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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Vide-beauté

Publié le 16 Janvier 2006 par Luc dans L'amour de l'erreur (du 14-5 au 30-7-03)

12 juillet 2003

Ca y est ; tout va suffisamment mal pour que je reprenne la plume. Une succession d’incompréhensions, d’hypocrisies et de comportement social m’a enfoncé ce point au côté, qui devrait me faire hurler si je n’y étais si accoutumé.  

 

Tant de beauté a défilé devant mes yeux désormais ouverts. Je la voyais à chaque rencontre, dans chacun des sourires que l’on me découvrait, nombreux aujourd’hui semblait-il, tous m’inspirant la volonté de les retrouver, de revenir vers eux, très vite…  

 

Mais voilà, les soubresauts cessent bientôt ; le son se perd maintenant dans la nuit solitaire… Les sourires ont laissé place à la face impassible du mur blanc, impavide, dans laquelle je ne décèle rien de moi-même. Alors je vais me tourner durant les heures à venir, alternativement du vide qui me désespère vers le mur qui me désespère, et du mur qui me désespère vers le vide qui m’attire.

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Communication épilatoire

Publié le 16 Janvier 2006 par Luc dans L'amour de l'erreur (du 14-5 au 30-7-03)

7 juillet 2003

J’ai cédé à la tentation de la facilité, dans une pauvre tentative de partage, dont j’ignore comment elle a été reçue. Mal, probablement… une nuisance de voisinage… une servitude de passage.  

 

Pourtant j’ai été vrai ; dans le cas contraire, je n’aurais pas hésité cette longue seconde avant de m’exprimer. Aussi bien, c’est peut-être cet instant fugace qui m’a donné le temps d’habiller le Vrai au mieux de mes intérêts… Qu’importe après tout.  

 

Et puis foin d’alibi communicant, la pression se faisait tout simplement trop sourde. Il fallait l’exfolier, un bon gommage qui participerait à ma… oserai-je !?… beauté. Tout cela continue autour de moi comme si le drame de ne croire ni en bonheur ni en malheur n’existait pas ! Et pourtant, le disheureux vit, confortablement mais assoiffé d’émotions incurables, emporté dans les brûlures de la passion et tellement immobile que l’échec est d’avance consommé, mais également impossible. 

 

Rien de plus à espérer en ne craignant pas la mort, à aucun moment, à aucun prix… sans aucun doute fondamental autre que formel. 

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Joué

Publié le 16 Janvier 2006 par Luc dans L'amour de l'erreur (du 14-5 au 30-7-03)

1er juillet 2003

La lourdeur empesée de l’air et des paroles m’a saisi ce matin. A mesure que les blocs de ciel noir continuaient de s’empiler mécaniquement sur le trop proche horizon, ma vue se brouillait dans mes yeux secs, pleins de poussière. Les mains immobiles et posées à plat sur la froide étendue, ma tête se renfonçait dans les épaules tout en déclinant. 

 

Aucun tremblement, juste la sensation présente d’une atroce lucidité.  

 

Mon crâne suit la lumière. La détonation ne vient pas quand tous les autres bruits me harcèlent, me harassent. Je n’ai ni le temps ni le goût de la réflexion à ce moment. Mes gestes sont machinaux et imitent la mort lorsque le mépris qu’on me porte frappe presque amicalement. Tout cela va bientôt se terminer, c’est heureux…  

 

Je m’étrangle sans rire à cette pensée, le ventre gonflé et tendu comme celui d’un noyé, dont j’arbore aussi le visage épanoui, plein de gaieté lunaire. Non, tout cela doit cesser… 

 

Ces visages qui se reculent perclus d’horreur quand je m’approche, ces corps qui fuient à mon contact, les regards tous détournés qui entrent pourtant dans ma peau comme des lames effilées. Il faut que cela cesse…  

 

Je voudrais crier à toutes ma faiblesse, ma rage d’écrire et de vivre vivant, que je suis tout le contraire d’un être morbide et glorifiant la douleur, mais la crainte du ridicule avéré de l’image de l’écrivain laid et sans talent me retient encore, définitivement semble-t-il. Cesser, maintenant.  

 

J’ai alors mis ma tête à la pierre, entre deux blocs de ciel noir… qui se sont écartés de moi, encore floué, joué, et je ne peux plus maintenant, pour encore ressentir mon corps, que tordre nerveusement mes orteils, dans la convulsion de ma mort ratée à venir. 

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Aisselle

Publié le 16 Janvier 2006 par Luc dans Viens (du 4-2 au 10-5-03)

9 mai 2003

La femme marche en ondulant comme une virgule vers la grande baie vitrée où se couche stupidement depuis toujours un soleil sans intérêt. Les murs ocres se parent alors de l’or du soir et le cuivre emplit l’air, tandis que joue un piano aigrelet. Une petite brise doit agiter l’atmosphère puisque la robe brune de la femme s’irise de plis marquant des mouvements contraires à ceux de sa marche vers la lumière. Elle aussi est brune, sûrement très belle pour être là… 

 

Alors elle s’approche du grand rideau drapé, puis lève le bras pour s’en entourer dans un tourbillon sans mesure. J’ai eu le temps de fixer dans l’éternité de mon âme son profil parfait, l’œil mi-clos, la bouche aux lèvres purpurines entrouverte sur tout l’or du dehors, cette peau brune encore, et surtout j’ai gravé dans ma mémoire cette aisselle immaculée tandis qu’elle saisissait le rideau, non loin de son visage, où je vais me reposer pour tant de jours à venir. 

