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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Déroute de la volonté

Publié le 30 Janvier 2008 par Luc dans Erwann (du 11-10-07 au 21-02-08)

Je veux être bien.

Je veux être calme et serein.

Mais je sens mes nerfs

Se vriller, me tordre d’avant en arrière.

 

Je veux encore être bien,

Disponible et rassurant,

Une force douce, un homme apaisant,

Mais je mens et me contiens.

 

J’aurais voulu être bien

Mais la violence a fini par s’extraire

Du carcan d’airain

Dans lequel je tentais de la mettre sous terre.

 

Je n’aurais pas pu être bien,

Le visage déformé, les dents ébréchées

A force de les claquer comme un chien,

Les yeux fous et déchirés,

 

Fixés sur l’objet de ma colère désespérée.

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Clown de moi...

Publié le 29 Janvier 2008 par Luc dans Murs gris - ciel blanc (du 23-9 au 23-12-96)

Lugubre contraste entre l'agitation de la veille au soir, de celles qui font survivre en courant, suant sang et eau, et la mer d'huile du lendemain matin, les reins encombrés, la tête pleine de ressentiment (seul mouvement du monde).

De toute façon, mon envie de bouger ce matin tenait de l'imaginaire le plus poussif. Une musique vulgaire montait de la rue alors que la buée se déposait doucement, au fur et à mesure de mes gestes nerveux, sur les vitres. D'un revers de bras, j'ai voulu faire cesser le bruit, comme aurait pu le faire Caton ou Karl d'Occident : il s'est certes fait plus sourd et discret, mais a continué. Il n'en a pas été de même pour l'idée que je me faisais de mon grand talent d'orateur silencieux devant l'éternel.

Je babillais convulsivement, élevais la voix sans raison en me réclamant du sérieux et de la logique. Peut-être ai-je toujours été un humoriste ou un clown qui s'ignorait...

Ceci étant, si j'étais né pour faire rigoler, ça se saurait ! qui a dit si ! ? Le pleutre qui n'ose se dénoncer n'a au fond pas tout à fait tort : que l'on admire mon intelligence pourrait être un but (imbu ?), mais elle est laborieuse, et je n'ai jamais été assez brillant pour agir en conséquence ou le démontrer de manière indubitable. Alors je fais rire, souvent à mes dépens, histoire d'au moins leur couper l'herbe sous le pied. Je suis un petit vent léger dans une soirée, un pet de nonne.

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Rêve 52 Séminaire qualité

Publié le 28 Janvier 2008 par Luc dans Erwann (du 11-10-07 au 21-02-08)

Nous assistons à un séminaire, une convention, qu’en sais-je… Toujours est-il que l’atmosphère, pour être agréable, n’en revêt pas moins un caractère professionnel indubitable. Les versants contrainte et apparence de ce type d’événements ne m’ont jamais échappé, mais les années ont fini par avoir raison de mon dégoût. Je constate que ce n’est pas le cas de chacun ici.

 

Nous nous trouvons en extérieur, attablés sur un sol blanc trop lumineux, lorsqu’un convive attire mon attention. Sont-ce ses yeux bleus fous tournant sans cesse dans son visage maigre et marqué ? Est-ce son bouc aux reflets roux très surprenant dans un ensemble dominé par le glabre ? Ou encore est-ce le son de son joug métallique qu’il fait résonner en étant adossé à un arbre ?

 

Très étrange cet arbre d’ailleurs. Il s’agit d’un platane large comme deux hommes mais haut dans cette seule et faible proportion. Un platane mâtiné de petit palmier en quelque sorte. Le joug de l’individu porté sur ce tronc donnait un son métallique, ce qui ne laisse de me surprendre. Cherchant plus précisément la cause de cette anomalie et n’ayant rien de mieux à faire, je constate qu’à hauteur d’épaule, le tronc est doté de deux passants métalliques dans lesquelles s’enchâssent des chevilles d’acier, un système de fermeture assez grossier en somme. L’homme l’a également remarqué et soudain pris de fureur, il fait sauter les chevilles à l’aide de son joug, et fait décoller la partie supérieure de l’arbre pour la jeter au loin. Dans un cri de rage, il procède de même avec tous les arbres du paysage ensoleillé. Il ne reste bientôt plus que des demi-troncs sur le sol clair.

