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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Rêve égotique

Publié le 3 Août 2007 par Luc in Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

4 septembre 1996

 

Il s'agit probablement d'une grande soirée, où tous les visages rient. Les convives ont une certaine tendance à être grands, blonds et à avoir les yeux bleus. A ce moment, je me dis : Encore heureux que j'aie les yeux... Je me trouve au côté gauche d'une jeune fille magnifique... qui me domine d'une bonne tête. Je tente bien durant quelques instants de me dresser sur les pointes de pied, mais la position est décidément trop inconfortable, et j'abandonne la partie, qui n'avait même pas commencé... tout en gardant le coin de mon oeil torve rivé sur le sourire sublime.  

 

Les autres invités s'amusent... Une autre fille me tire la langue en exorbitant ses deux grands yeux bleus, puis éclate de rire en découvrant des dents irréprochables. Puis là, une autre encore, qui se précipité sur une carafe de punch, la porte à ses lèvres et en vide goulûment le contenu. Alors une animation... Un canadien à demi-nu avance accroupi sur une longue planche, large d'environ une cinquantaine de centimètres, ayant entre les mains deux rameaux de chêne, qu'il humecte et avec lesquels il mouille la planche au fur et à mesure qu'il progresse en canard.  

 

J'avoue ne pas très bien comprendre le but, mais qu'importe, les simagrées et les psalmodies dont il accompagne son action justifient en elles-mêmes l'absurdité de l'intervention.  

 

Puis je quitte la soirée et vais dormir chez un ami. A mon réveil, alors que je pouvais légitimement attendre un petit déjeuner, je constate que la table du déjeuner est déjà dressée, en très bon ordre, ce qui ne laisse de me surprendre de la part de cet ami. 

 

Il se trouve d'ailleurs au salon, en compagnie d'une jeune fille châtain, cheveux courts, les yeux bleus. Elle me demande, alors que l'ami me propose de boire quelque chose, ce que je fais, d'où je viens. Je décline poliment la tequila qu'il m'offre et manifeste ma préférence pour un pastis. L'ami, agacé semble-t-il, s'en retourne à la cuisine pour accéder à mon désir. Je réponds à la fille, raconte ma vie, comme d'habitude, et cela me dégoûte. Nous reparlons incidemment de cette autre fille, la veille au soir, qui avait attaqué à la tequila, continué à la sangria et au Gin Tonic, pour enfin achever sa triste croisière dans un broc de punch.  

 

Mais dans tout cela, je n'ai rien fait d'autre que de me raconter, et cela me dégoûte. La conversation s'alanguit autour d'un moi égotique et haïssable. Je repense au chêne, au sourire situé à ma droite... et cela me dégoûte. 

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M
Pas d'accord du tout du tout. Rien de cruel, au contraire j'admire ta capacité à exprimer tes intérieurs/extérieurs, ces deux personnages que nous avons/sommes tous, je ne sais les faire parler. L'un marche à côté de l'autre, apparence sans ombre et ombre sans chair, bruit et silence. Et puis des épisodes, peut-on les nommer lucidité ?, où l'un regarde l'autre parmi les derviches ; et là on se reconnaît tout en étant étranger de soi-même, tourbillonnant avec les tourneurs dans les cloisons imposées par le ilfautque. Toi, tes transparences s'entrevoient quand tu appuies sur ton papier calque. C'est pas cruel de les voir, c'est cri qui ne percera jamais le silence, juste un écrit pour qui le lit, pour qui s'y lit aussi.
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L
Je t'embauche pour rédiger la préface de mon prochain livre, voire pour une hagiographie à caractère apologétique ! Pardonne cet enthousiasme pour qui a finalement peu de lecteur(-trice)s aussi consciencieux(ses) que tu peux l'être.
M
Dans tes rêves de fiestas du Sud, souvent, tu donnes l'impression d'un passant en transit dans un hall de gare. Tu observes, détailles, saisis les couleurs, captes les odeurs, puis tu passes du hors champs à l'acteur seul en scène.   
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L
Voilà qui est cruellement et néanmoins justement observé : c'est le drame de ma vie. N'être qu'un observateur (voyeur ?) du monde en redoutant absolument de devoir venir à en faire partie. Le risque sûrement est la cause de cette terreur (et le mot n'est pas exagéré). D'ailleurs, mon probable prochain texte de demain sera consacré au refus de l'investissement dans le monde. Si j'arrive à l'écrire naturellement !<br /> Tel un animal frémissant, je crains que ce blog ne parvienne finalement à trop de transparence quant à ma personne ! De là à m'identifier, il n'y a plus qu'un pas !