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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

les reves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

Le temps d'une histoire

Publié le 25 Mars 2010 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

Les brins d’herbe grasse, regorgeant de sève inassouvie, ont crissé sous mes pas. Avec la régularité d’une pendule, ma tête se penchait de droite et de gauche à chaque retour et chaque aller pour éviter la branche basse.

 

Les senteurs de l’humus corrompu se poivrent en direction de mon odorat, et les narines frémissent d’une excitation nouvelle, annonçant la prochaine irrégularité du pas.

 

Sur ce chemin de ronde, je devine dès maintenant l’herbe fléchir ; les hautes tiges aux pistils prononcés s’affichent à mes yeux dans une totale mélancolie, tandis que je les vois s’animer d’un mouvement tout séminifère, lequel alimente mon trouble.

 

Une fois encore, ma tête évite la branche de l’arbre dépouillé et solitaire, dans sa position centrale sans raison. Depuis la tempête, il n’a jamais récupéré son feuillage et sa frondaison a ployé dans une tristesse squelettique.

 

Sur ce parcours des cent pas, je vois l’herbe morte et jaunie.

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Pitoyable

Publié le 1 Décembre 2009 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

Ainsi la nouvelle est-elle venue... Ainsi suis-je allé de moi-même vers la nouvelle et l’ai-je mandée, appelée de mes vœux.

 

Elle s’est révélée si peu fantastique ou surprenante tant je l’avais dévisagée dans toute sa fatalité.

 

Quelle nouvelle, quelle merveille ! L’impression de désastre est toujours plus forte lorsqu’il n’est issu que du gâchis, de l’erreur : un aimant tuant l’amour commet un suicide.

 

Après... Quoi ! Le matériel doit bien reprendre le dessus, et la répartition des objets (auxquels je me suis toujours heurté dans ma quête de la question ontologique), et la répartition des souvenirs, et la répartition a priori inégalitaire de la douleur.

 

J’avais eu l’idée saugrenue de laisser l’un de mes morceaux dans ta boîte aux lettres, discrètement, en sonnant ailleurs comme un facteur, un morceau où je chanterais... La répétition de cette partie vocale, un soir en voiture, ne m’a pas convaincu de l’éventuelle efficacité de la manœuvre. Trop nasillard pour toucher le ventre rond et blanc des sentiments... Et la répétition des objets (que j’abhorre), et la répétition des souvenirs, et la répétition épuisante de la douleur.

 

J’aurais encore voulu venir te voir, persuadé que la profondeur intense de mon regard quand tu es face à moi, finirait par te persuader de la faute commise, et alors toi, debout, joignant tes larmes aux miennes dans le même lit d’une rivière naissante, et alors rémission des objets (que je n’aimerai pas plus pour autant), immixtion des souvenirs et révulsion de la douleur...

 

Mais non... Je commence à comprendre... Comment faire ou aimer ?

 

Je suis pitoyable.

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Un cri déchirant dans la nuit noire

Publié le 22 Septembre 2009 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

Comme tant d’autres avant toi, tu as oublié jusqu’à mon existence... La plainte larmoyante, déchirante de l’homme faible me fait rire moi-même. Je ne sais que trop l’arrogance de vouloir rester dans l’histoire, fût-elle individuelle. Né pour oublier et l’être... C’est que le monde entier doit l’avoir été... Un ennui... J’ai très bonne mémoire, alors évidemment je me confronte à quelques désagréments, particulièrement celui d’entrer dans le moule mondial, d’être oublié en un mot, moi, moi qui n’oublie rien même quand je le veux.

 

J’ai toujours rêvé d’écraser le téléphone d’un coup de talon violent et primal, mais je l’étreins plus souvent de mains tremblantes en le priant de me prouver que je ne suis pas oublié.

 

J’ai toujours méprisé mes amis pour leur façon d’imaginer une vie de couple, été tenté de leur hurler : « Oublie-moi un peu ! », en me repentant immédiatement après de la formule employée.

 

Je ne peux donc supporter les retards des gens avec qui j’ai rendez-vous, parce que clairement, sans l’ombre du moindre doute, les minutes séparant l’heure prévue de celle d’arrivée ont été l’objet de leur oubli de moi.

 

Alors toi, qui ne téléphones plus, qui construis ta vie future et tardes tant à me rejoindre, ne peux-tu pas que m’oublier ?

