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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Stupeur morale

Publié le 18 Février 2008 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

Les yeux piqués, les membres tremblants, je prends le désespoir par derrière, rattrapé par ce lourd bolide, et happé, déchiqueté. Avant le choc, comme annonciateur de ma brièveté, j'ai rencontré un flocon de neige, dont le charme m'a absolument échappé.

Pris d'une insondable terreur devant les aléas quotidiens, je ne veux plus que dormir. J'aurais voulu plus que dormir, mais il faut savoir modérer ses ambitions... Peut-on faire plus obscur que ce ciel étrangleur ? Que cet invisible champ de ruines, dont chaque pan menace écroulement ? Peut-être suis-je plus sombre encore, me voyant encore en vie sans but, dans tout ce que la lutte du petit gris semble induire de vain ou d'inintelligible.

Je ne me plaindrai pas, parce qu'également atteint d'une subite stupeur morale, ce serait regardé comme indigne.

Alors je vais me fracasser la tête contre ce toit de tuiles, là, en face et à ma hauteur, dans une chute inexplicablement horizontale... Ou vais-je rebondir sur l'arête acérée de la charpente, en y laissant un membre ou deux, tremblant, et monter dans l'air froid, croisant encore un flocon que j'emmerde de sa blancheur, pour que finalement ma tête explose discrètement, sans gerbe de lumière, violette et gelée, comme ces lâchés de ballons pour la paix, comme la main qui écrit, celle qui devrait pouvoir donner la mort.

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De manière étonnante

Publié le 15 Février 2008 par Luc dans Arbeit (du 16-10 au 29-12-95)

De manière étonnante, quand tout semblait aller de mal en pis, j’ai fait preuve d’une clarté à peine entrecoupée de sursauts de violence contenue. Mais rien à avoir avec les tempêtes de naguère !

Cela dit, de ces petits détails qui encombrent inutilement le fardeau de la vie, je ne veux connaître. Bien des appels au secours ont été lancés, traduits en retour par l’inquiétante réverbération du néant. Il a fallu se faire outrage, lutter contre sa nature hostile à l’improvisation, tenter la chance, se perdre en se sachant guidé par la mort lente de l’engourdissement, pour finalement parvenir au but, dans les vapeurs chaudes et les draps propres. Mais déjà sonnait l’heure du redépart.

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Géométrie épilatoire

Publié le 14 Février 2008 par Luc dans Jours décisifs (du 6-1 au 5-3-97)

Ligne, flamme ou triangle, comment choisir ? Je reste coi devant l'immortalité ainsi désignée.

La ligne est séduisante par sa droiture, qui ne cèle rien ou presque de son autour et de son but. Elle se prolonge sans hésitation jusqu'à ce qu'elle cesse brutalement sa course. Elle est fine et franche, et tant par chacun de ses deux bouts (il s'agit alors d'un segment), on ne demande qu'à la suivre.

La flamme est moins longue, plus dodue et se plaît à répéter ou attiser le feu qui nous menace. Ses couleurs changent souvent, au gré de la lumière, de l'angle d'exposition. Elle chavire l'esprit, vibre, sa pointe doucement balancée par des doigts insoucieux de la brûlure. Son cœur bleu ou jaune se fond dans l'atmosphère chaleureuse. Elle réveille alors l'épaisseur des sens, et fait se clore les yeux. Si petite, comparée à celle des candélabres cuivrés disposés à destre et à senestre de la dernière demeure. C'est une chapelle ardente, où de lourds rideaux vermeil crénelés de drap d'or reflètent la lumière sertie de pierres précieuses.

Le triangle, pour être la plus mathématique des trois formes, n'en est pas moins celle qui hésite le plus entre le dénuement et la simple nature. Que mesurer la taille d'un peuplier avec son aide quand il se fait rectangle et équerre ? On le devine de même travaillé et point dû au hasard, mais il reste dilettante, ne dévoilant trop de son origine dans son apparence trompeuse de normalité au premier coup d'oeil. Il est alors le jardin à l'anglaise, opposé à sa conception française.

