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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

ma c'halon koar (du 6-1 au 24-6-10)

R78 La résistance aux extra-terrestres semble s'organiser à Cassis

Publié le 3 Septembre 2012 par Luc dans Ma c'halon koar (du 6-1 au 24-6-10)

Il s’agit sûrement d’une ballade en forêt, dans une forêt méridionale, ainsi qu’en attestent la caillasse de calcaire blanc qui affleure au-delà d’un humus pauvre et fin sous une couverture d’épines de pins. Le côté cahoteux des chemins, les thalwegs rocheux, le ciel immaculé et le frais soleil d’hiver viennent encore renforcer cette impression. Je suis avec ma fille Ilana au sommet d’un promontoire, d’où je peux voir la lisière de la forêt, donnant directement sur une plage étroite de sable jaune.

 

Des éclats de voix parviennent jusqu’à nous, et suivant leur provenance, mon regard finit par tomber sur un camion militaire immobilisé sur la plage. Un autre camion kaki, de modèle différent, vient se planter devant lui, comme pour l’empêcher de partir, tandis qu’un étrange véhicule bleu métallisé, sur coussin d’air peut-être, aux loupiotes clignotant circulairement, arrive par la gauche en mitraillant joyeusement, et longuement, le premier camion.

 

Après la fin de la fusillade, une femme d’une trentaine d’années dans un uniforme que je ne reconnais pas, sort du second camion, et au ton de sa voix s’adressant aux hommes demeurés à l’arrière, je devine qu’elle les commande. Elle se saisit d’un talkie-walkie et entre en communication avec la soucoupe. De celle-ci bondit un officier à la tête de singe qui se dirige vers elle. Sa combinaison est bleu-pâle. Ils devisent un instant et cet officier hèle en direction de la soucoupe.

 

Quelques secondes plus tard, alors que tout reste immobile, deux autres singes en combinaison surgissent d’un sas, munis de deux grands bâtons qu’ils portent à leurs bouches.

 

Ils émettent alors des sons étranges…

 

- Gnap llap – gnap llap – gnap llap -

 

… de leurs langues synchronisées avec une petite languette mobile située à l’embouchure des bâtons, comme une anche. Pendant ce temps, leurs yeux s’agrandissent et deviennent argentés.

 

Il semble que ces instruments servent à deviner le contenu du camion immobilisé, par un jeu de miroirs peut-être, mais cette technologie semblerait très rudimentaire eu égard à leur moyen de locomotion et au souvenir présent que j’ai de la fusillade bleutée. Ilana reste sage à mon côté, comme hypnotisée par la scène. L’un des deux singes apostrophe son supérieur du rebord de la soucoupe :

 

- S’il y a quelque chose à l’intérieur, ce n’est pas humain, ce n’est pas…-

 

Une fumée sortant du moteur du premier camion interrompt sa phrase : je vois la femme commandant le premier camion fuir à toutes jambes, tandis que les trois singes paraissent littéralement suffoquer. Je vois leurs faces simiesques comme pétrifiées et penchées sur le côté, les yeux exorbités, la langue rouge pendant largement sur une commissure de leur gueule. Ce ne peut être que du gaz toxique qui s’épand du camion immobile.

 

Je réagis vite et prends en compte la faiblesse de la brise marine.

 

 

Ilana vivement prise dans les bras, je cours en sens inverse de la plage et entre dans une vaste clairière désolée. Quelques secondes plus tard, un bruit de moteur attise mon inquiétude. Je le vois, à deux virages de nous : c’est le même modèle que le camion militaire immobilisé sur la plage. Je bondis avec Ilana dans le bas-côté, un talus à la pente très raide. Si les cailloux et la terre sèche ne nous atteignent pas, la végétation méditerranéenne demeure rase ; un plan de thym, un épineux maigrelet et un laurier livide sont nos seuls abris. Les hauts essieux du camion qui arrive font le reste : un homme de type européen, brun et mal rasé, nous voit, malgré nos efforts pour descendre encore plus bas dans la ravine, comme une étoile argentée en haut d’un sapin de Noël, et il sourit.