 

Des voix s’interrogent peu après : qu’est-ce qui a bien pu causer cette défaillance de la démarche qualité ? Tous les cadres présents s’échinent désormais à trouver la faille. Pour ma part, je dirige mes recherches vers un gigantesque échafaudage de racks d’entrepôts, que j’escalade jusqu’à 4 ou cinq mètres de haut. C’est au moment où mon pied gauche sent un bout de rack en Lego rouge bouger de manière menaçante et que ma main gauche se rattrape à un tissu de même couleur plongé dans un pot de peinture, que je trouve la solution avec une grande satisfaction.

 

La suite du séminaire devrait donc être agréable. De nouveau attablés, mais cette fois dans un entrepôt chaud et cossu, l’atmosphère est à la détente. En raison de mon succès dans la critique de la démarche qualité, on me remet deux CD-ROM décoré, dont aucune table, aucun sommaire ne m’indique le contenu. Des voix s’élèvent pour marquer l’importance du don, que j’accepte telle quelle sans y comprendre goutte. Assis autour d’une petite table ronde de bistroquet avec un homme inconnu et M., je devise surtout avec cette dernière, peut-être plus blonde qu’avant. Son sourire m’empêche d’entendre ou d’écouter les paroles échangées. Il m’absorbe de chaleur et une douce torpeur m’envahit, s’empare de nos rires. Nos visages se baissent l’un vers l’autre et la clé de la voûte est formée de la rencontre de nos fronts. Pendant que les doux rires continuent dans cette position éternelle, sa main se pose sur ma cuisse. Je me serais raidi de stupéfaction, mais à ce moment, mon habituelle réaction de refus paraît impossible. Peu après, l’index et le majeur de sa main en jambes de petit bonhomme remontent le long de ma cuisse jusqu’à faire du surplace à un certain endroit. J’étouffe de joie, dans nos rires chauds et la douceur qui m’enflamme. Nos fronts collés cachant nos sourires vrais, nous demeurons ainsi, sans souci.

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Rêve 51 Virilité nouvelle

Publié le 25 Janvier 2008 par Luc dans Erwann (du 11-10-07 au 21-02-08)

Noué par les objurgations de l’éveil forcé, je me laisse dériver dans les fracas imaginaires. Des plaques de tôle immatérielles reçoivent tant de coups de marteau sans consistance que je n’arrive pas à m’empêcher de changer sans cesse d’endroit. D’un déjeuner de travail avec des inconnus, je passe à l’empathie pure, en demandant à une jeune fille magnifique et désespérée de sa solitude, de se mettre nue, sur le dos, afin « de voir ce qui ne va pas ». Elle s’exécute après bien des hésitations, des roucoulements vaguement pudiques, roulements d’yeux et sourires gênés. Je vais enfin la découvrir nue, mon offre d’assistance dans sa détresse n’étant à l’évidence que fourberie. Elle va s’allonger là, sur la table recouverte d’un drap éponge blanc qui contrastera dans un désir étouffant avec sa peau brune sans l’ombre d’un follicule. Alors je la frôlerai et ses cuisses se serreront, en haut desquelles je pourrai enfin contempler la glabre étendue…

 

Mais non, je n’ai jamais pu me faire à la désespérance et mon orgueil m’interdit la facilité, alors je m’éloigne dans une nature parsemée de bungalows identiques. Sur le sol, la poussière rebondit à chacun de mes souffles insomniaques, dans le crissement des petits cailloux blancs et lisses comme sa peau brune.

 

J’entre dans un hall de bain où je constate la présence de plusieurs jeunes hommes bien joyeux, à mon parfait inverse. Je reconnais immédiatement le fils atroce de mon rêve, ce grand adolescent imberbe fin comme une asperge, le cheveu épais et sans forme. A mesure que je m’approche de lui afin de le saluer, presque soulagé de la proximité d’une discussion sans désir, je le vois fatigué lui aussi, le visage bouffi et mangé par la barbe, les yeux luisants dont le blanc tire au jaune. Il se frictionne un torse étonnamment velu désormais, avec une serviette de bain et d’une voix avinée, il commence de me parler. Il me dit qu’il est crevé, qu’il a vingt cheveux blonds noués sur son bas-ventre avant d’éclater d’un rire gras. J’en conclus que le jeune puceau ne l’est plus et qu’une blondinette s’est assoupie après son dur labeur au poteau de jouvence. Je m’en moque, mais il continue à vouloir m’assaillir de détails que je n’entends plus. A mesure qu’il descend son visage vers moi beaucoup plus petit que lui, pour faire ses confidences, je le vois vieillir. Son visage adolescent, qui avait déjà tourné au lendemain de cuite d’un trentenaire, se marque et se ride de plus en plus, ses dents brunissent, sa voix perd une octave, et je quitte son regard lorsque au comble de l’hallucination, je crois reconnaître Jean Réno face à moi.

