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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

vivre... par depit (du 24-6 au 20-9-96)

Un rêve d'ambition

Publié le 3 Octobre 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

L'affaire est simple, et d'un goût douteux. Il s'agit d'un petit groupe de marcheurs du dimanche, dont l'un des membres s'extrait, visiblement en proie à l'urgence. L'homme est de petite taille et corpulent. De son survêtement intégralement gris foncé s'échappe une face rondouillarde et mal rasée aux tempes de laquelle trouvent leur origine quelques filets de sueur. Les cheveux épars s'avèrent quant à eux frisés, bruns et gras.

L'homme court au sommet d'une butte, se cache derrière un bosquet, s'accroupit et... fait ce qu'il a à y faire. Une main s'extirpe alors du buisson, s'emparant d'une large feuille de rhubarbe... dont il fait usage comme il n'est pas nécessaire de décrire.

Paraissant constater avec douleur le résultat de son action, il se rend bien compte qu'une feuille ne suffira pas. On voit d'abord cette main chercher d'autres végétaux aussi larges, épais et agréables que la rhubarbe. Puis l'on fixe le visage, à son tour décelé, pour se pénétrer de l'effarement du regard scrutant chaque pouce de terre alentours. A quatre pattes maintenant, il avance en arrachant nerveusement les petits brins d'herbe dont qui sait s'il n'espère pas s'en constituer un emplâtre !

Se dirigeant vers le soleil qui surplombe la butte, il nous offre la pitoyable image de son postérieur merdeux et sans recours.

 

N.D.L.A : il ne s'agit en aucun cas d'une publicité pour le papier hygiénique ou pour les mouchoirs en papier, ni plus que de promotionner quelque organisme de... prévoyance ou encore le magazine Fouloud Gloziol (notamment Edika...). J'ai simplement bien aimé la vision du type qui va vers les sommets, vers le soleil, tout là-haut et loin du groupe dont il est originaire...

Il n'empêche que cet homme si haut placé se trouve fort embarrassé de ne pouvoir laisser à ses ex-congénères moins ambitieux que l'image d'un cul sale.

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Inefficacité

Publié le 18 Septembre 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

27 août 1996

La grisaille règne de nouveau, et j'aspire maintenant à plus de clarté, de fraternité joyeuse. Le dépérissement demeure en effet à craindre dans cet endroit où se tient une réunion de famille.

L'ambiance touche à l'étrange, des pièces halotées de jaune, des paroles insensées et déplacées, sans éclat ni vulgarité pourtant. Qu'entends-je alors ? J'entends un homme commander quatorze places d'avion. Simultanément, je suis dans mon bain en train de batifoler avec je ne sais qui, alors qu'inévitablement, et l'étrange devient vaudeville, quelqu'un entre...

Tout cela m'ennuyait. L'érotisme était plus... systématique que d'habitude, voire contraint du fait de la situation. Dès lors, s'agissait-il vraiment d'une réunion de famille ? Seul l'ennui abondait en mon sens, mais tout le détrompait. Inintéressé et reclus dans mon bain où ma peau mollissait et se fripait, j'attendais de voir la tournure des événements, qui ne se produisirent pas.

Une bouffée, une volute, une gorgée, et tout finit par se replacer. Les objets ne se meuvent plus en directions opposées ; la machine à laver en a terminé de se prendre pour un guéridon tripode voltigeant au travers de la pièce.

Il ne reste bien plus que l'inefficacité, à jamais non sanctionnée, pour égayer d'écœurement la frêle sensation de douleur.

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When the going gets tough...

Publié le 7 Septembre 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

26 août 1996

When the going gets tough... Un sourire noir et tordu devant l'ironie du sort ne peut qu'apparaître sur le visage qui se voudrait impassible. Je repense aux faces grimaçantes des morts de faim dont le vide anéantissant de l'oeil me remet de plein fouet l'idée de la nécessité de la vie.

Je ne veux même plus parler du temps dépensé inutilement à en suivre le cours tumultueux, essayant d'y appliquer un sens mais n'y trouvant que le désordre.

Il va falloir que quelqu'un m'explique comment trouver un chemin dans l'absurdité chronique et éreintante dont le ventre mou accueille nos ébats confortables. Quoiqu'il en soit, je ne cherche plus. L'envie de révolte a cédé le pas à l'indifférence du quotidien et à l'implosion sans effet autres qu'internes, lorsque la quadrature du cercle semble atteinte, lorsque tout tourne encore moins rond qu'à l'accoutumée.

