parcourut l’échine. J’étais dans ce TGV à la hauteur démesurée, dans un espace ouvert entouré de couchettes superposées, lorsqu’on nous demanda d’évacuer le train. Je savais qu’on chercherait à me tuer au dehors. Je suivis la foule compacte jusqu’au seuil d’un quai immatériel drapé dans un épais manteau de brouillard. Prétextant avoir oublié mon portefeuille, je retournai dans le wagon en me frayant un chemin parmi le flot contraire, et pris encore une direction opposée jusqu’à la queue de l’ombilic bleu. Parvenu à la plate-forme arrière, je constatai qu’une eau sombre et moirée l’affleurait.

 

Un contrôleur regardait une femme brune qui avait déjà les pieds dans l’onde calme. Pas de ressac mais un simple mouvement du train vers l’avant, et la femme débuta une brasse lente dans l’océan noir dont s’exhalait un air glacial. Je voyais ses bras et jambes diaphanes se mouvoir sans panique vers l’infini d’huile sur lequel jouaient encore quelques fanaux, reflets troublés par la nage obituaire. La nuque blanche disparut de ma vue désormais brouillée et la sombre chevelure se confondit avec les cercles excentriques.

 

Cette mort là n’était pas pour moi et je reculai prestement pour m’en retourner vers ma couchette. Mon portefeuille en main, je demeurai assis, beige et dans un malaise abominable, le souffle de mort reprenant sa caresse sur mon dos offert.

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Supplice

Publié le 19 Mai 2010 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

Un matin tel que je n’en avais vécu depuis des années… Derrière les paupières lourdes, le ton se fait plus triste et l’avenir se dessine mauvaisement. La succession de rêves interrompus entre deux heures et demi et le réveil accentue encore le malaise. Je croyais une fois encore trouver la matière dans le rêve, dans la multiplicité de ses scènes évocatrices, l’ambiance étrange qui s’en dégageait, mais chaque fois il ne se passa rien. Exactement comme si j’étais étranger à mon propre rêve, comme si je n’en étais plus le personnage principal. Alors enfin parvenu au matin, après le supplice des réveils répétés et les efforts vains de retourner au néant du sommeil ou mieux, à un rêve auquel je participerais, je m’enfonce dans une angoisse morose.

Les démons de l’inanité viennent à nouveau ronger ma présence terne, assombrir mon humeur déjà maussade. Les quelques mouvements habituels de gymnastique matinale n’y ont rien changé, pas plus que la route morne et paradoxalement agacée. Je ne veux parler à personne, que personne ne me parle, ou l’intense nervosité qui me brûle les entrailles explosera sans contrôle.

Comment ai-je pu croire à un avenir dans lequel je pourrais me situer lorsque l’étonnement peut me frapper aussi facilement et avec une telle violence ?

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Rêve 36 Gimme a towel, please

Publié le 4 Février 2010 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

Je quitte l’immeuble où je parais résider. Me retournant, je le vois dans un ciel expressionniste, curieusement mêlé de teintes jaunes et ocres, dans lequel sont suspendus des nuages filandreux et immobiles. L’immeuble est massif, rectangulaire, surmonté d’un toit parallélépipédique et percé de petites fenêtres, mais la distance doit y faire, ainsi que sa couleur marron sombre.


Je continue ma marche vers le parc dont m’a attiré l’apparente ambiance festive, matérialisée par des rires et bruits de réjouissance. Je prends place dans un bloc de béton creusé, comme un bassin vide et peu profond, sur le rebord duquel je m’accoude et débute mon observation attentive.


Immédiatement, je constate que la sensualité est le pôle des amusements. Où que je dirige mon regard, je tombe sur des danses et gestes coquins. Une femme est penchée vers l’avant, dont je ne perçois que le postérieur uniquement recouvert d’un string rouge impudiquement déplacé sur un côté. Là encore, des jeunes gens à moitié dévêtus discutent joyeusement, et là aussi, plus près de moi encore, une jeune fille méchée au visage carré dominant un petit top aguicheur joue avec son Tanga en le descendant subrepticement puis en en laissant claquer l’élastique sur son bas ventre lors de la remontée. Elle répète consciencieusement le même geste plusieurs fois, ce qui me permet de constater qu’en lieux et place de poils pubiens, elle a opté pour un petit ruban de sparadrap blanc. Le « landing strip » devient « strip » tout court et je commence à deviner que le problème ressortira de la traduction.


Ce n’est qu’alors que je m’aperçois que je suis nu et émoustillé. Je décide rapidement de me coller à la paroi de mon bassin de béton, mais rien n’y fait ; la situation devient intenable. Il faut partir, je dois me résoudre à rentrer chez moi. Après avoir jeté un dernier coup d’œil circulaire pour m’assurer que personne ne me prêtait la moindre attention, je bondis hors de mon refuge et cours en protégeant au mieux ma nudité. Je quitte le parc, reprends l’avenue sans croiser personne, et arrive enfin à l’immeuble sourd, à l’escalier, à mon appartement…


Nu comme un ver, je réalise à ce moment avoir oublié la clé à l’intérieur et peste contre mon inconséquence dans des termes particulièrement insultants. Il me faut descendre à l’accueil de l’hôtel, puisqu’il s’agit apparemment de ça, pour en demander le double.