Point de choix finalement, quand cette aspiration géométrique se heurte aujourd'hui à l'innommable chaos de ce que son auteur croit posséder.

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Cage de fer

Publié le 12 Février 2008 par Luc dans Erwann (du 11-10-07 au 21-02-08)

Ni assis, ni allongé,

Hésitant de toutes forces

Quant à la conduite à tenir,

Tendu dans la position

Intenable.

 

La tête dans la main,

A peine posé sur le côté,

Les jambes aussi nerveuses

Que la tête lourde,

Je suis immobile.

 

Il n’est plus possible

D’esquisser le moindre

Mouvement de sauvegarde,

Il n’est plus possible

De réfléchir.

 

Peut-être qu’en plaçant

Une jambe derrière le crâne,

La divine inspiration

Viendra-t-elle, mais rien d’autre,

Qu’un bourdonnement.

 

Non loin de moi, ses cris

Lacèrent mon épuisement,

Tandis qu’un autre regard

Vient se poser sur moi,

Sévère.

 

Ses sanglots fragiles

S’étranglent comme une chambre

A air nouée avec violence,

Ils me remettent dans la violence

Donc.

 

Ses bras graciles s’agitent

Vainement sur la grosse toile,

Les hurlements se succèdent

Sous les reproches, et je ne bouge

Toujours pas.

 

Aucune idée dans l’ignorance,

L’obstination et une cécité

Abrutie sont mes présents,

Et dans le bruit persistant,

Je ne songe plus qu’à mourir.

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Life is life

Publié le 11 Février 2008 par Luc dans Murs gris - ciel blanc (du 23-9 au 23-12-96)

J'ai su clairement, alors que j'avançais dans l'humiliation, que le monde s'effondrerait aujourd'hui. Mon souffle habituellement régulier et endurant est devenu court et douloureux. La nuque s'est raidie au dessus d'épaules rétractées.

Entrecoupant des phrases psalmodiées telles que Je marche dans un monceau éternel ou Voici la pièce où tout se terminera, je lâche avec violence : Putain de crève, tu ne m'auras pas ! Je tente avidement d'absorber le plus d'air possible dans le sifflement pris et cahoteux de ma gorge. L'oxygène paraît se raréfier.

J'avance désormais plus vite que les minutes qui me séparent de la fin ; il ne faut plus chercher, ce qu'il y avait peut-être à trouver se situe quoiqu'il advienne derrière nous. Alors avancer vers le précipice, ou les flammes, ou rien, entouré de vide sur un ruban plane et rectiligne. Je vais là où la terre se perd, le point de perspective tranché par un horizon incertain...

Alors je ris ; la crise s'achève, relapse de pessimisme. Mieux vaut ne pas penser.

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Saturnien, le canard chiant

Publié le 8 Février 2008 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

Les jours s'entendent bien à provoquer une nervosité excessive, dont on ne peut que conclure que rien ne sert de rien. Les temps de repos sont toujours entrecoupés et paraissent extrêmement brefs, contrairement aux heures de veille qui s'égrènent interminablement. Me revoilà confronté à l'ennui qui me contraint à balbutier quelques phrases plates et molles sur le papier.

J'aurais voulu plonger dans le carnet, pour enfin me fondre avec mes idées, mes représentations, nager en elles dans une douce déliquescence. N'être plus qu'une lettre placée à la perfection dans l'ensemble cohérent de ses congénères, et non plus leur auteur malhabile.

 

Et puis encore rechercher la noyade ! A quoi cela rime-t-il ?

 

Trouver le courage de faire abstraction d'un passé pesant et de cette frénésie de l'ordre établi et immuable que j'ai conçu, serait sans doute plus glorifiant ; mais plus j'intensifie la lutte contre les travers de mon hier, plus les crochets de ce dernier, cruellement arrimés à chacune de mes attaches, ne me le font que regretter, et de soupirer amèrement sur le triste présent qui m'est offert.

