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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Jours décisifs

Publié le 16 Novembre 2007 par Luc dans Jours décisifs (du 6-1 au 5-3-97)

Paradoxalement, j'éprouve la sensation terrible que l'on a pris la décision pour moi, en ces jours décisifs. Il ne fallait pas me parler ainsi, de manière professorale, sous magistrale, en imposant le supplice du « Rassure-toi, je ne le dirai à personne », qui ne fait que me rendre débiteur et obligé.

Jamais je ne reconnaîtrai le moindre tort envers un imbécile perfide, obséquieux, hypocrite et arriviste. J'ai pensé un instant que le baffer me ferait sortir la tête haute et consommerait la rupture à laquelle je ne parvenais à me résoudre, par crainte.

Mais alors, tandis que je pensais bien que sa stupidité et sa supériorité avaient définitivement fait pencher la balance en faveur de l'autre terme de l'alternative, j'apprends qu'il part, que je n'aurai plus, le cas échéant, à traiter avec lui que téléphoniquement. Ne plus le voir ! Il se rapproche du Bon Dieu et de sa réussite mesquine. Un élément essentiel de mon départ disparaît avec lui.

Rayée, l'enflure ! Chassée, la mauvaise graine ! Morte, la bête et mort, le venin ! Cela dit, je crois tout de même que mon heure est venue, de ne plus céder à la tentation du servage confortable et irresponsable.

Je ne suis pas rancunier, mais je ne pardonne pas. Il se rapproche du Bon Dieu et je ne suis pas Dieu.

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C'était ma fête...

Publié le 15 Novembre 2007 par Luc dans Murs gris - ciel blanc (du 23-9 au 23-12-96)

Encore un dernier jour de semaine laborieux, et dire que c'est ma fête n'est pas un vain mot.

En ces moments où un hasard du calendrier vous transforme en centre du petit monde, il faut savoir faire preuve de lucidité.

 

C'est alors que je réalise une donnée terrifiante : depuis combien de temps ne fais-je que parler du... temps, qu'il fait, qui passe, médiocre ou va la cruche à l'eau qu'elle se casse.

 

C'est tout de même incroyable ! Moi qui ai toujours craché sur les Jardin, Frison-Roche ou autres Rousseau, je me retrouve nature à disserter sur les tenants et les aboutissants du temps qu'il fait. Et pourquoi ne pas demander à Madame Michalon si son chat va bien ?!

 

            Je dois réagir, me persuader de nouveau :

 

- que ma laideur m'a conféré le génie et l'ubicuité,

- que la douleur demeure la seule certitude,

- que nous sommes sur terre pour en baver un peu et ne rien connaître,  ni avant, ni après.

 

Penser qu'un jour peut-être, mon corps se balancera doucement sous une poutre, ondulant sensuellement, vain et grand.

Mais je manque de souplesse.

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Le mauvais sommeil

Publié le 12 Novembre 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

Le mauvais sommeil, celui qui ne se différencie de sa sœur, l'insomnie, que par cette capacité à laisser quelques instants de repos avant de réveiller le pauvre qui se croyait bien endormi.

Le mauvais sommeil, celui après le passage duquel on ne peut que se lever du pied gauche, ce dernier restant rivé sur le crâne et le visage fermé tout au long de la journée.

Le mauvais sommeil arrive toujours avec le ciel qui s'obscurcit et le froid revenant comme un remugle hiémal. Quand il semble que même l'espoir fugace qui traverse stupidement le matin durant une seconde, paraît devoir entrer en une longue hibernation, c'est une route infinie et venteuse qui nous attend...

Enfin, un petit noir bien serré qui fait grimacer, une petite roulée, brûlée en quelques bouffées, un calcul rapide de la perte de pouvoir d'achat sur les prochains mois, lecture du Canard, les infos sur Inter, un Ricard, puis musique (Payé à rien foutre surtout...), et tout ne va-t-il pas pour le mieux ?

Je m'interroge... Le matériel peut-il avoir autant d'influence sur le sommeil, lequel, comme je le disais, devient mauvais et plein d'humeurs. Le réveil s'alourdit de courbatures, les yeux en couilles de mouette et le ventre gonflé.

Ce sommeil saturnien serait donc une noyade tenace et répétitive, qu'il convient de subir jusqu'au jour où il deviendra réellement insupportable...

Et pourtant, dans ma lassitude complète, il me semble que ce moment s'éloigne toujours davantage.

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Glorieux

Publié le 9 Novembre 2007 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

Mes orbites mangent mes yeux. Je n'attends que ce moment où je les entendrai éclater, comme des ballons remplis d'eau ; j'ai toujours été aveugle, mais pour l'instant, j'étaye à coups de rage et d'éveil l'ouverture du regard.

Tout s'est obstrué... Je respire plus difficilement, en ouvrant la bouche sans bruit, cherchant à humecter sa sécheresse. La poitrine se soulève moins... ne s'arrache plus d'un dernier soupir.

