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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

Rêve 35 Virginie (interdit aux moins de 18 ans)

Publié le 13 Août 2008 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

Nous nous retrouvons à plusieurs dans une grande pièce sombre. Le centre de nos attentions est la jeune V., devant nous quitter bientôt, suite à un contrat de qualification peu satisfaisant à l’opinion générale, nonobstant les qualités humaines attendrissantes de la jeune fille.

J’ignore la cause de notre présence ici. J’imagine qu’elle souhaite nous montrer sa présentation de fin d’études sur PowerPoint, déduction facilitée par le fait qu’un ordinateur est relié à un Barco allumé et que le noir se fait soudain dans la pièce.

La projection commence, à ma grande surprise, par un film en noir et blanc et avec une qualité d’image ressemblant plus au « Trois lumières » de Fritz Lang qu’à une récente superproduction américaine.

Je suis de plus en plus étonné quand je découvre la première scène. Devant une paroi noire teintée de multiples nuances de gris qui ressemble à un mur de chambre à gaz, je vois de dos une jeune fille nue, blonde à la peau blanche, prendre une douche. Il ne peut s’agir que de V. : je reconnais son corps mou et replet ne tenant que par sa jeunesse, ses jambes légèrement en genu-valgum se terminant par des pieds à dix heures dix. La fesse est molle et la taille peu marquée. C’est bien elle, que je regarde maintenant d’un air interrogatif : qu’as-tu à nous montrer cela ? Est-ce une erreur de manipulation de l’ordinateur ? Son visage est timide alors qu’elle se ronge un ongle, dissimulant un léger sourire. Elle sait donc très bien ce qu’elle fait, et je crois déceler un soupçon de fierté dans ses yeux alors que les miens retournent vers l’écran où le film se poursuit.

Elle se retourne face à la caméra maintenant, dans une posture certes pudique puisque gardant les jambes serrées, et l’on ne constate guère qu’un petit bout d’une courte et sombre toison pubienne détonant avec sa blondeur tandis que ses bras sont croisés sur sa poitrine. Est-elle donc folle de montrer ceci dans son cadre professionnel ?!

La projection continue et nous la voyons désormais sur une méridienne, se caressant, les jambes largement écartées et les genoux fléchis, offrant à notre vision stupéfaite le spectacle de son plaisir, ses doigts parcourant sa vulve rasée, surmontée d’un trapèze pileux taillé à ras, de plus en plus frénétiquement. Elle doit donc être folle.

Mais le film se poursuit : un jeune homme brun entre plein champ alors qu’elle se retourne. Le cadre change et nous ne voyons plus que le dos de V. et le buste du garçon qui la besogne en ahanant. Les perles de sueur sur le visage de l’homme me convainquent de la folie de la jeune fille.

Je détourne mon regard qui se perd dans l’obscurité. Je ne comprends pas. La folie est-elle vraiment irreprésentable ?

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Fillon

Publié le 22 Décembre 2006 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

21 décembre 2006

 

La voix est grave et agréable ; elle berce doucement la tête ensommeillée d’un langage clair et posé, sans emphase ni diction sur-jouée. Cette voix est celle que l’on attend dans le matin froid qu’une lumière blanche vient iriser en se reflétant sur l’herbe gelée qui crisse sous les pas hâtifs.  

 

Le ronronnement accompagne les accentuations qui viennent parfois émailler le discours tranquille et plein d’assurance…  

 

Mais alors, d’où m’est venue cette violence qui m’a fait parler de balle dans la nuque ?  

 

Le sénateur des rillettes a bel et bien, ce matin calme et interactive sur France Inter, plus débité d’âneries que de cochon, et la Sarthe s’est projetée en Corse par la grâce d’une métaphore charcutière.  