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Saule des tempes

Publié le 24 Juin 2009 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

L’œil lourd de rêves stupides, je tentais de déceler la voie à cheminer, si embrumée, obscurcie et pluvieuse ce matin. Je baillais volontairement  pour entendre mieux les plaintes de l’eau filant sur mes tempes. Des nuages de vapeur bondissaient à mon approche, au regard de laquelle ne s’offrait qu’un panorama gris, gris-noir, gris-blanc et gri-gri. La malchance, ou mieux, un sort devait s’être abattu sur moi. Les nouvelles insolentes de grandes et fines blondes dont je ne parvenais pas à m’approprier l’image me contraignaient à ouvrir la bouche plus encore, jusqu’au claquement espéré, là, entre les mâchoires et les tempes, qui ferait s’évanouir ma surdité nasillarde.

 

Oui, de l’eau sur les tempes, à l’imitation d’un pleureur allongé, mais quoiqu’on en dise, je ne suis pas saule ; mes sens cependant se délitent ou s’asphyxient de vouloir représenter les nuages bouillonnants de l’eau vaporisée. L’enveloppe est faible et ses branches déclinent au sol à la recherche du bras quiet de rivière où les tempes paraissent battre plus lentement, et le temps s’écouler moins rapidement, un léger rais de soleil flattant le mouvement impulsif de la veine sous pression.

 

Je ne suis pas saule, mais comme le temps est liquide, je bois peut-être trop. Le silence gargouillis de la pluie me cerne et je suis une saule traquée.

 

Ce soir j’aurais voulu reconnaître un appel qui n’est pas venu... Alors dans le souvenir d’une cécité de nuées grisâtres, mes bras viennent entourer mon tronc tremblant sur l’oubli d’un rayon de lumière jaune.

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Eloignement

Publié le 16 Mars 2009 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

J’ai pu entendre ta voix tout à l’heure, filtrée par l’avancée de l’oubli, à la manière des premières minutes de la marée montante sur le sable plat, juste après l’étale.

 

Je suis sur la terre humide ; ma nuque s’enfonce doucement et mes bras se déploient chacun de leur côté. Mes yeux croisent un instant la mer progresser au travers d’orteils immobiles, puis abandonnent l’herbe grasse et les arbres tout autour pour plonger dans le ciel. La nuque creuse un peu plus son confort.

 

Et à quoi pense-t-il maintenant que les flots lèchent ses pieds ?

 

Il songe à la grandeur passée sur deux notes, la plus haute mineure et l’autre majeure, fourbies dans des mesures de huit temps et sur un rythme de quatre-vingts par minute, qui lui font venir les larmes.

 

Celles-ci reviennent d’où elles sont venues.

 

La mer l’a englouti.

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Balancier

Publié le 2 Décembre 2008 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

Ce soir encore, le monde s’est versé de son autre côté, me laissant dubitatif. Deux lames plantées dans les sinus, j’accompagne, j’embrasse son mouvement de balancier, lequel finit par devenir presque prévisible, malgré sa fréquence irrégulière.

 

La nuit dernière, je me noyais dans une pièce sans eau, deux tentures s’élevant simplement à mes côtés, montées sur des grands cadres sans murs ni sol de soutien. Là aussi, je me débattais gentiment avec les éléments oppressants : deux cadres de tissu mouvant, flottant, tourbillonnant, avaient débuté leur ronde étouffante et pressaient ma tête sous la surface de l’air.

 

Ce soir encore, les yeux syncopés, j’ai écouté et subi des paroles d’espoir, lesquelles ont fait naître un sourire fataliste sur mon visage. Le calme et la complicité paraissaient de nouveau s’inscrire dans l’ordre naturel des choses, si n’était la volonté d’absence, si palpable, le balancier de tissu, encore...

 

La nuit dernière, revenant à notre passé, j’ai asséné un coup de pied définitif à la balance-termitière qui me ronge : je ne reviens pas en arrière. Je ne peux plus être ton ami.

 

Nous assis sur le même plateau et le reste du monde sur l’autre feront que l’aiguille de la balance se placera d’elle-même au centre, en parfait équilibre.

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Sursis

Publié le 11 Septembre 2008 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

Toute cette semaine n’est plus désormais qu’un rêve étouffant et poignant. Une fois passée, les mêmes sentences font encore s’étourdir ma surdité, comme si rien ne s’était passé, si les aveux et les dons choisissaient de gratter un peu la terre pour s’y enfouir hors de vue et de mémoire.

 

Rien n’a donc avancé ni ne se résout seul, et j’en retombe aux fatales conclusions. Un espace qui croirait entre nous n’offrirait qu’un sursis languide et douloureux. Nous délier de ce qui nous joignait, surtout progressivement, commencerait notre glas par un petit tintement de clochette, discret, agréable et confortable.

