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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Avenue lined with trees...

Publié le 6 Septembre 2007 par Luc dans Sourires jaunes (du 25-3 au 21-6-96)

28 mai 1996

En mettant un pied devant l'autre sur cette avenue bordée d'arbres, dont je recherchais avidement l'ombre, je manquai de connaître une nouvelle fois ce qu'était l'évanouissement. Une soudaine pression sur le foie et la glotte, la tête qui carillonne et les arbres entamant une polka effrénée devant mes yeux picotés La respiration se fait plus rapide et saccadée dans la poitrine oppressée et l'on se prend à dire tout haut, alors que la muétude était sa principale qualité, je suis crevé...

Crevé, c'est le bon mot, comme un pneu dont les lambeaux encore suintant d'huile et de chaleur gisent aux premières lueurs sur le bitume d'un bas-côté sordide. Et pourtant, le talus herbu, en pente douce, ne paraît pas si loin.

Une flèche vient de me traverser le mollet. Je ne saigne pas... Je suis un pneu.

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Pris

Publié le 5 Septembre 2007 par Luc dans Contrôle (du 4-6 au 26-9-07)

5 septembre 2007

Je n’ai pas aimé ce changement

De rythme, la survenance brutale

De l’imprévu dans ma vie fœtale,

Alors m’a saisi l’agacement.

 

Je n’ai pas plus aimé la rupture

De ma solitude sanctifiée,

Qu’il n’aurait jamais fallu défier

En éparpillant sa tablature.

 

Alors je ne pouvais pas aimer

Les regards qui se posaient sur moi ;

Je ne pouvais percevoir en quoi

Ils savaient ma détresse, désarmé.

 

Je ne pouvais aimer être vu

Comme un enfant débile et austère,

Aux yeux de tous mis plus bas que terre

Pour l’évidence n’avoir pas su.

 

L’excuse du retard écartée,

Je détestai mon orgueil nerveux,

Mon perfectionnisme vétilleux

Tant qu’inaccessible et déplacé.

 

Je ne pouvais aimer cet orgueil

Qui a explosé un matin clair,

Tracé une plaie noire dans l’air

Et l’a clouée en croix de cercueil.

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Outre

Publié le 4 Septembre 2007 par Luc dans Contrôle (du 4-6 au 26-9-07)

4 septembre 2007

Depuis hier, je me meurs. Doucement, une douleur sourde et très supportable s’installe dans le creux de mon dos et me cause maints tourments. Mon corps alourdi se meut avec lenteur dans l’emballement de sa température. La chaleur du fumier qui m’entoure, dans lequel je disparais progressivement, fait bourdonner ma tête, et la respiration devient difficile. Les bras sont de plomb quand je m’essaie au moindre mouvement, alors je renonce pitoyablement. Ma tête n’ira pas se poser sur mes genoux, empêchée dans sa descente par l’outre luisante qui me sert de ventre endolori. J’y constate la présence d’une fenêtre, petite et brillante telle que celle que l’on peut voir sur les crânes des chauves, mais elle ne s’ouvre pas, juste une impression de lumière sur le fumier intérieur.

Je grouille, couine et grogne lorsque la douleur me tenaille d’une manière qui pourrait ressembler à de la faim si je n’étais déjà rassasié pour l’éternité qui m’attend. Le point sur mes lombaires est régulièrement frappé par un cœur extérieur, me force à pousser le bassin vers l’avant pour les soulager, faisant ressortir plus encore l’outre gonflée jusqu’à l’explosion.

Je coule, peu à peu, dans le malaise et l’ornière, dans l’absence de sommeil et la nausée, une panse ballotée dans les remous d’un tas de fumier.

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A nouveau devant le blanc

Publié le 3 Septembre 2007 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

22 janvier 1996

A nouveau devant le blanc, c'est sans aucun paradoxe que je me rappelle avoir oublié dans le ciel les traînées violacées qui striaient la masse obscure. Prémices de jour ? Ou plaies de mon iris ?

Je me souviens aussi de ce bosquet d'arbres qui me cachait du nord. Ma seule vue, ma seule attente résidaient à l'est... mais point de secours à espérer de ce côté non plus.

Là, ouvrant l'oeil en suppliant la mesure de lumière, ma pupille s'accroît démesurément, s'étrille à chercher. Mais non, pas de lueur. Simplement des toits humides et moussus éclairés, ou ombrés plutôt, par le lampadaire du coin de la rue, en lequel gît mon univers.

Plus las chaque matin, moins facile dans le mouvement, cette déstructuration progressive, alors que je serre mes mains à les rompre pour trouver la chaleur, ne me fait que te désirer un peu plus.