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Skull

Publié le 16 Janvier 2006 par Luc dans Viens (du 4-2 au 10-5-03)

5 mai 2003

Je suis debout, confronté au silence et à la calvitie naissante, alors même que je ne perds pas de cheveux. Vêtu de noir comme à l’accoutumée, j’affiche moues plaintives et grimaces explicites, les accompagnant de gestes non équivoques d’impuissance, les bras écartés sous les épaules remontées, les mains ouvertes, les lèvres serrées et la tête hochant tristement de droite et de gauche…  

 

Le monde derrière le piédestal circulaire où je me trouve est parfaitement blanc, et je finis par m’interroger sur mes mouvements de tête : dodeline-je ou n’est-ce que le monde qui s’agite autour de moi ? Peu importe maintenant puisque tout paraît joué : je me vois de trois-quarts profil à cet instant, le dominant d’une demi-tête. Je grimace encore pour pouvoir regarder mon œil qui voit ce que je suis. 

 

Mon crâne est chauve sur les côtés et l’occiput. Sur son sommet pousse un grand peuplier aux feuilles jaunes, au tronc ocre et brun, sous l’absence d’ombre duquel foisonnent quelques buissons verts et une clôture. Pas d’herbe sur ma tête que fait trembler la mâchoire convulsée, juste un arbre et des bosquets ridicules, et la chaîne courant de mes dents à l’enclos, tendue comme une peau de tambour, ne cesse de me faire souffrir à mesure que le peuplier automnal m’étonne toujours plus. 

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Réponse

Publié le 16 Janvier 2006 par Luc dans Viens (du 4-2 au 10-5-03)

28 avril 2003

Le sommeil me quitte et l’angoisse irraisonnée reprend ses droits. Je tourne encore dans la lessiveuse de l’éveil contraint. Je ne mange plus. Je croise les regards avec la profonde sensation de mon ridicule consommé. Tu es si froide maintenant que je ne peux plus douter que tu as reçu mon aveu… et l’as rejeté, méprisé. Ta voix m’évite ; tes yeux sont de fausset. Tu tentes de me faire comprendre l’inanité de ma démarche. 

 

C’est réussi.  

 

Oubliant la vanité du propos, je repars sur ma voie si agréable et sans surprise ni faille, celle de la mort. Je croyais être facilement blessé par tes attaques exprimées, et je réalise que l’offense est pire encore quand tu ne dis rien, quand je n’existe plus. 

 

Malgré l’habitude de ce jeu que j’organise et dont je suis le seul dupe, l’absence de parole me pèse parce que je t’offre le choix pour ne pas avoir à le faire moi-même. Toutes les excuses me sont recevables lorsqu’il s’agit de ne pas agir.  

 

Finalement, je me demande si tu ne serais pas qu’une muse, dans ma tentative de représentation de l’amour, immatérielle, anéantie. Je te suis donc, quémandant ma réponse, sans plus d’espoir que cela aujourd’hui. 

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Cotswolds

Publié le 16 Janvier 2006 par Luc dans Viens (du 4-2 au 10-5-03)

21 avril 2003

Les toits d’ardoise moussue dominent des murs de vieille pierre sombre, et soudain je me sens chez moi. Les collines herbues succèdent à des champs aux bocages renaissants, les forêts de chênes et de peupliers aux pâturages de moutons et aux plantations du jaune colza. Un ciel où l’on ne croyait voir que lourds nuages et pluie averse ne laisse d’étonner par sa quiétude ensoleillée. 

 

Ce n’est que l’Angleterre, au tapis de pelouse épaisse et taillée à ras par les moutons aimant à goûter la source du bien-être et de la vie, la matière régénératrice, la liqueur divine. A travers les cercles de pierres levées qui viennent se planter dans le sol avide et fécond, les longs et raides tumulus fendent la terre moite, les canaux prolifiques des jardins fertiles, j’aime à me délaisser, allongé, passif et les yeux clos. Derrière mes paupières chauffées par le soleil printanier, je décèle des formes étranges, comme ton visage quadri-dimensionnel, dans une ubiquité sensuelle à force de t’avoir perdue de vue quelques jours durant. C’est bien ton profil que je remarquai derrière les cimetières désordonnés, mêlant croix de bois ou celtiques de granit aux simples plaques arrondies, dans les feuillures d’arbres centenaires dont les racines fourmillent sur la pierre dure et grise, si proche de moi, dans les tranchées les plus profondes comme au sommet des collines émeraude.  