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Amour et religion

Publié le 8 Novembre 2007 par Luc dans Arbeit (du 16-10 au 29-12-95)

Les délais se multiplient lorsque la consistance du risque se fait plus opaque et incontrôlable. Mais t’avoir entendue hier, écouté parler… m’a donné l’impression d’être… en tout point… normal.

Une sorte de révélation ! Les hurlements électriques se multiplient, eux aussi, à l’infini, accompagnés de retentissements hydrauliques, de frottements caoutchouteux, dans des senteurs mêlant cryogénisation, et aujourd’hui, crémation. Mais après tout, le froid ne brûle-t-il pas ?

Si fait, bonhomme ! Mais il faut toutefois savoir épargner son appétit, sa parole.

Tout dire tue la recherche, et c’est pour cela que la liaison ne doit pas devenir religion, où tout est su, connu avant même réalisation. Je pense parallèlement que de nombreux traits communs sont remarquables entre amour et religion : dévotion affectée et sujette à la parade, naissance (« illumination » et « coup de foudre »), vie (« grenouilles de bénitier » et « bourgeois cocus », souvent les mêmes d’ailleurs…), et mort (inévitablement).

 

Mais alors, suis-je donc si intelligent, plus que les autres, pour ne pas y croire ? Ca se saurait...

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Vision érotique

Publié le 2 Novembre 2007 par Luc dans Jours décisifs (du 6-1 au 5-3-97)

La revue s'ouvre seule, son délicat papier glacé posé sur un support sobre, devant un fond noir. L'oeil se tient légèrement plus haut que le bord de la table, regardant les pages de trois quarts, la revue comme un losange.

Les illustrations, alors que les feuillets se succèdent lentement, s'avèrent toutes être en noir et blanc, à chacune d'elles étant attaché un court texte inscrit en caractères italiques. Ces textes tentent de faire preuve de poésie, d'augmenter encore dans l'esprit du voyeur le flou des photos et du fond noir derrière la table.

Sur une image, une femme allongée, dont la photo du corps allongé semble avoir été prise de son propre visage. L'on observe son ventre blanc et rond, marqué à droite du nombril de deux petits guillemets noirs.

Et ce damné commentaire qui se voudrait poétique, que j'imagine prononcé d'une voix sentencieuse, fleurit à son côté, la mauvaise herbe.

La peau laiteuse n'est affectée d'aucun vice, immaculée et vierge de tout corps disgracieux, du ventre jusques aux jambes, à l'unique exception des sombres guillemets.

Mon oeil reste au niveau de la table. Il gonfle en séchant, me contraignant à appuyer sur les lourdes cernes. Que ma tête explose.

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Amour de 7,62

Publié le 29 Octobre 2007 par Luc dans Erwann (du 11-10-07 au 21-02-08)

7,62… Le sept-cent soixante-deuxième texte de l’ère deux ressemble à s’y méprendre à un gros calibre dont la réception dans le corps meurtri ne saurait qu’entraîner souffrances, mutilation et mort.

Cela fut le cas ce matin, mais l’arme se révéla émotionnelle plus que mécanique, même si la répétition de ses tirs au bruit tellement connu pouvait laisser accroire le contraire. Des gouttes de liquide sombre emplissaient sa face rogue lorsque je tentais moi-même de ne pas pleurer de peur et de panique. Le barillet tremblant tournait si lentement sur mon destin fatal ; ses yeux noirs se déplaçaient en mesure de cette évidence. J’entendais les gémissements de son métal soudainement chaud et m’essayais à le refroidir pour que la fin nécessaire soit encore un peu repoussée. Je m’interdis de respirer et la pièce s’immobilisait alors. Le chien levé et agressif ne contemplait plus que ma nuque, et il s’efforçait quant à lui à ne pas céder à son envie de course en avant lorsque ma voix calme et faussement apaisante l’excédait plus encore.

L’œil noir de sept virgule soixante deux millimètres me reprochait mon manque d’amour et de désir pour tout ce qui ne m’eût pas esthétiquement satisfait. Je refusai la vérité de son affirmation en tant que parcellaire. La machine de guerre sentimentale devait saisir qu’il existait en moi quelque chose de plus haut que la simple considération esthétique : cette chose souvent ignorée au quotidien mais qui vient à vous étrangler lorsqu’elle menace de vous fuir, qui vous donne à la folie de la perdition lorsqu’elle évoque la simple image de son absence, qui vous amène à renoncer à toute fierté et toute honte pour ne pas la perdre…

Le tumulte cessa alors et le chien se reposa tristement sur la douille menaçante. Le tournis du barillet prit fin tandis que les gouttes de liquide noir s’évaporaient peu à peu. Une paix ? Un cessez-le-feu plutôt, le temps de ne plus jamais perdre de soi la fameuse chose dont il s’agit.

