18 septembre 1996
Je me demande souvent s'il faut tuer tous les vieux, pour réduire le trou de la sécurité sociale, prodiguer une euthanasie systématique et salutaire à compter de soixante ans pour combler les déficits ARCCO et AGIRC. Puis encore stériliser tous les hommes à coups de vasectomie, et femmes par ligaturage des trompes, en âge de procréer, et éradiquer tous les enfants prépubères dans le but louable de ne pas leur offrir un avenir de merde.
Et aussi, notre force nucléaire de dissuasion ne pourrait-elle, justement, pas servir à dissuader chacun... de la vie, l'en distraire ? Que le plateau d'Albion retrouve enfin une utilité : on fait tout péter, mais avant, nous aurons fait une fête générale à s'en faire... exploser la panse.
Dans une absence d'avenir aussi avérée, même les relents de nihilisme dont je suis aujourd'hui la proie finissent par m'écoeurer. C'est comme les bonnes choses ou les bonnes causes... ça remonte vite aux lèvres si l'on en abuse.
Toujours s'acharner à énoncer des imbécillités quand l'origine du mal demeure incomprise sinon inconnue. Il reste pourtant tellement de choses à apprendre, et de travail pour modifier l'angle et la couleur avec lesquels l'oeil voit le monde.
Aujourd'hui, je vois rouge, pas vraiment ratione irae, mais plus simplement parce qu'un toit de tuiles se situe face à moi, en seule fenêtre d'horizon. Demain, ce pourrait être ocre : les murs sous le toit sont de cette teinte... Je le sais, car je me suis déjà levé, une fois. Ou gris, si par hasard les muscles du cou faisaient soudain défaut et qu'ainsi le ciel de cette tonalité s'incrustait dans mes yeux, au moment précis où le craquement des vertèbres emplirait la pièce.
Silence subséquent. De celui-ci non plus, il ne faudra pas abuser.