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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Rêve 51 Virilité nouvelle

Publié le 25 Janvier 2008 par Luc in Erwann (du 11-10-07 au 21-02-08)

Noué par les objurgations de l’éveil forcé, je me laisse dériver dans les fracas imaginaires. Des plaques de tôle immatérielles reçoivent tant de coups de marteau sans consistance que je n’arrive pas à m’empêcher de changer sans cesse d’endroit. D’un déjeuner de travail avec des inconnus, je passe à l’empathie pure, en demandant à une jeune fille magnifique et désespérée de sa solitude, de se mettre nue, sur le dos, afin « de voir ce qui ne va pas ». Elle s’exécute après bien des hésitations, des roucoulements vaguement pudiques, roulements d’yeux et sourires gênés. Je vais enfin la découvrir nue, mon offre d’assistance dans sa détresse n’étant à l’évidence que fourberie. Elle va s’allonger là, sur la table recouverte d’un drap éponge blanc qui contrastera dans un désir étouffant avec sa peau brune sans l’ombre d’un follicule. Alors je la frôlerai et ses cuisses se serreront, en haut desquelles je pourrai enfin contempler la glabre étendue…

 

Mais non, je n’ai jamais pu me faire à la désespérance et mon orgueil m’interdit la facilité, alors je m’éloigne dans une nature parsemée de bungalows identiques. Sur le sol, la poussière rebondit à chacun de mes souffles insomniaques, dans le crissement des petits cailloux blancs et lisses comme sa peau brune.

 

J’entre dans un hall de bain où je constate la présence de plusieurs jeunes hommes bien joyeux, à mon parfait inverse. Je reconnais immédiatement le fils atroce de mon rêve, ce grand adolescent imberbe fin comme une asperge, le cheveu épais et sans forme. A mesure que je m’approche de lui afin de le saluer, presque soulagé de la proximité d’une discussion sans désir, je le vois fatigué lui aussi, le visage bouffi et mangé par la barbe, les yeux luisants dont le blanc tire au jaune. Il se frictionne un torse étonnamment velu désormais, avec une serviette de bain et d’une voix avinée, il commence de me parler. Il me dit qu’il est crevé, qu’il a vingt cheveux blonds noués sur son bas-ventre avant d’éclater d’un rire gras. J’en conclus que le jeune puceau ne l’est plus et qu’une blondinette s’est assoupie après son dur labeur au poteau de jouvence. Je m’en moque, mais il continue à vouloir m’assaillir de détails que je n’entends plus. A mesure qu’il descend son visage vers moi beaucoup plus petit que lui, pour faire ses confidences, je le vois vieillir. Son visage adolescent, qui avait déjà tourné au lendemain de cuite d’un trentenaire, se marque et se ride de plus en plus, ses dents brunissent, sa voix perd une octave, et je quitte son regard lorsque au comble de l’hallucination, je crois reconnaître Jean Réno face à moi.

 

Je quitte le hall, sans autre but que de ne plus rien entendre, oublier les tôles qui résonnent lorsque je sais désormais qu’elles n’existent pas.

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E
<br /> <br /> Tres bon texte Luc ! Les mots se suivent avec légèreté...laissant le lecteur émoustillé puis étonné. J'aime !<br /> <br /> <br /> Erotica51<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Merci pour ce commentaire élogieux, mais quel pseudo avez-vous choisi !? Erotica51 ! J'ignorais que la Marne fût si suggestive ! En revanche, sont publiés sur ce site de nombreux autres textes<br /> comportant des passages d'un érotisme distancié (qui me caractérise quelque peu), quasiment tous d'ailleurs sous le titre Rêve(n°) + libellé. Merci d'avance de vos opinions sur eux. A très<br /> bientôt.<br /> <br /> <br /> <br />