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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Entretien annuel

Publié le 6 Juin 2011 par Luc in Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

 

Il s’agit d’un entretien d’évaluation que j’ai déjà passé, dont je n’ai plus aucun souvenir. La personne qui devait l’animer s’est effacée de ma mémoire. Son contenu, ses arguments et probablement ma défense, m’échappent, et m’indiffèrent d’ailleurs. Non, l’essentiel n’est pas là : c’est l’heure du rendu, de la condamnation de mes compétences, de ma mise à l’écart définitive...

 

Le document paraît venir de nulle part ; il est agrémenté de jolies couleurs et de signes cabalistiques parfaitement inconnus de moi ; puis se dessinent des graphiques complexes, en légende desquels des mots se découpent, s’éclaircissent maintenant...

 

Un examen d’ensemble succinct aboutirait à la faiblesse de mes barres sur l’axe des ordonnées, sauf une d’entre elles, très élevée, atteignant la limité supérieure du repère orthonormé... Quelle est-elle ? Motivation ? Qualités professionnelles ? Esprit d’équipe ? Ecoute ? Autres ?

 

... Oui, « autres » : il s’agit de l’angoisse, perturbante et paralysante, l’anti-moteur par définition...

 

Mon regard dépité tombe vers le coin inférieur gauche du document de rendu, et y voit clignotant un arc de cercle cranté, dans lequel s’inscrit la condamnation finale : « A ne pas confier un poste de direction ».

 

Ma réaction hésite :

 

-         pourquoi une telle insulte ? Pour un entretien d’évaluation que je ne me rappelle même pas ? Et sur quels critères d’abord ?

-         et ensuite, je n’en ai rien à foutre de leur poste de direction (je ne sais même pas en quoi cela consiste de « diriger » - j’ai toujours été suiviste de toute façon).

 

Alors mon manque d’ambition, celui qui me rend insupportable aux autres gagneurs de mon génotype, qui croient que je ne peux que mentir, me retourne deux claques sonores au travers du visage, me laissant piteusement avec un document en main, et le feu clignotant du coin inférieur gauche commence de me consumer.

 

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