Frida Andersson @ Mikas

J’ai vu cette froideur abstruse, dans une beauté hors de toute raison. Les transparences affolantes de la pose suggestive m’ont touché l’âme… mais pas le corps lorsque de tout temps elles étaient ce que j’attendais.

Maintenant, j’essaie de contrôler ma peur et de redevenir un homme. Elles sont deux. L’image de papier glacé et le corps chaud que j’enserre de mes bras fébriles. C’est peut-être au sein de l’Arthur’s Seat, où le vent a bien failli me confondre au ciel d’Ecosse, ou encore sur les bords du Loch Katrinn qui a gelé le bout de mes pieds transis d’angoisse, que je trouverai le moyen d’être moi avec toi. Peut-être dans les pierres de Saint Andrews ou les honneurs du Castle of Edinburgh, dans les rives inondées aux arbres morts du Loch Lomond, les monts enneigés des Glenrothes… Peut-être dans les landes rousses de Skye ou les ténèbres de Jura. Peut-être dans tous ces lieux j’aspirerai le feu de t’aimer dignement.

Le froid me donne la goutte au nez et me rappelle trop mes frères de race vautours et corbeaux. Alors j’ouvre mes ailes en coassant et ne rêve que de voler encore vers toi, deux lignes roses et fines en sus d’une étreinte et d’un désir inassouvi. Tu es là, dans le vent qui me tient seul debout, dans les paroles amicales que j’oublie ce soir. Tu es là. La lande et la mousse et les fougères me ramènent à mon pays de cœur et à toi. Tu es là. Puisses-tu le penser aussi.