7 mai 1995
Qu’on ne me fasse pas de remarque… ni ne me parle impoliment, ne me parle… du tout. Je lâche prise avec le réel. Mes réactions deviennent à chaque fois plus violentes lorsque je tente parallèlement d’adoucir mon image, de l’arrondir.
Rien n’y fait. Comment cacher plus et trop longtemps que je veux m’effacer depuis huit ans ? Que continuer à vivre avec cette pensée est un supplice insoupçonné ? Je ressens parfaitement que la coupe arrive à son terme et que chaque goutte que l’on y apporte, stress, remarque blessante, ordres et ennui, se pose comme susceptible de la faire déborder.
Pas encore totalement : ma vie s’écoule à petites gouttes tombées sur un comptoir cradingue, et non à grands flots.
Je n’ai dès lors, faute de vie, plus envie de voir personne, ce qui est une mort en soi. La solitude ne représente même pas une consolation. Je suis inapte. Un rebus. J’eusse dû être réformé de la vie, mais les hasards et tracasseries administratives en ont décidé autrement… Je crois, peu fermement, que la fin de mon temps de soumission approche.
Je préfère de loin l’abysse d’un trou de 9mm que celui d’une vie de réaction sauvage et d’insatisfaction.