Les brins d’herbe grasse, regorgeant de sève inassouvie, ont crissé sous mes pas. Avec la régularité d’une pendule, ma tête se penchait de droite et de gauche à chaque retour et chaque aller pour éviter la branche basse.
Les senteurs de l’humus corrompu se poivrent en direction de mon odorat, et les narines frémissent d’une excitation nouvelle, annonçant la prochaine irrégularité du pas.
Sur ce chemin de ronde, je devine dès maintenant l’herbe fléchir ; les hautes tiges aux pistils prononcés s’affichent à mes yeux dans une totale mélancolie, tandis que je les vois s’animer d’un mouvement tout séminifère, lequel alimente mon trouble.
Une fois encore, ma tête évite la branche de l’arbre dépouillé et solitaire, dans sa position centrale sans raison. Depuis la tempête, il n’a jamais récupéré son feuillage et sa frondaison a ployé dans une tristesse squelettique.
Sur ce parcours des cent pas, je vois l’herbe morte et jaunie.