9 janvier 2003
Ta voix m’a paru muette et blanche, empreinte d’une gêne bourgeoise, celle de ne pas avouer le trouble qui te saisissait, d’arborer un ton joyeux dans une conversation voulûment sans intérêt, sous la pression d’oreilles étrangères. Je ne pouvais m’y tromper, mais la conséquence en était évidente.
Je n’ai jamais existé pour toi.
Tu vis par le regard des autres
Et tu ne leur as jamais parlé de moi,
Ni à l’ancien, ni à l’actuel, où que tu te vautres.
Tout cela ne fait que piètrement confirmer la haute idée que je peux me faire de ma jalousie tardive, toujours a posteriori. J’entendais derrière ton babil insignifiant sa voix grave, par delà notre absence de relation et ta terreur à parler avec sincérité.
Je n’ai jamais existé pour toi.
Je n’étais qu’un son inaudible,
Une lubie triste, un autre toi,
Et on ne s’accorde pas avec soi, ce serait trop terrible.
Nous avons à nouveau discuté des projets dans lesquels tu m’intégrais, que tu comptais m’offrir quand tu m’admirais. J’apprends aujourd’hui que tu te les es appropriés, sans en avoir la compétence cependant. Quelle gageure, quelle ironie…
Je n’ai jamais existé pour toi.
Je ne suis qu’un nom qui fuit,
Et nul ne connaît de moi,
Nul ne connaît ce qui luit.