 

Je quitte le hall, sans autre but que de ne plus rien entendre, oublier les tôles qui résonnent lorsque je sais désormais qu’elles n’existent pas.

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Vent de lune

Publié le 24 Janvier 2008 par Luc dans Erwann (du 11-10-07 au 21-02-08)

Je n’étais pas préparé aux circonstances de la vie. Chaque événement qui la compose m’est douloureux. Tandis que je n’aspirais qu’au recul, à la respiration solitaire et au silence, l’imprévu, l’accélération constante et la fureur tiennent lieu de quotidien.

Hier soir encore, la lune ronde et pleine dans le ciel nocturne m’assourdissait. Elle criait à m’en faire perdre haleine, imitée en cela par tous les recoins de la maison. Le vent chaotique démontrait mille merveilles d’irrégularité en démontant un à un les cils vermeils de la sérénité. Chaque bouche s’ouvrait en grand pour hurler sa maladie, son insatisfaction impatiente, dans le bruit des pas précipités.

Alors l’angoisse en poinçon me perforait le flanc droit. Je ressentais la douleur en en battant la mesure par des hochements de tête lents et réguliers, les yeux fixant une bouche d’aération jaunie, seul chemin vers la liberté à ce moment précis.

Alors mes mains en croix sur la poitrine venaient toucher mes épaules, par un vain réflexe de pudeur dans la souffrance. Nu aux circonstances de la vie, je n’attendais plus que le coup de grâce, mais comme les larmes, il ne vint pas, me laissant dans la terreur de ce qui adviendrait.

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Nécro Conseil constitutionnel

Publié le 23 Janvier 2008 par Luc dans Embannoù-kañv (Nécrologies)

Ce 17 janvier 2008, lors de sa dernière décision (n° 2007-561 DC), le Conseil Constitutionnel est mort à seulement cinquante ans, d’une crise aiguë de déni de justice.

 

Je m’en réjouis absolument.

 

Cette noble institution était née dans la glorieuse année 1958, et son apport à la construction du droit en France a été inestimable. En effet, son indépendance ne pouvait être sérieusement remise en cause, nonobstant le caractère éminemment politique de son mécanisme de désignation des membres. Même si historiquement, seuls douze de ses membres sur soixante-douze en tout s’avéraient orientés à gauche, les personnalités choisies avaient toujours eu jusqu’à quelques années de cela une haute conscience de leur devoir et de l’importance de leur fonction de juge de la constitutionnalité des lois françaises, quitte à mettre de côté leurs inclinaisons politiques le temps d’une décision.

 

Depuis trois ou quatre ans toutefois, nous avions pu observer une dégradation de la qualité des décisions rendues, une interprétation particulièrement large des règles constitutionnelles, parfois même au mépris du bon sens (la déclaration de constitutionnalité du CNE, balayée en brèche par la récente décision du B.I.T., en fournit un excellent exemple).

 

Nous avions pu nourrir un certain espoir lorsque Jean-Louis Debré avait été nommé à la Présidence du Conseil, lui qui d’une part ne pouvait être soupçonné de sympathie pour Sarkozy, mais aussi et surtout, d’autre part, était le fils de l’auteur de la Constitution de 1958. Espoir balayé. Le Conseil constitutionnel n’est plus aujourd’hui juge de la constitutionnalité des lois, mais se contente, en gendarme collaborationniste au front bas, de juger la forme… Sa principale mission depuis trois ans a en effet consisté à pourchasser les cavaliers législatifs (NB : les amendements qui ne rentrent pas dans le domaine du projet de loi examiné)… avec des objectifs chiffrés par le gouvernement ?

