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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

e trouz an amzer (du 1-8 au 15-11-03)

Vain et précieux

Publié le 16 Janvier 2006 par Luc dans E trouz an amzer (du 1-8 au 15-11-03)

8 novembre 2003

Tu me l’as dit, enfin. Ce que j’écris, c’est à dire rien d’autre que moi, est vain et précieux. Les erreurs de syntaxe se mêlent à la surabondance d’adjectifs et d’adverbes. Quel qualificatif vais-je bien pouvoir mettre pour faire style ? Quel artifice employer pour masquer de gloire et d’or littéraire le néant qui me frappe ? Toutes ces questions que tu m’as prêtées… dont tu m’as blessé. J’ai pu affirmer que toutes ces blessures n’étaient qu’amour-propre endeuillé, mais il n’en était rien. Mes œuvres les plus sophistes, impersonnelles, compilatrices, ont recueilli plus de succès que celles qui émanaient de mes tréfonds, de ma vaine profondeur. Mon labeur consciencieux pour l’image a été mieux perçu que mon âme ! Je me demande si je dois en rire… Toujours est-il que je demeure tel quel, vain et précieux.

 

 

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Derrière les yeux

Publié le 16 Janvier 2006 par Luc dans E trouz an amzer (du 1-8 au 15-11-03)

5 novembre 2003

Alors que les premiers rayons du soleil venaient s’étouffer dans le brouillard de la plaine, juste en dessous des crêtes déchirant le ciel clair, j’avançais sans but. Tant de souvenirs remontaient concomitamment à la surface, une engelure, des gerçures, le déplaisir de manger dans la souffrance… Alors je fermai les yeux face au soleil rouge qui continuait de monter ses formes rebondies au-dessus des limbes.

 

Derrière les paupières se dessinèrent tout de suite trois soleils si proches dans le noir total, se mouvant dans un demi-cercle ondulatoire. De cet ensemble se dégageaient des formes fantastiques. Des monstres sauvages, des visages enflammés engageaient leur danse silencieuse tandis que mon corps se rappelait bruyamment à ma conscience assoupie, dans la gêne plus que la douleur.  

 

Je rouvris périodiquement me sabords fantasmagoriques pour observer la rondeur luminescente commençant de devenir jaune au-dessus de la pâleur de l’horizon. Détournant la tête, les marécages demeuraient soumis au brouillard en nappes, puis les prés à la brume lourde et humide. L’ombre recouvrait cette part de mon champ cependant que la chaleur en envahissait l’autre côté, léché par les dards du soleil, dont je finissais par me demander s’il était vraiment aussi amical que cela. 

 

Dans l’attente et le doute, sa lumière jouait avec mes cils et tous donnaient au monde des teintes blondes et rousses. Les mouvements rapidement alternés avec la pénombre donnaient la sensation d’un stroboscope tranquille, dont l’épilepsie n’eût jamais pu résulter. Alors la mélancolie, le vin noir dont mon corps tentait de me prévenir dès avant le début du parcours, débutèrent leur lente escalade de mes organes grognards.  

 

Le ventre tout d’abord se serra alors que le brouillard et une froidure inattendue prenaient plus d’ampleur dans leur glaciale morsure. L’estomac gémit et se para de tous ses attributs contestataires. Le corps ouvert de hernies et les yeux continuant leur folle ronde entre tunnel et soleil désormais haut, j’achève presque ma course immobile.  

 

Quand cela finira-t-il ? 

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Barres

Publié le 16 Janvier 2006 par Luc dans E trouz an amzer (du 1-8 au 15-11-03)

28 octobre 2003

Les nuages se pressent en longues plaques grises sous le ciel noir et avancent telles des marteaux sur la plaine venteuse. La couleur n’existe plus. Les flancs de la montagne pelée reflètent la lumière diluée dans tous les tons de gris que mon œil peut déceler. Les feuilles des arbres pétrifiés, étranges statues marbrées et mobiles, se démènent de droite et de gauche dans la véhémence, la tempête qui menace. Plus au sol encore, mon pas est bousculé par le vent sauvage. Les yeux remplis de larmes aussitôt transformées en morve par l’air trop sec et trop dur, je constate les barres géométriques des nuages gris et blancs pourfendre la plaine, la craquer de biais.  

 

Alors je sais que tout est perdu. Les sourires ne me touchent plus alors que je tourne la tête entre la chaleur des visages bien au chaud et l’anéantissement de l’horizon incolore, dans la démence, sans jamais revenir en arrière. Ma tête tourne sur elle-même, une vis sans fin qui élève mon regard au niveau des nuages, dans la brisure des branches et des cervicales, sur le plan du sommet de la montagne grise, au-dessus de la mer folle de l’air condensé.  

 

Je dois être mort. 

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Ar maen-kalon

Publié le 16 Janvier 2006 par Luc dans E trouz an amzer (du 1-8 au 15-11-03)

16 octobre 2003

Elle a fini par se rendre à mon langage raisonnable, s’accordant même sur le fait que la vaine tentative de revivre l’amour passé « n’était que de la mièvrerie à la Scarlett post-ado », en concluant « mais on ne se change pas, que veux-tu ?! ».  

 

Si du message que je tentais de lui faire passer elle ne retint que tout cela était absurde, elle avait entièrement raison et tort à la fois. Raison parce qu'en position de recul par rapport à la situation, cette satanée rationalité nous donne l'évidente réponse et nous couronne d'un diadème de stupidité. Tort parce que dans les affres de la puissance morbide de l'amour, je ne connais que trop mes propres réactions. En un mot, tort (quel mot à la fois beau et terrible s'agissant d'amour, entre la honte et le péché !) et raison sont faux jumeaux, juste une question de temps, d'absence ou plutôt d'impossibilité de concomitance, sauf à avoir le cœur sec, ar maen-kalon... Et même alors, les plus belles larmes coulent sur cette pierre, la brésillent, l'ornent de mousse et de pourriture, et dans ces odeurs de putréfaction, nous sommes plus vivants que jamais. 

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Moineau

Publié le 16 Janvier 2006 par Luc dans E trouz an amzer (du 1-8 au 15-11-03)

14 octobre 2003

Il m’a fallu tout d'abord à m'insurger avec force, le poing droit serré pour marquer la force de mon propos mais tout en veillant à ne pas renverser la coupe de champagne que je tenais délicatement dans ma main gauche, contre l'accusation indigne portée à mon égard, selon laquelle, lors des déjeuners et cocktails, je pérorerais.  

 

Emphase, prétention, c'est à n'y rien comprendre... Comment se représenter l'être odieux et abject (dont j'ai observé par ailleurs que l'attention portée à son discours boursouflé lors desdits déjeuners s'avérait tout sauf soutenue et captivée...) que je suis sensé être, et dans le même temps la piètre tentative de mes congénères de s'inviter dans ma caverne ou de me convier à leurs sauteries ?

Lorsque la provocation le cède à la prévarication, il n'est rien qui puisse me sauver, d'où peut-être le calme qu'envisageait une amie dans sa communication, et que je considérerais plutôt comme sérénité, celle qui précède l'inéluctable arrivée de l'hiver, lequel enroulera langoureusement ses bras froids autour de la frêle et tremblante échine du moineau immobile. 

 

Une nouvelle naissance aura quand même lieu, mais la gouaille moqueuse dont je suis l’objet, de petit et insolent Gavroche au tir trop précis, se mélange dans mon esprit confus à l'absurdité douloureuse de l'amour tel que se le représentent ces jeunes filles, sans plus de force ni d'envol que le moineau dans sa gangue glacée, l'œil pétrifié sur le monde. 

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