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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Atteint

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Chair (du 15-10 au 31-12-01)

417                                                                                                                              23-12-01

 

 

 

Ce soir, je n’ai plus été le centre des attentions. J’ai ressenti cruellement les conversations badines, les rires fuser de toute part sans pouvoir m’y raccrocher de quelque manière qui soit. Tous ces gens que je connais, que j’aime peut-être, se mélangeaient à merveille en oubliant parfaitement le catalyseur, moi en l’occurrence.

 

 

 

Mes fesses ont progressivement glissé de l’arrière vers l’avant du siège, alors que dans le même temps mon dos droit se courbait, résigné. Ils ont continué et je ne participais déjà plus, m’enterrant dans certaines remarques acides, décalées et tombant à l’eau car hors de propos, de contexte joyeux, déniées, refusées sans débat.

 

 

 

Puis l’intérêt s’est de nouveau porté vers ma personne… à mon détriment. Les piques inamicales succédaient aux moqueries les plus douteuses. Sur ce coup, ce fut à mon tour de les trouver déplacées. Surpris, je me réfugiai dans le mutisme sombre et obstiné, tout en conservant ce sourire de façade, insupportable et ne trompant personne quant à sa véracité, mais gardant du moins le mérite de masquer au mieux l’envahissant désarroi.

 

 

 

Toutes ces conversations qui m’indiffèrent en leurs thèmes me saignent à blanc. Mes cernes se sont creusées et marchant dans les rues glacées, tu as fini par me demander si quelque chose m’avait déplu. J’ai bien entendu répondu par une pirouette paradoxalement sincère. Dire que j’ai trouvé tes attaques un petit peu déplacées était une litote.

 

 

 

Tu m’as encore attiré de ton regard dans lequel je lis toujours un feu quand tu m’observes.

 

 

 

Tu m’as encore touche dans le mouvement de ton corps parfait…

 

 

 

Mais tu m’as atteint et blessé.

 

 

 

Je n’ai pas le sens de l’humour quand il s’agit d’amour.

 

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Visage rond

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Chair (du 15-10 au 31-12-01)

416                                                                                                                              20-12-01

 

 

 

La tête se fait lourde et le cœur au bord des lèvres.

 

Les abus répétés de tout me rendent bouffi, gras et laid.

 

Mon visage s’étiole dans des replis suiffeux

 

D’où ne transparaissent que des yeux pâles et ternes.

 

De ce visage contrit, lunaire et fixe,

 

Je ne tire que honte et tristesse…

 

Le sourire ne fait que déformer la sphère ;

 

Il ne le creuse pas ainsi que le souhaiterait

 

Pourtant ma gravité profonde.

 

 

 

Avec toi j’ai découvert des yeux blancs

 

Et des dents ouvertes l’autre soir.

 

J’ai été hors de moi. Je suis allé bien.

 

J’ai été bien. Je suis allé hors de moi.

 

 

 

Ce soir encore, tu n’as pas appelé...

 

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Période

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Chair (du 15-10 au 31-12-01)

415                                                                                                                              13-12-01

 

 

 

Une autre période prend fin et un nouveau désespoir commence…

 

 

 

J’avais pu me croire tacticien rusé et velléitaire, au succès garanti… Rien de tout cela en fait. Ma piètre manœuvre s’écroule d’elle-même dans un silence cinglant, un peu comme le vent froid de ce triste soir.

 

 

 

J’ai surtout eu le tort d’oublier quelques instant durant cette atrocité de hideur qui me caractérise. Que de présomption ! Accompagné un temps du beau, en profitant et abusant, m’en rassérénant, j’ai vraiment cru me fondre dans son image… Quelle puérilité ! Et moins pardonnable encore, quelle erreur de jugement.

 

 

 

Je ne dois désormais plus oublier les fondamentaux : je suis petit, laid et contrefait, affligé d’un cerveau cohérent et réaliste, d’une bonne nature qui fait que j’arbore un visage rebondi et épanoui même à l’article de la mort. En outre, cette horreur se prétend esthète et intellectuel : moyennant quoi, une compagne qu’il trouverait moche et/ou stupide l’indifférera et ne suscitera aucune montée des sens. A contrario, compte tenu de ses caractères, une femme belle et/ou intelligente s’en éloignera bien vite…

 

 

 

A ce compte, pourquoi la vie et la terre sont-elles des cercles ou des sphères ? Pas de linéarité dans le destin, juste une grande promenade faisant passer par tous les émois, pour finalement retomber au point de départ dans une relativité absurde.