 

Avant de saluer sa mise en bière lors d’une ultime et inique décision reconnaissant pleine validité constitutionnelle à la loi ratifiant l’ordonnance n° 2007-329 du 12 mars 2007 portant nouveau Code du travail, attachons-nous un instant sur la qualité de ses membres. Le singulier est employé ici volontairement, puisque sur ses onze membres, huit sont passés par Sciences Po Paris. Oui, Guy Canivet n’a pas suivi ce chemin, mais soulignons tout de même qu’il y est professeur… Giscard l’X quant à lui se rattache à la petite famille par un autre biais : l’ENA (qui comme chacun sait n’a jamais formé un juriste de droit constitutionnel), tout comme six de ses collègues. En un mot, on pourrait disserter à loisir sur les origines communes, trop probablement, des membres du Conseil, mais nous nous contenterons de mettre un seul point en exergue.

Si le Conseil compte un peu plus de la moitié de ses membres comme juristes de formation (Debré et Pezan ont un troisième cycle ; Denoix de St Marc, Dutheillet de Lamothe et Joxe sont titulaires d’une licence, tout de même, ça impressionne et justifie pleinement leur nomination ! Steinmetz et de Guillenchmidt font mieux avec une maîtrise…), aucun ne s’avère en revanche un véritable spécialiste de droit constitutionnel.

 

Le Conseil constitutionnel a donc validé la réforme du Code du travail comme s’étant faite « à droit constant ». C’est au moment précis de la fin de la lecture de la décision que les remugles de la courte formation juridique initiale de la majorité de ses membres provoquèrent d’abord un malaise de légitimité, avant que celui-ci ne dégénérât en crise aiguë de déni de justice, cause du décès selon les constitutionnalistes légistes.

 

Ni rires, ni crachats.

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Ira diei

Publié le 22 Janvier 2008 par Luc dans Erwann (du 11-10-07 au 21-02-08)

Alors ça y est, le monde s’écroule… Cela a été dit sur toutes les ondes et le frémissement craintif des journalistes ferait presque plaisir à voir.

Le plan Bush a mal été accueilli par les bourses du monde : des réductions d’impôts pour relancer la croissance, il faut dire, quelle aberration ! Ce n’est pas en France que l’on verrait cela.

Alors le monde s’écroule, les richesses illusoires s’évaporent pour avoir été trop chauffées : les patates se dépichent et les pâtes collent, le fond du ragoût attache et la casserole est bonne pour la casse. Le manque d’eau se fait crucial.

 

Une fois digérée la bonne surprise de la ruine de ces racailles de traders et de banquiers cocaïnomanes (on ne peut qu’apprécier à cet égard le bon sens involontaire de Canal +, qui diffuse tous els lundis, depuis la semaine dernière, une création originale intitulée SCALP, consacrée à ce monde absurde de la corbeille et de l’autoproclamée haute finance), on ne peut que s’interroger tristement sur les impacts de cette crise mondiale.

 

Les Etats-Unis vont mal ? La belle affaire ! On nous ressasse sans nulle cesse que notre balance commerciale avec eux est déficitaire, que nous n’arrivons pas à exporter autre chose que du luxe dans ce pays qui en revanche nous arrose abondamment de ses produits sucrés. On nous ressert systématiquement le plat de leur domination sans partage, économique et militaire… Mais en cet état de l’absence de relations commerciales équilibrées, ne conviendrons-nous pas qu’une crise financière aux Etats-Unis ne devrait avoir qu’un impact mineur sur notre propre économie réelle ? Dans une vision industrielle, on se moque éperdument de la faillite des crédits hypothécaires américains !

 

L’article publié ce matin dans El Pais va dans le même sens. Mais qu’est-ce qui fait dans ce contexte que nos CAC40, Eurostoxx50, Footsie, DAX et autres MIB30 ou Euronext se sont effondrés dans la journée d’hier abusivement nommée le Black Monday ? La religion de l’économie américaine, laquelle génère, comme toute religion qui ne serait pas passée au tamis critique de la raison (voilà que je parle comme Philippe Val, je m’agace parfois !), la peur, la panique, les implorations au Dieu vivant des hauteurs ennuagées de Fort Knoxx. Qui sont les tenants et les prêtres hallucinés de cette religion détentrice de la vérité économique ? Les banquiers et les traders dont l’approche financière exclusive a ruiné les industries européennes (lire à ce sujet le séminaire de Pierre Baqué, « L’entreprise sans peau », bien que ne partageant pas vraiment les convictions politico-économiques de l’auteur !), fracassant les entrelacs de notre culture celtique au profit d’une raison dévoyée, fondée sur les sophismes affligeants que sont les données conjoncturelles, l’analyse à chaud de chaque événement et les statistiques. Leur monde est faux et ses conséquences sur le nôtre ont assez duré.