 

Ainsi, pour les mêmes raisons que M. Jean-Philippe Smet s’est exilé à Gstaad en vue de protester contre l’I.S.F. et les droits de succession, les jeunes chercheurs français sans moyens émigreraient aux Etats-Unis. A l’audition de quoi je reviens au cochon en pensant à une andouille… Que M. Fillon dans toute sa simplicité hautaine en prenne conscience : si les jeunes chercheurs émigrent, c’est à raison du manque de postes disponibles en France et du manque de moyens attribués aux laboratoires par l’Etat français, et non pour échapper à des taux d’imposition fantasmagoriques, puisque de toute façon, ils sont quasiment tous non imposables…  

 

Alors plutôt que de plébisciter des comportements antithétiques de la citoyenneté, qui légitimeraient sinon l’exécution sommaire des coupables, du moins leur expropriation complète au bénéfice de l’Etat (lequel pourrait ainsi augmenter le budget de la recherche, notamment fondamentale) et la déchéance de tous leurs droits civiques, M. Fillon ferait mieux de retourner à la charcuterie…  

 

Quoique, en parlant de charcutage, l’intéressé a poursuivi son propos sur le contrat unique, lubie du patronat depuis la création du Code du travail ou presque. L’éminent conseiller politique de N. Sarkozy doit bien être au courant des conventions internationales de l’OIT, régulièrement signées et ratifiées par la France et ainsi intégrées au bloc de constitutionnalité, d’une valeur supérieure à la Loi française, pour affirmer qu’il serait possible de le mettre en place ! De la même manière, la pseudo-sécurisation juridique des fins de contrats entrerait en conflit avec l’obligation constitutionnelle de disposer d’un motif légitime de rupture dont doit être informé le salarié.  

 

Voilà qui est parfait, les premières pistes jurisprudentielles sur le C.N.E. n’ont servi de rien, et M. Fillon s’entretient, au fond de son laboratoire sarthois de charcutage du Code du travail, de la douce illusion d’un pouvoir dont il ne disposera jamais. 

 

La voix était donc calme, grave et posée, mais la représentation conjointe que l’on pouvait se faire de la forme et du fond de ses propos s’est avérée asémantique, alors que fondait la glace sur les brins d’herbe maintenant ondulés d’une douce brise. 

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Esclave

Publié le 8 Décembre 2006 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

8 décembre 2006

 

Je suis ton esclave, dis-tu.

J’ai tout mis en œuvre pour le devenir 

Et ne me pose pas la question nue 

De mon désintérêt d’agir.  

 

Je suis ton esclave, Maître, 

Je crée les conditions de ma soumission 

En refusant de l’admettre, 

Et proclame pourtant ma manumission.  

 

Ta colère de me posséder 

M’échappe et me lacère la peau. 

La violence de tes coups débridés 

Marque ma chair en lambeaux.  

 

La fuite plutôt que la sédition, 

Un faux calme me fait supporter 

Le déchaînement en perdition 

De ton ire en quelques instants irrités.  

 

Mais bientôt, il faut fuir plus loin, 

Vers le sommeil, vers le néant, 

Dans le refus d’aborder les points 

Que tu maîtrises mieux que le manant.  

 

Un esclave ne saurait parler 

D’égal à égal avec son Maître, 

Quand bien même ce dernier 

Refuserait, éthique mensongère, de l’être.  

 

L’esclave toujours coupable, toujours 

Doit se défendre. Murs et miroirs 

Sont sa seule sauvegarde, son amour 

Déformé de colère, l’intouchable ciboire.  

 

Il ne lui est d’autre choix que de mal faire, 

Puisque pour son Maître, il a choisi 

Son état, tandis qu’il se considère 

Comme capturé, arraché et haï.  

 

Alors le mauvais sommeil le console 

Fugacement de la colère et des cris, 

En se jetant désespérément au sol, 

Les mots du Maître de n’avoir pas compris. 

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Rêve 40 La recherche de l'enfance ne pouvait s'arrêter ici

Publié le 30 Novembre 2006 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

 

Nous repartons à la recherche de l’enfant que nous étions. Marchant sur une large avenue sans arbres, longée de glissières de sécurité derrière lesquels s’ébrouent quelques buissons artificiels au rythme d’un vent mou, nous croisons un curieux cortège : des jeunes gens semblent jouer au rugby en pleine rue. Après quelques passes, le môle s’organise autour d’une femme d’âge mûr, au brushing blond impeccable, le nez chaussé de petites lunettes cerclées d’argent.  