 

Dans le bruit du camion au ralenti, il sourit, et dans l’ignorance de ses intentions, je serre ma fille contre moi.

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R77 Attaque de serpent à la Fac de Droit

Publié le 8 Août 2012 par Luc dans Ma c'halon koar (du 6-1 au 24-6-10)

Tout commence dans une atmosphère de travail enfiévrée, qui baigne un lieu inconnu. Le cadre ressemblerait à un mélange entre la faculté de droit d’Aix en Provence et l’université des jeunes magiciens à laquelle fut inscrit Harry Potter. Les escaliers sont bien larges et éclairés d’une lumière naturelle douce, mais non plus en marbre blanc mais en bois et marquèterie.

 

Le moins que l’on puisse en dire, c’est que la journée de travail est laborieuse et sourde, une fatigue nerveuse commençant de m’envahir. Il paraît que la teneur de mes fonctions consiste surtout à me démener d’un escalier à un autre en ponctuant chaque palier de rencontres agrémentées d’instructions de ma part envers des collaborateurs, sur des points me demeurant obscurs d’ailleurs. Je me souviens également d’avoir accepté téléphoniquement un rendez-vous incongru avec une responsable d’organisme public qui voudrait me convaincre de mettre en œuvre partout où je le peux le principe d’égalité professionnelle et de rémunération entre les hommes et les femmes. Accepté… Si l’on veut, je ne souhaitais finalement que me débarrasser de cette assistante au ton désagréable.

 

En dernier lieu, je croise Stéphanie V., dans ce silence toujours identique de nos échanges de regards durant une onirique éternité. Je finis par bredouiller quelques conseils inutilisables et poursuis mon chemin vers le rez-de-chaussée, la sortie, le parking que débute de nébuler la nuit tombante. Je constate amèrement que mon pneu arrière droit est crevé. Que je n’ai aucune envie de changer maintenant à la lueur orangée d’un réverbère de fer forgé.

 

Je m’en retourne donc vers le clair bâtiment, monte deux étages, oblique à droite dans un long couloir serti de nombreuses portes de bois massif, et intègre une chambre que j’ai manifestement l’habitude d’utiliser, ainsi qu’en témoigne mon absence d’hésitation sur la destination. Bien évidemment, durant la marche dans le couloir, j’ai été l’objet de nombreuses sollicitations professionnelles. Il y a là Florence D. notamment, ainsi que Stéphanie, encore. Je me résigne à mon sort laborieux et continue de travailler tout en me déshabillant, assommé de fatigue. Entre deux dossiers à traiter, mon œil droit croise un radioréveil gris métallisé dont les cristaux liquides rouges sur l’écran noir me signalent sans erreur possible qu’il est 22H00.

 

Je me surprends moi-même, tout à la fois de travailler si tard, et surtout dans de telles conditions : je me dessape sans vergogne devant une femme et une jeune femme tout en marmottant mes abracadabrantesques conseils, auxquels je ne tarde pas à mettre le point final en me retournant dans le lit vers le mur jauni et me couvrant jusqu’aux épaules de la couette bleue. Un bref silence se fait, qui me laisse accroire en un repos bien mérité.

 

La porte de la chambre se rouvre néanmoins avant que ses deux occupantes aient évacué cette dernière. Marie-Aude est entrée sans frapper, l’air affairé. Elle m’informe distinctement du fait que mon rendez-vous est arrivé et m’attend en bas du grand escalier au rez-de-chaussée. Je jure comme un charretier sous l’offense. Je me lève d’un bond, saute dans mes pantalons tout en enfilant une chemisette blanche rayée de gris, tendant mon corps et mes muscles en quête d’une illusoire et vaine beauté disparue alors que le radioréveil affiche désormais 22H24. Je dévale maintenant les marches de bois qui couinent imperceptiblement sous mon pas rapide. J’arrive dans le grand hall par un escalier secondaire et vois deux femmes assises sur la dernière marche du grand escalier, non loin de la cabine désertée d’un appariteur. Elles devisent, concentrées, de nombreux documents entre les mains.