 

 

 

Je suis revenu en arrière, j’ai régressé de trois ans, de sept ans, de treize ans et seize ans, et la conclusion reste identique : je me méprise.

 

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St Petersbourg

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Chair (du 15-10 au 31-12-01)

414                                                                                                                              12-12-01

 

 

 

Nous étions trois ce soir là, assis, accoudés sur une banquette de coin en velours rouge sombre, sous des lumières cuivrées, à table. Ton frère s’est rapidement allongé sur son côté, après quelques décilitres de Yuriy Dolgorukiy… L’hôtesse aux mollets solides, à la froide blondeur, au regard bleu et sépulcral, s’est fendue d’un sourire magnifique parce que gêné et inattendu. Elle gloussait de notre ivresse… Ton frère affalé comme une grand’ voile par petit temps, toi rieuse et les yeux brillants d’une fureur sensuelle, un éveil complet provoqué par l’alcool, qui t’euphorise, ne t’endort pas… Et moi, fidèle à ma rigidité, tentant toujours de ne pas sourciller aux assauts du vertige, par orgueil.

 

 

 

La soirée file, notre dernière à Saint Petersbourg. Je t’ai soutenue jusqu’à la chambre. Là nous fîmes l’amour comme jamais, comme une dernière fois qui en contient plusieurs. Las et amolli, tu as continué à faire monter le désir en te caressant sans pudeur devant mes yeux, lesquels cette fois ne se sont pas détournés, sont restés voyeurs et ont réengendré mon propre désir.

 

 

 

Cette nuit se poursuit encore malgré les mois. Nous pouvons aller creuser plus profondément encore, même si tu n’en as pas envie. Le plus loin peut s’y trouver.

 

 

 

J’aimerais y croire… Je ricane de ma sensualité, laquelle ne te fait pas me rappeler à toi… Voyons nous et nous retombons. Je ressens ta peur et tu ne crois pas en moi. Je sombre. Pas d’essor.

 

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Veille

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Corps rompu (du 8-8 au 13-10-01)

391                                                                                                                              13-10-01

 

 

 

Le liquide de la douleur venante se répand doucement, sans bruit dans mes veines. Chaque battement de coeur l’amène vers son but... Chaque fois que je vis, j’en ai plus mal.

 

 

 

Ce soir encore, j’ai essayé la nostalgie, la séduction de parade, facile... et n’ai pu me résoudre à aller jusqu’au bout. Trop de gens à qui plaire, trop de paroles à relever, critiquer, trop d’auteurs à détruire dans la subtile finesse d’une conversation bourgeoise, pour encore penser et concentrer ses efforts sur une seule...

 

 

 

Une seule, toi à qui j’ai trouvé bien mauvaise mine, pâle et quelque peu vultueuse, dont l’indifférence affichée contrastait étrangement avec la chaleur des baisers portés sur mes joues creusées, ainsi qu’avec ta main tendrement posée sur mon épaule...

 

 

 

Les vaines tentatives d’oubli n’empêchent pas le liquide épais de serrer coeur et âme, qui respirent si mal, cèlent si bien, meurent si dignement dans un réflexe d’honneur suranné, dont personne ne veut, tout le monde se fiche, qui n’importe que pour celui qui le ressent.

 

 

 

Le nouveau mot d’ordre (enfin... “nouveau”, disons-le vite !), gravé en lettres colorées au contraire de mon âme, de mon écran de veille est passé de “M’am Auger” à “Vie de merde”, juste pour garder en mémoire cette conviction, cette vérité.

 

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Adieu au corps

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Corps rompu (du 8-8 au 13-10-01)

390                                                                                                                              10-10-01

 

 

 

Je monte vers le lieu du plaisir, m’adonne aux gestes habituels, mécaniques et préventifs. Mais cette fois, je reste assis en lisière. Mon corps se tend, hoquette, tressaute... Les larmes viennent...

 

 

 

Ce n’est pas le désert de l’étendue nuptiale derrière moi, ni mon corps rasé... C’est l’obscénité du gâchis... Les muscles se révulsent, des sanglots compriment le thorax. Que la mort vienne ! - hurle le cordon blanc tressé, enroulé en serpent au pied du lit. Mais que mourir quand les corps n’ont pu s’avouer leur adieu ?!

