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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

eternel retour de fin (du 1-5 au 14-10-11)

Des pressions

Publié le 23 Mai 2016 par Luc dans Eternel retour de fin (du 1-5 au 14-10-11)

 

Tout bruit me fait sursauter désormais,

Comme si mon cœur s’arrêtait

A chaque son inattendu, chaque sollicitation

Et chaque parole me met sous tension.

Bientôt, à force de serrer les dents,

Celles-ci seront usées, pulvérisées

Jusqu’à la gencive, augmentant

Encore la peur attisée.

Les cris au dehors viennent remplacer

Les miens, plus intérieurs,

Et me font frémir de terreur,

Moi, sous écrou tendrement enlacé.

Guère de nuages dans la dépression

Pourtant, celle annoncée

Par mes organes en scansion,

Durcis, presque trépassés.

Je m’en veux de gueuler autant,

Je m’en veux de sourire si peu,

De ne pas être mort encore, à temps,

Alors que ce destin fatal m’est affreux.

Il n’est plus question,

Ne saurait être question

De désir ou de devoir

En matière de mort.

Je songe à vos sourires sans malice,

Qui me touchent et réjouissent,

Mais alors d’où vient ce calice

Qui fait que je dépérisse ?

 

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Des pressions

Publié le 4 Septembre 2013 par Luc dans Eternel retour de fin (du 1-5 au 14-10-11)

 

Tout bruit me fait sursauter désormais,
Comme si mon cœur s’arrêtait
A chaque son inattendu, chaque sollicitation
Et chaque parole me met sous tension.
Bientôt, à force de serrer les dents,
Celles-ci seront usées, pulvérisées
Jusqu’à la gencive, augmentant
Encore la peur attisée.
Les cris au dehors viennent remplacer
Les miens, plus intérieurs,
Et me font frémir de terreur,
Moi, sous écrou tendrement enlacé.
Guère de nuages dans la dépression
Pourtant, celle annoncée
Par mes organes en scansion,
Durcis, presque trépassés.
Je m’en veux de gueuler autant,
Je m’en veux de sourire si peu,
De ne pas être mort encore, à temps,
Alors que ce destin fatal m’est affreux.
Il n’est plus question,
Ne saurait être question
De désir ou de devoir
En matière de mort.
Je songe à vos sourires sans malice,
Qui me touchent et réjouissent,
Mais alors d’où vient ce calice
Qui fait que je dépérisse ?


 

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Père marri

Publié le 31 Mai 2013 par Luc dans Eternel retour de fin (du 1-5 au 14-10-11)

Quelque chose revient,

Etrille mes flancs blancs,

Ecrase mon poitrail indistinct

Et me coupe tout élan.

 

C’est le souffle court

Que je deviens mauvais,

Père et mari, bouffi et sourd

A tout sourire vrai.

 

Dans la nausée d’angoisse

Je hurle comme un damné,

Frappe de ma masse

L’air brûlant qui m’a laminé.

 

Ma colère se nourrit

De la peur de la colère,

Et contre tous je mugis,

Vagis ma terreur délétère.

 

Je suis un mauvais père,

Je suis un mauvais mari.

Mort et maladie sont dans l’air,

Elles reviennent donc, mes peurs enfouies.

 

Je suis un mauvais père et mari.

Que mon dernier hurlement

Se confonde avec celui

De la balle qui mettra fin à mon tourment.

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Beautés bretonnes

Publié le 14 Mars 2013 par Luc dans Eternel retour de fin (du 1-5 au 14-10-11)

Mille ans résonnent dans mon crâne abruti d’alcool.

Je marcherai dans l’ombre.

Mille ans…

J’étais en Bretagne, un après-midi

Où chacun batifolait dans l’eau troublée et tiède.

J’étais moi alité, sans envie

Ni autre volonté que d’entendre ces mille ans.

J’étais tour à tour porté à l’autosuppression,

A la joie partagée,

Immobile et agité dans le lit d’une rivière sueur.

 

J’étais amoureux de Christelle-Olivia,

D’Añjela, de Gazou, et de Florence encore avant,

Et je secouais mon alcool sur mon lit de sueur

Jusqu’à la beuverie du soir à venir.

Les mille ans se sont écoulés.

 

« It’s miserable… », said Stephanie’s boy friend, Mark, talking about the music of Skin. « I am miserable ! », said I, as the passion of lovers is for death. Thank you Peter.