 

Alors oui, la colère du jour est justifiée, la riposte empreinte de bravoure nécessaire : quand aurons-nous le courage de nous peindre le corps et de pendre à chaque réverbère des Champs-Elysées tous les banquiers et traders dans une fantastique ruée, une charge magnifique ? Enfants de Cernunnos, levez-vous ! Sao, bugaled ! Notre loi est l’ancienne loi !

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Ballon sotêr

Publié le 21 Janvier 2008 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

Un matin de plus pendant lequel je me laisse porter par la vie plus que n'agis sur elle. Au fond, je suis certain que je lui pèse, comme un boulet, un fardeau à charger sur l'épaule. Sous le signe de l'éternité se cache le sens... cette petite pute de vie doit se coltiner sur son dos voûté le nain que je suis. Alors que je me croyais (parfois du moins) Atlas, l'image s'est renversée, et je deviens le chiard turbulent, s'agitant dans le carquois vissé sur les épaules de sa mère.

Le rêve d'un Atlas joyeux à califourchon sur la terre, s'en servant comme d'un ballon sauteur (sotêr ?) ne me lâche plus. Vais-je utiliser ma voisine dans le même but ? Je sauterai sur ses épaules et m'agripperai solidement à sa nuque, que j'entendrai se briser sous l'effet de la crispation. Alors le ballon sauteur se dégonflera comme une chiffe. Je me casserai la gueule, comme d'habitude, détournant mon regard vers d'autres ballons.

Le hurlement discret et abrasif des ondes radios m'a rappelé le crépitement des balles, et notamment le sifflement distordu de celles du FAMAS, précurseur du cri de douleur du futur récipiendaire. C'est celui que je pousse lorsque mes meubles volent doucement en ronde autour de ma chaleur. Comment savoir dès lors si la faim est proche ?

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Misologie

Publié le 18 Janvier 2008 par Luc dans Sourires jaunes (du 25-3 au 21-6-96)

Seul devant l'auditoire aveugle d'une Place de Grève provinciale, où le carcan du pilori ne suffisait à me faire plier les genoux malgré ma gêne, je me tenais debout, faisant claquer ma langue entre les dents.

Le supplice d'être offert aux yeux de tous, même atteints de cécité ou d'indifférence, me frappait d'une misologie que j'avais passé à combattre ma vie durant. Ma raison me commandait l'objectivité et la réflexion. Mes sens alertés me transmettaient l'idée de la hideur. Celle-ci pouvait se masquer, mais pas devant une foule dont je m'imaginais être l'unique objet visuel, pôle de toutes les attentions dégoûtées. Baissant la tête comme une autruche, la pensée devait reprendre le dessus en m'offrant par sa concentration quelques minutes libres et détachées.

Mais le corps revint au galop, et dès lors je ne pouvais plus saisir la nécessité d'en faire abstraction pour atteindre à la raison, au beau et au bon, au bien. Assurément, le corps et l'âme sont liés. L'une périt avec l'un.

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Come on in, come in now...

Publié le 14 Janvier 2008 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

Si je n’y prends garde, ce cerveau va s’égarer vers une ligne droite bordée de deux murs. C’est en buvant, après un bon repas, en devisant joyeusement avec des amis, lorsque la conscience s’embrume et se déshabille curieusement de ses oripeaux protecteurs, que l’on sait, sent le mieux et l’essentiel.

 

Après tout, pourquoi ne pas l’avouer : je ne te l’aurais pas écrit, c’eût été énorme… Alors je le consacre ailleurs : tu me manques. Un liquide chaud délie mes lèvres et passe dans ma gorge quand le froid m’étreint, tout autant que ce sous-sol illuminé. A cette heure, les amis sont partis, mais je désirerais me tenir debout, en face de toi. Lors je subis les rythmes épileptiques des minuteries, posté à l’entrée, ou à la sortie… Puisses-tu passer cette porte…

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