 

Leur attitude me laisse à penser qu’elles préparent encore notre entretien, ce qui doit me laisser quelques minutes pour parfaire ma mise quelque peu précaire, la précipitation… Je décide d’aller faire un tour dehors, humer l’air et la fraîcheur nocturnes, sous le ciel clair que vient embaumer le parfum de la lune argentée. Je fais quelques pas entre les haies de troènes si bien taillées, mais au détour d’un massif de lauriers en fleurs, je constate sur le goudron empoussiéré la présence d’un petit serpent vert, presque fluorescent.

 

Ma propre et pourtant discrète présence ne paraît guère lui plaire. Je le vois se dresser, menaçant. Peu me chaut d’engager le moindre débat avec lui, dont la petitesse me navre désormais. Je recule prudemment et tourne les talons. C’est à cet instant précis qu’il déclenche son attaque fulgurante de cobra royal nabot. Raté, il ne semble avoir touché que mon pantalon noir. Je ne lui laisserai pas une seconde chance de me mordre et fuis sans demander mon reste. Il renouvelle alors son attaque en exécutant un bond prodigieux d’au moins deux mètres en direction de mes jambes. Qu’est-ce que ce reptile sauteur ?! Qui après avoir heurté ma cuisse vient d’atterrir lourdement sur le sol en se tortillant pour je ne sais quelle raison ?!

 

Je m’éloigne et reviens en direction des deux consultantes, qui en l’occurrence ne sont plus qu’une, une dame d’une cinquantaine d’années, dont les cheveux blonds et bouclés sont attachés au-dessus d’un visage long et émacié, au regard ceint de lunettes demi-lunes à la forte monture marron. Son pouce sous son menton flasque, elle redresse sa tête et je ne lis pas que bienveillance dans ce regard.

 

Je me rends compte alors d’une gêne pour marcher, que j’attribue tout d’abord à mon retard pour ce rendez-vous. J’abandonne bien vite cette hypothèse car la cause de la gêne se fait de plus en plus mécanique. Instinctivement, je porte ma main derrière une cuisse, puis l’autre, où je constate deux boules dures à la taille imposante. Le serpent ne m’avait pas raté et son venin commence de faire effet. Je recompose l’image de ses minuscules crochets acérés comme des hameçons de vingt effleurant à peine, en un éclair, la peau livide recouvrant les ischio-jambiers.

 

La panique me gagne et je demande à la consultante de m’amener sans délai à l’hôpital le plus proche. Je suis navrant. Elle rechigne. L’heure tardive probablement. Je suis navré.

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Rêve 83 La mort du grand jaguar

Publié le 25 Juin 2010 par Luc dans Ma c'halon koar (du 6-1 au 24-6-10)

Juché très haut sur une cime ou un perchoir, comme une corneille, j’observe de ma vigie les agissements d’écologistes. Leur mission confuse paraît consister en la protection du « grand jaguar », espèce dont je n’avais même ouï dire.

 

Je n’ai pas le temps de me replonger dans mes souvenirs d’imagerie animale, car soudain le mouvement s’accélère. Un camion benne de bonne taille se gare à reculons à la lisière de la clairière que je domine. De nombreux militants s’extirpent de la masse de la feuillure en déplaçant avec peine ce qu’il me faut bien considérer, rationnellement, comme un grand jaguar.

 

Cette satisfaction de la cohérence de ma raison ne dure pas, car l’animal ressemble plus en fait à un très grand chien qu’à un félidé. Un énorme chien, blanc jaune pâle, deux mètres au garrot et au moins quatre mètre de long. Il est inanimé, mort probablement. Avec beaucoup de difficultés, les huit ou neuf hommes présents, manifestement stressés, criant de toute part, évidemment en colère d’avoir découvert mort cet animal fantastique, tué par des chasseurs, parviennent toutefois à le faire glisser dans la benne où je peux le voir de tout son long. Enorme, vraiment.

