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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

R58 Homosexualité échouée (interdit aux - de 18 ans)

Publié le 16 Novembre 2012 par Luc in Cercle noir (du 26-2 au 17-7-08)

NDLA : peut-être ce texte a-t-il été influencé par l'insignifiant débat agitant nos médias depuis quelques semaines relativement au "mariage pour tous"...

 

Tout a commencé par la phrase enflammée dans mon esprit, « Le bonheur de te quitter », que je ne comprenais pas, balloté que j’étais dans les vagues écumantes de la colère. Je ne voulais plus faire d’effort et décidai d’aller dormir chez ma sœur. Elle m’accueillit tellement discrètement que je crus un instant m’être berné sur sa présence réelle. Je m’allongeais donc sur l’immense divan d’un salon étrange. Il avait la forme et la taille d’un vieux moulin, percé de grandes baies vitrées d’où je pouvais percevoir la campagne inconnue, parsemée d’arbres ventrus et feuillus, de vertes collines et de chemins clairs, presque un dessin d’enfant. Ecrasé par ma petitesse et l’harassement, je ne tardai pas à connaître un mauvais sommeil, trop agité pour ne pas s’érotiser.

 

Je me retrouvai prendre un bain chaud, allongé à côté d’un jeune homme, dans une profonde et large baignoire. Nos nuques étaient apposées sur le rebord, et nous pouvions voir nos pieds, nos jambes et nos sexes tenter de remonter vers la surface limpide, à peine désordonnée par quelques cercles concentriques issus de la recherche de la position de détente idéale. J’étais surpris du mouvement de flottaison de nos glabres attributs, comme des montgolfières doubles qui eussent volé à l’envers, la nacelle vers le ciel. Le jeune homme parla de son désir, et je n’eus plus aucun doute sur son homosexualité, alors qu’il empoigna ma verge, fit quelques mouvements de va-et-vient et s’apprêtait à en rapprocher sa bouche. Me dégageant alors dans une brume de pensée, je lui expliquai que j’étais désespérément, définitivement hétérosexuel, et ce, malgré le frisson érotique de curiosité qui me parcourait à cet instant. Il sortit du bain et s’allongea sur une serviette de bain, ne me cachant rien de sa rigidité naissante, de son appel à l’aide. Je le vis mieux alors ; il était brun et plus petit que moi, plus jeune aussi. Son visage ne m’inspirait aucun désir, ni aucune répulsion. Je sortis à mon tour de la baignoire et m’agenouillai à côté de lui, pris d’une pitié incompréhensible face à ce renoncement complet et sans espoir de la pudeur confrontée au désir. Il me passa par la tête que je ne pouvais le laisser ainsi, et j’approchai timidement ma main de son sexe ridiculement petit et brun. Je m’en saisis et commençai à le masturber avec douceur de la main gauche, pour quelques instants plus tard caresser de ma main droite ses testicules fermes et glabres. Je remontai alors le regard vers ses yeux et je sentis la détresse s’emparer de lui, le visage en piété et la mâle roideur s’évanouissant sous ma main. Il ne voulait pas de ma pitié maladroite, avait réalisé mon absence complète de désir pour lui, irrémédiable et définitif hétérosexuel que j’étais.

 

Je me réveillai en sursaut, en prise à un malaise abominable. Je devais partir, sans attendre le jour. Je sortis dans la cour de la maison et m’emparai d’un antique 103 Peugeot orange, parmi les premiers modèles probablement, parfaitement identique à celui que m’avait légué mon grand-père voici plus de vingt ans. Talonnant le variateur, je démarrai en trombe et roulai à l’aveuglette dans le cône du faible phare jaune. Je parvins rapidement à un grand échangeur routier à plusieurs niveaux d’entrelacs, dans un cadre urbain dont je me persuadai qu’il s’agissait de Marseille, alors même que j’étais incapable de me situer.

 

Soudain, le mugissement d’un klaxon me tira de l’hypnotique cône de lumière mordorée. Personne derrière moi, ni à mes côtés, ni devant. Je levai la tête et vis ma sœur et son mari juchés sur une moto sur la voie supérieure, lui souriant tout d’abord, et elle me fixant avec dureté. Ils descendirent par le talus et me reprochèrent d’avoir emporté le petit-déjeuner. J’étais éberlué, et le fus plus encore lorsque je m’aperçus qu’une carriole était accrochée au porte-bagages du 103, dans laquelle, bien évidemment, trônait un imposant paquet de madeleines que mon beau-frère s’empressa de me brandir d’un air narquois et finalement peu réprobateur. Ils détachèrent la carriole et j’en profitai pour demander mon chemin vers le nulle part hors de la colère auquel j’aspirai. Il me montra la direction de l’échangeur le plus élevé, et je m’empressai de filer. Pour y accéder au plus vite, je décidai de couper à travers les nombreuses collines naines et herbues qui m’en séparaient. Je faisais cirer ma roue arrière dans la terre humide à chaque virage, des éclats de boue marquant mes passages. Je ne pouvais plus sortir de mes cercles. Je ne peux plus sortir de mes cercles.

 

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