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Un tisserand

Publié le 31 Août 2007 par Luc dans Arbeit (du 16-10 au 29-12-95)

6 novembre 1995

J’ai cru voir un tisserand, ou sa femme, filer des nuées dans le ciel. Lorsque mes épaules s’abaissèrent et que ma tête tomba vers le plan, j’ai tourné mes yeux sur la droite, pour voir cette scène en fond de bleu vermillon, ou d’orange azur, je ne me rappelle plus très bien. Mais elle tissait les filandres hérissées dans la désolation du vide qui nous soutient. Son pied nerveux, ses mains sèches et osseuses, son dos voûté… assassinaient le cadavre que j’étais en passe de devenir, m’inclinant tant lourdement que lentement vers la glace plane, où je demeure maintenant comme mouche !

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Il a menti, le cuistre ! (philippique contre Nicolas Sarkozy)

Publié le 30 Août 2007 par Luc dans Contrôle (du 4-6 au 26-9-07)

30 août 2007

Les heures supplémentaires transformant le brut en net pour les salariés ? IL A MENTI ! La version définitive de la loi TEPA ne mentionne qu'une réduction dégressive sur les seules cotisations salariales de sécurité sociale (qui ne représentent que 7,5 des 21,5 points de cotisations salariales !).

Enfin, on peut trouver à se réjouir pour l’économie française et le MEDEF puisque à la suite d’un manque évident de recul sur les conséquences de la loi, ses rédacteurs ont omis de modifier l’article L 2421- du Code de la sécurité sociale, engendrant la prise en compte des heures supplémentaires dans le calcul des allégements de charges sociales patronales. En bref, pour vous passer les détails techniques, un salarié qui faisait 39 heures avant coûtera moins cher après le 1er octobre… C’est la relance du pouvoir d’achat… des entreprises qui n’avaient pas réduit le temps de travail ! Sécurité juridique et hâte blâmable de néo-bonapartiste perfusé à la sauce Attali font souvent mauvais ménage.

 

Les intérêts d'emprunts défiscalisés pour tous ? IL A MENTI ! La mesure ne bénéficiera qu'à ceux qui ont eu la chance de signer après le 6 mai (et encore, au prix d’une pirouette constitutionnelle relativement au principe de non-rétroactivité des lois, fondamental en droit français et que tout étudiant en droit apprend, selon les Facultés, en droit constitutionnel première année, sociologie politique ou droit pénal..

Au fait, Sarko est avocat. Or un avocat a nécessairement fait au moins une première année de droit où l’on apprend le principe de non-rétroactivité des lois (à l’exception de la loi pénale plus douce, d’application immédiate)! Sarko ne pouvait donc ignorer, dès la campagne présidentielle, que sa réforme ne passerait pas, y compris devant un Conseil constitutionnel que l’on ne connut jamais aussi godillot que maintenant. La bonne foi et le parler-vrai…

 

Le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite ? IL A MENTI ! Seuls 22700 sur 70000 ne seront pas remplacés, soit même pas 1 sur 3 ! La précipitation et la multiplication des annonces se heurtent souvent à la dure réalité des nécessités organisationnelles et opérationnelles. Pour un pragmatique utilitariste, pouvait mieux faire.

 

Le service minimum dans les transports ? IL A MENTI ! La loi cosmétique définitive ne mentionne même plus le service obligatoire de trois heures le matin et trois heures le soir ! Tout hyper-président redoute, depuis 1995, un automne décapsuleur.

 

2,25 voire 2,5 % de croissance pour financer le paquet fiscal ? IL A MENTI ! Selon les experts les plus droitiers, si la France connaît en 2007 une croissance de 2 %, ce sera un vrai miracle (et rappelons accessoirement que la croissance s'était plutôt bien portée au premier trimestre mais qu'elle est nulle au deuxième (à peine 0,3 point)... durant lequel a été élu Sarko : quelle prise sur l'économie !).

 

Enfin, pour terminer ma philippique, je dois faire part à tout les paotred ha paotrezed eus Vreizh de ce rapport de Yasmina Reza (dont je n’ai pas lu le livre, pas encore…), selon lequel Sarko aurait déclaré à l’autrice, à l’occasion de la visite d’un centre de sauvetage en mer : « Je me fous des Bretons. On va voir dix connards autour d’une carte et c’est tout ». Le problème, c’est que ce sont ces dix connards de Bretons qui ont permis de récupérer l’équipage du Sokalique, à l’exception du patron, coulé avec son navire et aux obsèques de qui assista… Nicolas Sarkozy. Se rendre aux obsèques d’un connard de Breton, notre Président a du cœur tout de même !