 

Etonné de sa présence dans un tel contexte, je lance à la cantonade alors que le môle arrive sur nous :  

 

- Et alors, qu’est-ce qu’elle a, Michèle Alliot-Marie ?! 

 

Toujours en possession du ballon, son regard blessé me glace. Elle semble perdre tout intérêt au jeu, et laisse échapper le ballon. En avant ! Mais l’avantage court puisqu’un homme de l’équipe adverse, vêtu d’une chemisette blanche et d’un pantalon de toile beige, s’en empare et entame sa course dans l’autre sens. Lors de deux fantastiques raffuts successifs, dont l’un sur la femme ressemblant à MAM, je le reconnais immédiatement : c’est Julien, un ancien coéquipier de football lors des saisons 77 à 80, un fameux libero pour l’époque, auteur notamment d’une magnifique reprise de volée surpuissante dans nos propres buts à l’occasion d’une tentative de dégagement au-dessus de nos cages… Son engagement aujourd’hui ne fait guère de doutes ! Il court très rapidement sur l’autoroute pour un probable essai en contre-attaque. Je me retourne vers mes compagnons, et avant de leur dire :  

 

- Vous avez vu ça !? C’est Julien ! Il doit bien avoir 37-38 ans maintenant pourtant ! 

 

… je vois parmi les joueurs de l’équipe défaite son sosie, mais nain et boursouflé, nous affligeant d’un rictus bouffon se voulant sûrement un sourire. Il faut donc se remettre à la recherche de l’enfance. Suivons la direction de Julien.  

 

Nous parvenons rapidement à un agglomérat de hauts immeubles gris dans lequel Julien a disparu. Nous descendons une pente bétonnée de parking souterrain. Tout respire l’enfance ici. Nous allons la retrouver. Il faut maintenant s’atteler à descendre quelques marches métalliques rouge-vif et triangulaires, très seventies, très casse-gueules surtout, et nous voilà dans le souterrain, proches de la descente 65B. Je m’exclame :  

 

- Nous sommes tous proches de chez moi ! J’habitais à la 66C ! –  

 

Je ressens alors l’enfant courir vers une sortie. Je me précipite à sa poursuite dans quelques couloirs obscurs de caves closes, et arrive devant une grande hélice immobile de conduit d’aération : il s’est échappé par-là. La recherche de l’enfance ne pouvait s’achever ici. 

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Rêve 39 L'insecte fou de la soirée étrange

Publié le 22 Novembre 2006 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

Nous étions chez nous, dans un salon nu et gris, sans fenêtre, tout juste meublé de couches noires posées à même le sol. Il n’y avait que peu de lumière, à une exception près. Un nous indéterminé regardait notre magnifique Ilana. Elle déambulait en souriant et parlant avec grâce, toute la beauté d’une adolescente presque pubère.  

 

Ce dernier constat me surprit grandement puisqu’elle était plutôt sensée n’être âgée que de trois ou quatre semaines. Sa maîtrise de la marche, d’une parole aigrelette mais sûre, et un sourire extraordinaire dévoilant toutes ses dents immaculées, me stupéfiaient tant que je craignis un instant de me laisser emporter par les délires très actuels de parents persuadés de la qualité de surdoué de leur rejeton…  

 

Je ne me lassais pourtant de regarder d’en bas ce beau visage assez rond qu’ourlaient deux lèvres sanguines et finement dessinées, comme au stylet d’un sculpteur inspiré. Son petit nez de cuivre montait brièvement vers des yeux bleus sans tristesse, une utopie triomphante, mais peut-être ma position assise invitait-elle à cette interprétation.  

 

Nous en étions donc à la clame admiration de notre fille quand on frappa à l’entrée. Comme souvent, Anne bondit la première et je m’empressai de la suivre. Je m’interloquais de plusieurs constatations qui en vinrent à me faire douter que j’étais bien chez moi. La petite verrière d’entrée par exemple : très british et sans objet ici.. Le rideau de fer à demi baissé derrière la verrière ensuite : étrange et incongru s’agissant d’une habitation. L’homme à la barbe d’une semaine, aux cheveux noirs et bouclés, barbe et tempes grisonnantes enfin : je ne le connaissais pas, mais sous son caban bleu-marine, il semblait ravi d’être ici, ainsi qu’en témoignait son sourire de fumeur acharné.  