 

Dire que j’avais cru t’oublier par la distance. Tout ce pays me rappelle à toi, de la mouette jouant bruyamment jusque loin dans les terres à la sensation d’un vicaire anglican dont la dalle de la tombe témoigne de la mort en deux ans de ses femme, deux filles et nièce, et auxquelles il réussit à survivre quelque temps… devant mon incompréhension totale.  

 

Ma course se poursuit dans les cuivres et rires des accents chuintés avant que le sommeil chaud soit entrecoupé de clartés : alors, les yeux ouverts, je vois les formes que clos sous le soleil… Ton visage, ton absence de lettre, et mon doute qui avance en pleine lumière, inexorablement. 

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Piquet

Publié le 16 Janvier 2006 par Luc dans Viens (du 4-2 au 10-5-03)

12 avril 2003

Le ciel noircissait et le fracas de la pluie sur le bitume m’empêchait de t’entendre. Alors j’avais décidé d’aller te voir, les yeux gonflés de sommeil et de tabac. Une fois parvenu plus à mon terme qu’à mes fins, tu me remarquas, trop lentement à mon goût, parmi la foule obscène. 

 

Tu souris, t’empourpras, mais ne soufflas mot, et retournas à ton activité sans autre entrefaite. Je restai là, un sombre piquet bouffi sous un préau aux odeurs de chien mouillé. Tentant de ne pas bafouiller de ma rage de tous ces gens, je m’esclaffai sans conviction autre que ma laideur terne et voilée, avec dans mon dos ce ciel qui me ressemble tant, ces odeurs de putréfaction qui m’envahissent… Comment rester un instant de plus te voyant dévouée à ta conversation avec rien, ou plus exactement tout hors moi… Je partis donc, sourire ridicule planté aux lèvres sèches.

 

Loin, je te rappelai, Levenez, pour réitérer une rencontre que je souhaitais fortuite, mais une fois encore, tu préféras le silence, en t’inscrivant au contraire du temps dont le bruit terrible m’assaille cette nuit. J’aurais tant aimé que tu fusses avec moi, pour me dire le fond de ton cœur et de ton âme. 

 

J’entends les poutres craquer sous l’affront, les insectes venir sous mon sein chaleureux, grouillant du plaisir d’éviter la pluie, de me déchiqueter de l’intérieur, de se repaître de la plaie… Tout se trouble maintenant et dans le silence de tes réponses, je ferme la bouche et mens encore. 

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Anonyme

Publié le 16 Janvier 2006 par Luc dans A la recherche de L (du 6-11-02 au 30-1-03)

21 janvier 2003

Je ne sais même plus quel jour nous sommes. J’ignore où je suis et à qui sont ces bras qui m’étranglent peu à peu, sans violence, avec compassion presque. Ma vue se trouble davantage et le sang vient frapper à la sortie, sur mes tempes et derrières les yeux.  

 

Je ne dis rien, ne le veux pas. Je vais me délaisser vers la mort sans avoir pu te souligner ton inconséquence, ta faculté à dramatiser jusqu’à la terreur pour tourner la page à une vitesse inégalable… Mais tout cela n’est qu’une historiette et appellerait mon mépris si ces mains chaudes autour de mon cou n’étaient à ce moment ma principale préoccupation.  

 

L’horizon s’obscurcit à mesure que les heures passent, de plus en plus sombre(s). Mes cervicales craquent sous la pression, mais je m’en moque, je suis invertébré en matière de sentiments. Les bras me plient et tordent en tous sens, sans effet, habitué que je suis à marcher avec la tête regardant obstinément vers l’arrière.  

 

Les bras vont se lasser devant tant de résignation, de renoncement, et peut-être se décideront-ils enfin à me laisser dormir, au moins une fois. 

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Monde de peau

Publié le 16 Janvier 2006 par Luc dans A la recherche de L (du 6-11-02 au 30-1-03)

16 janvier 2003

Abruti, inné devant la lumière, j’ai grimacé avec violence. Une lourdeur syncopée m’a pris et je me suis vu dans la peau de celui dans la peau duquel vient de pénétrer une balle.  

 

Elle ne m’a que blessé et mes appels au secours sont restés sans réponse. Je ressens le sang pourrir dans ma blessure et mon visage s’émacie plus encore, qui fait rire les enfants. La situation clownesque de la souffrance irreprésentable, apotropaïque.  

 

La balle m’immobilise. Je ne peux plus bouger. Assis et défait, je me meurtris de la mort qui ne vient pas. Je regarde encore mon corps pendu à cette damnée poutre, il y a seize ans de cela, à l’époque où je savais faire un nœud coulant.  

 

Aujourd’hui, j’aime trop(es)… en désespoir de cause. Plus rien ne vient atteindre. Le cercle s’obscurcit à mesure que je crois déceler derrière les mensonges de toutes celles que je convoite la disparition du serpent. Il se love autour de ma gorge. Je ne respire presque plus. Je ne mange plus. Je meurs. 

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