Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Rêve e

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc in Corps rompu (du 8-8 au 13-10-01)

389                                                                                                                              07-10-01

 

 

 

On me parle d’un crabe qui compte une faiblesse : il n’a pas de carapace dorsale, qu’il compense par une agressivité abominable. Mon regard s’en approche. L’animal est blanc, avec différentes variantes coralliennes virant entre le rose très pâle et le nacré. Il est recroquevillé sur lui même, ses deux pinces le recouvrant presque entièrement, découvrant sur leurs faces extérieures des picots peu accentués à la pigmentation légèrement rougeâtre pour certains, les autres, plus rares, étant noirs.

 

 

 

Je m’approche trop et il se jette sur moi ; ses pinces forment un cylindre partant de son groin immonde, qui vient se presser sur ma jambe nue comme une sangsue, puis commence à broyer les chairs.

 

 

 

Je grogne sous la douleur mais saisis l’animal par son semblant de nuque, et serre violemment. J’entends craquer les cartilages de l’invertébré et il relâche son étreinte sur ma jambe. Je le porte haut maintenant, pour le regarder mourir de profil. Je vois son rictus de souffrance, mais celui-ci change : le crabe, on dirait finalement une sorte de rongeur couinant et suffocant, une souris blanche de laboratoire promise au dépeçage.

 

 

 

Je serre plus fort avec moins de rage. Il faut en terminer. Je serre tellement que la peau de son crâne est attirée par ma main vers sa nuque. Les orbites s’étendent, les yeux grossissent sans mesure, le droit plus que le gauche. Je serre. Les plaintes continuent. La respiration est quasiment impossible. L’oeil droit augmente encore de volume. Dans un effort désespéré, l’animal indéterminable tourne sa tête vers moi, et ressemble maintenant à un chat croisé de lapin, qui réussit à donner sur mon avant-bras veineux deux ou trois faibles coups de pattes aux coussinets roses.

 

 

 

Merde. Je n’ai jamais réussi à tuer quelqu’un. Je lâche ma proie et le chat se retrouve assis sur le canapé, le regard halluciné de terreur et d’incompréhension. Il ne bouge pas, mais j’entends sa respiration et son oeil droit revenir dans son orbite, petit à petit, dans lequel se reflète la lueur de ma honte. JE n’ai jamais réussi à tuer quelqu’un.

 

Commenter cet article