1er août 2007
En une semaine à peine, je crus perdre tout ce à quoi je tenais dans un nouvel orage de colère. J’assistai impuissant à l’intensification sonore d’une incompréhension mutuelle. Entre les deux protagonistes, aucune ne voulait se taire, laisser à l’autre le dernier mot, s’y refusant de toutes forces et toute énergie combative. Le sujet de la dispute importait finalement assez peu, il s’agissait plus de la rencontre tonnante de deux personnes de polarité identique qui avaient un temps désiré se rapprocher.
Le fracas des mots frappait nos oreilles endolories, le poids de nos soupirs désespérés les entraînant sur la table commune désormais embuée. Chacun baissait la tête en priant pour que l’altercation cessât, ce qu’elle finit par faire.
Alors tout était donc terminé ?
Au contraire dans un sens, puisque entre les deux rivales, le combat qui sourdait jusqu’alors ne paraissait que débuter. Oui définitivement d’un autre côté, tandis que l’amitié de la table commençait quant à elle de se brésiller. La fin de la tempête ayant hurlé trop haut marquait aussi une cassure. Le caractère apparemment irréconciliable des deux colères virant du blanc au rouge puis au gris, vint probablement tracer une ligne de démarcation sur la table, au-delà ou en deçà de laquelle chacun irait se placer en choisissant son camp. Je n’entretiens plus guère d’illusions sur notre avenir si peu commun, et le regrette, ainsi que mon tempérament indécis m’y a toujours invité.
Moins d’une semaine plus tard, un nouvel ouragan de colère déversa ses hallebardes de nerfs tendus sur ma face triste et tachée, lacérèrent le cou et les bras de celui qui s’était agacé d’un rien, inconscient de la faiblesse de sa pitoyable explosion comparée à l’essence même de l’énergie pure qu’était la colère de celle qu’il avait en face de lui. Je fus balayé par le souffle et transporté au loin, aucune porte ni aucun nuage ne pouvant interrompre mon expulsion. Durant ce court vol, je perçus la fin de tout, commencée quelques jours auparavant, et la déplorai, conformément à mon tempérament renonciateur.
Cette fois néanmoins, le ciel abdiqua sa doctrine Monroe en m’accueillant sur son territoire puis me raccompagna doucement jusqu’au sol dans une souple réception, sous un soleil inattendu. Je m’attendais à l’accueil sombre de la Maison des morts ; ma surprise n’en fut que plus grande.
Alors tout est donc terminé ?