 

Nous allons devoir engager la parole avec l’univers, auquel je me prends plus souvent ces derniers temps à expédier mes réflexions complaignantes, à la gloire duquel j’expire mes fluxions implorantes, celles de n’être que moi, en vie et faible.

 

Nous allons devoir nous mettre d’accord avec le ciel, dans les bras duquel tu rêves une vie inhumaine, et qui me terrifie dans sa grandeur sans fondement sérieux.

 

Nous pleurerons encore quelques fois ; nous étreindrons notre flamme vacillante dans les dernières larmes de la bougie consumée pour qu’enfin ne subsiste plus de nous qu’un grésillement bref fendant la nuit, puis une vapeur bleuâtre et odorante, dissipée par le premier courant d’air...

 

Non ! J’ai cent fois écrit ces mots là ! Avec un regard attendri souvent... Mais cette fois, trop de larmes coulent, et le deuil ne viendra pas.

 

- combat -

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Goût de fin

Publié le 17 Juin 2008 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

Tes paroles dans mes oreilles sonnent comme l’appel d’une ritournelle déjà entendue. Je n’ignore pas tes visées lointaines, toujours plus distanciées de mes crampons solidement rivés dans la terre.

 

C’est la poitrine collée contre la pierre, dos au précipice, malmené par l’angoisse, l’ennui et le vertige, que j’ai su que tu partirais sans un regard. Je t’ai vue t’éloigner doucement sur le chemin rocailleux surplombant la mer d’un à-pic insondable, et j’étais incapable de bouger.

 

Alors ton visage est devenu grave ; s’assombrissant, il niait tout ce que nous avions vécu. Puis le soir, le rire... Rien n’a changé. Puis le lendemain, les pleurs, intarissables et infinis. Je n’y suis plus et tu n’es pas là ce soir.

 

Pour avoir le défaut d’être un moi, de n’être que moi, faible et lâche, ce que tu as su de tous temps, tu vas partir, et nous languirons encore dans des pleurs intarissables et infinis, le goût salé de la fin léchant amicalement nos gorges muettes.

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Pingouin

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

365                                                                                                                              26-06-01

 

 

 

J’ai senti mon regard sombrer dans la chaleur lourde et un bruit de pompe.

 

 

 

Apprêté comme pour un départ, le pingouin se délaisse de tout son dos sur son lit de cuisson. Ramenant ses palmes en gisant sur la poitrine, il ferme ses yeux sans paupières et se recueille doucement sur le sort du monde.

 

 

 

Il n’est pas bien vaillant, le pingouineau au bonnet rouge. La chaleur lui pèse à mon regard. Ses aisselles moites le gênent quand je compatis avec son désentrain. Comme moi, il regrette sa luxure, son renoncement devant l’odieuse nécessité du voyage qui l’a amené jusqu’ici.

 

 

 

Il ne se repent pas moins de l’orgueil qui lui dentelle les palmes tremblantes, quand il ne peut refuser un défi, aussi absurde soit-il...

 

 

 

Il se mord la nageoire quand il songe à la somme d'inepties qu’il a pu pour avoir le dessus dans ses conversations de comparses boréens...

 

 

 

Mais maintenant, seul dans un pays chaud, la réflexion le rend sans déprendre. Alors il s’allonge sans paix et ses yeux ronds sans paupières cillent sur l’éternité de l’erreur et du mensonge.

 

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Lubrano

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

366                                                                                                                              26-06-01

 

 

 

Il paraît que quelqu’un est mort... Les visages se figent alors que la rumeur enfle démesurément. A l’entour de ce brouhaha, de ce furoncle, les pas s’accélèrent bruyamment dans les escaliers, comme si ces pieds convoqués par la force des choses et de leur hiérarchie s’en souciaient plus que d’une guigne. Le trot sonore des obéissants à l’injonction primale de la compassion m’écoeure ainsi que le furoncle de la rumeur, qui se traduit maintenant dans le dit.

 

 

 

Le mort était connu, mais ami de personne. Pourtant les faces s’allongent et les yeux s'humidifient dans une plainte terrorisée, sans plus penser, ô non, à l’objet catalyseur de leur peur de la mort.

 

 

 

Pour ma part, allongé sur le côté et à demi sourd par voie de conséquence, j’ai immédiatement eu envie de sourire, de démontrer de mon indifférence totale quant au fait et à l’objet de l’attention générale, comme toujours...

 

 

 

Là encore, je n’ai pas dit la vérité ; j’ai feint la compassion commune, tout en me réjouissant perfidement de la rapidité de la mort de l’ex-futur défunt. Feu et foin de ces considérations : le groupe de gens se confond avec le furoncle, mais ai-je encore envie de le presser jusqu’à l’explosion ?

 

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