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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Urgence

Publié le 21 Novembre 2006 par Luc in Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

7 novembre 2006

 

J’étais là, baignant dans une douceur angélique, dans les fracas lumineux des éclats métalliques. Le calme désemparé faisait souvent suite à un monde confus aux mouvements saccadés. Je marchais imperturbablement sur la longueur de la grande pièce grise au mobilier noir, comptais les pas de ma détresse. J’exécutais les mêmes demi-tours réglementaires en perdant rarement des yeux la couche de mon ange endormi.

Alors à nouveau l’action frappa dans sa violence insensée. 

 

Le bruit épouvantable d’une grande porte, de celles qui donnent sur un extérieur nécessairement hostile ou pis encore, un intérieur insoupçonné, fit cesser mon ordre serré, sans perturber un petit ange aux yeux clos.  

 

Les hommes s’amassaient en convoi, les voix étaient fortes et malgré une apparente certitude de leur art, j’y décelais une certaine appréhension, la divination de la chose à venir.  

 

Je vis le vieillard édenté sur son lit à porteurs. Sa peau bistre et fatiguée de carton usagé tressaillait encore de sollicitations musculaires incontrôlées. Ses yeux hallucinés mangeaient son visage presque en entier. Malgré sa course rapide vers un puits de lumière, je voyais derrière les globes exorbités une autre certitude, parfaitement incohérente avec celle de ses accompagnateurs : celle de l’étonnement primal, ontique.  

 

Mon ange dormait toujours avec un visage serein.  

 

Accoutumant ma vision à un champ plus lumineux, je parvins à distinguer, tout en me fustigeant de ma morbide curiosité, des mains posées à plat sur la poitrine du vieillard, la frappant de manière cadencée, un simulacre d’efficacité, un automatisme fordien. Je pressentais les côtes éclater sous les pressions répétées des assistants qui préféraient regarder les actions normées de leurs mains vigoureuses plutôt que de croiser le regard du mourant, grand ouvert sur l’éternité. La peau mate, dorée d’une vie longue et ensoleillée, d’un buste ridé et de joues émaciées, les lèvres rentrées sur les gencives sans dents, se virent recouvrir d’un suaire blanc annonciateur d’un calme plus paisible cette fois.  

 

Alors mon ange s’est réveillé doucement, me fixant de ses grands yeux, comme une nouvelle naissance. 

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M
Dans les éclairs bleus gyrophare, des mains posées en silence sur le coeur, d'autres sur le ventre. Du bleu sur les points cardinaux de la vie : un flash sur point de vie, un flash sur la vie qui va poindre.<br /> Ta main a bien fait de revenir sur ta plume. 
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L
J'en rosis !