 

 

 

Les yeux rougis se ferment sur des images de partie de chasse haïe, mais pouvant donner lieu et moyen à l’accident, désormais souhaité.

 

 

 

J’ignore, sauf la mort, comment oublier le désir de toi.

 

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Rêve e

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Corps rompu (du 8-8 au 13-10-01)

389                                                                                                                              07-10-01

 

 

 

On me parle d’un crabe qui compte une faiblesse : il n’a pas de carapace dorsale, qu’il compense par une agressivité abominable. Mon regard s’en approche. L’animal est blanc, avec différentes variantes coralliennes virant entre le rose très pâle et le nacré. Il est recroquevillé sur lui même, ses deux pinces le recouvrant presque entièrement, découvrant sur leurs faces extérieures des picots peu accentués à la pigmentation légèrement rougeâtre pour certains, les autres, plus rares, étant noirs.

 

 

 

Je m’approche trop et il se jette sur moi ; ses pinces forment un cylindre partant de son groin immonde, qui vient se presser sur ma jambe nue comme une sangsue, puis commence à broyer les chairs.

 

 

 

Je grogne sous la douleur mais saisis l’animal par son semblant de nuque, et serre violemment. J’entends craquer les cartilages de l’invertébré et il relâche son étreinte sur ma jambe. Je le porte haut maintenant, pour le regarder mourir de profil. Je vois son rictus de souffrance, mais celui-ci change : le crabe, on dirait finalement une sorte de rongeur couinant et suffocant, une souris blanche de laboratoire promise au dépeçage.

 

 

 

Je serre plus fort avec moins de rage. Il faut en terminer. Je serre tellement que la peau de son crâne est attirée par ma main vers sa nuque. Les orbites s’étendent, les yeux grossissent sans mesure, le droit plus que le gauche. Je serre. Les plaintes continuent. La respiration est quasiment impossible. L’oeil droit augmente encore de volume. Dans un effort désespéré, l’animal indéterminable tourne sa tête vers moi, et ressemble maintenant à un chat croisé de lapin, qui réussit à donner sur mon avant-bras veineux deux ou trois faibles coups de pattes aux coussinets roses.

 

 

 

Merde. Je n’ai jamais réussi à tuer quelqu’un. Je lâche ma proie et le chat se retrouve assis sur le canapé, le regard halluciné de terreur et d’incompréhension. Il ne bouge pas, mais j’entends sa respiration et son oeil droit revenir dans son orbite, petit à petit, dans lequel se reflète la lueur de ma honte. JE n’ai jamais réussi à tuer quelqu’un.

 

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Fin de tout

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Corps rompu (du 8-8 au 13-10-01)

388                                                                                                                  Du 02-10-01

 

                                                                                                                        au 08-10-01

 

 

 

Les jours passés et aujourd’hui, j’ignore comment je parviens à ravaler mes émotions, un peu plus amer et ironique peut-être, ce que les gens peu à l’écoute ne décèlent pas. Or personne n’écoute.

 

 

 

Les questions demeurent telles quelles, sans réponses précises... Je me trouve à la fois en colère et amoureux, lucidement cynique et abruti de contemplation...

 

 

 

 

 

Je suis...

 

 

 

 

 

Un Luc méchant... A la réflexion, et celle-ci ne porte guère à la gentillesse ravie, tu ne nous a pas laissé la moindre chance. J’avoue ma colère. Toi qui disais ne pouvoir faire l’amour qu’avec l’être aimé de tout absolu, toi qui disais ne pouvoir aimer que passé le long temps de l’apprentissage, de la connaissance de l’autre, tu m’assènes ta certitude insolente, issue de quarante-huit heures de copinage insensé. Tu vas à l’encontre de toi, tu as forfait, parjuré les plus profondes de tes idées, justement celles en lesquelles je te rejoignais, mais pour ma part, les actes sont allés dans le même sens. Cela n’a pas été ton cas. Tu as cédé sans interrogation, sans réflexion ni conception de la gravité de l’acte. Tu t’est absoute et soumise à la pulsion ; tu t’es ravalée au rang de l’animal sensible que tu as tout fait depuis quelques mois pour construire et t’y identifier, l’hybride monstrueux d’une psychanalyse d’escroc et de la peur de nous.

