28 octobre 2003
Les nuages se pressent en longues plaques grises sous le ciel noir et avancent telles des marteaux sur la plaine venteuse. La couleur n’existe plus. Les flancs de la montagne pelée reflètent la lumière diluée dans tous les tons de gris que mon œil peut déceler. Les feuilles des arbres pétrifiés, étranges statues marbrées et mobiles, se démènent de droite et de gauche dans la véhémence, la tempête qui menace. Plus au sol encore, mon pas est bousculé par le vent sauvage. Les yeux remplis de larmes aussitôt transformées en morve par l’air trop sec et trop dur, je constate les barres géométriques des nuages gris et blancs pourfendre la plaine, la craquer de biais.
Alors je sais que tout est perdu. Les sourires ne me touchent plus alors que je tourne la tête entre la chaleur des visages bien au chaud et l’anéantissement de l’horizon incolore, dans la démence, sans jamais revenir en arrière. Ma tête tourne sur elle-même, une vis sans fin qui élève mon regard au niveau des nuages, dans la brisure des branches et des cervicales, sur le plan du sommet de la montagne grise, au-dessus de la mer folle de l’air condensé.
Je dois être mort.