 

Cette première arrivée sonna le glas de la sérénité contemplative qui me saisissait lorsque je regardais ma fille. La soirée, puisqu’il s’agissait bien de cela, venait de commencer. Je maugréai en songeant que j’eusse bien aimé être informé d’une telle sauterie sous mon toit, mais peu importait désormais : les dés avaient été jetés. Bon an, mal an, je me mêlai aux convives, échangeant paroles sucrées et lieux communs que je maîtrisais si bien avec tout à chacun, en hôte avisé.  

 

Soudain, je remarquai Alexandra [1], réputée avoir émigré au Salvador puis au Mexique avec son mari de peintre. Que diable faisait-elle ici ? Sa moue empreinte d’un ennui total mâtiné d’une déception à la hauteur quand elle constata ma présence, ne me laissa guère en proie au doute : elle n’était pas venue sachant que j’hébergeais la fête, remugle de temps passés à ne pas régurgiter. Je me rapprochai néanmoins d’elle afin de connaître le fin mot de l’histoire, tout en observant sa coiffure bizarre, à la punk avec une décoloration blond platine en crête du front à l’occiput, tandis que les côtés du crâne conservaient les sages ordonnancement et couleur châtain foncé que je lui connaissais auparavant. Confrontée à la question, elle me roula de grands yeux noisettes et prononça sans sourire quelques mots d’une affligeante banalité, une digression sur le monde et les relations humaines. Son exposé sans teneur était de toute façon couvert par le son d’une sono subite. Je m’éloignai donc et pris un couloir en direction de la chambre d’Anne.  

 

La porte s’avéra ouverte et la lumière allumée, ce qui me permit de déceler la forme allongée et enroulée dans une couette. Il me prit l’envie d’aller déposer un baiser sur le front de l’endormie lorsque soudain m’intrigua la présence d’un curieux insecte, vrombissant de manière sonore et donc insupportable.  

 

Fidèle à ma méthode de chasse, je lui assénai un smash du plat de la main, au passage de son vol. Le coup ne l’envoya cependant pas à terre ; il réussit à redresser au dernier moment la dangereuse vrille dans laquelle je l’avais propulsé. Sa manœuvre de redressement gérée, l’insecte était comme fou. Il volait de plus en plus en bruyamment, me harcelait de sa présence. Je voyais bien agacé son corps oblong, noir et lisse, que fendaient deux paires de fines ailes transparentes battant à toute allure, et que venait conclure une tête sphérique aux deux yeux noirs et vides, d’une raideur agressive.  

 

Je tentai de le repousser de revers et de coup droit, mais il était éveillé et évitait mes battoirs. Encore davantage dément, il se rua en piqué vers mon entrejambes, poussant de toutes ses forces. J’essayai désespérément de le dégager par tout moyen, mais son objectif devenait évident : il voulait entrer en moi par la porte étroite de Gide. Je serrai de toute mon énergie, mes sphincters mais sentais ma défaite inéluctable face à l’insecte fou de la soirée étrange.   



[1] Mlle Domarchi. 

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Urgence

Publié le 21 Novembre 2006 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

7 novembre 2006

 

J’étais là, baignant dans une douceur angélique, dans les fracas lumineux des éclats métalliques. Le calme désemparé faisait souvent suite à un monde confus aux mouvements saccadés. Je marchais imperturbablement sur la longueur de la grande pièce grise au mobilier noir, comptais les pas de ma détresse. J’exécutais les mêmes demi-tours réglementaires en perdant rarement des yeux la couche de mon ange endormi.

Alors à nouveau l’action frappa dans sa violence insensée. 

 

Le bruit épouvantable d’une grande porte, de celles qui donnent sur un extérieur nécessairement hostile ou pis encore, un intérieur insoupçonné, fit cesser mon ordre serré, sans perturber un petit ange aux yeux clos.  