 

Mais j’étais bien là, les yeux grands ouverts

Dans mon lit de sueur où je pleurais une rivière

Entre le beige tabagique et le bleu trop soutenu

D’un auvent que je n’aurais pu confondre avec le ciel.

Je pleure une rivière sur toi, pas un fleuve,

Je ne saurais couler jusqu’à l’océan

Puisque dès demain, je serai debout

Sur la terre ferme, le pied vaillant

Et l’œil rougi.

 

L’amour est passé tant de fois

Devant mon corps allongé d’alcool

Que je ne peux plus m’en rendre compte

Que mille ans plus tard, trop tard,

Trop de beauté passée

Quand je suis trop proche de la mort.

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Orage ++

Publié le 13 Février 2013 par Luc dans Eternel retour de fin (du 1-5 au 14-10-11)

Alors que je roule sur une voie déserte,

Ruban gris sur campagne de plastique vert,

Dans le ciel suspendu au-dessus de l’air,

S’affiche rouge et clignotant en pleine lumière

L’orage plus plus à venir.

 

Je demeure désemparé, tords nerveusement

Mon cou de droite et de gauche, inquiet,

Afin de trouver un abri doux et quiet

D’où je puisse regarder le déluge calmement,

De l’orage plus plus frémir.

 

Je ne vois cependant rien qu’un arbre,

Modeste et pas vraiment génial, déplumé

Pour tout dire, et sous la foudre, ce n’est pas du marbre

Dont on fit les colonnes de la sécurité

Contre l’orage plus plus qui s’étire.

 

Alors fidèle à mon tempérament renonciateur,

Je continue de rouler tout droit, sans plus

Pouvoir prendre la moindre décision, acteur

Indécis de la plongée nue d’un corps perclus

Dans l’orage plus plus où je vais mourir.

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Ding in sich, être en soi

Publié le 23 Janvier 2013 par Luc dans Eternel retour de fin (du 1-5 au 14-10-11)

L’incompréhensible fatigue du matin agacé,

L’incompréhensible pluie de la Saint Jean,

L’incompréhensible battement de mon sang

Irrégulier dans mes veines attisées.

 

Je succombe sans savoir d’où est venu le danger…

Par apnées successives, peut-être verrai-je

Le bout de cette journée, et puis encore une,

Peut-être, une autre, qui sait ?

 

La respiration est malaisée, comme dans un caisson

Se situant juste au-dessus d’un autre caisson

Etiré à se rompre, que je porte tel un boulet

De fonte d’une couleur identique à celle de mes cernes.

 

Rien d’autre à espérer que le silence,

Qui me laissera agoniser sinon dans la paix,

Du moins dans le repos, sans ces fracas,

Ces choses en soi qui me mettent hors de moi.

Or il est important d’être en soi pour bien mourir.

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R103 Emilie H.

Publié le 3 Décembre 2012 par Luc dans Eternel retour de fin (du 1-5 au 14-10-11)

Assis derrière le large bureau au blanc passé, j’observe les mouvements au-delà de la baie vitrée de mon aquarium, les néons qui oscillent dans l’air métallique, les parois grises qui louvoient sous la chaleur des ordinateurs crépitant. Soudain, Emilie passe en marchant très vite, ce qui n’était pas son habitude. Ses cheveux blonds flottent d’un vent intérieur et contrastent joliment avec sa tenue noire, des bottes à talons respectables, aux boucles argentées, jusqu’à son haut à manches longues près du corps où l’on retrouve en guise de ceinture les mêmes boucles que celles ornant ses chevilles, juste au-dessus de pantalons noirs coupe slim. Beauté.

 

Peu avant de sortir de mon angle de vision, elle m’aperçoit, me fixe et continue son chemin. Elle ne doit pas m’avoir reconnu, un oubli de lentilles peut-être ; je la hèle, trois fois. Elle retourne alors son visage vers moi et ses traits s’immobilisent, puis s’étirent. Je soupçonne qu’elle pleure. Pour quelle raison ? Regrette-t-elle le temps où nous nous aimions ? A-t-elle eu quelque malheur ? Il me faut en avoir le cœur net, mon insatiable besoin d’amour ne pouvant être consolé ou crucifié que par la certitude, même si la lâcheté devant la douleur à venir de l’inexistence de ce supposé amour m’a souvent fait préférer l’ignorance aléatoire, cette condamnation au seul espoir éternel.

