Boire l’air que l’on respire dans une noyade progressive et sans rémission. Refouler la débandade et les sentiments qui prennent encore à la gorge. Mettre un infinitif là où le “Je” s’imposerait encore, la seule issue... Jouer de nouveau avec les mots lorsque la sincérité serait trop durement ressentie...
La manque, puisqu’il s’agit bien de cela, ne réside plus dans le corps, si facile à sustenter, même dans une fugacité coupable, mais bien à l’âme, désordonnée et sans orientation, se tournant et virant de bord à chaque seconde, l’air absent ou effaré.
Mes jambes sont perpendiculaires au sol et prolongées dans une droite ligne par ma colonne au regard de laquelle les épaules forment deux parfaits angles droits. Seule ma tête sans consistance agite ses chairs molles et dépitées rotativement. Elle tourne sur son axe à une grande vitesse en cherchant le chemin.
J’ai bien essayé de déployer mes oreilles, plus que de raison, plus qu’elles ne s’étendent déjà, pour m’envoler, les oreilles comme pales, ou à tout le moins pour me pendre dans l’air ou me décapiter... Mais mais mais... Même mes organes de faible écoute me lâchent. Alors je me colle une gifle de temps à autre pour continuer de faire tourner ce visage ridicule sur ce corps de bois verni inanimé.
Comme une impression de taxidermie, mais là encore la vie me rattrape et plaque mes oreilles contre le crâne, évite l’envolée finale, la distension magistrale des cervicales, la crémaillère crescendo des osselets létaux.
Tac tac tac tac sur un rythme vif. Le cerveau ploie sous les messages d’alerte - Surcharge d’information - Erreur réseau - Une erreur fatale s’est produite dans mon application naturalisée - Fermer ou déboguer - Déboguer - Echec général - Fermer.