Ma liberté balayée d'un revers de main par une décision, après tout, totalement irréfléchie. Quel affreux révolutionnaire s'écriait Liberté chérie ! Alors quoi ! Mon Etre suprême serait-il vacant ? Suis-je Saturnin le canard jaune ou simplement saturnien le chiant... Cette vieille peur du contact qui revient en force... Décidément, couper court au passé ne relève pas de la pure évidence...

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Estime de soi

Publié le 5 Février 2008 par Luc dans Sourires jaunes (du 25-3 au 21-6-96)

Je vais bouger. C'est un devoir. Aujourd'hui, je suis paralysé comme devant une vipère ou un scorpion. Je me vautre dans le lit huileux, cette belle machine graissée sans un couinement. Je deviens moi-même un oléagineux attendant la cueillette.

Mais je vais bouger : à mon tour, j'hypnotiserai le scorpion et la vipère, en m'exerçant d'abord sur un cafard et un ver de terre. Mon pied est fort, et peut les écraser... surtout le ver de terre (le cafard est vraiment trop rapide...).

Et pourtant, cet animal me ressemble tant... Hermaphrodite et acéphale, mou et sordide, lent et sans imagination... Mais pour le coup, il m'est impossible, par manque de souplesse, de m'écraser de mon propre pied.

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Néant

Publié le 4 Février 2008 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

Je suis revenu dans ce lieu, qui fut mien naguère, et qui doit pouvoir l’être encore. Je n’y ai pas retrouvé la sensation du chez soi ; la précarité demeure donc bien le mot-clé. Emmitouflé dans mon mépris et du haut de toute ma morgue, j’ai plissé les lèvres en faisant redescendre la commissure gauche, puis ai durci le regard… incapable de prononcer un seul mot contre l’état des choses, abasourdi par la survenance du néant, qui m’engloutit dans une suite compacte de non-événements.

 

Les surfaces polies des immeubles et des gens me reflètent l’image, lisse tout de même, d’un moi intégré au décor dans lequel il se fond. Avec tellement de remords vaniteux, de regret de sa lâcheté originelle, qui fut de tout accepter sans sourciller. Peut-on réellement tout expliquer par l’indifférence à tout ce qui vit ?

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Sourire agrandi

Publié le 1 Février 2008 par Luc dans Arbeit (du 16-10 au 29-12-95)

Un sommeil de plume… Dans le salon vide et blanc, deux canapés sombres soutiennent le récit de mon sourire agrandi. Bâiller à s’en disloquer la mâchoire, par froid vif, est parfois plus dangereux qu’une lame de rasoir. Mon père affirmait, sic, que cela lui était déjà arrivé et que « c’était chiant, ça ! ». Je ne le lui fais pas dire ! La vermine a commencé de ronger mon côté gauche, s’étend, infecte et rubéfie. Alors j’incline mon visage vers le sol pour l’ôter de la vue générale.

Je ne me souviens plus du rêve qui avait précédé celui-ci, et pourtant, il me semblait bien plus beau, sensuel. Peut-être valait-il mieux alors qu’il restât confidentiel, enfoui dans un tiroir d’apparence banale… sous les chaussettes par exemple…

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Libération

Publié le 31 Janvier 2008 par Luc dans Jours décisifs (du 6-1 au 5-3-97)

            Baissant les yeux dans les frimas et la clarté

            Descendante, le brouillard glacé le pénètre

            Jusqu'aux os. Remontant son revers écarté,

            Il souffle et ressent longuement la rue déserte.

 

            C'est un soupir de soulagement qui embue

            Alors l'air devant sa bouche, songeant qu'il n'avait

            Trouvé ce qu'il était venu chercher ému,

            Redoutant le regard de l'homme sur le fait.

 

            Il s'en est donc retourné avec moins de joie,

            Mais combien plus serein, libéré de ce poids

            Que lui infligeait la recherche du bonheur.

 

            Il s'en est donc allé, absous de toute peur

            Pour n'avoir pas agi, n'avoir pas eu le cœur

            De se pousser à l'acte en le sens de la joie.

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