 

Elle s’en est allée, plus belle que onze ans auparavant, toujours aussi bronzée mais le visage plus affirmé, les yeux bleus toujours rieurs mais plus expressifs dans la douleur que je devine. Il me semble certain que nous allons nous revoir, que nous ne pouvons que nous revoir.

 

Quelque temps plus tard, je fume une cigarette entre deux bâtiments, en plein soleil où se trouve l’emplacement fumeurs, abruti de chaleur, et je la vois, à l’intérieur, dans le petit hall désert de vitres teintées et de poutrelles bleues. Je m’approche en jetant nerveusement mon mégot sur le sol chauffé à blanc, ne prenant pas même le temps de l’écraser d’un coup de talon sec en imprimant un mouvement rotatif afin d’éliminer toute trace d’incandescence, un souci maniaque de plus qui m’abandonne. Je pénètre dans le hall. Emilie réalise alors ma présence et veut à nouveau s’échapper. Je la rattrape en un instant et la serre dans mes bras. Je dois savoir. Mes bras enlacent sa taille, ses pieds ne touchent plus le sol. Elle ne pleure pas cette fois et me scrute par intermittences, parfois intensément, parfois distraitement lorsque son regard se perd au plafond ou vers l’extérieur. Une roideur inattendue se fait jour sous les trop larges pantalons de costume. Elle me dit à ce moment :

 

-         On va rester longtemps comme ça ? Ca commence à devenir gênant

-         C’est vrai – réponds-je en m’esclaffant mais m’inquiétant soudain de notre situation dans un endroit de passage et du fait qu’elle ne pouvait que ressentir la velléité érectile dans une zone se situant entre ses fesses et ses cuisses.

-         On va jusqu’au bout ? – renchérit-elle sans sourire ni passion.

 

Je ne la lâche pas, ne peux lâcher la chair de ses fesses qui me revient aussi molle qu’auparavant, et c’est dans cet étrange attirail que nous nous mettons à la recherche d’un coin tranquille.

 

Mais où que nous allions, quelqu’un surgit, l’air affairé et pressé, dans le bureau attenant, à la photocopieuse sombre, dans le couloir, et même sous la cage d’escalier à côté du broyeur, d’où un homme sort préoccupé. Il n’y a rien à faire. En ahanant après avoir monté la dernière marche du dernier escalier, je la dépose doucement sur le sol, comme je l’eusse fait d’un oiseau blessé. Elle me regarde de ce même air dont je ne sais si l’on doit y voir de la pitié, de l’indifférence ou de l’affection puisqu’il ne saurait plus être question d’amour. Ahuri d’ignorance et de certitude mêlées, je m’assois sur le lino bleu et poussiéreux, pose mon dos contre la cloison amovible grise et pleure bruyamment. Misère.

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Fierté

Publié le 9 Novembre 2012 par Luc dans Eternel retour de fin (du 1-5 au 14-10-11)

Je suis fier de moi.

J’ai su passer outre mon désir, soie

Morbide, et pour une fois,

Je suis fier de moi.

Ou du moins l’aurais-je pu.

Je n’ai pas surpassé mais bu

Mon désir, alors je suis déchu,

Ou du moins l’aurais-je pu.

 

Rejeté dans les tremblements

Vers la mort, objet d’un empêchement

Au repos, je suis, dirimant,

Rejeté dans les tremblements.

 

L’image de la mort me revient,

Le futur cadavre en vieux chien

Râlant, ne respirant pas bien,

Dont la lente agonie me retient

Aujourd’hui dans l’apnée angoissée,

Le cœur serré, ma fleur cassée,

La tête coupée et mon corps désossé,

La mort me tient. Ma fierté est passée.