 

Je m’attendais à voir partir le camion benne, mais les hommes se livrent à un curieux manège. L’un d’eux tient dans sa main un outil difficile à identifier, mais quel soit-il, il en frappe un grand coup sur une patte de l’animal. J’imagine un geste de croque-mort : vérifier que l’animal est bien mort, pour sans délai modifier mon appréciation des faits. Ces militants écologistes disposent de bien d’autres moyens pour ce faire. A ce stade de mes réflexions étonnées, des hommes s’accoudent à la benne et d’autres montent dedans.

 

Mais non ! Je ne me trompe pas : ils commencent à le… à le débiter… als ein Schlachtvieh… Deux hommes manipulent une sorte d’énorme hachoir et commencent à cisailler l’antérieure droite dans un sinistre mouvement semi-circulaire et répétitif. Un autre assène des coups de hache sur les chevilles pour amputer les pieds.

 

Tout cela me paraît bien étrange de la part de militants écologistes… et la surprise, irreprésentable, survient.

 

Il me semble que l’animal bouge. Non, ce ne sont que les soubresauts d’un corps sans vie liés au travail de boucherie. D’ailleurs, certains hommes sont munis de battoirs et de barres, ils tentent de disloquer la carcasse, de luxer les articulations pour faciliter le désossage. Un autre, le plus grand, est muni d’une grande hache saxonne. Il en assène le tranchant effilé sur l’encolure de l’animal. La bête s’ouvre carrément en deux à cet endroit, dévoilant un aloyau charnu comme s’il était déjà sur l’étalage, du persil dans les narines et soigneusement bardé.

 

Je relève une curieuse absence de sang, mais cet animal n’est-il pas fantastique ?

 

Il l’est. Il se redresse dans la benne, pantelant et chancelant. Dans la benne il se relève, le regard égaré et hagard, jetant un œil noir humide vers sa forêt natale, avant que les hommes très collectifs le rejettent sur le métal chaud et poussiéreux. Cette fois, la chute fait que la plaie du col s’ouvre plus encore jusqu’à ce que je voie la seule chose qui relie encore sa tête à son corps : sa colonne vertébrale, épaisse et puissante.

L’homme à la hache abat son ustensile effilé sur le tunnel de vie. Un choc sourd se fait entendre mais rien ne se passe. Une nouvelle chute lourde et verticale, et un craquement inonde les frondaisons, précédant de si peu un bouillonnement sanguinolent, qui vient interrompre la course des informations au fond d’une benne métallique.

 

C’en est fini. Le grand jaguar a perdu la tête et la colonne se fraie doucement une place dans la petite clairière. On dirait même que l’air verdit. Un léger souffle de vent agite les feuillures, qui frissonnent comme mes plumes noires et mon bec jaune sans mouvement.

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CM 2010 : pourquoi tant de mépris des journalistes envers les équipes d'Europe de l'Est ?

Publié le 24 Juin 2010 par Luc dans Ma c'halon koar (du 6-1 au 24-6-10)

A nos amis les Serbes et les Slovènes

 

J’ignore si vous l’avez remarqué, mais quelles que soient les chaînes de télévision, une constante est à observer, comptant deux corollaires complémentaires : le panafricanisme d’une part, et le déclinisme européen d’autre part.

 

Je m’explique : depuis les déboires de la France, sur lesquels je ne reviendrai plus, et même depuis le début de la Coupe du Monde, les journalistes français s’enthousiasment, fondent tous leurs espoirs dans les équipes africaines. Les commentaires de ces matchs où jouaient Côte d’Ivoire, Cameroun et Algérie notamment étaient éloquents : on se serait cru sur les télévisions d’Etat desdits pays, l’adversaire étant réduit au rang de tripatouilleur, tricheur, dans sa présence la plus imméritée dans la compétition ! Qui a entendu les commentaires des matchs Cameroun-Japon ou Cameroun-Danemark saura fort bien de quoi je veux parler. Je relève également un franc soutien mais moindre pour les équipes du Ghana, du Nigeria et de l’Afrique du Sud, trois pays anglophones. De là à dire que nos journalistes éructent un post-colonialisme écœurant pour calmer les feux de la frustration ressentie à l’élimination d’une autre équipe africaine francophone de la CM (j’entends : la France), il n’y a qu’un pas que je franchis avec allégresse.

