Présage

Un grand goéland noir de jais vient de planer, rapide devant ma fenêtre naufrageuse, seul phare allumé dans la nuit diurne et pluvieuse. Ainsi ce damné jour ne s’est-il pas levé, immobile comme ma poitrine opprimée. Je ne comprends les battements irréguliers de mon cœur faiblissant ni l’angoisse vermeille qui vient paralyser mes membres sans sommeil.

De longues heures blanches au creux de la nuit, la spirale tant folle que molle des rêves où il ne se passe jamais rien, d’un ennui mortifère qui vous laisse le temps sans trêve de mourir hâve dans une angoisse languide, m’a happé, secouant sans force mon corps torpide, abruti de peur et de douleur, incapable d’arracher les doigts sans chair d’une mort palpable.

Le goéland noir de jais qui avait plané devant ma fenêtre n’était qu’une corneille, perchée sur le plus haut rameau, et elle craille en me fixant, présage de mort dans l’année.