Derrière le desk se trouvent deux hommes en uniforme assez policier me semble-t-il. Aucun ne paraît choqué par mon absence de tenue. Je procède donc à ma requête. Celui qui est assis me répond avec un très fort accent américain :

 

-          woinwoinyouwan a reel ?

-          ‘m sorry ? – rétorque-je.

-          woinwoinyouwan a reel ? – répète-t-il, plus lentement.

-          (il doit me demander un « reel », mais j’ignore parfaitement de quoi il s’agit) Excuse me, Sir, but I don’t understand what « reel » means ! – dis-je avec ce fameux accent très anglais, en imaginant ma bouche dont seules les lèvres inférieures ont dû se mouvoir, tandis que les lèvres supérieures ont dû demeurer rigides, comme soutenues par deux allumettes.

-          Ow, british accent… fait-il en souriant, pour exprimer ensuite très lentement : a reel isaweonwang to getcha your room.

-          Once again, I am terribly sorry, but I don’t understand a word of what you are trying to tell me. – réponds-je atterré sous l’œil goguenard du réceptionniste resté debout.


Et la scène reste fixée, là. J’ai fini même par oublier ma nudité absurde sous le ciel immobile. Nudité, shower… Je conclus en m’adressant à mon tour avec un grossier accent américain au type assis :

 

- Gimme a towel, please.

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Morosité

Publié le 26 Octobre 2009 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

Alors je m’assois au sommet d’un petit promontoire rocheux, dominant le vallon. Les arêtes de la pierre blanche s’enfoncent dans mes muscles meurtris, jusqu’à l’os immobile.

Rien ne peut me faire mouvoir de cet emplacement de choix.

Peu de temps avant, j’avais quitté un endroit où l’on m’avait dit que mon désir m’appelait ailleurs. Je refusai cette idée de toute force. Elle était absurde. Elle était fausse, mais je ne savais convaincre du contraire. Alors tout en m’y refusant, je n’avais d’autre opportunité que de m’y soumettre en quittant les lieux.

Mon cheminement a été bref, puisque me voilà sur le roc, pétrifiés l’un et l’autre.

Je regarde la colline d’en face, à la pierre blanche lavée jusqu’à l’os, également, et ne demeurent comme seul relief que quelques pins calcinés, brandissant leurs silhouettes décharnées dans l’air chaud du matin. Leur seul mouvement de vie est le vent, qui ne siffle même pas dans leurs branchages sans aiguilles, un peu comme si l’on se laissait prendre à croire que vivent encore un cadavre remué par une main d’homme ou un canard décapité courant à travers la basse-cour.

La pluie vibrionnante a brossé, drossé, étrillé le sol d’albâtre, jetant aiguilles, racines et humus à bas, loin au fond du thalweg. Et partout sont disposés avec ordre les charniers, sur ce blanc de chaux vive, soigneusement découpés en morceaux égaux et entassés en phalanges.

Mon regard suit tristement ce qu’a dû être la course de l’humus emporté, et le retrouve gisant sur une pluie de galets lisses, témoignant de l’ancienne ou épisodique existence d’un ru, où quelques plantes paraissent s’ébattre avec aise quand la mort enflammée les domine, pourtant.

Plus mes yeux s’abaissent, plus ils remontent vers mes pieds devenus nerveux. La terre rouge vomissant, charriant des cailloux calcaires, est devenu folle. Glèbe poignante, puis poussière sautillante, elle change sans cesse de forme, peut m’emporter d’un brusque changement d’humeur, d’une lubie soudaine, causée par le fait qu’elle aurait imaginé que mon désir m’appelait ailleurs.

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Deiz-a-bloaz Veïg

Publié le 16 Octobre 2008 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

Lorsque je pense à toi, surgissent deux images

Dans un manichéisme presque américain.

Tout d’abord, un buffet de chêne, massif et sage,

Sérieux, au pour quoi faire d’autre que d’aucuns

Tendraient à envier, mais sans pouvoir s’arrêtier

Dans l’inefficace logorrhée des RH,

Laquelle vient toujours accabler, dépiter

Les assistantes fourbues dans leurs mornes tâches.

Une assistante ? Et voici la seconde image :

Faune bondissant dont la sensualité

A son corps de satyre en rut est chevillée,

Mais à la cheville sensible, pour cause d’âge

Avancé certainement. Et sonnent alors

Trente-cinq coups du glas offert aux vétérans,

La gorge nouée et la tempe blanchissant

A ses pourtours. Sagesse et folie, l’âge d’or.

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