On m’a informé tout récemment de la violente polémique existant entre
Michel Onfray et Elizabeth Roudinesco, au titre de « fidèle soutien » du premier cité, relativement à la sortie de son dernier livre consacré à Freud.
Dans un premier temps, ma prudence légendaire me recommande de
répondre : « Fidèle soutien, n’exagérons rien ! OK j'ai lu les quatre premiers tomes de sa contre-histoire de la philosophie, mais je demeure
assez kantien au fond, comme Luc Ferry par exemple ! » (non, là, je plaisante).
Je me suis donc plongé avec délectation au début, avec aigreur
ensuite, et désolation enfin dans la découverte des tenants et aboutissants de la polémique, et j’en suis parvenu aux conclusions suivantes.
Bien que n'ayant pas lu le livre d’Onfray sur Freud, je trouve
consternantes les réactions de Roudinesco et Rotfus. Pour moi, le premier mérite d'Onfray est à peu près similaire à celui de Stéphane Guillon aujourd'hui ou de Pierre Desproges au siècle dernier
: envoyer de grands coups de pied dans les termitières les plus établies, en bouleversant leurs paradigmes à l’aide de leurs propres pratiques et langage, dans un seul but, provoquer le choc
initial préalable à toute réflexion ou remise en cause. Un peu à la manière de la Glace dans « La voie
de Bro » de Vladimir Sorokine.
Malgré cette apparence de sérieux, de didactique parfois, bien sûr
qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre les déclarations incendiaires et le style volontiers provocateur ! Agir autrement relève de la bêtise : là où Roudinesco se serait grandie en
prenant de la hauteur et en souriant, elle n'a fait que jouer les harpies dans un triste style séquentiel, un point par point sans humour ni intérêt, long et indigeste comme la prière psalmodiée
d’une vestale violente et apeurée de cette religion laïque qu'est la psychanalyse...
Rotfus et Roudinesco sont aussi sinistres que notre ministre Besson
accusant Guillon d'antisémitisme, la tarte à la crème ultime envoyée à la face de l'histrion.
Houellebecq (dont je n'ai lu aucun livre d'ailleurs, ce me semble)
avait aussi eu à souffrir ce type de réaction voici une dizaine d'années. Je suis contraint de dénoter à cet égard une singulière identité de qualificatifs par rapport à l'affaire qui nous occupe
aujourd'hui.
Les qualificatifs sont encore pareils lorsqu’il s’agit de
décrédibiliser la nouvelle gauche (Parti de Gauche, NPA) en assimilant à peu de frais son antisionisme (qui n’est qu’une variante de l’anticolonialisme) à de l’antisémitisme.
L’accusation « brune » relève de la facilité sémantique, et
procède d’une condamnation sans recours de celui qui en est l’objet. Elle ne donne lieu à aucune vérification autre que les affirmations des habituels spécialistes en la matière, qui ne sauraient être que juifs puisque seuls compétents pour décider sans discussion ce qui relève de
l’antisémitisme ou non. Rotfus et Roudinesco, dans le procès qu’ils font à Onfray, se soucient de Freud et de la psychanalyse comme d’une guigne : seul importe à leur complexe galopant de
persécution l’antisémitisme vrai ou supposé de Michel Onfray.
Je suis sincèrement déçu que Jacques Hoarau soit tombé dans le piège
d’une telle facilité. Probablement regrettera-t-il sa prise de position lorsqu’il sera rejoint, sous peu à n’en pas douter, par d’autre philosophes tels BHL, André Glücksmann, Alain Finkielkraut,
des âmes outragées par le désormais SA Obergruppenführer Onfray, telles que Serge et Arno Klarsfeld, Arthur, toute l’équipe cosmopolite du dernier film d’Alexandre Arcady et globalement tous les amis de Sarkozie que nous voyions se
pavaner devant le Fouquet’s un sinistre soir de mai 2007.
Et alors, quoi ? – comme dirait Socrate au fougueux
Glaucon-Onfray – Ne nous accorderons-nous pas sur la nécessité de calmer le jeu médiatiquement sauf à encourir le risque d’une nouvelle affaire Rotfus ?