Pourtant, je demeure encore capable de donner du mou au bout bouffé par l'eau de mer, qui me rattache à l'anneau de fer rouillé, plongé dans la pierre. Je concède un peu de mouvement pour ne pas finir sur pieds, picoré par les crabes. Suis-je ce vieux trémail béant, allongé sur une caisse de bois ou un casier à homards ? Au soleil de mouches et de mouettes, je regarde le ciel, les yeux brûlés par le sel, et je n'espère plus.

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Delo in disciplina (4)

Publié le 27 Août 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

6 septembre 1996

Je cherche encore à ne pas me laisser aller, pour profiter pleinement de la joie d'un retour au bercail. C'est le dernier (éventuellement) style que je n'ai pas abordé : le récit lyrisant, l'hymne à la joie et au retour à la nature. La simplicité littéraire (qui a encore dit : Alexandre Jardin ?), celle qui fait respirer le livre, dont les pages se soulèvent et s'affaissent comme une poitrine, dont on sent le pouls lorsqu'il s'épanche entre nos mains tremblantes d'une sainte envie de vivre. Geweiht ! (variation catholicisante et collaborationniste).

Demain, je serai donc le nouveau... Frison-Roche, le Giono du diamillenium, un Clavel apocalyptique... Ouais, ça ne sonne pas très bien... Ma cloche est fêlée : je ne suis pas, ne peux être l'auteur de Malataverne, d'Un roi sans divertissements ou de Premier de cordée.

La campagne m'emmerde prodigieusement, la Provence est peuplée de marseillais et j'abhorre la montagne. L'idée de la haine m'a déjà été piquée par Mathieu Kassowitz... Je vais me mettre au dessin, tiens...

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Delo in disciplina (3) : star mondiale du livre ?

Publié le 13 Août 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

5 septembre 1996

 

Après cet interlude, trop long peut-être ("Rêve égotique"), mais qui à mes yeux a du moins le mérite de prouver que je sais encore rêver, il me faut maintenant réaborder l'épineux sujet du style à adopter pour devenir une star.  

 

Confronté au commercial puis à l'éloquence belliqueuse (V. "Delo in disciplina" 1 & 2), j'ai conclu à leur inapplicabilité au cas présent. Une autre idée m'est venue : Et le théâtre ? -questionnai-je innocemment- C'est bien l'théâtre ! Y'a plein d'personnages, on peut faire des rimes comme en poésie, de l'humour ou du drame, écrire pour Jean Lefevre et Jacques Weber. On peut aussi, sans craindre la surranéité, composer pour l'théâtre moderne (quoique les ommmm... et les Arrghhhll ! possèdent une vertu littéraire qui m'échappe quelque peu). Et à partir de là, avouons-le tout net, la porte ouverte vers le cinéma ; alors petit budget deviendra grand. Cette voie bien tracée me permettrait d'accéder, tel un Steven Spielberg des nineties, au rang de star mondiale (qui a dit : Alexandre Jardin l'a déjà fait !).  

 

Mais alors, il me faudrait savoir vendre, il faudrait savoir me vendre... Or je ne suis pas un commercial (Voir I supra). Je ne saurais donc manier avec habileté la rançon de mon image, si tant est qu'à force de labeur je réussisse à créer cette dernière. Une fois encore, la gloire paraît devoir m'échapper. Ophélie Winter a dit : J'ai toujours rêvé d'être une star. Je suis née pour l'être. Je serai une star 

 

Si l'on passe sur la répétition, peut-être plus volontaire que maladroite, histoire d'enfoncer le clou à la Lelouch (La voix de son maître), le message est navrant pour le mesquin qui ne sortira jamais de sa fange, et carrément consternant pour celui qui croit discerner dans ses tréfonds nébulés un soupçon de jugeote.  

 

Néanmoins, ledit message démontre d'une avidité, d'une gourmandise qui confinent probablement à la force de caractère. Il n'empêche que je trouve cela dégradant, alors que je constate la cruauté de mes interrogations, d'afficher une telle certitude. La connerie est vraiment inébranlable et détestable... Que je me déteste ! 