 

L’hostilité des journalistes et des consultants (dont certains à l’intelligence trop vive, comme Christophe Dugarry et Eric di Meco…) pour les sélections européennes est à proprement parler hallucinante. Les intéressés se mettent à la limite de la contravention avec l’obligation de neutralité inhérente à leur fonction, constitutive à mon sens d’une faute professionnelle. Pauvres Suisses ! Que n’ont-ils entendu sur leur jeu défensif ?! Mais aussi et surtout…

 

Pauvres Slovènes ! Ils ont été qualifiés de « nuls », de « très très faibles », de « la plus mauvaise équipe de son groupe, voire de la Coupe du Monde », par des intervenants télévisuels (à qui je dénie la qualité de journalistes sur ce coup-là) pas même capables de prononcer le nom des joueurs composant cette courageuse et exemplaire sélection d’un pays comptant à peine vingt mille licenciés ! Lioubantchik au lieu de Ljubjankič (Lioubiankitch), sulair au lieu de Šuler (chouleur)… Une équipe, une vraie, qui n’a raté la qualification que grâce à l’indiscipline crasse et au côté racaille d’une Algérie pitoyable, pas même capable de venir à bout d’une équipe américaine pleine de cœur mais quand même très limitée techniquement. La Slovénie méritait d’être en huitièmes, pour l’exemple, n’en déplaise à ces messieurs de la télévision.

 

Sans parler du cas slovaque, très proche dans les médias de celui de la Slovénie, que dire de nos amis Serbes !? S’agit-il d’une réminiscence de notre propre trahison, nous Français qui lâchâmes nos alliés historiques pour suivre comme des moutons les sentences de mort des faucons du gouvernement américain, en bombardant Belgrade ? Seule notre trahison et le procès médiatique sans fondement qui entraîna la mise au ban de la Serbie peut expliquer le mépris et la violence des meutes journalistiques envers l’équipe de Serbie. Là encore, ces pseudo connaisseurs du football n’ont même pas fait l’effort, le travail préliminaire moralement indispensable au droit d’ouvrir sa bouche dans un écran de télévision, de connaître un minimum de la langue pour pouvoir prononcer les patronymes des joueurs : Ziguitch au lieu de Žigić (jiguitsh), tozik au lieu de Tošić (tochitsh), et j’en passe. Il ne s’en est pas trouvé un pour trouver que les Serbes se sont faits voler durant toute la Coupe du Monde (deux penalties sifflés contre eux pour mains involontaires dans la surface quand celle de l’Australien n’est pas sifflée pour eux, but refusé pour hors-jeu imaginaire de Pantelić). Il ne s’en est pas trouvé un pour considérer qu’entre l’Australie et la Serbie, la seconde joue au football et pas la première. On pourra me rétorquer que les Américains n’ont pas été très aidés non plus par l’arbitrage, et j’approuverai, sauf que les Etats-Unis sont en huitièmes, et c’est une vraie différence.

 

Désormais, à part la Mannschaft dont je souhaite la victoire (sans explication ni réminiscence historique cette fois !), cette Coupe du Monde ne revêt plus guère d’intérêt, sauf naturellement si les Slovaques éliminent les Italiens et les Suisses les Espagnols. Cela fera toujours deux pays insupportables de moins dans la compétition.

 

Voyez-vous chers concitoyens d’origines méditerranéennes ce que l’on peut ressentir à l’audition d’espérances insultantes ?

 

Les journalistes et consultants en football (Menes excepté) sont les vrais responsables, par manque de travail, de curiosité autre que voyeuse, avec un sens de la politique et de l’Histoire digne d’amibes. Ils sont indignes et engendrent la colère.