 

Les hommes s’amassaient en convoi, les voix étaient fortes et malgré une apparente certitude de leur art, j’y décelais une certaine appréhension, la divination de la chose à venir.  

 

Je vis le vieillard édenté sur son lit à porteurs. Sa peau bistre et fatiguée de carton usagé tressaillait encore de sollicitations musculaires incontrôlées. Ses yeux hallucinés mangeaient son visage presque en entier. Malgré sa course rapide vers un puits de lumière, je voyais derrière les globes exorbités une autre certitude, parfaitement incohérente avec celle de ses accompagnateurs : celle de l’étonnement primal, ontique.  

 

Mon ange dormait toujours avec un visage serein.  

 

Accoutumant ma vision à un champ plus lumineux, je parvins à distinguer, tout en me fustigeant de ma morbide curiosité, des mains posées à plat sur la poitrine du vieillard, la frappant de manière cadencée, un simulacre d’efficacité, un automatisme fordien. Je pressentais les côtes éclater sous les pressions répétées des assistants qui préféraient regarder les actions normées de leurs mains vigoureuses plutôt que de croiser le regard du mourant, grand ouvert sur l’éternité. La peau mate, dorée d’une vie longue et ensoleillée, d’un buste ridé et de joues émaciées, les lèvres rentrées sur les gencives sans dents, se virent recouvrir d’un suaire blanc annonciateur d’un calme plus paisible cette fois.  

 

Alors mon ange s’est réveillé doucement, me fixant de ses grands yeux, comme une nouvelle naissance. 

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Magma

Publié le 12 Octobre 2006 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

12 octobre 2006

 

Alors qu’une multitude de desserts s’offrait à moi sur une table dont je ne percevais même plus l’éventuelle décoration, j’eus soudain le cœur au bord des lèvres.  

 

Le bourdonnement acouphénique d’un moustique inavenu emplissait mon crâne d’une colère sans borne, celle de l’absence éternelle de renonciation à la tranquillité.  

 

Et encore des points rouges et verts flottaient dans l’air pâteux de la nuit, laissaient de longues traces luminescentes alors que je tournais de plus en plus vite sur moi-même, pour faire du bruit, pour créer une apparence de calme.  

 

Je baignais donc dans ma piscine écornée, écopais de mon corps de grandes brassées de sueur inodore, repoussais loin les étoles trempées que j’avais pensées gages de mon sommeil tranquille.  

 

Il n’y avait plus rien à faire, les larmes au bord des lèvres, que de regarder la table du banquet, en renonçant, en acceptant les piqûres inévitées et le bruit des scolopendres trottinant sur le carrelage tiède, en se fixant sur le magma phosphorescent des lumières mélangées à la hâte. 

 

Il n’était donc plus temps de dormir.

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Nécro elle

Publié le 20 Juillet 2006 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

19 juillet 2006

 

J’avais pu écrire voici quelques années que, s’agissant des jeunes, « physiquement et intellectuellement, ils [étaient] des courges ».  

 

Jamais je n’aurais imaginé que cette conception très théorique, ne s’appuyant sur aucune expérience empirique, aurait été vérifiée de manière plus juste qu’avec cette fille.  

 

La donzelle s’avère de grande taille, et c’est pour cette raison que sa description commencera par les pieds. Ces derniers, dans lesquels un œil candide eût pu déceler des traces d’une pratique longue et douloureuse de la danse classique, forment un parfait angle droit lorsque leurs talons sont joints, autant dire à dix heures dix. Remontant les jambes, on s’aperçoit lors que les genoux s’accolent également, qui se poursuivent par des cuisses amorphes et dénuées de toute tension musculaire, qui finissent elles-mêmes par se toucher, se confondre en une seule lorsque les yeux continuent leur ascension désormais suspicieuse. Le périple du bas du corps se termine concomitamment sur le triste constat d’un fessier en goutte d’huile et d’un bas-ventre rebondi, s’extirpant avec langueur de sa cangue par l’interstice existant entre le petit top fashion et les jeans taille basse si peu avantageux pour la désormais demi-grassouillette.  