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Rêve égotique

Publié le 3 Août 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

4 septembre 1996

 

Il s'agit probablement d'une grande soirée, où tous les visages rient. Les convives ont une certaine tendance à être grands, blonds et à avoir les yeux bleus. A ce moment, je me dis : Encore heureux que j'aie les yeux... Je me trouve au côté gauche d'une jeune fille magnifique... qui me domine d'une bonne tête. Je tente bien durant quelques instants de me dresser sur les pointes de pied, mais la position est décidément trop inconfortable, et j'abandonne la partie, qui n'avait même pas commencé... tout en gardant le coin de mon oeil torve rivé sur le sourire sublime.  

 

Les autres invités s'amusent... Une autre fille me tire la langue en exorbitant ses deux grands yeux bleus, puis éclate de rire en découvrant des dents irréprochables. Puis là, une autre encore, qui se précipité sur une carafe de punch, la porte à ses lèvres et en vide goulûment le contenu. Alors une animation... Un canadien à demi-nu avance accroupi sur une longue planche, large d'environ une cinquantaine de centimètres, ayant entre les mains deux rameaux de chêne, qu'il humecte et avec lesquels il mouille la planche au fur et à mesure qu'il progresse en canard.  

 

J'avoue ne pas très bien comprendre le but, mais qu'importe, les simagrées et les psalmodies dont il accompagne son action justifient en elles-mêmes l'absurdité de l'intervention.  

 

Puis je quitte la soirée et vais dormir chez un ami. A mon réveil, alors que je pouvais légitimement attendre un petit déjeuner, je constate que la table du déjeuner est déjà dressée, en très bon ordre, ce qui ne laisse de me surprendre de la part de cet ami. 

 

Il se trouve d'ailleurs au salon, en compagnie d'une jeune fille châtain, cheveux courts, les yeux bleus. Elle me demande, alors que l'ami me propose de boire quelque chose, ce que je fais, d'où je viens. Je décline poliment la tequila qu'il m'offre et manifeste ma préférence pour un pastis. L'ami, agacé semble-t-il, s'en retourne à la cuisine pour accéder à mon désir. Je réponds à la fille, raconte ma vie, comme d'habitude, et cela me dégoûte. Nous reparlons incidemment de cette autre fille, la veille au soir, qui avait attaqué à la tequila, continué à la sangria et au Gin Tonic, pour enfin achever sa triste croisière dans un broc de punch.  

 

Mais dans tout cela, je n'ai rien fait d'autre que de me raconter, et cela me dégoûte. La conversation s'alanguit autour d'un moi égotique et haïssable. Je repense au chêne, au sourire situé à ma droite... et cela me dégoûte. 

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Delo in disciplina (2)

Publié le 28 Juin 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

3 septembre 1996

 

Au plus profond, non de la forêt ténébreuse de laquelle pourraient surgir druides, korrigans et autres esprits du chêne, mais de cette semaine propice aux interrogations, je reviens sur ce qu'il doit advenir de mon écriture.  

 

Plutôt que le style épuré (pour ne pas dire : coquet, nu, dépouillé... vide) d'Alexandre Jardin, pourquoi n'opterais-je pas pour la grandiloquence des batailles ? Dans l'image, ce serait très pompier, David ou Delacroix, avec une touche adoucissante d'Ingres. Quant au portrait, il va de soi que la rigueur et l'expressivité austères de Rembrandt, voire Van Dick, s'imposeraient.

 

Quant au style lui-même, en revanche, il devra savoir sublimer l'essence guerrière, transcender le sang et la chair, jusqu'à se situer dans le monde meilleur, plus haut, débarrassé comme Bacon des contingences de la blessure.  

 

Quelques exemples : Pierre Sergent, Pierre Schoendorffer, Marcel Bigeard... Surtout Bigeard, écrasant encore une larme au coin de l'oeil en décrivant le calvaire de ses courageux p'tit gars. Le premier et le deuxième cités touchent plus que le dernier à la fibre éthérée, à l'impériosité abstraite, ainsi qu'en atteste l'utilisation systématique d'adjectifs comme impavide, blanc (visage, colère, rire : le blanc sert pour tout substantif, détache, catharsise). La froideur de la description de paysages pourtant infernaux contraste singulièrement avec la chaleur de la portraiture (Maigre, c'était un loup, en parlant du Chef X., P. Sergent, "Je ne regrette rien", passage 1er B.E.P. en Indochine). Enfin, le détachement dans la conclusion, qui ne peut être que la défaite, fair-play quoi ! (Je ne regrette rien, C'était Dien-Bien).  