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Trop tôt

Publié le 16 Juin 2010 par Luc dans Ma c'halon koar (du 6-1 au 24-6-10)

Dans les souffrances du corps distendu,

J’erre maladroit, vide et suspendu

A une heure d’éveil trop matinale,

Marchant au rythme de l’eau d’un canal.

 

Des piaillements ivrognes m’ont tiré

D’un faux sommeil la langueur éthérée,

Et martyrisé de leur joie candide,

Inaudible pour ma douleur languide.

 

Pas à pas, toujours plus lent dans l’instant,

Je n’ai pas cessé de perdre du temps,

Par les changements hostiles, incessants,

Les objets non retrouvés, harassant.

 

De plus en plus confondu avec l’eau

Saumâtre du calme canal, falot

Devant le refus de l’effort à faire,

Lors de la chose je me heurte au fer.

 

Sans prévenir, mon corps entre en fusion,

Dans une prime et finale explosion.

Désormais sur un rythme trop rapide

Pour la vie, fissile, intrépide,

 

Je fustige sans mesure, puis insulte,

Hurle ma détresse amère et sans culte,

J’invente une chanson nouvelle, de jurons,

De désespoir sans trompettes, ni clairons.

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Ma femme

Publié le 3 Juin 2010 par Luc dans Ma c'halon koar (du 6-1 au 24-6-10)

Eveillé par le jour naissant dans la douleur

Du corps meurtri et courbaturé dans la sueur

De ne trop rien faire, j’avance renonciateur

Et languissant vers un lever ivre d’humeurs.

 

Les étirements craquent mes brindilles sèches,

Compas sans force agités sous une peau rêche,

Tandis que les bajoues molles et l’air revêche

Engagent du matin mort le lancinant prêche.

 

C’est alors que tournant, vers la gauche toujours,

J’ai vu son visage éclore dans la lumière

Douce qui dessinait finement son profil.

 

Ce visage endormi, traits parfaits qui s’effilent,

Bouche parfaite, est celui de ma femme altière.

Le voyant, je suis lors caressé par le jour.

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Rêve 82 Alerte NBC au 2ème R.E.I.

Publié le 31 Mai 2010 par Luc dans Ma c'halon koar (du 6-1 au 24-6-10)

Me revoici officier au 2ème R.E.I., comme avant, dont j’assiste goguenard au défilé des troupes. Certains soldats attirent mon attention par leur allure peu légionnaire. Le colonel à ma droite m’explique qu’il s’agit de stagiaires en biologie. Malgré leurs visages hâves et sérieux, ils paraissent souffrir de l’ordre serré. Aussi décide-je de m’amuser militairement. Je m’approche de leur section et leur hurle de se tirer d’ici, de s’évaporer : « Cassez-vous ! Dans les kékés, allez, dans les kékés ! ». A mon hilarité, ils se débandent, abandonnant le matériel, perdant bérets verts et bâtons, découvrant même pour certains d’entre eux une longue chevelure blonde détonant plus encore avec les usages de l’endroit.

 

Un temps plus tard, je supervise l’entraînement des stagiaires. Ils semblent avoir fait des progrès. Cette fois, il s’agit d’un exercice de mortier optique. Deux soldats courent en portant l’engin jusqu’à un point prédéfini. L’un s’allonge sur le sol en chutant presque pour fixer le pied du mortier pendant que l’autre en soulève l’extrémité opposée afin de lui donner l’angle idoine. Il se jette à terre à son tour, et je les vois tous deux haletant, la tête casquée de travers, la poitrine haletante et le visage maculé de boue. Je regarde l’écran électronique du mortier optique situé sur le pied de l’appareil, qui permet un magnifique 360° sur la plaine et la forêt alentours, sans prendre aucun risque lié à la position généralement périlleuse de l’observateur.

 

Lors de l’exercice suivant, un stagiaire maladroit fait malencontreusement exploser une grenade défensive trop près des instructeurs et je reçois un minuscule éclat dans le pouce gauche. Deux stagiaires biologistes viennent s’occuper de moi sans attendre malgré le caractère bénin, voire inexistant de la blessure. Leur inquiétude m’inquiète à mon tour : que foutent des biologistes à la Légion ? De la biologie, tiens ! Et qui dit que cette grenade n’était pas… sale ?