Sao, Vreizh-Izel ! Ret eo rezañ ar blogorn ! [1] Hag adal dilennadegoù kêrenned…



[1] Lève-toi, Bretagne ! Il faut détruire le nabot ! Et dès les municipales… Variation bretonnante du Delenda est Carthago de ce bon vieux Caton.

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Croix

Publié le 29 Août 2007 par Luc dans Murs gris - ciel blanc (du 23-9 au 23-12-96)

11 octobre 1996

Une grisaille molle et terne s'étend un peu plus chaque jour,
En offrant une pâle luminosité à ma face délaissée.
Je me déplace dans le bastringue, entendant tintinnabuler
Les chaînes dont la chape incolore m'a gratifié.
Sans émotion, je sais que j'aurai à sortir et affronter
Tant le vent que les regards.

Les amis s'envolent avec leurs fausses paroles
Pendant que je marche dans le froid.
La fierté s'enterre quand les yeux s'obstinent
A la regarder gratter le sol, parvenir au sable et se nidifier.
La haine, quant à elle, a fui loin devant moi
Sans que je n'aie réussi à la rattraper,
Alors que dans le même temps,
Courant comme un dératé derrière elle en unique soutien,
Je laissais tout sur place.

Après la course, je me retrouve sans rien,
Certes au dessus de la fierté enfouie
Et loin au-delà de mes biens matériels,
Mais tout autant derrière l'agile haine et en dessous de mes amis.

C'est curieux ; le schéma forme une croix...
Il se trouvera bien quelqu'un pour voir là dedans
Un relent de christianisme à la Péguy,
Mû d'une envie de purification
(dans le style Jésus vomit les tièdes ou encore
Il faut avoir été sale pour voir son visage lavé par Jésus, etc...)...
Quelle excuse !
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Nécro Raymond Barre

Publié le 28 Août 2007 par Luc dans Embannoù-kañv (Nécrologies)

Raymond Barre est mort.

 

Je m’en réjouis absolument.

 

Débutons par une courte hagiographie : la grande utilité de Raymond Barre aura consisté, pour tous les étudiants en droit et en économie, dans son essentielle contribution à l’équilibre de ces derniers, dans leur vie privée la plus intime. Les sols souvent peu académiques des studettes occasionnaient des difficultés certaines pour équilibrer les meubles Ikea. Raymond Barre sortit alors, soucieux du sort des bières universitaires, son fameux Traité d'Économie Politique, dès 1959, et réédité 15 fois, les problèmes de logement des étudiants allant empirant. Cette production en grand nombre de cales pour meubles fit de lui le digne héritier de son père, escroc notoire.

 

Sa sensibilité naturelle au sort des étudiants déshérités se comprend aisément, puisqu’il passa son enfance malheureuse dans les frimas de la Réunion dans la chiche case Déramond-Barre (et non « de Raymond Barre », comme certains se sont plu à le laisser accroire).

Puis comme tout créole des Hauts, il fut logé pour ses études parisiennes à la Cité internationale universitaire jusqu'en 1950. On nous dit qu’il décrocha une agrégation de droit et de sciences économiques, ainsi que le diplôme de Sciences Po Paris. Mazette pour un mangeur de chouchous !

 

Mais ne nous-y trompons pas : déjà sommeillait en Raymond Barre l’aberration du libéralisme. En effet, dès 1953, il traduit l'ouvrage du très gauchiste Friedrich von Hayek, «  Scientisme et sciences sociales, Essai sur le mauvais usage de la raison ». « Le mauvais usage de la raison », quel génie ce von Hayek ! Il annonça dès son œuvre fondatrice le caractère parfaitement irrationnel, voire religieux, du libéralisme économique[1].

 

Après quoi, son parcours s’obscurcit (il dégotte une petite hongroise, est nommé professeur d’économie, devient directeur de cabinet du ministre de l'industrie, puis vice-président de la Commission européenne).

Ce dernier mandat fut marqué par son action en faveur de l'union économique et monétaire entre les États membres. On doit à son labeur acharné depuis 1968… le passage béni à l’euro et les politiques monétaristes désastreuses… les rigueurs budgétaires que nous sommes les seuls au monde à pratiquer… Raymond Barre premier Ministre suite à la démission de Chirac ! L’avènement pour la tit bébèt !

Cela ne l’empêche pas de faire preuve d’une modestie touchante : lorsque Giscard le qualifie de « meilleur économiste de France », Raymond réplique le 27 août 1976 : « le meilleur économiste français ? En tout cas un des tout premiers ».

