Mes doigts tournent et retournent sur ce dont sortent les mots. J’ai voulu t’appeler, dans la fraîcheur descendante de la nuit tombée, mais aucun écho, aussi subtil fût-il, ne m’a répondu.
Mes doigts tournent et retournent sur ta peau, gravant ma vanité et ma maladresse. J’ai encore voulu t’appeler, mais les mots se sont pétrifiés dans la gorge.
Mes doigts tournent et retournent les profondeurs de mon esprit, qui cherche le moyen de se cacher sa peur terrible. J’ai désespérément voulu t’appeler, mais la douleur était trop grande pour penser à l’action.
Mes doigts tournent et retournent la terre de la tombe que nous foulons. Accroupi, une pincée de terre sèche s’écoule sur mon propre cercueil, de mes propres mains. Alors le regard triste, j’ai encore voulu t’appeler, mais les cliquetis des cailloux sur le bois verni m’en ont dissuadé.
Mes doigts tournent et retournent l’ombre déformée que je suis en ton absence. Alors, sans que le « mais » du chêne et du chanvre m’en décourage, je t’appelle.
A Pascale