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R102 Dr House

Publié le 15 Octobre 2012 par Luc dans Eternel retour de fin (du 1-5 au 14-10-11)

Nous nous retrouvons en une occasion festive, festivalière peut-être, au sommet d’une colline méridionale boisée de pins, à la végétation éparse sur la terre sèche et caillouteuse. Il y a là énormément de monde, toutes les pentes dénudées de la hauteur étant grouillantes. Autour de moi, Anne, mais aussi Laurent Goyet, boitant bas. Tout comme moi, nos jambes droites respectives semblant salement amochées, ce qui ne laisse de surprendre au regard du fait que nous avons pris l’année précédente déjà notre retraite de footballeurs. Ses yeux bleus sont fixes et sentent la colère, ou la révolte contre cet état d’impotence. Il s’éloigne en claudiquant, laissant là deux des amies qu’il avait amenées en tant que Don Juan impénitent et relaps. L’une d’elles est magnifique. Il s’agit d’une jeune fille très petite, au teint pâle et à la chevelure blond vénitien encadrant un doux visage encore assez rond du fait de joues pleines et d’une bouche ourlée, au dessus de laquelle pointe agréablement un nez court et légèrement retroussé dont l’arête à peine marquée remonte vers deux yeux marrons à l’expression gigantesque.

 

Elle qui était venue avec Laurent pour son charme Docteur Housien en plus musclé, paraît ne pas être insensible à mon propre charme Hugh Laurien, écrivain, musicien, mais Dieu merci, je ne suis pas acteur. La phrase de Jean Poiret revient une seconde résonner à mes oreilles, « je hais les acteurs ». Tandis qu’il ne s’est strictement rien passé, nous nous mettons lentement en marche, tous autant que nous sommes, et descendons la colline vers une vieille abbaye dans les cellules de laquelle la foule se répartit sans querelle. Boitant toujours, je m’effondre sur une couche plus confortable que je n’aurais imaginé, aux draps noirs que je rabats sur mon corps. Anne est debout à l’entrée, toute à ses pensées. La jeune fille, dont je sais maintenant qu’elle est kabyle, entre dans notre cellule avec un mot d’accueil gentil d’Anne. Elle marche lentement vers ma couche et soulève un pan de drap pour s’asseoir face à moi, à demi-allongé. D’un air larmoyant, elle me dit qu’elle m’aime, qu’elle ne veut que moi, qu’elle voudrait enrouler ses jambes autour de mon cou, ici et maintenant, sous l’œil toujours bienveillant d’Anne.

 

L’absurdité de la situation ne m’échappe pas. L’absurdité, si proche de la honte, m’a toujours plus marqué que le désir, et je décide de ne pas donner une suite favorable à la quête de la jeune fille. Je me lève sans hâte, me rechausse, enfile mon sac à dos et sors sans un mot.

 

Sitôt dehors, je trouve la chaleur accablante, et ma marche est rendue malaisée par cette damnée jambe droite qui recommence à se plier sous mon poids à chaque pas, alors qu’elle fonctionnait normalement lors de ma glorieuse et néanmoins peureuse sortie de la cellule. Au bout de peu de temps, je suis contraint de prendre appui sur un rocher blanc aux vives arêtes. Le mouvement de plusieurs hommes dans un sens identique, me dépassant tandis qu’un petit vent frais vient rasséréner mon visage cuit, me pousse à continuer. J’échange avec un marcheur dans le même état que moi toutes mes charges les plus lourdes contre celles qu’il voudra bien me donner, dans une forme d’exorcisation, de catharsis. Mes pas reprennent, fatigués mais droits, aidés d’un bon bâton. J’arrive donc au sommet d’une falaise dominant une plage noyée dans les bleus communs du ciel et de la mer. Les cris des nombreux baigneurs parviennent jusqu’à mes oreilles à demi bouchées par la poussière et le temps. Je m’assois sur une anfractuosité rocheuse, presque à la limite du vide, et observe, vide de sens ou de pensée, empli de vent et de soleil.

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Pluie

Publié le 25 Septembre 2012 par Luc dans Eternel retour de fin (du 1-5 au 14-10-11)

Les branches d’un abricotier stérile,

Aux rameaux déplumés, feuilles en berne,

N’arrivent à cacher de ma caverne,

S’amoncelant dans le ciel amaril,

Les nuages menaçants, bern-war-vern.

 

Vers l’horizon sombre dont j’attendais

Qu’il me livrât de l’aube la lumière,

Déchirant une obscurité en dais,

Juste derrière je constate amer

Que l’immense chêne est mort, hep laodez…

 

Plus rien ne pousse sur la terre sèche,

Les orages grondant ne donnent plus

La moindre goutte d’une pluie revêche

Pour nettoyer d’une honte de plus

Mon visage érubescent, e-barzh bec’h.

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