Paradoxalement, j'éprouve la sensation terrible que l'on a pris la décision pour moi, en ces jours décisifs. Il ne fallait pas me parler ainsi, de manière professorale, sous magistrale, en imposant le supplice du « Rassure-toi, je ne le dirai à personne », qui ne fait que me rendre débiteur et obligé.
Jamais je ne reconnaîtrai le moindre tort envers un imbécile perfide, obséquieux, hypocrite et arriviste. J'ai pensé un instant que le baffer me ferait sortir la tête haute et consommerait la rupture à laquelle je ne parvenais à me résoudre, par crainte.
Mais alors, tandis que je pensais bien que sa stupidité et sa supériorité avaient définitivement fait pencher la balance en faveur de l'autre terme de l'alternative, j'apprends qu'il part, que je n'aurai plus, le cas échéant, à traiter avec lui que téléphoniquement. Ne plus le voir ! Il se rapproche du Bon Dieu et de sa réussite mesquine. Un élément essentiel de mon départ disparaît avec lui.
Rayée, l'enflure ! Chassée, la mauvaise graine ! Morte, la bête et mort, le venin ! Cela dit, je crois tout de même que mon heure est venue, de ne plus céder à la tentation du servage confortable et irresponsable.
Je ne suis pas rancunier, mais je ne pardonne pas. Il se rapproche du Bon Dieu et je ne suis pas Dieu.