 

Je crois que ce style me conviendrait à merveille (le public aime le sang et les héros, même malheureux). Petit problème : je n'ai jamais fait la guerre. L'authenticité du récit serait tout autant redoutable que désarmante.  

 

Demain, à voir, pour une autre idée... 

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Delo in disciplina

Publié le 19 Juin 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

2 septembre 1996

 

Prise de conscience inquiète. Je ne dors bien que lorsque j'ai bu. Le sommeil incessamment perturbé contraste avec le calme de cette matinée. Les bruits réconfortants des travailleurs dans la rue, assourdis ou insouciants des moteurs pétaradant, des fracas de tôles froissées, ou encore des ordres hurlés de manière bonenfant, montent jusqu'à mes oreilles inattentives.  

 

En maîtrisant les mouvements nerveux de mes jambes impatientes, j'essaie de me persuader de ma fatigue. Rien n'y fait. L'envie de bouger me saisit, au plus fort du paradoxe de ma situation bien assise.  

 

J'exécute mon labeur avec discipline mais sans conscience. L'organisation systématique est consacrée par une méthode sans faille, qui se joue dans la vaste illusion d'une appréciation au bout du nez. Mon hypocrisie serait donc également sans défaut. Je ne m'en réjouis pas particulièrement, mais l'on s'en accommode ma foi très bien.  

 

J'ignore encore si je dois m'orienter vers la description sociale, tel un Zola des temps modernes, tour à tour satirique et mélodramatique, tournoyant et incisif dans le message. Il s'agirait en quelque sorte de conceptualiser mon écriture, lui donner un sens, un combat, tout en adoptant un style direct et ne côtant pas moins de cinquante au test de facilité Flesch (statistiques de lisibilité dans les correcteurs informatiques de grammaire). Un nouvel Alexandre Jardin en somme...  

 

Si je n'ai pas encore acquis, ne me suis pas encore pénétré du B-A-BA du commerce littéraire, je n'éprouve en revanche aucun dégoût pour l'argent. A choisir, avant ce dernier, je sacrifierais plutôt le style ! Cela dit, c'est un métier et je ne demeure qu'un amateur. Je vais donc devoir laisser là mes rêves de best-seller, de méthodes amaigrissantes ou de romans de gare, de gloire, et me contenter d'un feuillet quotidien sans quelque intérêt, mais si intime et à la diffusion tellement restreinte qu'il reste à espérer qu'il me fasse classifier dans un avenir incertain parmi la catégorie des poètes maudits ! 

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Une idée de retour

Publié le 5 Juin 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

21 janvier 1997

 

Une petite chanson, qui va decrescendo, se perd mollement dans son xylophone ralenti sur deux notes, peut-être mi et fa, frappées à chaque temps. Lorsqu'elles sont jouées ensemble, le demi ton provoque une vibration inhabituelle dans une chansonnette telle que celle-ci, comme embrumée, et moi... éreinté.  

 

L'air frais me réveille, mais la suite de notes, puisqu'on ne peut parler de mélodie, me poursuit, tenace. On dirait presque du Glockenspiel maintenant. Eine Lerche sang ? Non. Je ne suis pas Rilke à Prahà, mais pas grand-chose à Lyon.  

 

Il n'y a guère d'oiseaux sur les branches tachetées des platanes alignés. Certainement, la chanson douce est une idée de retour, que je vais dès lors devoir affronter. 

 

 

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Michelle

Publié le 26 Février 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

7 janvier 1997

 

Une erreur un peu bête et la cabane tombe sur le chien. Le coup ne fut pas porté durement, mais il fit mal. L'orgueil et l'absurde croyance selon laquelle j'aurais eu le bon entre mes mains, auréolant mon crâne de dolichocéphale, s'en ressentent les premiers. Ne sachant que faire ou dire devant l'évidence de ma faiblesse torturée, mieux valait ne pas s'entêter dans l'image trop belle que j'avais de mes force et capacité, réapprendre très vite l'humilité. Prendre sur soi, encore ; perdre l'égalité et la vision de soi qu'avait le monde.  

 

Ce matin, les yeux en couilles de rat musqué, j'oscille entre le vert et le rouge de la honte. Le ciel, quant à lui, hésite entre le gris-bleu. Je vais tout mélanger, tiens ! Fidèle à mon esprit artistique consommé... Je n'ose imaginer quel cacadois va en ressortir, mais qu'importe : maladie, honte et indifférence sont des mots qui vont très bien ensemble, très bien ensemble... Laaa Laaa Laa Laaa...  

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