L’un des biologistes délimite soigneusement les contours de la petite zone de pénétration de l’éclat à l’aide d’un scalpel. A ma grande surprise, il n’incise pas la peau, ne l’entame même pas. On dirait qu’il l’affaiblit par petites courbes successives, dans le même geste que s’il coupait une échalote sur une planche. La peau finit rapidement par gonfler un peu dans ce carré. Le stagiaire vient alors enserrer la boursouflure naissante avec un fil de nylon assez fin et la garrote. La peau maltraitée se paillette d’une rosée de sueur, puis rapidement, les têtes jaunes des filaments de sébum apparaissent, si fines et fragiles, qui se tortillent et je m’attends à voir émerger leurs corps gluants et plus épais, malodorants aussi, oscillant entre le blanc et le jaunâtre.

 

Mais ma peau est solide et les pores se referment. La peau se referme sur les vers qui voulaient en sortir, mon index débarrassant mon pouce des têtes lipidiques. Les vers sont fous de rage et continuent de pousser de plus belle derrière l’épiderme. Deux rangées de trois cylindres tous identiques se forment sous la peau du pouce, et constatant leur échec à en sortir, remontent le long du bras jusqu’à la poitrine : je ressens l’impression qu’une plaque de Lego m’a été greffée, qui vient maintenant tenter de sortir de mon corps par le pectoral gauche.

 

Ma poitrine explose. Mon souffle aussi. Qu’y avait-il dans cette grenade ? La pression ne diminue pas. La peau ne cède pas non plus. Je me crispe alors dans l’éternité des six cylindres partant du cœur et tentant de se frayer un chemin jusqu’à la liberté.

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Pourquoi habiter le Maroc plutôt que les USA ?

Publié le 18 Mai 2010 par Luc dans Ma c'halon koar (du 6-1 au 24-6-10)

NDLA : les textes de ces derniers jours étaient pour le moins neurasthéniques. Alors changeons de ton une brève journée de deuil pourtant (nous fêtons gravement ce jour, le trentième anniversaire de la mort de Ian Curtis - pour une première : un fichier musical joint !), en suscitant un absurde débat : quitte à quitter la France, nos murs blanchis à la chaux sous nos toits d'ardoise noire, nos krampouezhed ha gwinized-du, devons-nous partir au Marakkech ou à Portland, Oregon ?

 

Ex abrupto, la question peut paraître absurde mais peu importe, elle peut se poser, et le dilemme est cruel : couscous poulet ou bœuf aux hormones ? Plusieurs arguments doivent donc être méthodiquement envisagés :

 

1. La santé physique

 

Si l’on souhaite que ses enfants conservent leur ligne fine et élancée de princes et princesses du désert, je conseillerai plutôt le Maroc (s'ils n'abusent pas du des boulettes et des pâtisseries bien sûr).

Si en revanche vous souhaitez que votre jeune aîné notamment, qui n'a vraiment pas une grosse tête, obtienne, en mangeant tout à fait normalement durant deux ans et en pratiquant une activité sportive dans le cadre scolaire, un cou de bœuf, des pectoraux surdéveloppés à la Alain Bernard (qui entre Marseille et les States a acquis une certaine musculature, je trouve...) et qu'il souffre dès l'âge de trente ans de surpoids, de cholestérol, puis meure malgré une assurance santé d’un coût prohibitif, d'un diabète chronique compliqué d'insuffisances cardiaques, choisissez les USA !

 

2. La santé mentale

 

La vie au Maroc n'est finalement guère aliénante psychologiquement (sauf si vous êtes racistes, parce que là...), et se déroule dans un climat propice à la francophonie (le roi n'a-t-il pas été affectueusement affublé d'un sobriquet rappelant une chaîne nationale à hautes visées culturelles, Arte5, non ?), et coulera joyeusement entre tentatives d'escroquerie par les locaux des petits francaouis (chiens de roumis !), dégustation de dattes accompagnées de mahia à l'ombre de palmiers irisés par la fraîcheur des sources de l'oasis. Et il fait bon à peu près toute l'année (bon pour le moral).

