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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Lettre à Mr B.

Publié le 19 Janvier 2010 par Luc in Ma c'halon koar (du 6-1 au 24-6-10)

Tu me pardonneras tout d'abord le caractère tardif de ma réponse, le contenu de ton message invitant tout de même à une certaine réflexion exclusive de toute réaction simiesque (c'est-à-dire l'adjectivation du substantif SMS).

 

Tu ne me verras pas rosir à l'aveu de ton admiration, et c'est grand dommage ! Je préfère donc revenir à la circonspection que tu évoquais à la lecture de mes vœux. Tu as fort justement deviné la contradiction profonde qui me secoue quant à l'avancée du temps : si je tends à considérer que la mort n'est rien et ne me touche en rien, j'en redoute pourtant avec grande terreur toutes les prémices ! La dégénérescence physique est l'une d'entre elles, la plus majeure probablement : sont-ce les puissantes aspirations des origines celtiques ou franques, civilisations guerrières dans lesquelles l'avilissement des performances physiques marquait une irrémédiable faiblesse prélude à la déchéance dont seule la mort parfois volontaire délivre ? Ou n'est-ce que la marque d'un orgueil démesuré pris dans l'aporie de la recherche impossible de la beauté ?

 

Je ne parviens pas alors à me détacher de ce satané héritage judéo-chrétien, bien plus ancré en moi que je ne le pensais et qui se manifeste par l'iniquité absolue de l'humilité : je pencherai donc pour le second péché, l'orgueil plutôt que l'impiété... Mais après tout, de Maistre ne disait-il pas qu'entre Dieu et l'homme, il y a l'orgueil ?

 

Tu parlais de "l'acceptation parfaitement sereine et consciente de l'aboutissement inéluctable de toute vie". A mon tour d'admirer ta sagesse presque stoïcienne sur ce coup là. La lecture des Consolations de Sénèque m'avait rempli de lumière, mais mon caractère ne doit pas pouvoir se résigner, et la sérénité m'est un concept parfaitement étranger, ce qui explique peut-être mieux la tonalité de mes vœux.

 

Il est heureux que nous ayons pu discuter, même légèrement et dans le rire moqueur, de ces choses profondes qui font de nous des hommes : l'ambition, l'espérance si politique de se faire une place dans le monde, la croyance en la possibilité sinon d'une île, du moins de faire quelque chose, la vie jusqu'à la mort en somme.

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