 

De fait, ses résultats sont probants : il ne parvient pas à juguler le chômage ni l’inflation. Peut-être appliqua-t-il trop son Friedman illustré, au détriment de ses premières amours d’outre-Manche, von Hayek.

Il tenta néanmoins de se rattraper en supprimant plusieurs dizaines de milliers d’emplois dans la sidérurgie, un signe fort de modernité donné à tous les opérateurs du marché ! Mais pas au peuple, puisque la popularité du meilleur d’entre nous (surnom ensuite donné à Juppé par Chirac : rappelez-vous toujours que si quelqu’un vous qualifie ainsi, vous avez tout à redouter de l’avenir).

Raymond Barre ne renonça jamais à son idéal libéral, marqué par son élection à la Mairie de Lyon (dont l’amour des habitants les poussa à élire ensuite M. Collomb, un maire de gauche, dans une ville froide et bourgeoise où le socialisme est aussi absent des mentalités que le souci de la prosodie à Montreuil sous Bois !). Comme tout retraité, on le vit s’aigrir, fréquenter d’autres petits vieux ressassant sans cesse les mêmes plaintes et gémissements sur la nécessité de plus libéraliser encore l’économie, comme ce fut le cas aux côtés du révolutionnaire Michel Camdessus au Forum économique mondial de Davos, maison de retraite pour vieillards enrichis, spongiformes et bovins.

 

En un mot, Raymond Barre est mort et je n’aurais jamais cru que Giscard lui eût survécu. Enfin, ce décès aura du moins permis à François Fillon, météorique trou noir de la politique, d’exister à la télévision durant quelques secondes.

 

Pour les amateurs de scènes accablantes d’hypocrisie et de recherche médiatique, ses obsèques seront célébrées demain à Paris.

 

Une dernière question se pose toutefois : est-ce que Claude L., Enrico M., Serge, Beate et Arno K., Arthur et Estelle L., Yvan A. et Charlotte G., et tous leurs amis nécessiteux du cénacle people de Sarkozy et Kouchner, de la sinistrement sioniste UEJF, du CRIF et du Consistoire iront pour autant pleurer sur sa tombe malgré leur commune admiration pour le seul chemin du libéralisme et la religion de l’argent, la vertu de l’expérimentation et le théisme de l’action ? Rien n’est moins sûr, puisqu’il semble bien que sur ses vieux jours (enfin, durant presque trente ans quand même…), l’ami Raymond a donné à sa rondeur habituelle quelques angles aigus d’un béton armé aux bonnes odeurs de cendres et de Zyklon B (V. Le Canard du 7 mars 2007, Libé et Le Monde du 6 mars 2007, Le Parisien du 11 mars 2007).

 

Ni rires ni crachats.



[1] V. à cet égard nos développements dans « L’Eglentreprise », ® L.T., 2003.

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Delo in disciplina (4)

Publié le 27 Août 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

6 septembre 1996

Je cherche encore à ne pas me laisser aller, pour profiter pleinement de la joie d'un retour au bercail. C'est le dernier (éventuellement) style que je n'ai pas abordé : le récit lyrisant, l'hymne à la joie et au retour à la nature. La simplicité littéraire (qui a encore dit : Alexandre Jardin ?), celle qui fait respirer le livre, dont les pages se soulèvent et s'affaissent comme une poitrine, dont on sent le pouls lorsqu'il s'épanche entre nos mains tremblantes d'une sainte envie de vivre. Geweiht ! (variation catholicisante et collaborationniste).

Demain, je serai donc le nouveau... Frison-Roche, le Giono du diamillenium, un Clavel apocalyptique... Ouais, ça ne sonne pas très bien... Ma cloche est fêlée : je ne suis pas, ne peux être l'auteur de Malataverne, d'Un roi sans divertissements ou de Premier de cordée.

La campagne m'emmerde prodigieusement, la Provence est peuplée de marseillais et j'abhorre la montagne. L'idée de la haine m'a déjà été piquée par Mathieu Kassowitz... Je vais me mettre au dessin, tiens...

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Visage triste

Publié le 24 Août 2007 par Luc dans Contrôle (du 4-6 au 26-9-07)

24 août 2007

Son visage se fige,

S’enroule doucement

Autour de sa tige,

Un lierre trop aimant.

 

Son visage se ferme

Ensuite, lèvres pincées

Mettant un terme

A ma joie compassée.

 

Son visage coule

Maintenant, de carton

Sec dans la houle

Naissante, et change de ton.

 

Son visage mutique

Résiste à mes efforts

De joie, clowns sans éthique

Ni enthousiasme fort.

 

C’est alors que je ne comprends

Plus, et cède à mon tour,

Faible et si peu résistant,

A la tristesse d’un soir sans atours.

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