Evidemment, indépendamment du climat casse-moral de Portland (on va dire, océanique frisquet, genre Brest mais en pire), les américains sont tout aussi stables intellectuellement : entre évangélistes forcenés, baptistes délirants, newborns effarants, sororities ou fraternities où on leur enseignera de saines valeurs Wasps telles que la fellation ou le côté salutaire du capitalisme, et puis comment honorer le Dieu von Hayek, entre far-West bidon et grunge revival (Seattle n'est pas si lointaine), l'american way of life a vraiment de quoi séduire ! En sus, pour l'université US, il faut soit bien jouer au basket (mais vu la taille et la couleur de vos enfants, je ne pense pas que cela sera le cas), soit avoir du pognon (plein !), ce qui m'amène au dernier argument...

 

3. Last but not least : money (avec des bruits de caisses enregistreuses genre Pink Floyd)

 

Au Maroc, pour 1400 €, vous avez dans le quartier résidentiel, à cinq minutes des écoles françaises, une villa récente de 400 m² avec jardin, piscine, six chambres... Bon d’accord, n'exagérons pas : pour 1100 €, une villa F6 dans une résidence gardée, et vous pouvez même descendre à environ 700-800 € pour une maison climatisée proche de la Medina.

A Portland, rien en dessous de 1800 USD (à peu près 1260 € actuellement, mais ça monte ces derniers temps !) pour une maison à 4 chambres, mais vous pouvez retomber à environ 700-800 € pour un appartement avec 3 chambres, c'est dire la pression du loyer sur les revenus (et j'imagine que les charges dans cette ville modèle écolo et propre doivent être élevées, non ?)

Donc les prestations sont très supérieures au Maroc pour des tarifs comparables de loyers.

S’agissant d’insécurité en revanche, c'est Portland qui gagne haut la main...

 

Voilà les données du problème telles que je les vois de manière, vous l’aurez remarqué, tellement objective et irréfragable. Et pour conclure, n'oubliez jamais le côté serviable de Hassan Cehef : « Hassan Cehef, c'est possible ? Oui oui, tu signes là… ». Ils sont forts, ces Arabes !

 

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Ah le joli mois de mai !

Publié le 17 Mai 2010 par Luc dans Ma c'halon koar (du 6-1 au 24-6-10)

Hurler encor d’un réveil tourmenté,

Haletant dans l’hésitation sommaire,

La pâle bouffissure, ivre et amère,

D’un visage gris aux yeux dépités.

 

S’ouvrir enfin sur l’hostile extérieur,

Quand à la place de la douce brise

Tant attendue s’engouffre par traîtrise

La violente bourrasque, le vent rieur.

 

Lors se refermer du monde, effaré,

Pour ne plus saisir les longs tourbillons

Végétaux secoués de pollens brouillons

Dans leurs farandoles exagérées.

 

De derrière ma fenêtre, volets clos

Désormais, je m’enivre sans mesure

Au bruit du vent hurlant dans ma masure,

Encore, pour enfin mériter mon lot.

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Marée intérieure

Publié le 11 Mai 2010 par Luc dans Ma c'halon koar (du 6-1 au 24-6-10)

Les matins se suivent, en identiques remous

Qui secouent mollement l’éclaircie passagère

De l’éveil, rendent en nausée la bonne humeur

Fugace et dès lors ensevelie dans son trou.

 

Puis les entrailles se déchaînent d’un ressac

De protestation, un borborygme grouillant

Venant achever le mot d’ordre apitoyant,

C’est sûr, mais assez violent pour coudre mon sac.

 

Adossé à un tronc de marronnier humide,

Qui me montre le nord en toute direction,

Je constate la joie de ma déréliction.

 

Que nul ne vienne déranger ce moi languide !

Je n’ai besoin que de m’expliquer sous tension

Avec la houle acide de mes émotions.

 

 

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