 

 

 

Ta terreur te fait souhaiter le “bon” couple, bien établi, te fait désirer ces fameux voyages et le projet dans l’action pure, les voiles opaques de ta conscience, la drogue merveilleuse qui fait oublier de penser... et de rêver. Rêver de voyages lointains, c’est songer sans but à l’ailleurs pour l’ailleurs, dans la crainte physique et instinctive d’affronter quoi que ce soit de proche et animé. Se comporter follement dans l’ailleurs est du crétinisme: ne pas oser le dixième chez soi (le fameux “formalisme”, si cher à tes yeux!) des comportements aberrants arborés ailleurs, érigés en maigres concepts plutôt qu’adoptés en conscience, et pour lesquels tu me reprochais mon absence d’adhésion, relève de l’indignité, de l’hypocrisie et de la mythomanie.

 

 

 

Que n’as-tu exercé cette mythomanie pour un instant nous imaginer un avenir...

 

 

 

Je ne connais pas l’intrus. Il n’est peut-être qu’un ersatz, qu’une ampoule bientôt grillée, le saint amour ou le membre viril démesuré d’un rêve sexuellement déviant, voire le portefeuille garni que tu as tant appelé de tes prières... Tu n’as pas eu le courage de l’humilité matérielle, du voyage intérieur, de la passion mortifère dans un univers confiné. La peur t’a fait désirer la fuite, comme un mouton se jette dans un ravin quand un gamin imite le cri du loup. La terreur du triste constat (“la mort est la raison finale de tout”) t’a serré la gorge d’un espoir vain, que reflétaient aussi les yeux traîtres et minaudant de Maëlle, huitième merveille du monde et pourfendeuse de nous, dont le babil hasardeux retenait plus ton attention sourde que mes paroles, de quelque nature qu’elles fussent.

 

 

 

La rage monte en moi quand je me souviens de ta phrase “Je te l’avais dit depuis avril”, en balayant mai et juin d’une périphrase sans tenue, morne nonobstant dans ta bouche. Cela sonne à mes oreilles comme le glas du “Je ne vous ai jamais rien promis” d’une certaine Viviane. Ta présence à ma table, dans mon lit dans l’entre-temps, me faisaient part du parfait inverse.

 

 

 

Je ne connais pas l’intrus et ignore encore comment tu as pu deviner en si peu d’heures votre connexion intime, vos souhaits communs, juger “qu’il n’est pas un coup”, imaginer ta vie future avec lui sans l’ombre d’un doute, consommer sa chair sans dégoût, faire théoriquement de lui un “sportif” (bien sûr que je ne l’étais pas !).

 

 

 

Je ne veux que récuser ton “Il ne faut plus que l’on ait de relations sexuelles”... Quelle attention et quelle torture dans ces mots... Quelles relations sexuelles !? C’est d’amour dont il s’agissait, fût-il désespéré. Les rougeurs carminées de ta poitrine ne laissaient guère place au doute.

 

 

 

Je ne t’oublierai jamais”, ajoutais-tu : avoir, sans refuser au moins une fois l’obstacle, accepté sa pénétration (je constate avec tristesse que contrairement à moi, souviens-t’en, peu d’hommes peuvent prendre patience pour acquérir une certitude amoureuse, une hauteur et un honneur : c’est bien dans l’attente que l’amour grandit ; dans la précipitation, seul le sexe grandit, brièvement), c’est m’oublier, m’effacer, me couper en deux sans avoir pris le temps de me prévenir de ma condamnation dans les formes... pris le temps d’exécuter la sentence à un moment où je ne m’y attendais presque plus, dans un ultime souci d'humanité... qui t’a échappé.

 

 

 

 

 

Je suis...

 

 

 

 

 

Un Luc amoureux et jaloux, oublieux des règlements de comptes. Comment te l’avouer en contrariant l’orgueil maladif de celui qui n’a jamais été quitté, qui avait jusqu’à présent toujours tiré froidement les conséquences de la putréfaction d’une histoire désormais endeuillée ?

 

 

 

J’aimerais tant que tu reviennes sur ta décision, que tu reviennes tout court. Qu’ai-je été ? Je t’ai caché tant de choses et refusé tant d’autres. J’ai décliné l’offre de vie commune, en sachant sûrement que cela nous condamnait, par peur (aussi !) sous le sublime prétexte de “prendre le temps - on a tout notre temps”, sans rien changer (le voulais-je ?) à ma vie. J’ai préféré rester seul lorsque tu désirais passer du temps avec moi, dussé-je te pousser vers la porte, vers notre perte, avec un ménagement hypocrite.

