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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Démission

Publié le 29 Septembre 2005 par Luc in Jours décisifs (du 6-1 au 5-3-97)

           Nous marchions, tout un groupe joyeux sous le soleil commençant à peine à décliner. Du chemin rocailleux à la glèbe collante, nos pieds avançaient sans heurts ni meurtrissures, une main balayant devant qui s'accrochait parfois à l'épine d'une traître ronce. Malgré la condensation qui s'exhalait de nos bouches, nous ne ressentions que chaleur et vigueur, quand nous eussions supporté la lourde et immobile fatigue restés confinés dans nos tours citadines.

           Puis vinrent les côtes escarpées et glissantes, à l'instar des rochers moussus, précaire piste pour des pieds peu habitués. Dans les glissades pourtant, plus de joie que de crainte et de risque, l'oeil écarquillé entre une fontaine de vie et l'élébore fétide. Les cris des courlis le disputaient au faucon pèlerin et à la buse, attirés par le vol; rapide de la mésange à longue queue.

           Puis le postérieur solidement rivé aux longues herbes de lande, la discussion est naturellement légère. Le froid gagne. Il nous faut repartir, finissant par la course pour éviter que la nuit ne l'emporte sur notre trop courte randonnée, qui ferait presque oublier toute contrainte. Un peu de bonheur à savourer à sa bonne mesure...

 

 

Monsieur,

 Je suis au regret de vous signifier, par la présente, ma démission pour motifs personnels.

 Je tiens cependant à souligner qu'il m'a été prodigué ici tout ce à quoi pouvait aspirer une personne inexpérimentée ; j'entends la rigueur du raisonnement et surtout de son application pratique. 

 

J'éprouve la nette sensation d'avoir travaillé dans un cadre agréable et professionnel.  

 

En revanche, autant il m'était possible de m'identifier à une structure telle que T.V.M.P.A, autant je ne puis concevoir quelque avenir pour un collaborateur technique au sein du Groupe MAZARS.  

 

Notre déjeuner du 31 janvier n'a fait que confirmer mes impressions et informations sur la gestion très particulière du personnel au sein de ce groupe : j'avoue fort peu goûter le management à l'américaine, habilement celé pourtant, à table, sous le fard courtois de la conversation badine.

 De surcroît, pour n'être en aucune manière arriviste, je n'en nourris pas moins une (peut-être) légitime ambition, notamment en matière salariale. Une fois encore, l'entrée dans le Groupe MAZARS, qui peut être considérée comme une sorte de nouvelle embauche, m'interdit d'espérer toute augmentation dans un avenir proche, voire dans le moyen terme puisque conventionnellement, mon poste n'existe pas.  

 

Ajouté à cela que le coefficient hiérarchique visé dans mon contrat de travail (145) me place dignement entre les quatrième et cinquième catégories des personnels d'exécution, entre dactylo peu expérimentée et expérimentée, j'imagine mal le Groupe m'offrir quelconque promotion, étant d'ores et déjà manifestement surpayé pour mon coefficient. 

 

D'autres motifs, personnels tant que professionnels, m'ont conduit à prendre cette décision mûrement réfléchie, représentation d'une manifestation de volonté claire et non équivoque 

 

Ma démission prend effet à compter de ce jour. Mon préavis d'un mois se terminera donc le 12 mars 1997, date de rupture de nos relations contractuelles.  

 

Je souhaiterais néanmoins, dans un souci de simplification mais aussi de manière à déménager dans d'humaines conditions, solder mes quatre jours de congés payés (2 jours + 2 jours de fractionnement) afférents à la période de référence précédente, à la fin de mon préavis, soit les vendredi 7 mars, lundi, mardi et mercredi 10, 11 et 12 mars 1997.  

 

Je demeure à votre disposition dans l'hypothèse où vous souhaiteriez m'entretenir de ce qui précède, ou si vous désirez que chacun conserve toute discrétion jusqu'à mon départ définitif, dans l'intérêt du service. 

 

 

          Nous arrivions à Bararach, port de Séné, en minibus. La mer était basse et le soleil frappait durement sur la tôle surchauffée.  

 

          Un marseillais se trouvait là, assis avec nous on ne sait trop pourquoi, accompagné d'un enfant. Celui-ci demande en voyant les vasières pour la première fois sûrement :  

 

Papa ! Regarde ! C'est quoi ? 

 

          Au père méridional de répondre :  

 

Ah, ça me rappelleu le massifeu centraleu ! Avequeue la boueue...  

 

          Cette fois, à mon tour de m'interroger : que vient faire le Massif Central dans le Morbihan, d'autant plus que je n'en reconnais pas ici le moindre paysage : point de volcans ou de plateaux désolés. Non, juste une mer petite à l'étale.  

 

          Je ne relève pas plus, et incompréhensiblement, le minibus fait demi-tour. Quoi ! Aurais-je appartenu à une simple expédition touristique quand l'embarcadère pour Enez Arz était si proche ? Il faut s'y résoudre.  

 

          Sur le côté, je remarque la vieille Samba de Nounours Le Didroux, qu'il avait rétrocédée à sa fille Valérie, ce me semble... Mais l'absence de roue avant gauche posée sur un parpaing attire mon regard. Le vol, même ici, sur une Talbot cabossée et à moitié rouillée sous le bleu délavé et écaillé par les tempêtes et embruns. 

 

          Je me remets en tête les algues volantes des grains hivernaux qui venaient se nicher dans les cheveux et y adhérer solidement, les creux pendant lesquels, sur le bateau, les verts le disputent aux blancs pâles. Rien ne sert de penser...  

 

Un centre caviar car puissant et brossé de Christophe Cocard 

en débordement sur l'aile droite, incroyablement vendangé par un coéquipier 

qui plante la balle dans la tribune située au dessus des cages adverses ! 

 

          Que vient faire Cocard à Séné ? ... Je l'ignore encore... et m'en moque. 

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