 

Peu importe, le dégoût m’est trop connu pour que je cesse mon écœurant voyage.  

 

Décidément, elle a du ventre, et ce ne sont pas les bras longs et mous qui vont changer quoique ce soit au physique clownesque de la grande cucurbitacée. Je passe rapidement sur une poitrine souvent affligée d’un piteux balconnet se voulant séduisant pour en arriver à ce qui aurait pu sauver l’asperge : la vinaigrette ? Non, le visage et son contenu. 

 

Un regard lumineux et une intelligence vive effacent toutes les disgrâces !  

 

Mais malheur ! si le visage s’avère ovale, un front bas et étroit entouré de longs cheveux blonds surmonte deux yeux bleus grossièrement soulignés d’un tagliatello de Rimmel et resserrés autour d’un nez porcin. Sous celui-ci se meut lentement une petite bouche ronde rappelant plus un anus de poulpe victime d’hémorroïdes qu’une galante invitation au baiser. Un menton peu prononcé achève l’ovale sous lequel commence de s’amollir son double adipeux. Pas de lumière dans l’insondable tunnel de la bêtise. Pas d’autre lumière dans ce visage que celle, noire, de l’abrutissement et de l’incompréhension de son triste sort.  

 

Parce qu’il y eut triste sort.  

 

En effet, elle nous a quittés et nous ne fîmes aucun effort pour qu’il en retournât autrement. Nous apprécions hilares sa lenteur, et nous réjouissions dans un désespoir morbide de voir son travail avancer au rythme de l’éclosion d’une coucourde, à côté duquel un adhérent à l’union locale CGT d’Ajaccio aurait fait figure de trader cocaïnomane. Ce n’était pourtant pas par volonté dolosive qu’elle se mouvait grassement dans les replis de l’atmosphère embrumée de nos couloirs en ignorant parfaitement le but et le contenu de sa tâche. Non, elle ne connaissait pas sa nature profonde d’être-là, et infligeait à la comète ses plans démesurés, son ambition sans fondement autre qu’illusoire, comme un radis non cueilli à temps explose anarchiquement en floraisons insensées et tubercules informes. 

 

Pourtant, au jour de son départ, elle pleura et m’attendrit, le blanc le cédant au rouge sang dans des yeux ne connaissant pas la rancune. Probablement pour n’avoir pas su deviner ce qui se tramait derrière l’implacable rationalité entourant son exécution sommaire. Certainement pour s’être arrêtée à l’apparence, comme elle le fit toujours.  

 

Mon attendrissement se mua en compassion lorsqu’elle avoua dans des sanglots qu’elle s’était épanouie en notre sein, puis en sincère pitié quand elle regretta son départ, persuadée que son avenir se situait chez nous, qui la conspuions, lui reprochions son inertie, son immaturité, son irréflexion légère… Elle ne connaît donc de la souffrance que le mal de tête consécutif à une soirée rosée en boîte de nuit…  

 

Je déteste la pitié. Elle incite à la bonté.  

 

Va au Diable. 

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L'anniversaire de Julie

Publié le 12 Juillet 2006 par Luc dans Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

11 juillet 2006

Une petite chanson, qui va decrescendo, se perd mollement dans son xylophone ralenti sur deux notes, peut-être mi et fa, frappées à chaque temps. Lorsqu'elles sont jouées ensemble, le demi ton provoque une vibration inhabituelle dans une chansonnette telle que celle-ci, comme embrumée, et moi... éreinté dans un matin d’été.  

 

L'air brûlant m’endort, mais la suite de notes me poursuit, tenace. On dirait presque du Glockenspiel maintenant. Fin che ‘l ramo vede a la terra tutte le sue spoglie ? Non. Je ne suis pas Dante en Enfer à Firenze, mais Luc à Salon, dont le crâne tintinnabulant sur deux tons cherche l’inspiration poétique.  

 

Cela dit, il n'y a guère d'oiseaux sur les branches tachetées des platanes alignés. Certainement, la chanson douce est une idée de retour, vers la camaraderie, la fête anniversaire et promise, et n’est-ce pas maintenant le rire joyeux de Julie que j’entends ?  

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