 

 

 

Même si tu n’as pas vu ou voulu lutter contre mon angoisse, j’en assume les conséquences... J’aurais pourtant été si facile à vaincre : un mot de toi et tout était joué, dans cette manie d’attendre, d’être mis au pied du mur, puis de regretter après coup de ne pas l’avoir été tout en s’en étant défendu de toutes forces !

 

 

 

Pas plus que je n’ai eu le courage de t’avouer mes fantasmes, par trop excessifs ou présomptueux pour ma personne, démesurés par rapport à la haine de ma propre nudité, et cela même si j’éprouve moins cette honte, cette tache, après toi qu’avant. Tu as su libérer en moi quelques sentiments et postures impudiques, mais ne m’as pas laissé le temps d’assouvir le corps que je t’aurais désiré, le corps d’une statue vivante et chaude, d’émeraude mouvante, joyau lisse et humide.

 

 

 

Tu as également su me changer de forme et de fond, pour savoir maintenant placer le sarcasme à propos, se l’épargner quand il serait malvenu, pour avoir développé l’écoute et le contact, fait admettre la pulsion irraisonnée, le sentiment exprimé.

 

 

 

J’aime ton corps et ton esprit, curieux, volages. Tu es, a été - Qu’en sais-je ? - ma chance... trop brève... Je ne te mentais pas en jouant avec Maëlle, mais tu me l’as bien retirée, pour des raisons que j’ignore, sans avoir eu le temps de l’assimiler. Déjà un soupçon de départ, dans ta peur de ses comportements dans ma maison, que tu devais bien ressentir comme étrangère alors...

 

 

 

Je vis dans la douleur et tu ne peux t’en accommoder... Cela n’empêche pas mon amour décousu, mon coeur de s’arrêter lorsque j’entends ta voix au téléphone dans un bureau voisin, et qu’à ma blessure je n’y décèle aucune émotion, aucune souffrance, juste une certitude administrative déclamée dans ce lieu professionnel que j’aurais imaginé insécable de ma propre personne.

 

 

 

Peut-on oublier l’amour quand celui-ci existe, même unilatéralement ? Tu parais vouloir t’en convaincre... Je t’en conjure, Pascale Auger, explique-moi pourquoi tu me quittes pour un autre, pour quelles raisons, pour quels sentiments vrais qui lavent nos étreintes, purifient tes buts ?

 

 

 

Egoïstement, suis-je à ce point transparent que ma présence devant tes yeux échappe à ton regard ?

 

 

 

Amoureusement, peux-tu m’oublier si rapidement ?

 

 

 

Différentes couleurs, différentes ombres nous baignaient, comme si chacun possédait un soleil ne suivant pas la même course, mais dont les rayons se reflétaient tous dans mes yeux grands ouverts, emplis de larme et plongeant dans les tiens jusqu’au coeur de ton être...

 

 

 

Je n’ai jamais cru que des éléments matériels suffisaient à vaincre l’éternité de l’amour vrai. J’avais sûrement tort.

 

 

 

 

 

Je suis...

 

 

 

 

 

Un Luc cynique et lucide sur le monde, qui ressent pourtant le fol espoir de ta rétractation, qui ne place la charge qu’à l’équilibre entre nous deux. Trouve donc ce que j’aimerais de toi entre la rose, le réséda et tant de mots dont ta froideur feinte nous sépare, le pressoir. Ecoute le pressoir.
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Fin du corps

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Corps rompu (du 8-8 au 13-10-01)

387                                                                                                                              02-10-01

 

 

 

Qu’accepter la disparition des membres tendus sous la lumière nue, qui ombre les courbes et arêtes du corps cru ?

 

 

 

D’abord les yeux, brillants, dévorants, me fixent sans pudeur. J’y vois le monde derrière, une ouverture sur l’infini qui me fait toucher à l’impensable, à l’inaccessible violence, et je me repais du souvenir. Les lueurs sans retenue ne sont donc pas les reflets de la pauvre ampoule qui s’agite dans l’axe de mon crâne, mais bien l’expression endogène de l’étrange qui me paralyse, qui m’oblige à céder au combat, à fuir... digresser...

 

 

 

Mes yeux se détournent vers ta bouche aux lèvres étroites et frémissantes, dont aucun fard ne vient cacher les sensations inassouvies, les soupirs d’impatience. La peur croît en moi à mesure que les mots silencieux me flagellent, pénètrent chaque pore de ma peau jusqu’au frisson létal.

