369 23-07-01
Je suis en costume sombre, plutôt élégant à ce qu’il semble ... Attablé, en compagnie de collègues de travail parmi lesquels je ne reconnais pourtant qu’une seule tête familière, grotesque, j’éprouve l’angoisse certaine de celui qui n’a rien à faire là...
C’est sûrement pourquoi je me retrouve sans transition, toujours dans la même tenue, sur un vélo de course, jouant la victoire en mano a mano avec l’unique adversaire qu’il me reste. Nous pédalons rapidement ; l'autoroute facilite d’ailleurs ce fait. Les sensations sont bonnes, mais c’est à ce moment de pleine puissance que je vois mon protagoniste démarrer violemment sur ma droite, en danseuse effrénée.
Alors que sa taille se réduit à mes yeux, j’appuie plus fort et accélère à mon tour, espérant contrer son départ. En vain. Il me distance inexorablement. Mon effort se poursuit ; l’asphyxie et la tétanie menacent. Je donne plus que je ne peux, que je n’aurais imaginé.
Il n’existe plus de son lorsque mon rival n’est plus qu’un point se fondant à l’horizon, qui grossit maintenant du fait qu’il ralentit, qu’il passe la barrière de péage signifiant l’arrivée.
Malgré mon épuisement, mon dépassement, je suis donc vaincu...
Franchissant à mon tour la cabine du péage, je méprise le réceptacle à monnaie et pose un pied à terre, pour fléchir le tronc en m’agrippant d’une main au guidon. Eviter la chute ridicule. Je pleure trop de larmes et salivé abondamment, une noria de crachats roule vers le sol goudronné. Ma tête tourbillonne et bourdonne insupportablement.
Des gens dont j’ignore les intentions réelles me soutienne t alors vers une tente militaire de conception ancienne, où je chois sur un lit de camp.
Sans avoir le temps de savourer ma défaite, une femme entre et s’allonge à demi sur l’autre lit de camp. Elle est âgée d’une quarantaine d’années. Ses cheveux châtains coupés au carré entourent un visage aux traits lourds, malgré un entretien évident, sur lesquels viennent se greffer deux grands yeux marrons sans intérêt.
Les badineries d’usage et de présentation expédiées, elle se décrit comme psychologue et entre sans détours, étonnamment pour quelqu’un de sa caste, dans le coeur du sujet. Elle remet en cause ma performance du jour du fait de l’ingérence de deux verres de muscadet le midi à table avant la course.
- Ce n’est pas un produit dopant que je sache ! -
Toutefois, elle poursuit en précisant :
- Votre problème, c’est l’alcool... -
Je ne le sais que trop, Madame, mais je n’ai pas envie de vous écouter aujourd’hui. Je songe encore, fébrile, à ma défaite inévitable. –