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Plaie bleue

Publié le 24 Octobre 2007 par Luc dans Murs gris - ciel blanc (du 23-9 au 23-12-96)

Durant quelques heures ce matin, le soleil a brillé au beau milieu d'un bleu presque déplacé dans cette ville. Mais j'ai oublié d'en parler, de prendre mon carnet pour immortaliser ce souvenir avec la sensation du présent... qui laisse dès lors place à la nostalgie, jusqu'à l'oubli.

J'ai donc pris mon fine carbure au moment où un toit opaque a décidé de s'étaler avec langueur sur mon horizon. Le jaune pâle qui colorait chaleureusement mon mur gris s'efface pour un blanc sans âme, qui n'a pour effet que de renforcer ledit gris.

Plus je regarde la maladresse du ciel, plus mon col de chemise paraît se resserrer, alors que de deux en deux minutes, une cloche abat imperturbablement ses résonnances comme un futur cadavre le ferait d'une ultime et merveilleuse quinte.

Une trouée pourtant dans la grisaille mielleuse, une plaie bleu pisseux dans l'infini du casse-pattes. Mon regard se porte alors vers les couinements de mes semelles sur la rue mouillée. Si j'y vois la régularité, je n'y décèle rien d'autre, un peu à la manière de mon triste esprit, laminé entre l'envie du beau et le désintérêt dont il fait preuve dans la lutte contre le quotidien.

Tout est donc mélange d'aspiration et de renoncement, entre belle envolée solidaire et individualisme forcené. Non, pas grand-chose à espérer de plus.

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Les rêves du passé

Publié le 16 Octobre 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

Bordel ! Il faut que je me réveille ! Les petites bourrades successives que le temps m'appliquait amicalement dans le dos se transforment en poussées monstrueuses. A peine le temps de dire qu'on se fait chier dans ce boulot de merde... Putain de lundi... et on se retrouve le jeudi. Mais à ce compte, la vieillesse n'est plus une idée vague mêlée d'hypocondrie ; il s'agit d'une réalité terrifiante. Elle est pour demain !

Puis je considère que les rêves du passé se multiplient un peu trop à l'envi, ces derniers temps, tels celui-ci.

Le temps est maussade ; il pleut même. Je m'interroge sur les raisons de ma présence en cours de gymnastique de première ou de terminale, d'autant plus que nous roulons tous en voiture et arborons nos premières rides. Suivent quelques humides péripéties (j'ai oublié mes tennis ; je retourne les chercher à la maison avec une fille blonde dont je me demande aussi ce qu'elle fout là). Je reviens, gare ma voiture, comme habituellement pour être le premier reparti. Nous sortons, et je vois nos camarades en ligne, au bord du terrain de sable, écoutant sans attention le monologue affecté du prof. de gym.

Tiens -me dis-je- il s'est laissé pousser les cheveux depuis le temps... (de quel temps s'agit-il ? Je n'en sais foutre rien). En effet, je ne distinguais de lui qu'une blonde chevelure tombant sur ses épaules, tandis que dans mes souvenirs, ils étaient coupés court. Tout ce petit groupe doit se situer à cent-cent cinquante mètres de moi (puisque la fille qui m'accompagnait a disparu).

Je me retourne dans l'air frais, et vois avec stupeur ma paire de tennis, qui s'est extirpée seule de la voiture, gonfler démesurément jusqu'à m'obscurcir le ciel plombé... Mais je m'en moque ; d'un pas rapide et rigide, j'avance vers le vieillissement.

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Jeune chanteur

Publié le 15 Octobre 2007 par Luc dans Sourires jaunes (du 25-3 au 21-6-96)

Je vis un homme chanter, dont je savais qu'il était jeune et apprécié du public, mais sans talent (comme tout ce qui est jeune et apprécié du public). Je le voyais avec son microphone argenté, luisant de bien belle manière, , habile surtout, grâce au décor de fond où ne cessaient de tourner des éclairages sombres et pailletés, autour de la lumière.

Déjà, je n'entendais plus la musique improbable du chanteur, vêtu d'un smoking noir, chemise blanche, cravate noire, visage bronzé, cheveux noirs, pour me concentrer sur son buste. Il fermait les yeux, comme réellement possédé par ce qu'il chantait (!) ; de gestes amples et affectés, il ponctuait ses fortes syllabes, de crispements de doigts ou d'ouvertures des bras aussi.

Alors je vis son cou, à ce jeune, tout fripé et peu élastique. Les rides se tendaient et distendaient en une douce oscillation pour mon cerveau ténébreux. Remontant vers sa gorge, mon regard comme un couteau, je constatai avec délice un double menton flasque et ridé, tel un dindon. Il en fut de même des pattes de poule, fosse nasale et maxillaires ou commissures.

Le jeune sans talent est vieux et laid.

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