 

 

 

Ma tête fléchit de plus en plus, et tombe sur tes épaules dont les teintes brunes et chaudes cuisent ma joue, sur la pierre anguleuse de tes liaisons, mes lèvres désespérées allant se perdre dans les lignes oblongues d’un cou à la respiration désormais saccadée, puis frôler un lobe d’oreille brûlant.

 

 

 

Le monde tourne sans vie lorsque je chois plus bas encore, dans le même temps que la lumière peut enfin se centrer sèchement sur tes seins, pommes alanguies qui ont quitté lors l’inutile gangue pour réfléchir les clartés dans mes organes. La lourdeur vitreuse de mes cernes contraste avec la légèreté sensuelle des framboises adroitement déposées au coeur des pommes, dont la peau satinée est tirée souplement vers les framboises qui s’affermissent, tressaillent doucement avec l’air chaud de ma bouche avide.

 

 

 

Je tombe alors sur tes jambes effilées comme des rasoirs, au galbe affirmé, le menton posé sur un genou, le regard planté sur ton ventre brûlant lui aussi, se soulevant avec un peu plus de précipitation maintenant. Mes mains, dans un ultime effort d’altitude, remontent à toutes paumes et doigts le long de tes hanches, sur tes flancs, puis atterrissent fébrilement sur tes seins.

 

 

 

J’ai atteint le fond. Je puis désormais remonter vers la petite flamme de mes désirs, piquant mes sens comme le ferait un houx, vers le jardin finement taillé par les deux voies royales, lisses et tendres, que j’aime tant, que j’aurais tant aimé voir se poursuivre et balayer la petite flamme. Les flammèches filent devant mes yeux si proches alors que je me laisse aller à la gourmandise d’un suc inimitable.

 

 

 

Mon étendue vibre de pics en gouffres, sons, gravité, amour et plaisir et encore amour.

 

 

 

Je me prosterne à genoux.

 

 

 

Je m’humilie devant nos désirs.

 

 

 

Je ne te suis plus rien.

 

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Fin de l'âme

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Corps rompu (du 8-8 au 13-10-01)

386                                                                                                                              01-10-01

 

 

 

Tout cela ne sert à rien - Tout cela ne sert à rien - Tout cela ne sert à rien - Tout cela ne sert à rien - Tout cela ne sert à rien - Tout cela ne sert à rien - Tout cela ne sert à rien - Tout cela ne sert... à rien...”. J’ai martelé ad lib cette phrase à ce moment de perdition.

 

 

 

Pas d’autre mot que la douleur en ce soir où les traces de mes pas ont creusé une tranchée circulaire autour d’une chaise bancale et sans siège, au rythme régulier et pulmonaire des paroles saccadées, des bouffées nerveuses de fumée, des mots crachés de colère anéantie... de sanglots.

 

 

 

Pas d’autre mot que la colère en ce soir frappé d’inexistence, une rage de ne pas pleurer, une fureur de contenance balayée de souffrance, éclatant de mille bois, avortant le foetus ignoble d’un amour sans vie.

 

 

 

Ses yeux vides, son teint vert de lymphe, son immobilité me rendent malade. Mes chairs se dépichent lentement autour de l’ouverture tracée dans mon ventre. Un sang noir et solide s’en déverse sans joie, avec remords. J’ai taillé ma viande méthodiquement, avec acharnement, pour aller directement à la connaissance des causes de l’échec, tout en sachant très bien que tout cela ne sert à rien.

 

 

 

Tu n’as utilisé aucun mot avec ton couteau. Celui-ci s’est enfoncé naturellement, avec facilité dans la chair molle et offerte. Tu as voulu inciser avec une précision chirurgicale, maladroitement, bien entendu. Maintenant, je saigne sans envie sur une table déserte, sur laquelle tu marches sans pensée, ainsi que ton voeu de retraite ou de pèlerinage le plus cher, mais je sais que tout cela ne sert à rien.

 

 

 

L’autre est arrivé et il était aisé de le faire. Ses espoirs survolent de loin ma douloureuse bassesse, celle que j’aurais voulu partager pour une perte de poids salutaire, mais je sais que tout cela ne sert à rien.

 

 

 

Tu veux vivre, me dis-tu, mais cela ne sert à rien.

 

 

 

La vie ne sert à rien.

 

 

 

Pas plus, pas moins que ma mort.

 

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